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3,93

sur 1226 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Retour au bercail.
Je soupçonne le père Minier d'être parti s'aérer en Espagne pendant un an dans son précédent roman pour deux raisons :
- Prendre un peu le soleil, amener sa polaire au pressing et aérer ses chaussures de randonnée qui commençaient à sentir le mouflon après sept enquêtes.
- Laisser l'espèce menacée des tueurs en série se régénérer dans les Pyrénées.
Au rythme du Commandant Servaz, le psychopathe était en voie d'extinction et certains lecteurs parlaient d'un programme de réintroduction de mabouls prélevés dans les Pays nordiques où ces bestioles semblent endémiques, pour amener un peu de sang neuf…
Dans les trois derniers romans, décevants, on sentait que le filon s'épuisait et que pour meubler ses intrigues entre deux cadavres, l'auteur avait placé des digressions sociétales d'un niveau de CRS après l'apéro sur l'insécurité, le mal être des policiers, la justice laxiste et le réchauffement climatique des humeurs de la population.
Fin de la trilogie « Brèves de comptoirs » et retour ici aux fondamentaux qui avaient fait la réussite de glacé et des premiers romans de la série.
Prêts pour le grand frisson : un cinéaste culte avec un nom de personnage improbable à la Harry Potter, Morbus Delacroix, obsédé par le mal, vit dans une vaste demeure dans les Pyrénées, retiré du monde, avec sa compagne, genre Elvira au réveil, après avoir tourné un film d'horreur maudit, Orpheus.
Un peu comme pour l'Exorciste ou Poltergeist, la légende, la rumeur et la promo, racontent que des drames seraient survenus pendant et après le tournage.
Une jeune étudiante en cinéma, qui devrait donc savoir que les maisons reculées la nuit ne sont pas fréquentables, part à la rencontre du réalisateur dans son antre pour découvrir ses secrets.
En même temps, le Commandant Servaz doit faire face à plusieurs affaires sordides dont l'étrange mort d'un ancien décorateur de cinéma.
Cette enquête va conduire le policier à croiser la faune qui gravite dans le milieu des films à hémoglobine avec un producteur un peu perché, un influenceur spécialiste des films d'horreur, un curé effarouché et un gérant de cabaret tatoué aux implants digne d'Orlan ou de Robocop. Pas prêt de passer les portiques d'un aéroport.
J'ai retrouvé avec plaisir ce retour aux origines de la série : des scènes de crimes qui marquent l'esprit, un flic torturé, un danger latent à chaque page et une intrigue aux entrées multiples.
Bernard Minier ne sera jamais un grand styliste, mais il excelle dans la noirceur et ses chapitres sont courts pour maintenir un rythme haletant et rendre le lecteur captif. le suspens est au rendez-vous et griotte sur la Tourte des Pyrénées, Servaz est rattrapé par ses démons.
L'auteur a fait une cure (pas à Luchon) de films d'horreurs pour se mettre dans l'ambiance et préparer son roman et il offre un appendice de 150 pellicules cultes et flippantes à souhait.
Sinon, les offices de tourisme des Pyrénées viennent de publier un communiqué pour rassurer les touristes en précisant que côté probabilités, vous avez autant de chances de croiser un serial killer sur un sentier des Pyrénées que de vous faire dévorer par un ours pendant votre jogging...
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Pour la huitième aventure de Martin Servaz, son héros récurrent, Bernard MinierSoeurs », « La Vallée », « Une putain d'histoire ») emmène ses lecteurs dans l'univers sanglant du cinéma d'horreur, qui se voit subitement secoué par une série de crimes atroces.

Tout commence par la confession d'un mourant sur son lit d'hôpital, qui demande à un prêtre d'aller remettre une enveloppe en main propre à un homme qui vit retiré sur une île totalement isolée.

Puis, il y a cette jeune étudiante en cinéma, Judith Tallandier, qui parvient à obtenir un entretien avec le cultissime Morbus Delacroix, réalisateur de célèbres films d'horreurs qui vit dorénavant reclus dans son antre au fin fond des Pyrénées.

Pour finir, il y a cet étrange meurtre sur un ancien décorateur de cinéma, retrouvé mort dans un hôpital psychiatrique près de Toulouse. Un homme torturé et assassiné qui va également mener le commandant Martin Servaz et son équipe sur les traces de Morbus Delacroix…autour duquel semblent planer de nombreuses rumeurs.

