L'HOMME DES SABLES.
Théodore Monod (1902–2000), biologiste et explorateur, est l'un des plus grands spécialistes du Sahara du XXe siècle. Il est monté sur un dromadaire pour la première fois en 1923 pour traverser la Mauritanie, et fit sa dernière méharée en 1993 à l'âge de 91 ans. Entre-temps il a sillonné le désert, cartographié, décrit la faune, la flore et ses caractéristiques géologiques. C'est toute une époque qui est partie avec lui car à partir de cette date, les
méharées exploratrices seront vite remplacées par des rallyes et randonnées en 4x4 pétaradants.
Le Sahara occidental comporte un désert parmi les plus gigantesque du monde par sa surface et aride par son climat : le Majâbat. Il mesure 1000 km sur 500, dépourvu totalement d'eau et sablonneux d'un bout à l'autre :
C'est devenu « le jardin secret » de l'auteur, sillonné par lui toute sa vie.
La première partie du livre est la préparation de la traversée, l'étude des cartes (approximatives) déjà publiées et des récits de voyage. Puis la logistique qui va prévoir une traversée de 500 km sans point d'eau. En cas de besoin, ils pourront toujours tuer un addax ou sacrifier un chameau pour extraire le jus de la bouillie herbeuse de son contenu gastrique. Puis le journal de la traversée elle-même, guidée par boussole, le point sur les étoiles et les repères naturels (quand il y en a). Une carte, dessinée par l'auteur, annexée au texte permet de suivre la progression de l'expédition.
Heureusement, le récit est moins monotone que le paysage, car il est agrémenté par la description de la flore, rare mais indispensable pour hydrater les dromadaires, de la faune (antilopes addax, fennec) et les découvertes géologiques : les fulgurites (sable vitrifié par la foudre), les affleurements etc… Il retrace l'émouvante histoire de la découverte du « naufrage » d'une caravane du XIIème siècle dont il retrouve les restes, laiton et cauris transportés probablement du Maroc vers le Soudan et ses forgerons.
Un récit de voyage comme on les aime !