AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,57

sur 672 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est toujours un plaisir de retrouver Haruki Murakami.

Son dernier titre, présent sur ma PAL, étant un recueil de nouvelles, l'activité organisée par Marie-Claude et Electra autour de ce genre littéraire était l'occasion rêvée de l'en sortir. Et j'en suis ravie, puisque cette fois encore, le charme a opéré.

Les textes de ce recueil sont des variations autour de la perte d'une femme aimée, provoquée par la mort, la trahison, l'abandon, ou par les hasardeuses circonstances de la vie. Divorce, veuvage, rupture, regret d'un amour de jeunesse constituent ainsi le fondement de la plupart de ces histoires, dans lesquelles l'auteur met surtout en évidence leurs répercussions, après leur survenance, sur l'existence des personnages et sur la perception qu'ils ont d'eux-mêmes.
"Voilà au fond ce que signifiait perdre une femme. Les femmes vous dispensaient des moments très particuliers, durant lesquels vous étiez plongé en pleine réalité alors qu'en même temps cette réalité était annulée".
Ces séparations mettent en évidence l'importance, pour ces hommes, de la rencontre et de la relation entretenue avec l'être aimé, et de la manière parfois radicale dont elles ont modifié le cours de leur vie. Ainsi ce médecin coureur de jupons qui, faisant tardivement l'expérience du coup de foudre, pour une femme qui finit par le rejeter, se laisse littéralement mourir de faim, en quête d'un absolu dont il a perçu la possibilité à travers sa découverte du sentiment amoureux. La plupart affrontent cependant leur solitude moins drastiquement, en concrétisant des envies jusqu'alors restées à l'état de projet -comme cet homme qui reprend le bar de sa tante pour en faire un lieu intimiste, qui lui ressemble-, ou en cherchant à percer les mystères de la disparue, tel cet autre qui noue une curieuse amitié avec le dernier amant de sa défunte femme.
"Peut-être que persévérer à travailler sur de toutes petites choses, honnêtement, consciencieusement, permet de garder toute sa tête tandis que le monde se défait".
Mais que ces récits évoquent des tragédies ou des expériences simplement marquantes, ils s'inscrivent tous dans l'univers "Murakamien", que façonne ce ton si reconnaissable, oscillant entre une mélancolie étrangement apaisée et l'évidente volonté de porter sur les héros un regard sincère, lucide, sans complaisance et en même temps très respectueux. Ces derniers affichent généralement une maturité et une nature pacifique les rendant capables d'une vraie capacité à l'introspection et à la remise en question, mais aussi d'une réelle ouverture aux autres. A l'image de leur caractère, "Des hommes sans femmes" est ainsi dénué de toute hystérie, de tout parfum de scandale, ou de vengeance : même si la passion, la détresse, et certaines formes de folie ou d'obsession y sont présentes, elles sont comme reléguées à l'arrière plan, l'auteur préférant analyser la manière dont ses héros assument et dépassent -ou pas- ces épreuves avec le recul que permet le temps ou la distance, en faisant intervenir un narrateur indirectement impliqué dans les événements relatés, ou en reléguant ces derniers dans un passé plus ou moins proche.

On retrouve aussi dans ce recueil nombre d'éléments qui seront familiers aux lecteurs de Murakami : la musique y est omniprésente, ponctuant de références significatives instants et souvenirs, et forcément, avant la fin de l'ouvrage, vous aurez croisé au moins un chat, surgi comme par hasard au moment opportun, et trouvé dans quelque tiroir de banals objets du quotidien -une gomme, un badge de foot...- se parant d'une dimension symbolique, voire érotique...

Si vous espérez vivre avec ce titre des sensations fortes, sombrer dans la violence des déboires conjugaux, assister au grandiloquent désespoir des délaissés de l'amour, passez votre chemin. En revanche, si comme moi, vous appréciez la musicalité douce amère, sans ostentation, de l'écriture d'Haruki Murakami, et sa capacité aux analyses à la fois sensibles et intelligentes de la psychologie humaine, ce titre est pour vous !
"Seuls les hommes sans femmes peuvent comprendre à quel point il est déchirant et horriblement triste d'être un homme sans femmes. D'avoir perdu le merveilleux vent d'ouest. D'être privé pour l'éternité (...) de ses quatorze ans. D'entendre dans le lointain le chant des marins, chargés d'une douloureuse mélancolie. (...) D'être appelé à 1 heure du matin. (...) de verser des larmes sur une route sèche tout en vérifiant la pression de ses pneus."