« Un oeil dans la nuit » se déroule sur une semaine, de 21 juin au 28 juin, et invite à suivre plusieurs récits en parallèle qui s'entrecroisent au fil de chapitres courts et particulièrement bien rythmés. L'auteur ayant visionné plus de 200 films d'horreur pour se mettre dans le bain, rend ici hommage au genre en multipliant les références et les clins d'oeil au cinéma d'horreur et en proposant une sélection de 150 oeuvres à visionner en fin d'ouvrage.

Si ce fond horrifique ravira les geeks qui arborent fièrement des T-shirts de Freddy Krueger, il contribue surtout à installer une ambiance angoissante et sombre tout au long de ce thriller qui cueille le lecteur dès le prologue et l'abandonne sur un cliffhanger qui invite à prolonger le cauchemar.

Bernard Minier vous invite donc d'une part à découvrir un univers horrifique qui ne manquera pas de vous faire frissonner, mais il déroule surtout d'autre part un thriller haletant dont il est devenu maître du genre. Multipliant les rebondissements et mettant à mal ses personnages, il livre un récit impossible à lâcher et invite même à croiser Franck Sharko, l'enquêteur fétiche de Franck Thilliez.

Excellent !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Martin Servaz se confronte au monde étrange du cinéma de genre, un univers qui lui est totalement étranger. Horreur, malheur !

Bernard Minier nous fait regarder en face cette sphère cinématographique, Un oeil dans la nuit collé au judas. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce voyage intérieur va laisser des traces.

Quand Bernard Minier se lance dans un projet, il ne fait jamais les choses à moitié. Là où tant d'autres auraient pris le sujet avec légèreté, il a visionné plus de 200 films d'horreur pour se mettre dans l'ambiance de l'intrigue. L'histoire ne nous dit pas dans quel état il en est ressorti.

Ce nouveau roman autour de Servaz et de son équipe coche toutes les cases d'une réussite éclatante. Avec une atmosphère plombante, où l'écrivain joue sa partition mortifère en collant parfaitement à la thématique.

On s'approche à petits pas d'une idole, d'un génie reclus. Morbus Delacroix est un réalisateur qui a marqué le genre par sa capacité à capter l'attention des spectateurs, à les fasciner autant qu'à les choquer. Après avoir tourné un dernier film devenu légendaire, que personne n'a jamais vu, qui n'a jamais été diffusé, il vit cloîtré, baigné tout entier dans son art, sa vision du monde. Un génie ou un fou, mais un personnage à part, clairement.

Les membres de son ancienne équipe de tournage, techniciens et producteur, se mettent à dérailler, à mourir pour certains. L'affaire se présente de manière aussi surprenante que pourrait l'être un film.

Un oeil dans la nuit est un divertissement de haut vol, avec plusieurs scènes d'anthologie qui vont marquer au fer rouge l'imaginaire des lecteurs. Attendez-vous à hurler !

Une enquête folle, qui plonge les protagonistes dans les ténèbres, secouant comme jamais l'équipe Servaz.

Mais derrière la forme, derrière une intrigue qui se révèle digne des meilleures productions terrifiantes, on peut y voir un deuxième niveau de lecture. Proposer un divertissement assumé n'est pas incompatible avec la notion de talent.

Le cinéma de genre, et le thriller en littérature, restent parmi les derniers espaces de liberté. Dans des sociétés qui s'aseptisent de plus en plus, ces vecteurs sont aujourd'hui comme les terrains privilégiés de cette liberté créatrice. le sujet est là, omniprésent en toile de fond.

On sent une vraie jubilation de Minier à écrire certaines scènes et décrire certains personnages. Et c'est clairement contagieux.

Mais l'horreur est loin d'être le seul thème du roman, ce serait trop simple. Ce thriller est tout sauf une énième banale production. Certains passages sont très forts émotionnellement, inoubliables.

Que ce soit concernant Servaz lorsque l'auteur parle de filiation, ou quand l'écrivain évoque (avec intelligence) le complotisme. Parce que rien n'est plus difficile que de distinguer le vrai du faux, dans ce monde de l'illusion qu'est le cinéma.

