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Chantal Chen-Andro (Traducteur)
EAN : 9782757814871
736 pages
Points (10/09/2009)
4.32/5   30 notes
Résumé :
Quatre hommes tourmentent la très belle Meiniang: son père Sun Bing, chanteur d'opéra, condamné au supplice du santal pour rébellion. Son beau-père, le redoutable Zhao Jia, accompagné de son fils, le boucher Petit-Jia, pour mettre à exécution la plus cruelle des tortures.
Son amant, le très amoureux Qian Ding, reste en sa qualité de préfet de l'empire, le seul capable de dénouer ce drame...
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'empire du milieu part en eau de boudin et le mandarinat est en pleine déconfiture.
Humiliés par l'occupant Allemand dans la province du Shandong, révoltés contre les fonctionnaires collabos, le Supplice du Santal est un chant de résistants, plus exactement un opéra à voix de chat.
Truculent à souhait, Mo Yan nous invite à partager tous les moments de la vie des chinois de sa province natale jusqu'à Pékin. La bonne viande de chien, le vin jaune et les pires supplices, les fameux supplices chinois.
Ames sensibles s'abstenir, mais ça serait dommage ! La Chine de l'impératrice Cixi et du traître Yuan Shikai confie la basse besogne à ce bâtard de bourreau Zhao Jia. On est au bord du dégoût avant d'être rapidement subjugué par l'héroïsme des résistants et victimes des pires injustices. L'avenir de la Chine peut déjà se lire dans le coeur des personnages. Un coeur qui n'est jamais figé, à la fois homme et animal dans les visions de petit Jia, le fils du bourreau.
L'impératrice Cixi va quitter le trône en gardant toute sa majesté et on peut facilement imaginer d'autres formes de pouvoir autoritaire s'imposer en Chine dans l'avenir. Pour l'heure, la fin de la pratique des supplices a sonné et ce sera bientôt la fin des pieds bandés.
Dans cette Chine palpitante, un coeur palpite encore plus fort, c'est de celui de la magnifique Sun Meiniang, la soeur, la femme, la fille, la maîtresse, sa majesté Sun Meiniang aux grands pieds.
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« A l'automne de l'année 1996, je me mis à écrire le supplice du santal. Autour des légendes liées au train et à la voie ferrée, j'arrivais à un texte de cinquante mille idéogrammes environ, que je laissais de coté un certain temps. Quand je le repris, force me fut de constater qu'il était empreint de réalisme magique, aussi décidai-je de le retravailler entièrement, de nombreux détails captivants, pour cette même raison, furent également rejetés. Finalement je choisis d'affaiblir la voix du train et du chemin de fer au profit de celle de l'opéra chat. Certes, en procédant ainsi je réduisais la richesse du texte, mais je fis le sacrifice sans hésiter, ce qui comptait était désormais de préserver le plus possible de saveur populaire, de rester dans le pur style chinois. » Mo Yan dans sa postface

La richesse de ce livre semble démentir les propos de l'auteur.

Fin de règne et impérialisme allemand, mais surtout Sun Bing, chanteur d'opéra à voix de chat et rebelle, sa fille Meiniang, une très belle femme aux pieds non bandés, Petit-Jia son idiot de mari boucher, Zhao Jia, le père de celui-ci, bourreau officiel et Qian Ding gouverneur et père adoptif (amant) de Meiniang.

Alliant construction chinoise classique et romanesque plus moderne, des dialogues truculents, des situations cocasses, une tendresse particulière envers les principaux acteurs et actrices, l'écriture vous enveloppe dès les premières pages. Lecture lente ou rapide, le temps se dilate et s'accroche aux multiples personnages, entre conformisme, refus et révolte. Poésie de l'opéra chat.

Prenez le temps long d'une lecture enthousiasmante et découvrez donc la « Tête du phénix », le «Ventre du cochon », la « Queue de léopard » et savourez cette aventure, cette inventivité, ce réalisme magique…
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Extrême fin du dix-neuvième siècle. La Chine impériale est aux mains des "grandes puissances" du moment, au premier rang desquelles l'Allemagne de Bismarck : en l'absence d'empire colonial, elle y trouve le moyen de s'approvisionner à bon compte en matières premières et en denrées rares. La Belle Époque dites-vous ? Pas en Chine en tout cas et pas en ce temps-là... Les paysans se révoltent et sont durement réprimés par les armées étrangères qui s'appuient sur le système du mandarinat, fortement attaché à ses privilèges. Dans ce contexte historique mouvementé, Mo Yan nous décrit le destin funeste de Sun Bing, un chanteur d'opéra "à voix de chat" (une forme populaire apparue à cette époque) qui va être victime d'un concours de circonstances devant le conduire à un supplice particulièrement cruel, le "supplice du santal" (âmes sensibles s'abstenir !). Un récit puissant, décrivant avec précision, au travers d'un événement local (la révolte des habitants d'un village du Shangdong), les rouages d'une société féodale sur le déclin. On y découvre que la cruauté de l'armée allemande valait bien le raffinement des fameux "supplices chinois". Bien que complexe dans sa structure et dans les rapports entre les personnages ce roman se lit aisément et passionnera le lecteur du début à la fin. Une oeuvre magistrale, malgré un défaut de relecture de la part de l'éditeur, qui a laissé passer de trop nombreuses erreurs de langage.
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Que de violences!
J'ai arrêté la lecture avant la fin du livre. Je ne garde pas ce livre chez moi, non.
Une société féodale où règne un ordre strict et violent , dans une organisation pyramidale.
Cette violence descend se répand dans le peuple. Ce qui est naturel.

