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3,82

sur 819 notes
Il y a généralement beaucoup de poésie et de délicatesse dans la littérature japonaise, c'est probablement la raison pour laquelle j'aime m'y réfugier si souvent.

Mais, cette fois-ci, je suis chez Ryu Murakami, et la douceur, le romantisme, la poésie ne sont pas les qualificatifs les plus appropriés pour son oeuvre.
Ici, tout est sombre, glauque, violent, morbide. Il n'y a ni amour, ni tendresse dans ces lignes et pourtant malgré ça, j'ose à peine le dire, mais j'ai adoré ce livre.

Il s'agit d'une deuxième lecture que j'ai abordée avec une certaine crainte, tant le souvenir que j'en avais était celui d'un livre inoubliable.

Le thème du roman est l'abandon et la construction d'un être humain soumis dès sa plus tendre enfance, à la cruauté la plus atroce.

Kiku et Hashi ont été abandonnés par leurs mères respectives dans des casiers de consigne automatique d'une gare de Tokyo. Tous deux ont connu l'angoisse et la terreur de l'enfermement dans un espace sombre, étroit et étouffant.

Contre toute attente, les deux enfants sont sortis indemnes de leurs prisons et sont adoptés par un couple qui vit sur une île isolée.
Mais la vie de famille ne leur apporte pas la sérénité. Ils continuent à s'attacher à ce qui leur ressemble : maisons en ruine, village abandonné, chiens errants, marginaux de toute sorte.

Kiku découvre qu'il peut canaliser la violence qui l'habite en devenant champion de saut à la perche.
Hashi entame une quête identitaire qui le conduira dans les bas-fonds de Tokyo et fera de lui un célèbre chanteur de rock.

En conclusion, ces bébés, devenus des hommes dans le sang et les larmes ont su me convaincre, s'il en était besoin, que tout être humain se construit dès ses premiers instants sur terre.

Un livre inclassable, violent et beau, sombre et drôle.

Pour la deuxième fois, j'ai adoré !

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Je m'attendais, après avoir lu des critiques, à un récit hyper violent et d'une cruauté exacerbée, à peine tolérable. Je n'y ai pas vu plus de violence que celle qu'on propose aujourd'hui à nos enfants dans leurs jeux sur console, moins de violence que dans nos journaux télévisés et les films 3D dont nos ados (et nos jeunes adultes) se délectent , à peine plus de violence que dans les faits divers quotidiens de notre presse écrite, juste un peu plus de violence que celle de nos routes et de nos villes… Murakami Riû a vu juste, en 1980 c'est quasi notre société d'aujourd'hui qu'il décrit. En forçant le trait il nous montre jusqu'où elle peut nous mener. Il nous fait prendre la distance en y ajoutant de l'humour, de la poésie (noire) et parfois un peu d'irréel. J'ai lu ce livre sans aucune lassitude, attendant impatiemment le moment de le reprendre pour en continuer la lecture. La prose est rapide, dense, elle foisonne de détails et d'imagination. Les survivants de la consigne automatique resteront dans ma mémoire longtemps.
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Kiku et Hashi ont tous deux, chacun de leur côté, été abandonnés à leur naissance dans des consignes automatiques. Ils se rencontrent à l'orphelinat et deviennent inséparables au fur et à mesure que tous les autres enfants se font adopter. Quand finalement leur tour vient et qu'ils deviennent frères, on pourrait croire que leur nouvelle vie sur une île loin des grandes villes leur apportera la stabilité d'une famille dont tout enfant a besoin. Mais une série d'évènements va les détourner d'une vie paisible quand Hashi découvre à la télévision un moyen de retrouver sa mère biologique et part à Tokyo. de là, c'est la descente aux enfers progressive pour les deux frères...