Un oeil dans la nuit braqué sur lui, Servaz paye le prix du danger dans cette enquête qui prend aux tripes. Bernard Minier réussit formidablement son coup, à travers une intrigue qui va vous en mettre plein les yeux, une pyrotechnie à voir comme une déclaration d'amour au genre, du cinéma à la littérature.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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La saison des polars est lancée. Je n'ai que l'embarras du choix.
Mais pourquoi me lancer dans un énorme livre très lourd écrit très très gros ? Les éditions XO ont sans doute dans leur lectorat de nombreux mal-voyants body-buldés. Pourquoi me taper 100 premières pages toutes droites sorties d'un atelier d'écriture dédié à JC Grangé ? Pourquoi lire un titre aussi tarte que « Un oeil dans la nuit »??
Pourquoi, pourquoi….mais parce que c'est LE RETOUR DE MARTIN SERVAZ !!!
Bernard Minier n'aura jamais le Nobel de Littérature mais il restera un maître incontesté du thriller à la française ( au sein du quatuor qu'il forme avec Thilliez, Grangé et Norek).
Il s'empare d'un sujet, le tord dans tous les sens, et met en scène le héros, ses acolytes et ses ennemis de toujours dans une farandole diaboliquement efficace.
Bernard Minier a visionné 150 films d'horreur avant d'écrire son texte.
Vous saurez tout, absolument tout, sur le cinéma d'horreur, le body horror, les films maudits, les snuff movies .
Vous allez vous familiariser avec les effets spéciaux, ferez craquer des pupes brunes et sèches sous vos semelles, apprendrez l'existence de l'apophénie et de la paréidolie , serez incollables sur les vieux films de vampires serbes ou coréens etc…
Et Martin dans tout ça ? Martin mène l'enquête. Martin est dévoré par la culpabilité et l'angoisse. Martin assure.
Une série de crimes atroces secoue le petit monde des films d'horreur. le premier meurtre a lieu à l'hôpital psychiatrique, près de Toulouse, c'est donc naturellement Martin Servaz, Samira Cheung et Vincent Esperandieu qui vont mener l'enquête. le sulfureux Morbus Delacroix, auteur d'un film culte jamais visionné officiellement, semble être le coupable idéal. Il habite en pleine forêt pyrénéenne, ça tombe bien, allons lui rendre visite…
Dans cette danse funèbre nous croiserons…Franck Sharko le meilleur enquêteur de …Franck Thilliez. Les auteurs de polars aiment se faire ce genre de clins d'oeil !!
Bernard Minier esquissera une théorie sociale du refoulement/défoulement cinématographique de la violence groupale et politique, citera René Girard, jouera avec Dan Simmons sur l'Echiquier du mal et se posera le Problème à trois corps.
Martin Servaz, dans une scène d'anthologie, aura maille à partir avec de féroces cochons.
Au final, tout ira de mal en pis…mais on trouvera le ou les coupables, rassurez-vous !
Mais évidemment tout ne se terminera pas avec leur arrestation.
On rappelle juste que l'infâme Julian Hirtmann ( cf glacé, le Cercle, Nuit etc…du même auteur) est toujours en vie, quelque part dans une prison autrichienne.
Ça va saigner !
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En terrain Minier, les boyaux sont fréquents. Précision importante : ils sont à ciel ouvert. Si vous craignez l'hémoglobine répandue façon format familial, les tortures imaginatives, les déviances mentales nécessitant une connaissance poussée de la psychiatrie ainsi que les blessures létales scrupuleusement relatées, il vaut mieux passer votre chemin. Dans le bestiaire bestial de l'écrivain riche en rhésus, le nombre de tarés au km2 conserve un taux plus proche de celui des habitants de l'Essonne que de celui de leurs homologues lozériens. Bonne nouvelle pour les Offices de tourisme situés sur la ligne Hendaye / Cerbère, les habituels psychopathes locaux ont été quelque peu délocalisés. Bernard Minier a un talent incontestable pour maintenir le lecteur dans une vigilance narrative de bon aloi notamment parce que Servaz et ses proches font l'objet d'un intérêt romanesque qu'il serait malséant de ne pas reconnaître. Même lorsqu'un prêtre pointe sa soutane, Minier a le bon goût de ne pas tenter de concurrencer le père Grangé dans son pré carré du mysticisme sanglant. Avec une action située dans le milieu du film gore, l'intrigue étant parsemée de nombreuses références cinématographiques, « Un oeil dans la nuit » constitue donc un bon cru de l'écrivain biterrois. Ce n'est parce que les Toulousains le revendiquent qu'il ne faut pas rappeler le lieu de naissance du petit Bernard. Ça ne vous suffit pas de nous avoir piqué l'épicentre de l'Ovalie ?
Les autres motifs d'intérêt du livre sont d'une part, la malice insoupçonnée du romancier et d'autre part sa science bien rodée des rebondissements. SI les coupables sont bien ceux que l'on voyait venir à toute berzingue, dans une ultime pirouette un cliffhanger de derrière les fagots surgit comme dans une série Netflix auquel l'auteur fait d'ailleurs explicitement référence. J'ai savouré ce clin d'oeil, cousu de fil (Le)blanc… Une façon très gentleman de nous donner rendez-vous.
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« L'enfer, mon père... J'ai été un de ses démons... »

