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3,95

sur 797 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En citation qui ouvre le livre, j'ai découvert sans doute selon moi le plus beau passage écrit et lu jusqu'à ce jour sur la beauté, un extrait du roman Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski. Puissant déjà !
Confession d'un masque est avant tout un texte d'inspiration autobiographique sur l'homosexualité de son auteur Yukio Mishima. Se cachant derrière le narrateur Koshan, l'auteur évoque son enfance, son adolescence, sa jeunesse.
Il m'est difficile de mettre un peu d'ordre dans la confusion de mon ressenti après la lecture prégnante de ce livre. Je vais m'atteler à l'exercice si difficile de démêler mes sentiments, ce que j'ai beaucoup aimé de ce livre et ce que parfois je n'ai pas aimé, ce qui n'en fait pas un sentiment mitigé, mais bien deux ressentis nets et tranchés.
Les premières pages m'ont touchées, le narrateur évoquant la difficulté d'un enfant à assumer une homosexualité qu'il est contraint de refouler dans une société japonaise conformiste aux règles sociales codées et strictes, celle des années 1930 et 1940.
Gamin chétif, maladif, son attirance pour les déguisements de personnages féminins éveillent des plaisirs encore incertains, mais le regard déjà honteux de sa mère lui dévoile déjà une forme d'incapacité à accepter ce qu'il est ou ce qu'il doit être, jouer aux jeux de garçon, jouer gauchement à la guerre.
À l'âge où être enfant convoque l'insouciance, ici les plus lointains souvenirs du narrateur évoquent le chagrin comme déjà le pressentiment amer d'un plus grand chagrin, d'une exclusion à venir.
Devant l'image d'un livre qui représente un beau chevalier tenant une épée, il éprouve de la répugnance lorsqu'il apprend qu'il s'agit d'une femme, une dénommée Jeanne d'Arc ! Plus tard il découvre une sexualité « invertie », - ce sont ses mots, dans l'odeur de sueur de soldats qui passent dans la rue, dans le plaisir procuré par les silhouettes de jeunes hommes à demi-nus sur une plage ou bien encore des images de statues grecques d'une revue de musée que lui prête son père. C'est d'ailleurs devant la gravure d'un martyre chrétien, le célèbre Saint-Sébastien de Guido Reni, qu'il découvre l'éjaculation, scène fondatrice à la fois drôle et touchante. L'enfance, puis l'adolescence vont ainsi se faire, dans cette sexualité refoulée où il se heurte au jugement des autres, face à l'expression de son besoin d'affirmer sa vraie nature, dans ce devoir social où il doit représenter ce qu'est l'image attendue d'un homme, on lui affuble ce déguisement, ce masque qu'il accepte de porter, traduisant ainsi l'impossibilité d'assumer son moi véritable...
Alors grandir est une étrange et déchirante inquiétude. Dans cette impossibilité d'assumer ce qu'il est véritablement, sur ce chemin tortueux, il acceptera même de mêler ses pas au côté de ceux d'une femme...
Confession d'un masque est un texte très beau, très sensible. L'écriture est de toute beauté. La description de paysages d'enfance, la mer, la neige, le ciel de la nuit traversé par les lumières des bombes, ce sont des scènes d'une écriture très poétique.
Dans une société cadenassée comme celle qui est décrite dans le livre, comment ne pas y voir l'éloge, un plaidoyer universel et intemporel à la différence ?
C'est une longue et vertigineuse introspection psychologique sous la forme d'une confession. le masque des convenances tombe, celui des choses refoulées. Vient alors par l'entremise des mots ce coeur qui souffre, qui parle, les affres de l'âme et de sa souffrance, l'expression d'une joie parfois violente aussi dans le désir charnel qu'il ressent...
Il y a quelque chose de prémonitoire aussi lorsque la narrateur évoque le suicide.
Ce sont les confessions d'un masque que le narrateur s'est forgé pour affronter le monde, à commencer par celui des siens, survivre, tenir debout. Aborder la vie comme une scène de théâtre.
