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— Bon, monsieur Molière, va falloir arrêter maintenant.
— Arrêter quoi ?
— Arrêter de faire des pièces qui répondent aux critiques reçues par votre École des Femmes.
— Eh quoi, ça ne vous a pas plu ?
— Il y a de l'idée, mais…
— de l'idée ? Mais j'ai joué à fond avec l'idée même du théâtre ! Ma troupe joue son propre rôle en train de répéter la pièce même qu'on est en train de présenter. C'est puissant ! C'est… comment dire…
— Surréaliste ?
— Ah, je ne connais point ce mot, « sur-ré-a-liste » pas mal oui.
— On peut dire aussi « mise en abîme »
— Les seuls que j'abîme, ce sont les fâcheux, ces « monsieurs » qui se prennent pour des références en matière de goûts, ces péronnelles qui n'ont pas compris que je les défendais dans « l'École », et surtout ces soi-disant auteurs qui viennent me raconter comment on fait un succès. « Les règles, monsieur, les règles ! le rire doit suivre les règles. L'important est de plaire aux savants. Qui s'intéresse au succès auprès d'un public ignare ? ». Tsss !
— Oui, bon, ça va, j'avais compris. Même si je ne capte pas tout de moi-même les préfaces de nos jours prédigèrent les explications de text, vous savez.
— Non mais, entre nous, vous n'avez pas trouvé ça hilarant ?
— Marrant par moments oui, mais…
— Même quand j'ose me caricaturer moi-même, mon épouse et mes comédiens ?
— Oui, ça tient la route, cependant…
— Mais quoi, à la fin !
— Mais je suis un lecteur de 2018, moi. Vous savez, les duels à scènes tirées entre auteurs du 17ème siècle, je ne me sens pas entièrement concerné. C'est tellement plus amusant, plus acerbe, plus riche en enseignement quand vous caricaturez les comportements de vos contemporains dans une histoire qui tient la route. Je ne remets pas en question votre talent, mais là il faut laisser tomber « l'École » et passer à autre chose.
— Pensez-vous que j'avais le choix ? le roi tenait à cette pièce. Je ne pouvais pas ne pas lui obéir.
— Oui, bon. Vous savez, on a décapité le dernier des Bourbons il y a deux siècles, alors les rois…
— Hein ??!!!??
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Molière dans son propre rôle :celui de chef de troupe, de metteur en scène. ..et d'auteur en butte à la critique.

Dans cet Impromptu en un acte qui fait suite à la querelle de l'école des femmes, Molière et ses comédiens- Madeleine Béjart et Armande, la jeune madame Molière-on disait alors mademoiselle Moliere- la du parc, Marquise pour les beaux yeux de laquelle se mourait le vieux Corneille , du Croisy, le fidèle La Grange, et quelques autres sont en répétition.

Ils vont bientôt jouer devant le Roi...et Molière entend qu'ils fassent la distinction entre ce qu'ils sont et ce qu'ils jouent, entre leur personne et leur personnage, pourvu qu'ils restent fidèles à la règle d'un jeu naturel car seule la vraisemblance de leur personnage rendra la comédie efficace, drôle et percutante!

Loin d'eux la tentation de tomber dans les outrances des comédiens de l'hôtel de Bourgogne, la troupe rivale , alors à l'honneur. Marqué par le jeu plein d'allant et par les exercices d'improvisation sur canevas issus de la commedia dell arte des comédiens Italiens avec lesquels il a, un temps, partagé sa salle du Palais Royal, Molière est un fervent partisan du jeu naturel.

Souvent joué, intégralement ou partiellement, l'Impromptu est une pièce-miroir étonnante de modernité , à la fois un habile plaidoyer pro domo et une leçon de théâtre en action.
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J'étais décidée à lire et critiquer les pièces de Molière dans leur ordre chronologique. Oui mais voilà, j'ai pas envie de lire le Dépit amoureux, j'ai déjà critiqué Les Précieuses ridicules, lu L'École des femmes mais guère envie d'en parler, et je n'ai strictement rien à dire, mais ce qui s'appelle rien, sur Sganarelle ou le cocu imaginaire. Donc je me lance avec L'Impromptu de Versailles, sans être non plus complètement emballée.


