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Citations sur Les Bébés de la consigne automatique (64)

Ceux qui ne savent même pas ce qu'ils veulent ne sont pas près de l'obtenir.
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Il faut être fou pour trembler de peur à l'idée de mourir pendant qu'on est vivant.
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- Attends, Kiku, t' es un gosse abandonné, tu m'as dit, non?
- Mmm.
- Tu dois détester ta mère, non?
- Tu veux dire celle qui m'a abandonné?
- Ouais, tu la détestes?
- Mmm, oui, je crois.
- Tu voudrais la tuer, ta mère, non? Celle qui t'a mis au monde?
- Je la connais pas.
- Mais si tu te mettais à tuer tout le monde, tu finirais bien par la tuer elle aussi un jour.
- C'est un peu dur pour les gens qui ne m'ont rien fait, non?
- Mais tu as le droit pourtant, après ce que ta mère t'a fait. Tu as le droit de tuer tout le monde. Si tu veux je t'apprendrai une formule magique.
- Une formule magique? Pour quoi faire?
- Tu n'auras qu' à réciter ça le jour où tu auras envie de tuer tout le monde, ça marche, je t'assure. Rappelle-toi cette formule : Datura, datura.
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La peur avait pris possession de lui, une peur dont toutes ses cellules portaient le souvenir intime, la peur, non de la faim ou de la mort, mais la peur du temps. D'un temps infiniment long durant lequel il avait eu faim et cru qu'il allait mourir. Les bébés ne comprennent pas ce qui leur arrive, ils ignorent quand cela va s'arrêter, mais le temps passé à avoir peur imprègne leurs cellules. Hashi avait passé treize heures dans ce casier de consigne, treize heures de plein été, treize heures d'aboiements de chiens, de cannes d'aveugle tapotant sur le sol, de bouteilles dégringolant dans les machines automatiques, de kaxons, de vieux papiers tourbillonnant dans le vent, de toux de vieillards, d'eau coulant au fond d'un seau, de crissements de freins au carrefour, d'une radio au loin, d'enfants plongeant dans une piscine, de frôlements de jupe, de rires de femmes, de ses propres sanglots, de bruits de bois, de plastique, de fer, de frôlements de peau douce de femmes, de langue râpeuse de chien, dans des odeurs de sang, , de vomissures, de sueur, de médicament, de graillon, de parfums. Toutes ces sensations étaient reliées entre elles par le souvenir : Tu es inutile, personne ne veut de toi, personne n'a besoin de toi.
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Puis la ville recouverte de cendres magnifiques, des enfants ensanglantés déambulant dans les rues, au milieu des chiens sauvages, des vautours et de la vermine. Ces images le libérèrent, le délivrèrent de la vision de lui-même enfermé au cœur de l'été dans une horrible boîte sombre et étroite. Comme un serpent qui mue, sa vieille peau partait en lambeaux, la carapace se brisant, des souvenirs profondément enfouis resurgissaient. Les souvenirs d'un été, dix-sept plus tôt. La force qui avait soutenu ce bébé hurlant de toutes ses forces, luttant contre l'atroce chaleur étouffante du casier de consigne, cette force commençait à resurgir du tréfonds de lui-même. Il se rappelait la voix qui l'avait encouragé à survivre, et cette voix disait : Tue, tue, détruis, détruis-les tous ! Cette voix résonnait à nouveau, en arrière-plan du brouhaha de la ville en contrebas avec ses minuscules silhouettes, ses voitures comme des jouets miniatures. Tue, tue, détruis, détruis-les tous ! Tu ne veux pas devenir une momie sous un drap rougi de sang ? Alors détruis, encore et encore, réduis cette ville en cendre.
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Kiku aurait voulu courir au premier étage et assomer la femme en sous-vêtements noirs à coups de poing. Comme il aurait aimé aussi tuer la mère qu'il avait vue mendier avec son enfant à Shinjuku ! Ce n'était pas tant par haine envers les parents qui maltraitaient leurs enfants, que par incapacité à supporter l'impuissance d'êtres démunis comme les bébés et les enfants. Ils ne peuvent rien faire d'autre que pleurer. Même si on les enferme, ils ne peuvent que pleurer en tremblant de tous leurs membres. Pourtant à la télé j'ai vu une fois un bébé girafe qui tenait debout à peine une heure après être sorti du ventre de sa mère. Si seulement les bébés humains étaient comme ça ! Ça fait longtemps que j'aurais pu leur démolir le portrait à tous !
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- Moi j'attends, je ne sais pas trop quoi mais j'attends.
- Mais tu attends quoi ? Tu auras beau attendre, rien ne viendra jamais, ton attente n'est qu'un prétexte à ne rien faire, une illusion. Perdue dans un désert aride, tu avales du sable en croyant boire de l'eau.