C'est un livre sur les films d'horreur. Or, j'ai horreur des films d'horreur, je n'en regarde jamais. Donc, toutes les références sur ces films me sont largement passées au-dessus.
Servaz plonge dans le Mal avec un M majuscule. Ce qui ne l'empêche pas, au passage, d'épingler les travers de notre société, ni de parler d'amitié, très important l'amitié, pour lui, et même... d'amour.
Un petit florilège de mots piochés pendant ma lecture qui révèle bien l'atmosphère ?
C'est parti :
menaçant, malsain, pervers, inconfortable, dérangeant, vénéneux, maléfique, dément, violent, délétère, corrompu, monstrueux, mauvais, insoutenable, un cloaque, les bas-fonds du cinéma etc, etc, etc.
Et malgré tout, tu es allée jusqu'au bout ?
Oui.
Pourquoi ?
Je voulais connaître le dénouement.
Et alors ?
Ouh là là !

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Beaucoup de frayeurs mais peu de mystère par rapport au final.

Ok! C'est du Minier. Ok! C'est plein de frissons et de scènes effroyables. Ok! Ça se lit d'une traite ou presque. Mais pour ma part je n'ai pas retrouvé le Bernard Minier de « La Chasse », « Soeurs » ou « glacé ». Serait-ce parce qu'on en attend toujours plus d'un auteur qu'on a mis sur un pied d'escale ? Il nous a déjà donné de nombreuses heures de lecture addictive et je l'en remercie.

Pour ne pas trop en dévoiler je ne parlerai que de la mise en place du polar où meurtre, torture, carnage, haine, vengeance, appât du gain, deuil et stupidité sont au programme. le commandant Martin Servaz de la Clim est toujours de la partie.
L'incipit ouvre sur un rêve épouvantable où tout est glacial et atroce. Pas grave, et on pourrait même ajouter que cela tombe bien car c'est celui de Morbus Delacroix. Morbus est un fabuleux réalisateur de films d'horreur. Ses rêves tombent à merveille pour nourrir son imaginaire cinématographique. Tout serait bien ainsi. Oui mais il y a l'intrusion de cette étudiante, intrépide et inconsciente à la fois, qui admire bien trop ce cher Morbus, disons comme les fans savent admirer leur objet du désir.

De l'autre côté on a Servaz qu'on tire du lit pour lui demander de rejoindre l'hôpital psychiatrique. C'est son meilleur ami et collègue, Vincent Espérandieu, qui l'appelle et organise dans la foulée la garde de son fils Gustav afin que Servaz puisse se libérer immédiatement. Servaz est attendu pour la constatation du crime de Stan du Welz, homme de 45 ans, évoluant dans le monde du cinéma, assassiné dans son lit d'hospitalisation pour trouble psychotique à tendance schizophrénique paranoïde. Sur la scène de crime on a droit au nouveau Proc' Hervelin, hyper jeune directeur de la SRPJ.
L'équipe policière est très vite sur les ponts afin d'épauler le commandant : Mavien, Mégan, Samira et Vincent. Ces personnages gravitent tous de manière sympathique autour de leur super chef.