Après l'affaire de L'École des femmes, faite d'attaques et de contre-attaques qui n'en finissaient pas, Molière était en fort mauvais termes avec la troupe de L'Hôtel de Bourgogne, où s'était jouée une pièce qui se moquait de lui. le voilà donc qui riposte une nouvelle fois avec une petite pièce. Une petite pièce d'un genre complètement à part, qui mêle le théâtre dans le théâtre et une caricature des comédiens de L'Hôtel de Bourgogne, tout cela en forme de réponse aux détracteurs de la troupe de Monsieur, frère du roi (la troupe de Molière, quoi).


La pièce commence donc avec Molière et ses comédiens jouant leur propre rôle, ceux-là rechignant à jouer une pièce écrite à la va-vite et dont ils ont oublié les répliques. Ils préféreraient jouer une comédie qui se moquerait de la troupe de L'Hôtel de Bourgogne, et voilà Molière en train de contrefaire chaque comédien et comédienne dudit Hôtel de Bourgogne. C'est la partie la plus sympathique. Là-dessus la troupe essaie de jouer, de façon poussive, la comédie prévue au départ, qui comprend force personnages ridicules et consiste en l'essentiel de la riposte de Molière envers ses ennemis. Cette partie-là m'a semblé moins enlevée, et un peu ennuyeuse.


Quoiqu'il en soit, L'Impromptu demande des connaissances sur les aléas de l'affaire de L'École des Femmes, mais aussi sur la réception des Précieuses ridicules, il faut comprendre à qui et à quoi fait référence Molière en permanence. Ce qui signifie que, excepté si vous êtes un exégète de Molière, vous aurez à lire la pièce dans une édition avec au minimum une préface ou une notice, ou encore un dossier, et surtout comprenant des tas de notes en bas de pages. Ça casse le rythme de lecture, malheureusement, mais sans ça vous ne sourirez pas aux moqueries de Molière sur la corpulence et l'emphase du comédien Montfleury, par exemple, sur telle comédienne qui jouait les jeunettes à cinquante ans, etc., etc. Et il en est ainsi de toute la pièce.


L'Impromptu de Versailles, c'est donc à la fois une curiosité théâtrale et un document très intéressant pour les historiens du théâtre ainsi que pour les passionnées de Molière. C'est pas évident de se remettre dans le contexte - c'est déjà pas évident pour l'ensemble des pièces anciennes -, on perd beaucoup de la verve de l'auteur parce qu'on n'est pas dans le bain, mais ça reste à découvrir.


Quelqu'un de bien mieux informé que moi a écrit une critique bien plus intéressante que la mienne - j'ai nommé 5Arabella. Je vous invite donc à la lire :
https://www.babelio.com/livres/Moliere-LImpromptu-de-Versailles/83264/critiques/1477780



Challenge Théâtre 2020
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Une pièce singulière où une troupe (celle de Molière) se représente sur scène. Molière et ses amis jouent leur propre rôle et nous montrent comment ils se préparent à présenter une pièce.
Cette courte pièce est une oeuvre de circonstance aussi où Molière continue sa satire (déjà entamée dans "La critique de l'école des femmes") contre les pédants fats et les jaloux . le prix du succès est assez cher, Molière a eu à se défendre contre tous ces auteurs d'alors succombant à l'oubli maintenant.
J'ai eu beaucoup de plaisir à suivre moi aussi cette polémique de "L'école des femmes" en lisant les trois pièces. Mais aussi à voir Molière au travail : dramaturge, acteur et metteur en scène.
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L'école des femmes, représentée à la fin de l'année 1662 donna lieu à ce que l'on appelé La querelle de l'école des femmes. La pièce a été attaquée, en particulier par les frères Corneille, ainsi que par Donneau de Visé. Pour répliquer, mais sans doute aussi pour relancer L'école des femmes, Molière écrit une petite pièce en un acte, La critique de l'école des femmes, jouée pour la première fois en juin 1663, dans laquelle des personnages débattent de sa pièce, le beau rôle étant attribué à la défense. L'affaire est un succès, les spectateurs se pressent au théâtre. Les adversaires de Molière répliquent, l'attaque la plus vive est une autre pièce, écrite par un certain Boursault, le portrait du peintre, ou la Contre-Critique de l'Ecole des femmes (Molière était surnommé le Peintre par ses contemporains). La pièce, jouée à l'Hôtel de Bourgogne, le plus important théâtre parisien, à la fin de septembre 1663, s'en prend explicitement à Molière. Celui-ci va réagir par une autre pièce, cet Impromptu de Versailles. Créée en octobre 1663 à Versailles, devant le roi Louis XIV, peut-être écrite à sa demande, en huit ou dix jours, elle sera reprise à Paris, en accompagnement d'autres pièces. 19 fois en tout, et ne sera pas imprimée du vivant de Molière, qui la considérait sans doute comme une oeuvre de circonstances, abandonnée une fois accomplie sa mission.