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          40
Recueil de 7 nouvelles, ce n 'est pas mon genre littéraire préféré mais elles sont bien écrites. Elles parlent des femmes, de l'amour, d'incomprehension, de solitude.
Commenter  J’apprécie          40
Haruki Murakami né à Kyoto en 1949, est un écrivain japonais. Fils d'un enseignant de littérature japonaise en collège, il opte pour les arts théâtraux et souhaite devenir scénariste de cinéma. Après ses études à l'université il est pendant huit ans, responsable d'un bar de jazz à Tokyo, l'une de ses passions avec les chats. Après un premier ouvrage publié au Japon en 1979 et sa renommée établie après plusieurs romans à succès, il part vivre à l'étranger, en Europe (Italie et Grèce), puis aux Etats-Unis. Il revient vivre au Japon en 1995, marqué par le tremblement de terre de Kobe et l'attentat au gaz sarin de la secte Aum dans le métro de Tokyo. Haruki Murakami est également traducteur en japonais de plusieurs écrivains anglo-saxons parmi lesquels Scott Fitzgerald, John Irving ou encore Raymond Carver.
Dernier ouvrage paru, Des hommes sans femmes est sorti en 2017. Il s'agit d'un recueil de sept nouvelles.
Voilà le genre de bouquin qui devrait plaire à tout le monde, me semble-t-il. Haruki Murakami nous offre des moments de lecture sans heurts, comme un diseur d'histoires qui n'élève jamais le ton – sans être monocorde pour autant -, il nous entraine dans des textes bizarres mais pas trop, mystérieux un peu ; sans être complètement déstabilisé le lecteur se sent parfois sur le fil du rasoir, il n'y a pas danger mais il est intrigué : dans ce genre, Samsa amoureux, est une nouvelle-hommage à La Métamorphose de Kafka mais ici, dans le sens inverse ; de même, dans le bar de Kino, qui est cet étrange client venant en aide au propriétaire ? On ne le saura pas et l'on s'en réjouit, c'est la fête à l'imagination.
Toutes les nouvelles ne sont pas teintées d'étrange, ce n'est pas le thème du recueil. Comme l'indique le titre du livre et de la dernière nouvelle, l'écrivain s'attache à croquer le portrait d'hommes seuls, ils ne sont pas en recherche de femmes absolument mais c'est ainsi, certains ont été mariés un autre célibataire endurci. Pourtant, il y a toujours une femme, dans chaque nouvelle, qui va marquer ou a marqué leur vie.
Comme le plus souvent chez l'écrivain, on retrouve des références musicales précises (jazz et pop rock), une écriture d'apparence très simple et classique au service de récits presque banals s'ils ne bifurquaient délicatement. Ses personnages sont tous sympathiques, on les devine non violents et calmes, ce qui induit une lecture apaisée dont on ne cherche pas à accélérer le rythme pour rester dans le tempo suggéré par le chef d'orchestre.
Commenter  J’apprécie          31
Je n'ai pas retrouvé là mon Murakami. Peut être le faIt de lui avoir lu que des romans de lui et non nouvelles en est une excuse. Les nouvelles sont d'ailleurs très inégales mais je reste scotchée sur Shéhérazade et quelques autres. La première choisie pour illustrer cet ouvrage en est selon moi la moins bien.
Commenter  J’apprécie          20
L'auteur nous offre 7 nouvelles, sans chutes, peuplées d'hommes - de tous âges et de toutes origines sociales - devant faire face à l'abandon, l'adultère, le deuil, le doute, les regrets ou les remords.