Toulouse va très vite devenir le centre névralgique de scènes effrayantes à souhait. le monde de la génétique et d'une fabuleuse connexion d'ADN entre des individus va étoffer les affaires. Et, en toute fin du livre, Servaz va lui aussi être emporté dans cette évolution scientifique.
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Judith, doctorante en cinéma et fan de cinéma d'horreur, obtient un rendez-vous de travail avec Morbus Delacroix, chez lui, dans son antre au fin fond de la montagne. Des signes étranges et flippants ont été gravés à son intention le long de la route et elle arrive à son rendez-vous déterminée mais flippée.
Parallèlement, un homme sur son lit d'hôpital charge le curé de sa paroisse de remettre une mystérieuse clé USB à un homme qui vit sur une île super isolée, le tout dans une atmosphère glaçante.
Pour finir, le commandant Servaz reçoit la mission d'enquêter sur deux meurtres liés au milieu du cinéma d'horreur.
Et nous voilà embarqués dans le milieu du cinéma, avec des rebondissements insensés qui s'enchainent en rafale, et beaucoup de sentiments et d'émotions, dont je ne peux rien (vous) dire, sinon qu'ils ne vous laisseront pas indifférents…
On voit que Bernard Minier a bossé son sujet: les références sont innombrables (des fois mêmes trop nombreuses, ça fait un peu «je vais vous donner un cours de cinéma d'horreur »), mais les fans (comme moi - et oui) apprécieront, même si ça densifie un peu trop l'enquête et floute les personnages.
Par contre, je ne peux que remarquer que le thème est particulièrement bien trouvé: l'atmosphère habituellement hyper tendue et rythmée, qui s'accompagne généralement de brouillard, de verglas et je ne sais quoi d'autres dans ces Pyrénées, trouve naturellement un écho dans les angoisses, le stress et les scènes horrifiques des films dont il est question ici.
Je vous laisse dont vous faire votre propre opinion.
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Une nouvelle enquête de Martin Servaz.
Dès la 1ere ligne, j'ai eu le sentiment d'être pris dans les filets de l'auteur. Je me suis dit qu'encore une fois l'auteur allait m'emmener dans un univers sombre et sanglant, mais cette impression n' a pas duré. Oui il y a du sombre, oui les meurtres atroces sont présents, mais je n'ai pas autant accroché que pour les 1ères enquêtes. Je trouve qu'il y a un essoufflement.
Les codes du thriller sont là. Mais pour moi cela reste classique, je n'ai pas eu de surprise, tout est prévisible à mon goût. Les chapitres sont courts et cela donne du rythme à l'intrigue. L'histoire se déroule sur une semaine.
Il est pour moi nécessaire d'avoir lu les précédentes enquêtes de Martin Servaz pour mieux comprendre les allusions au passé qui sont faites dans ce roman.
Il y a de nombreuses références au cinéma d'horreur. On sent qu'il y a eu un vrai documentation de la part de l'auteur. Mais cette succession d'informations m'a un peu asphyxié. Cela a donné des longueurs pour moi au texte.
Petit clin d'oeil à F. Thilliez dans ce roman car on croise le commandant Sharko.
Un thriller classique
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« Un oeil dans la nuit » se déroule sur une semaine. le roman commence le mardi 21 juin pour s'achever le mardi 28 juin. Quatre cent quatre-vingt-quinze pages composent ce récit des nouvelles aventures du commandant Martin Servaz. Attention, tout au long du roman, Bernard Minier évoque des éléments des précédentes enquêtes du commandant, et forcément vous en divulgâche certaines issues. À vous de décider, si vous souhaitez les lire dans l'ordre, ce que je recommande vivement pour prendre toute la densité psychologique du personnage ou les découvrir en fonction de l'intérêt que vous portez à certaines thématiques. le commandant Servaz est un homme abîmé, profondément détruit par son métier, et les gens qu'il a aimés et perdus. « Chaque fois que le téléphone sonnait à l'aube, il savait que l'océan de la nuit venait de rejeter un nouveau cadavre sur le rivage du jour. » Sa vie d'enquêteur ne lui a pas laissé beaucoup de répit, et dans « Un oeil dans la nuit », son créateur a semblerait-il estimé qu'il n'en avait pas encore assez bavé… Ne vous attendez pas à une promenade de santé… Si les précédents tomes ont parfois été difficiles émotionnellement, celui-ci va générer des hurlements. « Il avait été tiré d'un rêve des plus déplaisant. Un rêve où il revoyait tous les morts qu'il avait laissés sur le bord de la route, tous ceux qui avaient prématurément quitté son existence, tous ceux qui avaient émaillé sa carrière de flic. »

Nous sommes très loin du conte pour enfants, et du « et ils vécurent heureux à la fin »… le roman s'ouvre dans un hôpital psychiatrique « conçu pour réparer les âmes ». le corps de Stan du Welz, 45 ans, est retrouvé profondément tailladé à plusieurs endroits… les blessures ont beaucoup saigné et ceci ante mortem. le tueur, très imaginatif, a placé dans la gorge de sa victime, quelque chose d'assez inhabituel. Si vous avez des phobies, préparez-vous, elles ne risquent pas de disparaître … Parallèlement, un autre patient qui occupait la chambre voisine s'est évadé. Or sa chambre était verrouillée… L'équipe de Servaz est dépêchée sur l'enquête.