Molière s'y met en scène lui-même avec ses comédiens, en répétition de sa nouvelle pièce, qu'il doit jouer devant le Roi. Ces derniers rechignent, ils ont eu trop peu de temps pour apprendre la nouvelle pièce. Ils le lancent sur un projet, La comédie des comédiens. Molière se laisse entraîner, il joue un auteur amenant une nouvelle pièce à la troupe, et se livre à une imitation parodique des comédiens les plus célèbres du l'Hôtel de Bourgogne, exagérant leur façon outrancière et peu naturelle de jouer. Après l'intermède d'un fâcheux, la troupe reprend sa répétition. Molière fait répéter ses comédiens, qui jouent des personnages ridicules, le critiquant pour des mauvaises raisons, prêts à aller applaudir la pièce de Boursault, pour se venger de Molière qui a trop bien su mettre en évidence leurs défauts . Il pousse ses acteurs à charger leur jeu, moque des attitudes ridicules. Moque la pièce de son rival, et pour sa meilleure défense invoque le succès, le plaisir manifeste des spectateurs de ses oeuvres. Mais le temps, presse, il s'agit de jouer devant le Roi. Qui par magnanimité, laisse au final les acteurs se produire dans une pièce qu'ils maîtrisent mieux.

Théâtre dans le théâtre, entre le vrai et le faux, les acteurs jouent successivement leurs propres rôles, des rôles, eux-mêmes en train de jouer des rôles...Il devait être saisissant de les voir passer de l'un à l'autre en un clin d'oeil. Nous avons un aperçu de ce que pouvait être la vie des coulisses à l'époque. Sans oublier que Molière d'une façon magistrale attribue au final le rôle le plus important à un illustre absent de la scène, mais présent en tant que spectateur, le Roi.

La pièce évoque aussi un débat de l'époque, lié au jeu de l'acteur. Molière prônait un certain naturel, à l'opposé de celui des comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. Il s'agissait de dire un texte de la façon la plus emphatique, en essayant de produire un maximum d'effets, sans se soucier à la limite du sens. Mais c'est cette façon de jouer qui avait le plus de succès à l'époque dans la tragédie, Molière n'a jamais réussi à imposer sa vision des choses ailleurs que dans la comédie, où ses textes et son jeu d'acteur, lui assuraient le premier rang. Il profite de l'Impromptu pour régler ses comptes et tenter de ridiculiser la troupe concurrente.

Forcément une partie de ce comique, caricature de personnes très loin de nous dans le temps, d'une façon de jouer qui n'est plus du tout pratiquée, nous échappe. Pièce de circonstances, elle est surtout intéressante pour ce qu'elle montre de la façon dont Molière travaillait, de l'ambiance d'une troupe de théâtre de l'époque.
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Petite pièce en un acte et en prose, L'impromptu de Versailles est la réponse de Molière au Portrait du peintre de Boursault.
On y voit Molière et sa troupe, dans leurs propres rôles, se préparer à une représentation en présence du Roi, d'une pièce qu'il leur a commandée. Dans une mise en abyme, les spectateurs assistent à la dernière répétition des acteurs.
Après qu'il ait rappelé à ses comédiens comment ils doivent aborder leur rôle, selon qu'il doit être affecté (le Marquis, la précieuse) ou naturel (l'honnête homme), un dialogue s'engage entre Molière et les acteurs où l'on évoque une possible réponse de l'auteur à la pièce de Boursault. C'est l'occasion pour Molière de parodier ses rivaux de l'Hôtel de Bourgogne, et leur diction emphatique, ce qui lui vaudra une nouvelle réponse du fils de l'un des acteurs moqués, Montfleury.
Molière, en bon courtisan, sait aussi flatter le Roi, aussi bien la fonction, que Louis XIV précisément.
L'impression de vivre une vraie répétition est grande.
Je crois que plus je lis, ou relis, Molière plus je l'estime.
J'aurais aimé finir cette découverte de L'école des femmes et de ses suites par la lecture de L'impromptu de l'Hôtel de Condé, je n'ai malheureusement pas trouvé le texte. Je sais cependant que l'on y moquait Molière pour ce qui était tenu pour un piètre talent d'acteur de tragédie (il avait auparavant joué le rôle de Pompée dans une pièce de Pierre Corneille). Mais Molière prônant systématiquement le naturel dans le jeu, et se moquant lui-même de la façon de jouer outrée des acteurs de l'Hôtel de Bourgogne, on peut se demander s'il était si mauvais acteur dans les rôles autres que comiques (où il excellait) ou s'il n'était pas en avance sur son temps.

