Quel odieux personnage que ce Donatien de
Sade, dit le Marquis.
J'avais déjà pris connaissance de ses exactions à une époque où j'avais le coeur mieux accroché, ou alors n'avais-je encore pas développé tout mon potentiel d'empathie. Mais déjà, j'avais eu du mal à lire avec constance "
Les 120 journées de Sodome", je l'avais survolé, mal à l'aise devant tant d'horreurs vicieuses et scatophiles.
J'avais également subi plus qu'apprécié, le visionnage du film de
Pasolini, qu'on avait été voir à plusieurs, pour se donner du courage.
Et puis
Sade, je l'avais remisé bien loin derrière moi, ne me passionnant pas plus que ça pour ce personnage.
Je savais comme tout le monde qu'il avait été embastillé, qu'il s'était échappé, puis qu'il y était retourné, et qu'il avait fini sa vie dans un asile, achevé ironiquement par la syphillis.
Et puis l'autre jour, lors du Masse Critique de Babelio, (merci au passage pour votre envoi, et merci aux éditions French pulp, Les Féroces), je vois ce livre sur
Sade, Les filles du Panier, et je me dis, allez, pourquoi pas en savoir un peu plus sur ce troublant personnage ?
J'ai ouvert ce roman historique dubitativement, ne connaissant pas du tout l'auteur.
Et bien ce fut une bonne surprise, le style est fluide avec une succession de chapitres courts qui donnent un bon rythme à l'histoire :
Sade s'est retiré dans son château du Sud de la France, et tente de se racheter une réputation suite à l'affaire d'Arceuil, où il fut reconnu que
Sade avait abusé et violenté des femmes contre leur volonté, affaire qui fut étouffée par sa belle-mère, Mme de Montreuil, en achetant le silence de la principale victime.
Le Marquis ne restera pas bien longtemps "sage"... Ses vieux démons ne l'ont jamais abandonné, et il repart à leurs trousses sévir à Marseille, pour soulager ces vils instincts auprès des filles de petite vertu.
Là, accompagné de son fidèle et débauché valet sodomite, il va commettre encore des horreurs au nom de sa liberté de jouir... Pour lui, les femmes doivent être à disposition de ses envies, il a le rang de Marquis, et l'on ne doit rien lui refuser.
Il ira loin pour assouvir ses fantasmes, trop loin cette fois encore, manquant de tuer par empoisonnement deux des jeunes gourgandines tombées dans ses filets, la cantharide, ça ne pardonne pas en excès...
Sade devra s'échapper, avec l'aide de sa jeune belle-soeur, qu'il a réussi à dévoyer, une chanoinesse, quelle victoire pour lui qui déteste l'Eglise ! Mais l'histoire prendra l'eau à Venise, et pour la seule et unique fois de sa vie,
Sade souffrira des affres de l'amour malheureux.
Il sera finalement emprisonné en Savoie, d'où il s'échappera. Mais la vindicte de Mme de Montreuil, dont la famille, l'honneur et les finances sont réduit en charpie par le priapiste, ne rendra pas les armes facilement.
Le roman s'arrête ici.
Ludovic Miserole écrit simplement, clairement, et nous dépeint sans fioriture le périple et les péripéties de ce
Marquis de Sade si inconscient de la portée de ses actes. Miserole arrive à rendre ce niveau d'insouciance qu'éprouvait sans doute
Sade, ce grand psychopathe, devant le malheur et l'affliction qu'il provoquait pour son simple plaisir.
Marquis de Sade, qui aurait du être couronné Roi de l'égoisme et de l'égocentrisme.
J'ai bien envie de lire le 3ème volume de cette trilogie.