Hashi commençait toujours par ce blues tendre chantant l'amour et la pluie, qui donnait au public l'impression de regarder, pieds et poings liés, une jolie secrétaire taper à la machine dans une pièce ensoleillée, une sueur brûlante coulant au bas de ses reins sur des courbes provocantes.
Plus on a peur et plus on fuit, plus on a de chances de tomber dans le piège de l'ennemi.
Nakakura était une illustration parfaite du type ordinaire capable de devenir un assassin sur un simple changement d'humeur Hayashi donnait la même impression. Et Yamane également. Ils faisaient penser à une photo, prise en vol, d'un verre en train de tomber. Le verre, se détachant nettement sur un fond mouvant, donnait une impression de chute vertigineuse. Il allait se briser l'instant suivant, sans qu'on comprenne pourquoi. Tel était le visage de Nakakura : le temps d'un battement de cils et il pouvait être en train de vous transpercer la gorge d'une lame, il suffisait de le regarder pour s'en rendre compte.
Je suis toujours au fond de cette consigne, enfermé dans une boîte, la peau rongée d'eczéma.
Il faut être fou pour trembler à l'idée de mourir pendant qu'on est vivant
C'est l'instinct de destruction qui poussent les gens à construire, et ceux qui détruisent sont les élus de ce monde
Il avait enfin compris une des règles de cette cité scintillante : attendre. Sans courir et se démener, ni hurler ou se montrer violent, sans changer d'expression, simplement attendre.
Attendre jusqu'à se sentir vidée de toute énergie.
Le livre que lui avait offert Noriko était posé sur le siège à côté d'elle . Elle avait essayé de lire un peu pour tromper l'ennui en attendant que le Yuyomaru se décide à quitter le port, mais c'était écrit trop petit, ça lui avait donné mal à la tête, elle avait abandonné au bout de quelques pages. Maintenant, le vent soulevait les pages du livre. Pendant qu'elle attendait à un feu rouge, Anémone lut la première ligne de la page ouverte sous ses yeux. La phrase lui plut, elle la répéta à voix haute : "Une fille sérieuse n'a aucun charme, voilà pourquoi je n'ai aucune envie de devenir sérieuse".
Il essaya de se relever en titubant mais sa main gauche restait collée à la pelouse à cause du sang séché. On aurait dit que la terre avait aspiré son sang. Son corps s'était transformé en branches d'arbres. Il arracha sa main du sol, dans un bruit de peau qui se déchire. Il avait des brins d'herbe collés à sa plaie.
Depuis mon abandon j'ai toujours été à la recherche de quelque chose, j'avais faim de quelque chose, était-ce vraiment ce son que je cherchais? Je n'ai rien trouvé, rien, rien n'a changé. je suis toujours au fond de cette consigne, enfermé dans une boîte la peau rongée d'eczéma, mais cette fois je n'attendrai pas qu'un chien d'aveugle sente mon odeur et se mette à aboyer.