Ce livre est loué par tous ou presque.
Je m'étonne. Oui les supplices sont décrits avec une très (trop) grande précision et il y a une forme d'humour. C'est donc ça le talent ? Cela qui mène au prix Nobel ?!
Je m'inquiète pour nous lecteurs occidentaux qui approuvons ces détails sur le supplice, les souffrances et la mort de ces malheureux chinois.
Ce livre fait la place belle au sadisme.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je saisis les cordes à deux mains, baisse les fesses vers le bas, ploie les jambes toujours vers le bas, prenant appui sur la point des pieds, je relève le postérieur en arrière, propulse mon corps en avant, bombe le torse, lève, gonfle le ventre, la balançoire se met à osciller. Je tire les cordes vers l'arrière, recommence la série de gestes. Les gros anneaux en fer sur le portant transversal se mettent à grincer. La balançoire s'envole. J'y mets toute ma force, mes mouvements sont de plus en plus amples, la balançoire va de plus en plus haut, de plus en plus vite, décrit une trajectoire de plus en plus escarpée, et hop, et hop, et hop... Les cordes tendues sifflent, produisent du vent, les anneaux en fer sur le portant transversal grincent avec un bruit effrayant. Je me sens des ailes, impression de légèreté, d'avoir des plumes qui me poussent par tout le corps. Je fais monter la balançoire jusqu'à une hauteur extrême, mon corps se balance avec elle, il y a comme une marée qui déferle en moi, qui enfle, puis retombe. Une vague chasse une autre vague, écume chassant l'écume. Un gros poisson chassant les petits, un petit poisson chassant les crevettes. Tchak, tchak, tchak... Plus haut, plus haut encore, toujours plus haut ! C'est vrai que c'est haut, encore plus haut, encore un peu plus... Mon corps part à la renverse, mon visage touche le ventre jaune clair des petites hirondelles qui tournoient pour voir le spectacle ; je suis allongée voluptueusement sur un coussin de vent et de pluie d'un moelleux incomparable. Arrivée au point culminant, je tends le cou pour saisir entre les dents une fleur au faîte du vieil abricotier, celui qui est plus gros que les autres, autour de moi ce ne sont qu'applaudissements... Comme c'est agréable, quelle satisfaction ! Je suis au paradis, me voilà une immortelle...
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Sa seigneurie avait descendu de façon mesurée les marches devant la salle des Audiences, elle avait franchi la porte des Cérémonies, était entrée dans la cour annexe. Le soleil radieux éclairait son visage. Il avait agité la main à l'intention de la foule. Son sourire éblouissant avait laissé voir des dents très blanches. La foule en avait été émue, mais cette émotion toute intérieure ne s'exprimait pas par des sauts, des acclamations, des larmes. En fait, les gens avaient été saisis par l'allure de Sa Seigneurie. Même si tous avaient entendus parler de la belle prestance de cette dernière, peu avaient pu constater la chose réellement de leurs yeux. Ce jour-là, il ne portait pas les habits de mandarin, mais une tenue décontractée. Il n'arborait pas de couvre-chef, la moitié antérieure de son crâne fraîchement rasée avait la couleur bleue d'une carapace de crabe, tandis que la partie postérieure était si luisante qu'on aurait pu s'y mirer, une longue natte épaisse pendait jusqu'aux fesses. Au bout de la natte étaient attachés un beau jade vert et une petite clochette argentée, laquelle émettait un son cristallin à chaque mouvement. Il portait un ample vêtement de soie blanche et des chaussures en toile foncée à double arête et à semelles à multiples couches, à ses chevilles étaient attachés de petits rubans de soie. Son large pantalon faisait penser à une méduse flottant sur l'eau. Bien sûr, le plus beau était encore cette barbe sur sa poitrine. Plutôt qu'à une barbe, on pensait à une pièce de soierie noire, tant elle était luisante, brillante, huilée, lisse, et cette barbe luisante, brillante, huilée, lisse retombait sur sa poitrine blanche comme neige. A la voir, on ressentait du bonheur.
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A l’automne de l’année 1996, je me mis à écrire Le supplice du santal. Autour des légendes liées au train et à la voie ferrée, j’arrivais à un texte de cinquante mille idéogrammes environ, que je laissais de coté un certain temps. Quand je le repris, force me fut de constater qu’il était empreint de réalisme magique, aussi décidai-je de le retravailler entièrement, de nombreux détails captivants, pour cette même raison, furent également rejetés. Finalement je choisis d’affaiblir la voix du train et du chemin de fer au profit de celle de l’opéra chat. Certes, en procédant ainsi je réduisais la richesse du texte, mais je fis le sacrifice sans hésiter, ce qui comptait était désormais de préserver le plus possible de saveur populaire, de rester dans le pur style chinois.
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De tout temps, sous toutes les dynasties, il en avait été ainsi : les bourreaux dont le visage était oing de sang de coq n'appartenaient déjà plus à l'espèce humaine, ils étaient le symbole des lois sacrées et solennelles de l'Empire. Nous n'avions pas à nous agenouiller, même pas devant l'empereur.
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Vidéo de Mo Yan
Présentation de l'album "La Bourrasque" de MO Yan, prix Nobel de littérature, illustré par ZHU Chengliang. Publié aux éditions HongFei, septembre 2022. Après une belle journée au champ, un enfant et son grand-père résistent ensemble à l'adversité.
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