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EAN : 9782070319626
400 pages
Gallimard (15/02/2007)
4.05/5   10 notes
Résumé :
Sur Molière (1622-1673), on a tout dit et on ne sait presque rien. Ses manuscrits ont disparu, les lieux qu'il a habités ont été détruits, sa tombe même est incertaine. Qui a-t-il épousé, sa fille ou la sœur de sa bien-aimée, Madeleine Béjart ? Quelles furent ses relations avec son père, grand bourgeois de Paris dont il brisa le rêve de dynastie ? Quels étaient ses rapports avec Louis XIV, roi secret qu'il faisait danser sur scène ? Molière, effacé à la ville, trucu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On suit assez bien l'itinéraire de Molière tout au long de de sa vie. Ses débuts ratés à Paris, ses années en province avec la troupe, l'atmosphère familiale de la troupe, la charge de tapissier du roi et les devoirs qui en découlaient, la protection de Conti, plus tard de Monsieur et, surtout, du roi, la réussite sociale de Molière, sa richesse, sa volonté de plaire au roi et au public, les scandales générés par certaines de ses pièces, ses rivalités avec Racine et Lully, son obsession à continuer à jouer malgré la maladie : on ressort de cette lecture avec un schéma clair. le plus intéressant m'a semblé qu'on y (re)découvrait d'abord que le répertoire joué par la troupe de Molière puisait aussi bien dans le tragique que dans le comique, que ce répertoire était d'abord issu d'autres auteurs, dont de nombreux contemporains, contemporains que Molière joua toute sa vie, y compris lorsqu'il devint un auteur prolifique. Tout en accompagnant Molière dans son parcours personnel et professionnel, on apprend pas mal de choses sur les contingences et les nécessités liées à la pratique du théâtre au XVIIème siècle. Autres données qui ont leur importance : le nombre de pièces écrites par Molière, qui s'étend bien au-delà des plus connues, ainsi que le médiocre talent de sa troupe pour le tragique, pourtant passage obligé à l'époque, et l'attention toute particulière qu'elle porta, de tout temps, aux décors et aux costumes.

Le premier souci, cependant, c'est que tout ceci m'a paru fade, monotone. L'auteur cherche à donner vie à son ouvrage avec un ton qui se rapproche de la verve de Molière, mais c'est rarement réussi, le style reste assez morne, et les faits ennuyeux. du moins jusqu'à la moitié du livre, à peu près. Et puis, est-il bien besoin pour Christophe Mory d'accuser le petit personnel de la troupe de L'Illustre-Théâtre, non payé, ou encore les fournisseurs, d'avoir tort de réclamer leur argent juste pour "faire son Molière". Voici ce qu'on peut lire p.61 : "Pire que les fournisseurs, le petit personnel se rebiffe. Sur scène, cela se réglerait par des coups de bâton parce qu'on ne peut pas raisonner ces gens-là. «Mes gages, mes gages !» Ce pauvre Pommier n'a que cette revendication à la bouche. "Ce pauvre Pommier", c'était le portier du théâtre qui, comme tout un chacun et comme Molière lui-même, j'imagine, ne pouvait guère se permettre de travailler pour rien ni de vivre d'amour et d'eau fraîche. Or, Christophe Mory nous laisse entendre que les revendications de Pommier sont plus qu'importunes. Voilà quelques lignes qui se veulent amusantes et que je trouve plus que déplacées. Christophe Mory serait-il de la famille de Pierre Gattaz ? Il y a là de quoi s'interroger... Si c'est le cas, je ne vois guère où est l'intérêt de le faire savoir dans une bio sur Molière (si ce n'est dégoûter des lecteurs tels que moi).

Et donc, voilà qu'on en arrive au point essentiel qui mine tout le livre : les citations. L'auteur ne cesse de se servir des textes des pièces de Molière pour appuyer les faits qu'il présente. Molière est jaloux dans la vie ? Et hop, une petite tirade de L'École des femmes. Il est arrivé ceci ou cela à Molière ? C'est parti pour une autre tirade. Christophe Mory fait appel à des extraits de textes dramatiques comme s'ils étaient des extraits d'un journal ou d'une autobiographie. La méthode laisse énormément à désirer, car il détourne les pièces de Molière pour les transformer des témoignages. C'est amené de manière un peu sournoise, sans annoncer la couleur, et cela s'avère donc, d'une part, intellectuellement assez malhonnête et peu rationnel. Ce qui a pour conséquence, d'autre part, de confondre constamment l'oeuvre et la vie de Molière, ce que nous assène d'ailleurs Christophe Mory à longueur de temps. Toute ligne aurait donc été écrite par Molière pour ne parler que de lui-même, exclusivement. Voilà bien un jugement qui porte à caution, alors que rien n'atteste cette thèse facile, et ce d'autant qu'on est tout de même assez peu documenté sur la vie dudit Molière.

