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Jean-Noël Jeanneney (Autre)
EAN : 9782721009845
291 pages
Editions des Femmes (13/10/2022)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Marie Octave Monod retrace l’existence de Marie d’Agoult, femme de lettres du XIXe, dont l’histoire a occulté le travail prodigieux. Comme son amie George Sand, elle choisit de publier sous pseudonyme masculin. Marie d’Agoult devient Daniel Stern, pour un lectorat passionné par ses romans mais également ses essais et traités historiques. Républicaine convaincue, elle tient un salon où se rejoignent de grands intellectuels de l’époque tels que Ledru-Rollin et Lamarti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En premier lieu, un grand merci aux Éditions Des Femmes Antoinette Fouque et à Babelio pour l'envoi de cette biographie de la comtesse d'Agoult.

Marie de Flavigny est née en 1805 en Allemagne. Son père est officier, de la noblesse française, sa mère allemande est fille de banquier, de la haute bourgeoisie de Francfort. Marie grandit en France et épouse le comte d'Agoult en 1827. Sa rencontre avec Franz Liszt fera d'elle la « haute figure romantique » qui a traversé l'histoire. Mais Marie est beaucoup plus que cette femme, qui follement éprise, abandonne tout pour suivre son amant. Nous sommes en 1835, elle quitte son mari, sa fille Claire, la France et oublie son statut pour un moment. Sa liaison avec le compositeur durera plusieurs années, ils voyagent, Genève puis l'Italie, ont trois enfants. Franz lui présente George Sand qui deviendra son amie, puis -à la séparation du couple- son ennemie, inspirant Balzac dans son écriture de Béatrix. D'ailleurs en février 1840, dans un courrier à Mme Hanska l'auteur avoue :
« Oui, Mlle des Touches est George Sand; oui Béatrix est trop bien Mme d'Agoult. G. Sand en est au comble de la joie; elle prend une bonne petite vengeance de son amie. Sauf quelques variantes, l'histoire est vraie. » 
Le temps de la passion est passé. Marie est rentrée à Paris, seule, ses enfants sont confiés à la famille de Liszt, comme le veut l'époque, la mère n'ayant aucun droit. Elle doit tout reconstruire, reprendre sa place. C'est une femme forte, intelligente, d'une grande clairvoyance, instruite, éprise de liberté. Bien née, elle est fortunée et son cercle d'amis regorge de grandes figures de l'époque. Elle prend comme nom de plume Daniel Stern, son premier article publié dans la presse traite du portrait de Cherubini d'Ingres. Ainsi débute son oeuvre : beaucoup d'articles, deux fictions (pas vraiment réussies), des essais, des biographies, et surtout l'«  Histoire de la Révolution de 1848 », un texte considéré comme une référence par les historiens. À cette époque, Marie dit être « arrivée à l'âge d'homme », comprenez qu'elle a dépassé ses passions et se consacre tout entière à sa vie intellectuelle. Les grands noms du dix-neuvième siècle se pressent à son salon politique, Daniel Stern y côtoie le monde européen artistique, politique, intellectuel. Historienne, moraliste, ses écrits retracent une époque pour le moins mouvementée, en effet Marie traverse trois révolutions, des changements de régime à s'y perdre (Empire, Monarchie, République…). Elle restera fidèle à ses idéaux républicains, libre de pensée, de parole et plaidera l'accès pour tous à l'instruction (y compris aux femmes). Ce qui la rapproche de sa biographe d'ailleurs.