C'est un fulgurant et douloureux voyage introspectif d'une extrême acuité. D'une violence sourde aussi.
C'est aussi un texte qui dérange parfois non pas pour son thème, mais par le chemin que le narrateur emprunte parfois dans le dédale de ses émois.
C'est parfois un mélange de fascination et de répulsion qui façonne une lecture puissante et vous fait sortir de votre zone de confort.
Le malaise m'est venu à quelques endroits, lorsque le narrateur associe son désir sensuel et même sexuel à des images de souffrance, de morbidité, de sang et de mort... Mais ce malaise révèle aussi dans l'envers des choses toute la souffrance que l'auteur a pu éprouver dans sa chair presque à vif, cette chair taraudée par des pulsions qu'il tend difficilement à enfouir.
Et puis chez Mishima il y a parfois un côté extrêmement nombriliste dans sa façon d'écrire, qui peut agacer. À force, la confession devient ici narcissique... Mais ne compter pas sur Mishima pour déclencher de l'empathie, quoique les premières pages portant sur l'enfance douloureuse et des scènes pittoresques dans la seconde partie du livre, nous amènent parfois à regarder le narrateur avec émotion. Mais susciter l'empathie n'est pas ce que cherche l'auteur. Il veut nous livrer le monde tel qu'il le ressent, avec son intelligence, son acuité et ses mots.
Tandis que les autres autour de lui sont naturels, il lui faut jouer un rôle, jouer ce rôle jusqu'au bout, l'assumer, jusqu'à la scène finale du livre, comme celle de sa vie digne de la fin d'une tragédie antique.
Un texte âpre, exigeant, dérangeant, beau au final.
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C'est le deuxième livre de Mishima que je lis (après avoir été introduit à son oeuvre via "Dojoji et autres nouvelles").
Roman que l'on devine aisément fortement autobiographique si l'on compare la vie du personnage principal à celle de Mishima. Une vie sans grand soutien parental, un physique frêle et une santé plus que fragile font sentir dès sa naissance au héros -bien malgré lui- que la vie n'est pas exactement un cadeau (ou un empoisonné alors)... la 'cerise sur la gâteau' étant la découverte de son a-normalité, à savoir son homosexualité combinée à des tendances perverses, voire sadomasochistes. Il s'agit donc de confessions d'un être se sentant obligé de paraître 'normal', et de vivre ce qu'il considère comme une maladie sous les traits d'un masque. D'où le titre du livre ...
Parler d'un livre aussi dense n'est pas aisé; mais un paragraphe résume assez bien la vision que le héros (et donc Mishima) a de sa vie, ainsi que comment il envisage son (tragique) dénouement : "Les raids aériens devenaient plus fréquents. J'en avais une peur extraordinaire et pourtant j'attendais en même temps la mort avec une sorte d'impatience, avec une espérance pleine de douceur. L'avenir était pour moi un lourd fardeau. Dès le début, la vie m'avait écrasé sous un pesant sentiment du devoir. Bien que je fusse de toute évidence incapable d'accomplir ce devoir, la vie me harcelait, me reprochait ce manquement. C'est pourquoi j'aspirais à l'immense soulagement que sans aucun doute m'apporterait la mort si seulement, comme un lutteur, je pouvais arracher de mes épaules le lourds poids de la vie. J'acceptais avec volupté la conception de la mort en honneur pendant la guerre."
On l'aura compris, la vie de Mishima n'avait aucune chance de se terminer en conte de fées... Jusqu'au bout il aura tenu à donner à sa vie (et donc à sa mort) un côté théatral.
Quand j'ai appris que Mishima écrivit ce récit à ving-quatre ans à peine, je fus sidéré par sa maturité à sonder son âme et à analyser avec une telle finesse ses sentiments équivoques.
En résumé, un livre qui n'est certes pas simple à aborder; mais qui mérite le détour pour qui veut en apprendre plus sur les démons et contradictions qui ont hanté la vie de ce grand écrivain qu'est Mishima.

