«
Les Femmes savantes » est l'avant dernière pièce écrite et jouée par
Molière (1672) (après, il n'y a plus que «
le Malade imaginaire » en 1672). Contrairement aux deux qui l'ont précédée l'année précédente («
Les Fourberies de Scapin » et «
La Comtesse d'Escarbagnas »), cette pièce est en vers, ce qui n'était pas arrivé depuis « Tartuffe » en 1969 (je mets à part « psyché », écrite en vers en 1971, mais née d'une complicité avec
Corneille et Quinault).
Molière renoue donc avec un genre qui lui a réussi («
L'Ecole des Femmes », «
le Misanthrope ») sans toutefois avoir le succès de pièces en prose comme «
Les Précieuses ridicules », « Dom Juan », «
L'Avare » ou «
le Bourgeois gentilhomme ».
«
Les Femmes savantes », au cours des siècles, a multiplié des interprétations parfois contradictoires : on y a vu tour à tour un manifeste macho et un manifeste féministe, une critique de l'éducation (des filles en particulier) … Il faut dire que jusqu'à un passé pas si lointain, il était de bon ton que les filles soient élevées pour être mères et épouses, en dehors de toute autre considération, leur seul intérêt étant, pour leurs parents, de faire un « bon » mariage, c'est-à-dire un mariage avantageux.
La pièce, au vu des critiques d'aujourd'hui, est plus nuancée : si certains personnages tiennent ce point de vue (qui était de mise à l'époque), d'autres militent plutôt sur la prédominance de l'amour sur les convenances, et appellent à la liberté individuelle (enfin, celle de l'époque, à des années-lumière de la nôtre).
Molière, avec son sourire en coin laisse parler tout le monde. le thème principal de la pièce n'est pas tant que les femmes soient savantes (
Molière ne leur dénie pas ce droit), c'est qu'elles « se croient » savantes, rejoignant ainsi leurs consoeurs des « Précieuses ridicules ». Et ridicules, elles finissent par l'être, faute aussi de s'être laissé abuser par deux maîtres en flagornerie, Trissotin et Vadius, qui ont obtenu haut la main leur doctorat en cuistrerie, et leur agrégation en pédanterie.
L'histoire, au fond est assez simple : Chrysale, est affligé d'une épouse (Philaminte), d'une soeur (Bélise) et d'une fille (Armande), toutes trois entichées de deux imposteurs (Trissotin et Vadius, faux savants et vrais imbéciles) qui flattent leur goût pour « la science ».
Les Femmes savantes veulent marier la fille cadette (Henriette) à Trissotin, mais la jeune fille qui a des goûts plus sûrs et la tête bien sur les épaules a misé plutôt sur le beau
Clitandre. Entre le clan des « savants » et le clan des « sages » la balance finira par pencher du bon côté.
La pièce nous a laissé quelques vers célèbres :
« Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage
Et service d'autrui n'est pas un héritage »
« Quand on se fait entendre on parle toujours bien »
« Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ?
- Qui parle d'offenser grand-mère ni grand-père ? »
« Je vis de bonne soupe et non de beau langage »
Etc.
Un rapide calcul : 2022 – 1672 = 350
Cette pièce a 350 ans !
Quoi de neuf ?
Molière !