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L'impromptu de Versailles
On se croirait face à un texte contemporain où l'intrigue se pose sur le théâtre lui-même, soit sur l'acteur, soit sur l'auteur. Une liberté d'imagination dans le sens de l'oeuvre sinon que l'auteur nous plonge dans une réalité que l'on aurait imaginé autrement.

Je dirais même que cette pièce devient en même temps en quelque sorte un piège pour les acteurs en ce sens qu'il sont très habiles à incarner des personnages, à intégrer aussi facilement leur psychologie.
Mais ici, il s'agit de s'incarner soi-même non pas comme individu ou personne plutôt comme acteur et pire dans la fabrique de l'acteur. le plus grand moment du stress de l'acteur et de l'oubli de soi.

Alors les acteurs doivent mettre en examen 4 rôles à la fois c'est-à-dire celui de la personne, celui du personnage, celui de l'acteur et celui qui englobe les trois.

Vraiment intelligent ce type! Pour ceux qui s'attendent inutilement du rire ne peuvent pas saisir la profondeur de ce texte!!!
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Une des plus intéressantes pièces de Molière. Tout d'abord, elle est singulière, car Molière y joue son propre rôle (mais pas seulement), ce qui est hors du commun surtout pour l'époque. Mais également, parce que Molière, tout en répondant aux critiques qui lui sont faites, expose et explique ses intentions au théâtre : il veut du naturel, et ne jure que par ce mot. Selon lui, la vraisemblance des personnages rend la comédie percutante, c'est là son vrai rôle.
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C'est bien la première fois que je suis un peu déçue par une pièce de théâtre de Molière. Mais juste un peu seulement et c'est en relatif, par rapport à l'ensemble de son oeuvre. Il faut dire qu'il met la barre très haute d'habitude alors il est difficile de tenir la distance.
Avec "L'impromptu de Versailles", pièce de 1663 au très beau titre, Molière se met en scène et fait répéter ses acteurs pour jouer une pièce devant le roi.
Les comédiens se plaignent de ne pas avoir le temps d'apprendre leurs rôles. Ils vont cependant se laisser prendre au jeu pour bénéficier, au final, de l'indulgence du roi. Molière en profite pour faire de belles tirades sur la comédie et l'exigence du théâtre dans cette mise en abyme.
J'ai pourtant trouvé que ça n'était pas vraiment crédible car durant la répétition les acteurs ne se trompent jamais alors qu'ils n'ont pas eu le temps d'apprendre leurs textes. Ce doit être un éloge a l'improvisation!
Et puis, même si Molière critique les marquis, il fait la part un peu trop belle au roi.

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Dans L'Impromptu de Versailles, courte pièce peu connue du grand public et jouée pour la première fois en 1663, Molière se livre à un jeu étonnant. Dans cette pièce, les personnages sont Molière et sa troupe eux-mêmes ! Béjart, Brécourt, du Croisy, Mlle de Brie, et même la femme de Molière (nommée ici Mademoiselle Molière).

Ces personnages sont des comédiens en répétition et jouent eux-mêmes un rôle : ainsi Molière joue un « marquis ridicule » ou Mlle du Croisy une « peste doucereuse »… Cette pièce dans la pièce évoque par une subtile mise en abyme l'opposition que Molière lui-même a rencontrée par ses concurrents de l'Hôtel de Bourgogne, suite à la publication de L'Ecole des femmes.

Suite de la critique sur le blog :
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