Ce qui m'amène à un autre problème : Christophe Mory brode. Lorsqu'il est dans le flou sur la question biographique, il remplit les pages avec des falbalas. Il va même jusqu'à nous infliger des paragraphes sur l'amour-libre, justifiant la conduite de Molière avec les femmes - comme si nous allions être choqués parce qu'il couchait à droite à gauche et qu'il était nécessaire de nous expliquer qu'il avait de bonnes raisons pour ça ! Ainsi nous avons droit à de petites perles du genre, comme à la page 79. : "On se parle tant des yeux, que le coeur appelle les étreintes. Et pourquoi s'attarder ? Pourquoi ne pas tolérer d'autres façons d'aimer, comme le concubinage ? Si l'amour est singulier, ne peut-il s'inventer différemment ?" Je vous laisse méditer sur ce morceau de poésie. Quant à moi, j'avoue franchement que j'espérais lire autre chose que ce genre de fadaises en ouvrant ce livre...
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Plus qu'une simple biographie, ce livre replace chacune des pièces écrite par Moliere dans le contexte de sa création : dans l'évolution de son oeuvre, selon les commandes, ses relations avec sa troupe, avec d'autres créateurs contemporains , son état de santé. Appréciant particulièrement les oeuvres de Moliere, je vais les relire à la lumière de ce livre.
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J'ai pris plaisir à la lecture de cette biographie qui m'a semblé claire, concise, documentée et d'un style agréable. Une lecture enrichissante et dynamisante, l'auteur sait chapitre après chapitre ne pas s'appesantir et dérouler la vie de Molière ..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mieux, il avait mis en scène au théâtre du Palais-Royal une pièce de Racine, "La Thébaïde ou les Frères ennemis" l'année précédente, sous la protection du duc de Saint-Aignan, le plus à même de parler de lui en haut lieu. La pièce n'avait pas eu grand succès. Molière ne découragea pas Jean Racine ; au contraire, il lui proposa de monter une nouvelle œuvre. Racine écrivit "Alexandre". Molière lut. L'aida-t-il ? Lui prodigua-t-il quelques conseils pour intensifier le drame, pour le rendre plus vivant, moins statique ? Possible. Boileau, qui versifiait comme on respire, put donner quelques rimes. Il n'importe, Molière avait le sentiment de porter Racine sur les fonts baptismaux de la gloire théâtrale. On apprit les rôles, on travailla la mise en scène, on réalisa des costumes magnifiques, selon l’habitude et le métier de chacun. Racine observait, écoutait, notait les inflexions et les déplacements.
On attendit le roi pour les premières représentations. Il ne vint ni à la première, le 4 décembre, ni à la deuxième, ni à la troisième, et se manifesta le jour suivant... à l'Hôtel de Bourgogne ! Oui Madame, oui Monsieur ! Racine y donnait son "Alexandre" et avait fait répéter sa pièce par les deux troupes pour s'assurer du succès, voire pour choisir la meilleure des deux productions ! Du jamais-vu ! Voilà bien une belle trahison pire que les attaques habituelles entre comédiens. Intolérable.
La déception que provoque aujourd'hui encore ce transfuge et que Molière, si investi affectivement, reçoit comme une gifle, montre la cruauté de cette concurrence marquée par les fausses amitiés. Mais n'en rajoute-t-il pas un peu, Molière, avec une presque évidente mauvaise foi ? N'est-il pas jaloux de Racine qui triomphe avec un répertoire atemporel qui fera l’œuvre ? Qui ne rameute pas le public par des imitations et des portraits mais des personnages à l'épaisseur psychologique et dramatique considérable ?
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Les détracteurs ne manquent pas et s'appuient sur deux arguments : l'auteur a copié de façon effrontée sur les Anciens ; il imite des gens connus dont il montre les travers.
Ces deux critiques demeurent, même si les intensités s'estompent avec le temps puisque les "modèles" ont disparu. Sur les sources et les copies, nul ne peut le nier. Les érudits se régalent de trouver tel ou tel vers recopié ou telle scène reprise de Plaute, Térence ou de ses contemporains comme Cyrano de Bergerac (ainsi la phrase de Scapin : "Qu'allait-il faire dans cette galère"), Rotrou ou Scarron, des auteurs italiens et espagnols, aussi. Ce type de recherches est passionnant ; il révèle les intertextualités et permet d'exhumer des textes que Molière a finalement écrasés par son jeu, sa verve. Oui, Molière vole arguments, caractères, situations, intrigues et vers, et il transforme ses larcins à l'aune de lui-même, donnant une unité à toutes ses pièces, unité qu'on appelle œuvre. Cette unité est son génie.
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La divulgation d’œuvres parlées était nécessaire. Dit en public, un texte transmet un langage. Joué à Paris, le théâtre rassemble en un lieu, en un temps, un public épars. Diffusé en province, il donne les bonnes manières de la syntaxe dont Richelieu avait confié le code à l'Académie française. La grammaire, alors constituée du vocabulaire, de la syntaxe et de la prononciation, pouvait s'imposer par le théâtre.
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Elle avait été élevée par sa grand-mère maternelle mais il n'est pas impossible que Jean-Baptiste, plus tard, la revoie et l'aide
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