Ce livre commence par la phrase la plus horrible que j'aie jamais lue. Une phrase qui plante le décor, suivie par un paragraphe tout aussi déconcertant qui fait ouvrir grand les yeux. le ton est donné : les deux bébés sont traités dans la plus pure déshumanité et surtout leur destin est presque scellé, à peine quelques heures après leur naissance.
Je dis presque, car la vie a tenté de leur offrir une issue de sortie, mais comment ne pas rester traumatisé par de tels traitements ? Ce livre est la représentation parfaite de l'influence de la sociologie sur le devenir d'un homme. Ce qui est intéressant, c'est de voir que les deux garçons refusent les opportunités, comme hantés par le début catastrophique de leur existence.
Ce livre est violent, crade, ne passe pas par quatre chemins, ne fait pas de Tokyo la ville rêvée et idéalisée des étrangers passionnés. Comme partout on y trouve la drogue, le proxénétisme, la brutalité et tutti quanti dans le quartier bien-nommé de Toxitown.
Les évènements qui mènent les garçons à la pure violence apparaissent pourtant comme des déclencheurs minimes. Que se passe-t-il vraiment dans la tête de Kiku et Hashi ? On pense Hashi parti chercher sa mère mais apparemment il s'est barré de chez lui parce qu'il était gay et se retrouve à se prostituer tout en se travestissant. Kiku, lui, développe une sérieuse inclination pour le meurtre de masse quand sa mère adoptive décède subitement alors qu'elle cherchait son autre fils. Pourquoi ces deux évènements sont-ils si catalyseurs de dérive personnelle, comme si chacun n'avait que faire de leur propre devenir ? Y a-t-il une part de complaisance à satisfaire une sorte de fatalité ? Répondent-ils à l'appel du mal car engendrés par le mal, comme prédestinés à ne pas vivre une vie normale, attirés par la bassesse du monde ?
Honnêtement, je n'ai pas pu finir ce livre, car il semblait s'enfoncer dans la noirceur la plus profonde et enterrer les personnages dans une succession de mauvais choix sans échappatoire possible. La sociologie explique beaucoup ce type de comportement, mais Murakami a choisi de présenter le côté ténébreux de l'être humain aussi bien que de la ville, qui a elle-même un rôle prépondérant dans l'histoire.
L'auteur a toutefois un style percutant, incroyablement imagé qui fouette l'esprit et marque indéfiniment. On est loin des jolies descriptions de la campagne naturelle et pure des classiques japonais. C'est une écriture qui tranche sans équivoque avec la littérature traditionnelle et ouvre une porte sur la littérature contemporaine trash qui ne veut plus jouer à cache-cache avec la vraie vie. L'onirique et le surnaturel, thèmes courants dans la littérature japonaise contemporaine, ont presque disparu (Hashi chante quand même au point d'hypnotiser tout le monde), ce qui donne une statut vraiment hors-catégorie à l'auteur qui sort de sentiers assez battus.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Excellent roman qui rassemble toutes les qualités qu'on attend d'un vrai roman : richesse de l'écriture, du scénario, des symboles, un peu gore mais pas trop, poétique sans lyrisme, rebondissements, réalisme, délire. le top. C'est japonais. Pas étonnant. La littérature japonaise, quand même, c'est quelque chose.
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Hashi et Kiku ont été chacun abandonné par leur mère dans une consigne de gare, comme plusieurs autres enfants la même année. Ils ont cependant été les seuls à survivre, et grandissent ensemble dans un orphelinat. Cette difficile entrée dans la vie ne manque pas de laisser des traces : crise de violence, ou renfermement sur soi. Pour les calmer, on leur fait écouter par hypnose le battement de coeur qu'il devait entendre avant de naître.

Mais les crises ne se calment que pour un temps : Hashi devient obnubilé par le son qu'on lui a fait écouter, et est prêt à tout pour l'attendre à nouveau. Il cherche à retrouver sa mère, part à Tokyo, se prostitue et devient une star du rock, mais son obsession pour le son ne fait que croître. Kiku trouve un instant le repos dans la pratique du saut à la perche, puis part à la recherche de la « datura », drogue puissante qui transforme celui qui le respire en assassin fou furieux, dans le but de le répandre dans tout Tokyo.