Cet ouvrage fut publié une première fois en 1937, l'éditeur précise en quatrième de couverture qu'il s'agit « d'un échange entre deux femmes d'élite que séparent trois ou quatre générations ». Marie Octave Monod est historienne, a créé en 1920 l'Association Française des Femmes Diplômées des Universités (AFFDU) et milite pour l'éducation des filles. Sa plume a le charme suranné des textes du siècle dernier mais reste accessible. Elle nous livre un travail sérieux, très documenté, d'une grande rigueur. Son approche est disons ‟scientifique” et ne laisse pas vraiment de place aux émotions. Si l'autrice garde ses distances avec son sujet, on sent parfois comme une communion d'âme (elles ne manquent pas de points communs), une compréhension de femme à femme. Ce qui expliquerait l'intérêt de Marie Octave Monod pour la comtesse ? La biographie est instructive, riche, voire érudite. Toutefois certains passages sont longuets et j'avoue que la litanie de noms célèbres fréquentant le salon de Daniel Stern m'a parfois fait désespérer de ma méconnaissance de la politique du dix-neuvième siècle. Ne cherchez pas ici une biographie romancée traitant des amours de Marie d'Agoult, c'est surtout l'intellectuelle qui a intéressé la biographe, d'ailleurs son étude des textes de Daniel Stern est approfondie, étayée, voire didactique.

En résumé, cette biographie très enrichissante ne manquera pas d'intéresser les amoureux du dix-neuvième siècle, ils y trouveront un portrait des arts et de la vie intellectuelle de l'époque sous le regard vif mais bienveillant de la belle Marie d'Agoult.
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Avec cette biographie de Marie de Flavigny, comtesse d'Agoult, nom de plume Daniel Stern, Marie Octave Monod nous plonge dans la société bourgeoise, intellectuelle et artistique du 19ème siècle.

Née le 31 décembre 1805 à Francfort d'une union romanesque entre un Français et une Allemande, Marie d'Agoult mène une enfance plutôt heureuse entre ces deux pays. Sa jeunesse sera notamment marquée par sa brève rencontre avec Goethe et le décès de son père adoré. Elle se marie avec Charles d'Agoult, mais c'est avec Franz Liszt qu'elle vivra une passion qui durera quelques années. Trois enfants issus de cette union libre verront le jour.

A travers Marie, nous côtoyons les intellectuels et artistes du moment, Balzac, Lamartine, Hugo, Ingres, Berlioz, De Vigny, Chopin, Sand, Sainte-Beuve, entre autre. Les salons sont à la mode. On y échange, on discourt, on converse beaucoup.

Marie est une femme libre, plutôt libérale, républicaine. Elle souhaite écrire à l'instar de son amie/ennemie George Sand. Après plusieurs essais infructueux, notamment avec des nouvelles et deux romans médiocres, elle trouvera sa voie avec L Histoire qu'elle décrit et décrypte en parfait témoin des événements de son temps, souvent sous le pseudo de Daniel Stern, la plume d'un homme étant mieux considérée que celle d'une femme dans ce siècle aux moeurs encore très corsetées.

La première parution de ce livre a eu lieu en 1937. C'est donc avec une écriture légèrement surannée, élégante, que l'autrice nous livre un travail sérieux, rigoureux sur la vie romantique de cette femme. On en connait beaucoup sur celle-ci notamment à travers de nombreux écrits qu'elle a laissés et qui viennent émailler cet ouvrage.

Autre époque, autres moeurs, j'ai aimé me fondre dans le décor de ce 19ème siècle en compagnie de Marie d'Agoult, me transporter dans les salons qu'il devait être agréable de fréquenter et pour ceci je remercie Babelio et les Editions des femmes Antoinette Fouque.
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Marie de Flavigny est née dans une famille de la haute bourgeoisie. Elle épouse le comte d'Agoult avec qui elle aura une fille. Elle va faire la rencontre qui va changer sa vie : Franz Liszt. Elle va quitter son mari et sa fille pour vivre sa liaison en Suisse. Cette liaison durera plusieurs années et leur voyage s'arrêtera en Italie. Leur passion leur apportera 3 enfants. Mais Frantz Liszt va privilégier sa vie de musicien.
Marie retourne à Paris et va reprendre petit à petit sa place dans le monde de la bourgeoisie et retrouve tous ses amis qu'elle avait abandonné. A partir de là, elle va vouloir écrire avec un nom de plume « Daniel Stern ». Elle commence sa vie comme historienne, moraliste.

L'auteur nous apporte une biographie très bien détaillée sur la vie de cette femme qui n'entrait pas dans les cases de l'époque. Ce livre nous emporte dans le 19è siècle avec une société bourgeoise, intellectuelle et artistique.