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Aussi loin que remontent ses souvenirs, Kochan, jeune japonais des années 40 et narrateur de Confession d'un masque, tente de comprendre quel germe implanté au fond de lui-même, quelle force maligne a pu inverser la polarité de ses affinités émotionnelles, au point de faire basculer son être intime dans "l'anormalité".

Avec la conscience adulte de celui qui écrit, et s'adresse parfois directement à son lecteur, Kochan tente de décoder les non-dits. Ce qu'il croyait imposé par une éducation traditionnaliste et puritaine étouffait en réalité une vérité inavouable. Dans ce roman, dont on ne doute pas qu'il puisse être autobiographique, Mishima décortique le lent processus de la prise de conscience d'une différence. Son innocence originelle pressent, puis identifie pour finalement se mortifier de son penchant homosexuel. La révélation s'est insinuée en lui selon un long processus de maturation émotionnelle. Il lui a fait négliger la silhouette bien prise et le soyeux de la peau des filles pour s'émouvoir à la vue du corps masculin.

Les muscles saillant sous une peau glabre, un "physique d'esclave et les traits d'un prince", la représentation du martyr de Saint-Sébastien, sera pour lui un symbole à plus d'un titre. Celui de la beauté du corps de l'éphèbe en premier lieu, le symbole du supplicié pour sa seule différence ensuite. Celui enfin d'un visage tendre et impassible qui a la volonté de ne pas mépriser ses bourreaux et reçoit la mort comme une délivrance.

Une fois avéré et admis, ce mauvais penchant n'inspirera finalement que le dégoût à Kochan. Il se prend alors à attendre alors la mort "avec une sorte d'impatience", convaincu d'avoir découvert "le véritable but de sa vie". Ce désespoir est vécu à la japonaise. Tout en pudeur et discrétion, sans épanchement, encore moins de lamentation. Les traits figés. Comme ceux d'un masque impassible plaqué sur un visage torturé.

Marguerite Yourcenar avait été intriguée par cette quête de l'issue libératrice. Avec Mishima ou La Vision du vide, elle scrutait dans l'oeuvre de cet auteur froid et talentueux les prémices de la mort planifiée de longue date. Mishima a mis un terme à sa vie vingt ans plus tard de la manière la plus violente qui soit. La fascination de Kochan pour le sang, la mort, le suicide sont évoqués à maintes reprises dans cet ouvrage. Sauf peut-être le décorum morbide et spectaculaire avec lequel Mishima passera à l'acte dans la plus pure tradition samouraï, le lecteur ne pourra envisager d'autre épilogue à telle vie de tourments.

Dans un style dépouillé, austère, Mishima décrypte cette sombre alchimie qui l'a rendu incapable de conjuguer sensualité et sexualité, attirance et convenance. Pourtant, de la capacité d'aimer son coeur ne manquait pas. Mais son penchant abhorré, imposé par une volonté supérieure, lui a dérobé la plénitude nécessaire à toute harmonie dans la vie affective.

Ce récit est d'autant plus touchant lorsque l'on sait que l'auteur est allé au bout de ses tendances suicidaires. Il a choisi pour mettre fin à ses jours de s'infliger la sentence traditionnelle de ceux dont l'honneur a été bafoué.

Le texte pourrait souffrir de quelques longueurs si le lecteur ne les percevait pas comme nécessaires à l'imprégnation du malaise vécu par son narrateur. Tout en retenue, cet ouvrage trouve sa beauté dans la pudeur qui l'inspire, même quand son héros y évoque ses "mauvaises habitudes".
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Carl Gustav Jung nommait « persona » ce masque que l'on porte en société pour se définir aux yeux des autres, répondre aux normes sociales, s'adapter au monde dans lequel on vit. Dans ce premier roman magistral, certainement l'un des plus connus de Yukio Mishima, l'auteur explore les tréfonds de ses propres fantasmes sexuels et de sa douloureuse « inversion » derrière le masque qu'il s'est contraint à porter. Au sujet de ce récit autobiographique, Mishima confessa l'idée suivante : « écrire cette oeuvre, c'est évidemment mourir à l'être que je suis, mais j'ai aussi l'impression, au fil de l'écriture, de recouvrer peu à peu ma vie. »

Enfant malingre à la santé fragile, Kôchan découvre au seuil de l'adolescence ses premiers émois sensuels en contemplant les éphèbes des livres d'art, et notamment la figure du saint martyr Sébastien peint par Guido Reni. Ce torse d'une blancheur incomparable percé de flèches, ces bras robustes de centurion ligotés haut à un arbre, et ces yeux grands ouverts emplis d'une paix profonde ancrent dans l'imagination du garçon des images d'une implacable voracité. Nous plongeons alors dans les vertiges intérieurs de Kôchan qui cède avec délice à « ses mauvaises habitudes » tout en invoquant en esprit des scènes d'un sadisme sensuel et troublant. Il est d'ailleurs bouleversant de constater combien les descriptions de ces fantasmes font écho à la mort que Mishima s'infligera le 25 novembre 1970 à l'âge de 45 ans, en se faisant seppuku, suicide rituel par éventration. Une prophétie autoréalisatrice sans aucun doute, l'aboutissement de son fantasme de mort.