Deux personnalités torturées dans un univers sombre et violent, ça forme un livre qui ne laisse pas indifférent. Beaucoup d'autres thématiques sont abordées : la surmédiatisation des malheurs, l'univers carcéral, la mise à l'écart de tous les « originaux », confinés dans un quartier abandonné (et attaqués au lance-flamme par la police !)
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Kiku et Hashi sont deux bébés abandonnés par leur mère respective dans un casier de consigne automatique. Elevé dans un orphelinat catholique puis par des parents adoptifs, ils grandissent et semblent se destiner à la musique (Hashi) et au saut à la perche (Kiku). Ils vécurent heureux entourés de l'amour qu'ils ne reçurent pas au départ... sauf que nous sommes chez Murakami Ryû et que ce dernier ne se pose guère comme chantre du bonheur et de la joie de vivre.
Suivent 500 pages s'attachant tour à tour à chacun des frères adoptifs, leur chemin se croisant parfois. C'est sombre, violent et désespérant. Les deux adolescents semblent être condamnés à porter leur casier de consigne automatique en eux, prisonniers de cette boîte étouffante et claustrophobante.

Murakami Ryû dénonce les dérives de la société contemporaine. Travaillant sur le mode de l'anticipation, il place son histoire dans les années 90 alors que lui-même a écrit ce roman en 1980. Il aborde des thèmes qu'on retrouve dans ses autres récits: la violence, la folie, le paraître et l'absence d'idéaux, ...

Mon avis reste contrasté sur ce roman. J'ai eu envie de continuer pour connaître le devenir des deux protagonistes. Mais j'ai trouvé la fin longue et aux rebondissements excessifs.
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Quand je rédige un avis, Je suis très souvent au milieu d'un autre livre. Je suis en train de lire "Le Jardin Arc-en-ciel" d'Ito Ogawa. Ce roman nous parle beaucoup d'acceptation, de bienveillance.

Ici il n'y en a aucune et le contraste est saisissant.

Deux orphelins de mères différentes ont été trouvés abandonnés dans les casiers de consignes automatiques. Cela va les rapprocher. Ils seront un peu comme deux frères.

Mais c'est un roman de Ryû Murakami. La vie n'est pas bienveillante.
Ce qui m'a frappé dans le roman est leur parcours complètement en marge de la société. La vie ordinaire travail, mariage, famille, conventions sociales (et elles sont fortes au Japon) sont complètement absents de la trajectoire des deux orphelins.

L'histoire est une peinture aux traits nets et acérés de deux personnes ne trouvant aucune raison ou buts dans la vie. La société ne leur en donne aucun et leur retire même ce qu'ils ont pu trouver.

Une partie du roman se passe à Tokyo, la ville y est très bien décrite. Elle y est presque organique et est une formidable révélatrice pour au moins un des deux frères.

L'histoire est donc un voyage initiatique sombre, mais pas sans moments de fulgurance. Les deux personnages sont en quête d'identité. Ils n'en trouveront pas et préféreront chacun à leur manière détruire.

C'est donc un roman dur qui jette un regard cru sur deux êtres qui ne peuvent se construire.
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Premier livre japonais !
Un choc !

Je vais pas résumer l'histoire déjà bien racontée par le 4ème de couvertures et par les différentes critiques.
Un livre glauque ? Oui mais plein de souffrances primaires.
Un livre Gore ? Oui, parfois mais avec la folie d'une souffrance viscérale.
Un livre psychologique ? Oui, en partie.
Un livre abominable ? Oui, sûrement !

Un OVNI de la littérature à mon sens.

Cette histoire m'a passionnée bien que très longue (500 pages pleines et bien serrées du début à la fin), j'étais curieuse de connaître la suite de vie de nos deux "frères" adoptés.