Une illusion, et alors ? Je vois des mirages, je sais, et alors ? J'en ai marre de l'eau, plutôt qu'une vieille eau croupie je préfère mille fois des grains de sable qui grincent entre les dents et déchirent la gorge jusqu'au sang, je suis malade à vomir de respirer ce vieil air stagnant, mon ennui finira par recouvrir la terre et j'allumerai un feu avec, tandis que toi, pour retenir ton envie de vomir, tu écoutes toujours les mêmes vieilles chansons sans te rendre compte à quel point elles t'ennuient, comme un vieux qui va à la pêche pour passer le temps, mais moi mon ennui j'irai le brûler au soleil, il deviendra un énorme ballon d'air chaud qui se transformera en énorme nuage et quand ce nuage crèvera une pluie lourde se mettra à tomber sans s'arrêter jusqu'à ce que tes poumons en pourrissent d'humidité, les trottoirs mouillés finiront par se fendre, les flaques s'élargiront en petites rivières coulant entre les buildings, le niveau de l'eau montera tous les jours jusqu'à ce que l'humidité empêche tout le monde de respirer et que les palétuviers poussent entre les fentes du béton, et la ville les rues les arbres s'écrouleront, pourriront dans l'eau et deviendront des nids d'insectes venimeux comme tu n'en as jamais vu, les insectes pondront des œufs d'où des larves sortiront en rampant et c'est alors que tes cauchemars d'alcoolique et d'overdose de sperme commenceront à se réaliser, les insectes viendront de nourrir de tes chairs pourries, ta chambre de malade deviendra un repaire de vers et d'araignées mais ce que j'attends le plus viendra seulement après tout ça, quand la pluie sera calmée : un soleil dix fois plus gros qu'avant se lève, et moi je vis avec Gulliver en haut d'une de ces tours restées debout et je regarde en bas et je vois des forêts tropicales et des fleurs de jungle et des gens brûlés par les fièvres, voilà ce que j'attends, voilà ce que je désire.
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Gulliver ne se laissait toucher par personne d'autre qu'Anémone, qui avait pris l'habitude d'entrer en rampant dans la salle de bain. Comme les crocodiles se déplacent en rampant, ils doivent se sentir regardés de haut par les animaux et les humains, se disait-elle. Personne n'aime être regardé d'un air supérieur, aussi pour devenir ami avec lui, il valait sans doute mieux ramper, avait-elle conclu. Gulliver aimait la musique et Anémone lui en faisait écouter, tout en nettoyant les morceaux de viande coincés entre ses dents avec un tournevis. Son morceau préféré était Uranus de David Bowie.
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Il n'y a aucune distraction plus vaine au monde que d'essayer de s'habiller avec élégance, mais c'est pour ça que c'est intéressant, tu sais pourquoi on a inventer les beaux vêtements, le maquillage ? Uniquement pour pouvoir les enlever et se mettre nu ! Pour que les gens qui te voient habillé avec chic puisse imaginer ce qu'ils ne voient pas
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Rien n'a changé, ce sont toujours des gens qui n'ont rien à voir avec nous qui viennent nous tarabuster et nous dire ce qu'il faut faire. Rien n'a changé depuis l'époque où on hurlait enfermés dans nos casiers de consigne, maintenant c'est une consigne de luxe, avec piscine, plantes vertes, animaux de compagnie, beautés nues, musique et même musées, cinémas et hôpitaux psychiatrique, mais c'est toujours une boîte même si elle est énorme, et on finit toujours par se heurter à un mur, même en écartant les obstacles et en suivant ses propres désirs, et si on essaie de grimper sur ce mur pour sauter de l'autre côté, il y a des types en train de ricaner tout en haut qui nous renvoient à coups de pied en bas. On tombe par terre, évanoui, et on se réveille en prison ou à l'asile, ah il est habilement dissimulé leur mur, il y a des plantes, des petits chiots à longs poils, des bassins, des poissons tropicaux, des séances de cinéma, des expositions de tableaux, des femmes nues à la peau douce, mais de l'autre côté il y a des murs, avec des gardes partout et une tour de guet d'une hauteur hallucinante. Quand le brouillard de plomb se dissipe un instant, ils sont là : le mur, la tour de garde, et qu'on en ait peur ou qu'on se mette en colère, ça ne change rien, quand on se révolte parce qu'on n'en peut plus de rage ou de parano, c'est la prison, l'hôpital psychiatrique ou un cercueil plombé qui vous attendent, il n'y a qu'une solution : foncer dans le tas, pulvériser tout ce qui se présente, retourner à zéro, réduire tout ça en cendres !
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