Luttant contre lui-même, Kôchan grandit ainsi en portant un masque. Il se met à fréquenter la charmante et naïve Sonoko, pour laquelle il éprouve une étrange attirance cependant dépouillée de l'envie sexuelle, car ses pulsions intimes s'ancrent ailleurs. Jusqu'à quelle mascarade Kôchan est-il prêt dans son illusion de normalité ? Quelles douleurs consentira-t-il à infliger, à soi-même et à l'autre ? Pourra-t-il vivre toujours caché derrière son masque ?
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Dire que ce livre est courageux est un euphémisme. Mishima expose tout ce qui se passe dans la tête de ce personnage qui se comprend et se découvre homosexuel, et tente de faire comme si pas.
L'écriture est pleine d'analogies et de descriptions parlantes, originales et, probablement, justes.
J'imagine qu'il a dû et qu'il fera encore résonner les vécus et les tourments de bien des lecteurs concernés directement par le "sujet"...
Hyper intéressant pour le psychologue que je suis d'avoir ce déroulement et cette exposition directe dans le cerveau et l'âme de ce personnage.

L'écriture de Mishima touche par moments au sublime, tant elle peut parfois percuter.

Attention, attention, ceci n'est pas pour moi le chef d'oeuvre de l'auteur. C'est son premier roman, totalement réussi et je crois qu'il est pas mal judicieux de commencer avec lui. Ce qui n'a pas été mon cas. Car je crois que si vous aimez ce premier morceau, vous vous délecterez de la musique de ce génie.
(Le chef d'oeuvre pour moi reste La Mer de la Fertilité, en quatre tomes, à laquelle son seppuku a été la note finale.)
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La confession d'un masque est celle de l'auteur japonais, Yukio Mishima, qui tel un acteur joue à l'hétérosexuel dans une société et en des temps qui étaient loin de se prêter au coming out.

J'ai ressenti Mishima très respectueux des traditions nippones. Son attirance sexuelle lui apparait donc incongrue. La normalité voulant qu'un garçon s'intéresse au sexe opposé pour amener un jour mariage et enfants dans sa famille. Alors, bien que préférant les éphèbes, il va s'essayer à donner le change à tous pour aimer les femmes. Aimer pour avoir le désir sexuel, l'attirance chimique de l'excitation. Mais il se leurre, même si parfois il se demande ce qu'est vraiment l'amour. Comprenant ses préférences sexuelles, il portera alors le masque de la « normalité », ne pouvant révéler ce qu'il ressent à son entourage.

Ce roman est intéressant par son aspect autobiographique, car il offre au lecteur la réflexion intérieure et les questionnements de celui qui cherche sa sexualité, dans un Japon des années 30 et 40 encore plus codifié qu'il ne l'est probablement aujourd'hui. Si le thème en est proche, nous ne sommes pas dans la même atmosphère que celui décrit dans la Confusion des sentiments de Stefan Zweig.

C'est un très bon roman, très bien traduit (sans cela, je n'en aurai pas profité), je le conseille. Je remercie ma fille de me l'avoir conseillé.
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Confession d'un masque est le premier roman de l'auteur. Avant de le commencer, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, je ne savais pas que ce livre était en partie autobiographique. Dès son plus jeune âge, le narrateur commence à ressentir intensément les choses. L'observation d'un livre d'images d'Histoire donne lieu à de forts sentiments.
J'ai été intéressée par les sentiments du narrateur qui découvre sa différence : il n'est pas comme les autres garçons qui s'intéressent aux filles mais il veut donner l'impression d'être normal. Toutes ses paroles et ses gestes sont mesurés, rien n'est laissé au hasard. Il arrive à se convaincre de sa normalité, il fait même la cour à la soeur de ses amis. La séduction est en marche cependant les sentiments qu'il « devrait » avoir sont absents. Il imagine des scènes de mort qui le glorifie pour oublier sa lâcheté. Ces confessions sont touchantes parce qu'elles parlent d'une société, le Japon des années 40, pendant la Seconde Guerre Mondiale, où l'homosexualité n'est pas acceptée, d'un homme torturé qui souffre de sa différence.
J'ai découvert un auteur avec une verve exceptionnelle et un peu complexe, il m'a parfois fallu plusieurs passages pour la comprendre. Un roman vraiment puissant, je n'hésiterai à relire Mishima.
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Il y a deux parties bien distinctes dans cette autobiographie publiée en 1949 alors que Mishima n'avait que 24 ans. La première revient sur son enfance passée auprès d'une grand-mère tyrannique, la seconde s'attarde davantage sur son quotidien d'étudiant et de jeune adulte alors que le Japon subit les bombardements américains, à la fin de la seconde guerre mondiale.