Un style fluide, parfois poétique mais parfois redondant aussi.

Une fin assez longue avec des personnages sans grand intérêt (entre autres).

Bref, je ne parviens pas à classer ce livre dans une catégorie plutôt qu'une autre mais je l'ai aimé et ai dégluti son histoire à toute allure.

Je conseillerai pourtant à son auteur de consulter les ouvrages traitant de "la résilience" de Boris Cyrulnik car il y abus quand même .... mais livre apprécié et que ne n'oublierai pas de sitôt !
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J'ai bien eu du mal avec l'univers extrêmement glauque, trash et sombre de Ryû Murakami. La violence de ses personnages (deux jeunes hommes qui ne parviennent pas à dépasser l'horreur de leur abandon), leurs dérives comme réponses à leurs souffrances tissent un roman anxiogène qui m'a fait sortir de "ma zone de confort". Si j'aime être de temps en temps dépaysée, voire heurtée , en littérature, la lecture de ce roman n'a pas été une partie de plaisir. Cependant, et c'est ce qui m'a fait poursuivre ma lecture, entre le noir, le très noir, surgit de la poésie fulgurante et très belle.
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Deux bébés abandonnés dans une consigne automatique à l'été 1972 ont miraculeusement survécu. Hashi et Kiku vont grandir comme des frères dans un orphelinat. Quand leur traumatisme initial ressurgit sous forme de symptômes d'autisme ou de schizophrénie, ils vont suivre, à leur insu, une thérapie innovante, efficace à court terme mais dont la dissimulation ne sera pas sans conséquences : on leur fait écouter sous hypnose des battements de coeur pour les ramener au stade utérin.

Finalement adoptés comme deux frères jumeaux, ils grandissent sur une île isolée, s'y attachant déjà aux marginaux. Kiku devient un garçon intrépide, imbattable en course et en saut à la perche, tandis qu'Hashi est peureux et se réfugie dans un monde imaginaire.

Ils partent en grandissant à la recherche de leur identité vers les bas-fonds d'un Tokyo bien loin des images d'Épinal du Japon, une ville trash peuplée de personnages eux-mêmes exclus et déjantés.
Après s'être prostitué, Hashi devient un chanteur de rock très célèbre. Kiku rencontre Anémone, mannequin pour des pubs télé et qui élève un crocodile dans son appartement, un animal de trois mètres répondant au doux nom de Gulliver.

Mais les traumatismes ont la vie dure et s'en libérer est une épreuve longue et difficile, ... impossible ? Les deux anges déchus ont surtout envie de tout détruire, au mieux de s'arrimer à d'autres êtres abîmés. «Les bébés de la consigne automatique» forme aussi, entre poésie et manga, un regard unique et très noir sur la société japonaise contemporaine.

«Rien n'a changé depuis l'époque où on hurlait enfermés dans nos casiers de consigne, maintenant c'est une consigne de luxe, avec piscine, plantes vertes, animaux de compagnie, beautés nues, musique, et même musées, cinémas et hôpitaux psychiatriques, mais c'est toujours une boite même si elle est énorme, et on finit toujours par se heurter à un mur, même en écartant les obstacles et en suivant ses propres désirs, et si on essaie de grimper ce mur pour sauter de l'autre côté, il y a des types en train de ricaner tout en haut qui nous renvoient en bas à coups de pied.»

«Cà et là, ils croisaient des enfants jouant dans de petits terrains vagues, donnant des coups de pieds dans de vieilles boîtes de conserves, dansant en rythme sur de la musique, jouant au cerf-volant, attrapant lézards ou chauves-souris, d'autres encore tenaient de vieilles poupées dans les bras, brûlaient un cadavre de chien, ou arrachaient les pneus d'une carcasse de voiture. L'asphalte des rues avait été arraché partout.»

A classer en très bonne place dans le palmarès des livres au titre accrocheur et au contenu renversant.
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