J'ai bien aimé ce roman historique qui m'a permis de connaître cette femme, et ses amis George Sand, Balzac, Frantz Liszt et bien d'autres.

Merci à Babelio et aux Editions des femmes Antoinette Fouque de m'avoir permis de lire ce livre.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les parents, le confesseur lui-même, persuadaient la jeune fille que l'amour vient après le mariage et que les enfants sont un lien délicieux entre les époux.
«Le départ, à la façon anglaise, des nouveaux époux, après le mariage, le voyage de la lune de miel n'étaient point encore en usage. Il eût paru de la dernière inconvenance. Le lendemain matin, la coutume était que le marié et la mariée allassent ensemble à leur paroisse entendre la messe qu'on appelait "d'action de grâces". Huit jours après commençait la série des visites de noce, précédées ou suivies, selon que la cour se trouvait ou non à Paris, de la présentation au roi. »
Pouvait-on espérer du moins qu'une fois ces devoirs mondains remplis, un peu d'intimité s'établirait entre les époux? Il n'en était rien. Si pendant la première année, il était d'usage qu'une jeune femme ne sortît pas sans son mari ou sa belle-mère, bien vite elle reprenait sa liberté. Non seulement elle sortait seule, recevait qui elle voulait, mais il était de bon ton de ne point se montrer dans le même salon que son mari. Celui-ci se serait rendu ridicule s'il avait paru s'occuper de sa femme, la trouver aimable ou même simplement l'aimer. Au bout d'assez peu de temps «il prenait habitude ailleurs » ; tout galant homme se constituait le familier d'un salon. Les maîtresses de maison d'ailleurs n'aimaient point à recevoir ensemble mari et femme. « Cela glaçait, disait-on, les entretiens. Le bel esprit, le désir de plaire, la coquetterie, la verve, la provocation piquante, tout ce qui fait l'animation et la grâce des conversations parisiennes, s'éteignait dans le commerce insipide de l'habitude conjugale. Il fallait pour en trouver le don aller, chacun de son côté, dans un salon différent où rien ne rappelait la chaîne du devoir. C'était là un arrangement, une convention qui s'établissait très vite, tacitement, entre les époux et que tout favorisait.»
La pensée d'une soirée en tête-à-tête ne venait à personne; accueillir à son foyer des amis communs eût paru maladroit et ennuyeux. Si ces mœurs favorisaient la vie de société, elles ne contribuaient guère à affermir la famille.

P58
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«- Avoir ce n'est pas posséder. Pour posséder les choses il faut une certaine vigueur d'âme ; pour les avoir il suffit d'être riche.
- Rarement ceux que nous aimons nous trompent, c'est nous qui nous trompons en eux.
- Trop de facilité à pardonner tient moins de la grandeur que de la faiblesse d'âme : quiconque sent fortement ressent longuement.
- Les moralistes ont dit à l'homme : abaisse, réprime, étouffe en toi l'orgueil. Moi je lui dis : justifie-le. C'est le secret de toutes les grandes vies.
- Pour paraître beaucoup plus aimable il m'a suffi parfois de moins aimer.
- L'amour-propre, si susceptible pour lui-même, ne devine jamais la susceptibilité d'autrui.
- Les faiblesses des grands hommes consolent le vulgaire. Il les signale, il les compte; il se donne beau jeu ; il n'a pas peur qu'on lui rende la pareille. Nul ne remarque les faiblesses du vulgaire. Pourquoi? parce que le vulgaire n'est que faiblesse.
- Les plus amers censeurs des grandes ambitions ce sont les petites cupidités.
- Un esprit aimable est celui qui n'est affirmatif que dans la mesure strictement nécessaire.
- Il est souvent fort peu raisonnable d'avoir trop tôt ou trop complètement raison.
- C'est folie de chercher se consoler, mais on arrive noblement à se distraire. »

P196 - Maximes de la comtesse d'Agoult, tirées des "Esquisses morales et politiques".
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