Autre lieu, autre atmosphère, arrive le personnage de Judith Tallandier, étudiante en cinéma. Elle se rend dans un coin perdu au fond des Pyrénées pour y rencontrer Morbus Delacroix, un réalisateur de cinq films seulement, adulé par toute une génération, qui a mis fin à sa carrière très brutalement à l'âge de 35 ans. Beaucoup de rumeurs circulent sur ce personnage. « On le disait misanthrope, arrogant, acariâtre, cynique, insociable, fou. » Un vrai poème d'amabilité et de bienveillance ce monsieur… « Cinéaste maudit ? Cinéaste culte ? Génie ou faiseur ? Surfait ou sous-estimé ? » Une belle partie du roman est consacré aux échanges entre Judith et Morbus.

« Un oeil dans la nuit » plonge le lecteur dans l'univers du cinéma d'horreur. Bernard Minier a décidé d'adresser à ce genre précis plusieurs clins d'oeil tout au long de la narration. Comme si, par un emboîtement de poupées russes très cinématographique, il était passé d'une vue très générale à des fragments très précis. J'imagine que les amateurs du genre y ont vu une multitude de références. Certaines sont citées comme le Shining de Kubrick, Rosemary's Baby de Polanski, d'autres sont plus implicites comme des hommages à Stephen King ou à d'autres réalisateurs. L'ambiance du prologue m'a d'ailleurs énormément fait penser au Nom de la Rose. Vous trouverez en fin de roman une liste très intéressante de 150 films d'horreur, sélectionnés et visionnés par l'auteur, classés par dates de sortie. Ainsi vous pourrez vérifier l'étendue de vos connaissances et en ajouter quelques-uns à vos listes des films à voir.

Si « Un oeil dans la nuit » est un hommage au cinéma d'horreur, Bernard Minier parvient durant tout le roman à nous plonger dans cette atmosphère horrifique, comme si le récit était un film du genre où nous jouons notre propre rôle sans possibilité d'en sortir. le fait que cela soit la thématique centrale et le fond du roman est assez exceptionnel, et remarquablement bien exécuté. Peut-être, lisons-nous ici le pendant du film maudit de Delacroix « Orpheus ou la spirale du mal » jamais sorti sur les écrans… Allez savoir ! Orphée est bien celui qui descend aux enfers pour retrouver une personne aimée. Il vous reste à découvrir qui est Orphée dans le roman. J'ai aimé la façon dont l'auteur pousse l'analyse très loin concernant la psychologie des fans de films d'horreur. Je ne m'étais jamais posé la question sous cet angle, et certaines phrases ont eu une résonance particulière. « le cinéma d'horreur, nous parle de nous-mêmes, Judith. Il interroge nos peurs les plus profondes. La peur de la mort… la peur de la douleur… la peur de la maladie… la peur des ténèbres… La peur du monstre qui est en nous… »

Si vous avez lu quelques chroniques de ce livre, vous savez qu'il a provoqué des hurlements. Je fais partie de ceux qui ont hurlé. Et de ceux qui en veulent s'en prendre physiquement à l'auteur. (😉) Comme dans les Sharko de Franck Thilliez, les deux personnages Sharko d'un côté et Servaz de l'autre subissent toutes les épreuves de leurs créateurs respectifs. le problème est que le lecteur les connaît depuis si longtemps qu'il a l'impression qu'ils font partie de son cercle proche, voire de sa famille. Toucher à l'un ou à l'autre revient à toucher à un proche. C'est assez éprouvant et intéressant de constater à quel point ces personnages de fiction deviennent progressivement, au fil des tomes, des personnes réelles, intimes et familières. Presque des alter ego…

« Un oeil dans la nuit » est un excellent cru qui se dévore.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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