Je termine bientôt ( enfin j'espère) , en audilolivre , IQ84 , le troisième tome .
C'est un rituel : je chausse mes running et sors trotter , le téléphone au bras et le casque sur les tempes . Plutôt que
de la musique qui me fait toujours trop accélérer , un livre audio accompagne pour moi idéalement l'ascèse de l'endurance , il incite à la régularité, détache le cerveau de la trajectoire, garde le coeur apaisé. Depuis le deuxième tome , une image s'impose pourtant après chaque session : celle de ces machines en crochet qui servent aux confiseurs à pétrir leur masse sucrée : il torsade , replie , découpe , rassemble , étire , allonge , aère ...vous m'avez compris . On se retrouve dans l'état hypnotique provoqué par ces vidéos d'usinage ou de fonderie , de menuiserie : on observe l'art de l'artisan , comme la magie du travail d'un boulanger ou d'un pizzaïolo acrobatique . Ne pouvant ignorer la qualité de ce qu'il était en train de produire, l'auteur s'est probablement lancé le défi de délayer à l'extrême son contenu , et de ce point de vue il a réussi son coup ; il rejoint l'étagère des grands spécialistes du foutage de gueule en fin de carrière comme
Jim Harrison ou
John Irving , l'étagère des livres qui interrogent sur le respect dû au lecteur , celui que le lecteur se doit à lui-même ; non , je n'écrirai pas dans la même phrase les mots respect et éditeur.
J'ai lu ici les critiques négatives de ceux qui comme moi se sont fait avoir , soufflent au moins de ne pas l'avoir acheté et spéculent sur le nombre de pages qui eurent suffi à raconter ces quelques bonnes idées.