L'enfance reste pour lui le moment clé de la formation de sa personnalité. Une époque où il découvre son attirance pour les garçons. Son trouble est grand face à la figure androgyne de Jeanne d'Arc ou face au martyre de Saint Sebastien, représenté par le peintre italien Guido Reni torse nu, les mains liées dans le dos. Perturbé par l'odeur de la sueur de ses camarades de classe, irrésistiblement attiré par l'un d'eux plus âgé que lui, il comprend très tôt que son existence ne rentrera jamais dans les normes.

En grandissant, il n'aura pourtant de cesse de vouloir s'intégrer à la société qui l'entoure, se persuadant même qu'une relation hétérosexuelle est envisageable avec la belle Sonoko, soeur de son meilleur ami Kusano. Malheureusement, leur premier baiser le ramène à son indifférence pour la gent féminine. Une indifférence confirmée lors d'une lamentable tentative de relation tarifée avec une prostituée.

Le masque du titre est l'artifice qui cache aux yeux du monde la véritable personnalité de Mishima. Une posture de façade devant lui permettre d'avoir une vie sociale « normale » alors que bouillonne en lui « le désordre des sens ». Un texte forcément introspectif, même si l'autobiographie semble parfois avoir été très romancée. Quoi qu'il en soit, la désillusion est au coeur du récit, couplée à une impitoyable lucidité. Au final, celui qui deviendra l'un des plus grands écrivains japonais de l'après-guerre prend conscience avec résignation qu'il ne pourra échapper à une vie en marge.
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Le masque est l'identité extérieure de Kochan construite à l'image du mâle japonais idyllique qu'il présente au monde. Les confessions sont un aperçu de l'aliénation dont Kochan a souffert tout au long de sa vie alors qu'il construisait son personnage fictif.

Il souligne la nature déterministe de la condition humaine. le texte laisse le lecteur avec un jeune homme dont l'avenir sombre et ambigu n'est rien sinon enchaîné au destin.
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Ce roman aux échos autobiographiques nous emmène dans l'enfance et l'adolescence du narrateur, Kochan (diminutif de Kimitake, véritable prénom de l'auteur). Il y relate la naissance de ses désirs envers les corps masculins – l'odeur de la sueur, le choc de la rencontre avec les représentations de Saint-Sébastien… –, la lutte contre ses inclinaisons et ses tentatives de nouer une relation romantique avec la soeur d'un de ses amis. Il y a un côté très analytique dans ce roman où il détaille et décrypte son homosexualité, son « inversion », ses objets de désirs, ses réactions, les différences et les relations entre ses camarades et lui.
C'est le récit d'un homme torturé, en lutte contre lui-même, du fait d'émotions totalement taboues pour l'époque et la société dans laquelle il vit. L'envie de mort est présente tout au long du roman, il fantasme la sienne et met en scène celle d'autres jeunes hommes dans ses rêves érotiques. Haïssant sa « lâcheté », son être intérieur, il souhaite disparaître, s'évaporer sans laisser de traces. Et en parallèle, la pulsion de vie persiste, lui apportant soulagement lors de son exemption de s'engager dans une Seconde Guerre mondiale agonisante. L'homme qui se fera seppuku n'est pas encore là, mais se dessine en filigrane.

C'est aussi un aperçu du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment lorsque celle-ci s'apprête à toucher à sa fin : la possibilité de mourir sous les bombes à tout moment et celle d'être appelé à la guerre, les alertes aériennes, l'état d'esprit de la population…

De l'enfant maladif à l'aube de l'âge adulte, le désir de conformisme, les faux-semblants, l'impossibilité à prétendre totalement des sentiments qu'il n'éprouve pas, le mal-être sont omniprésents dans ce roman introspectif parfois perturbant. le discours de Mishima m'a parfois choquée, mais sa détresse m'a touchée, attristée. Un récit très sensible et intimiste, intelligent et franc, déroutant mais intéressant.
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