Un écrivain qui se met en scène dans son propre livre, des variations sur le thème de la solitude, des récits sur lesquels plane l'ombre de Kafka et d'Hemingway, des références au jazz et au base-ball. Ça aurait pu être du Paul Auster, si l'action avait eu lieu à New-York. C'est parfois trop bavard et excessif, mais qu'importe. A lire surtout pour les 3 dernières histoires du recueil.
Commenter  J’apprécie          20
Voici sept nouvelles fort originales, auxquelles on accroche vite, mais dont la fin est parfois ratée ("le bar de Kino", "Shéhérazade"). le thème commun en est bien sûr les relations hommes-femmes, vues au travers de personnages masculins. Une agréable et rapide lecture, sans plus.
Commenter  J’apprécie          10
Recueil de nouvelles publié par Murakami, un des derniers que je n'avais pas lu.

J'avais été déçue par " le Meurtre du Commandeur" reflétant trop peu le côté fantastique de Murakami à mon goût. C'est pourquoi j'espérais, au moins dans certaines nouvelles, retrouver le Murakami que j'avais tant aimé il y a quelques années.
Encore une fois ce fut une déception. de toutes les nouvelles, une seule possède l'étincelle fantastique de son univers, malheureusement trop vacillante. Les autres nouvelles se contentent d'être des récits banals qui n'ont éveillés que peu de mon intérêt.
Une seule a su retenir mon attention par le caractère de ses personnage et l'intensité de la relation qui les lie .

Bien sûr on retrouve son style d'écriture, mais le contenu fut trop superficiel, ne poussant pas assez à l'introspection et au questionnement.

Le contenu de ce recueil fut, à mon grand regret, trop vite oublié.
Commenter  J’apprécie          10
La solitude de l'homme quand la femme s'en est allée. A force de vouloir la comprendre, elle devient insaisissable. Tels ces rêves éphémères au matin dont on tente de se souvenir, mais qui nous abandonne avec un sentiment flottant, une sensation indéfinissable. le style épuré, sobre, incisif de l'auteur japonais se retrouve au fil de ces nouvelles pas toujours d'humeur égale. A l'image de la Shéhérazade qu'il décrit, Murakami nous laisse avec un goût d'inachevé propre à susciter l'imaginaire, ainsi que la frustration.

Sous forme de haïku :

Qu'est-ce un homme sans femme ?
Le goût de l'inachevé.
Qu'il convient d'écrire.
Commenter  J’apprécie          10
Ca ressemble à un coup éditorial pour faire patienter le lecteur fidèle (ou pas) jusqu'à la prochaine traduction de Killing Commendatore paru en février 2017 au Japon. Donc, de vieilles nouvelles recyclées !
Venons-en au coeur chaud du livre: chaque histoire (7 nouvelles) est construite autour de la narration que fait un homme d'un épisode crucial de sa vie. Sans affect, impassible, sur le fil, le style Murakami transcrit les conséquences émotionnelles d'un évènement lié à des femmes évoquées par le souvenir ou le fantasme. La focalisation interne (c'est le style indirect libre qui domine) permet d'accéder aux pensées intimes d'hommes seuls, isolés, sans femmes, abandonnés par elles ou sur le point de l'être.
Comme c'est de la version audio dont je vous parle, je dirai que la voix est neutre, impersonnelle, mais toujours juste, le liseur se retire discrètement derrière le texte avec lequel il s'accorde parfaitement.
Bref, j'ai trouvé que cette lecture, pardon: cette écoute, manquait un peu de chaleur, mais les inconditionnels de l'écrivain japonais nobélisable apprécieront: musique, rêve, mélancolie, force de narration, style impeccable et inimitable : du pur Murakami
Commenter  J’apprécie          10
Deuxième ouvrage que je lis de cet auteur (après le roman Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil). J'ai été vraiment déçu par ce recueil, j'en attendais beaucoup plus (après les critiques élogieuses des médias). Les nouvelles sont bien menées, assez différentes mais l'écriture m'a paru terriblement plate, les références culturelles sont soit occidentales soit trop peu développées pour créer un univers.
Commenter  J’apprécie          10





Lecteurs (1600) Voir plus




{* *}