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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782877306386
280 pages
Editions Picquier (26/02/2003)
3.67/5   434 notes
Résumé :
Kenji, un jeune Japonais de vingt ans, gagne sa vie en guidant des touristes dans le célèbre quartier louche de Kabukichô, à Tôkyô. C'est en compagnie de Frank, un client américain, qu'il parcourt durant trois nuits les lieux de plaisir de Shinjuku : trois nuits de terreur auprès d'un meurtrier inquiétant avec qui il joue au chat et à la souris. Ce roman court et percutant laisse une sorte d'amertume, un goût métallique pareil à celui du sang qui imprègne ces pages ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 434 notes
Lune noire à Tokyo

Ne cherchez pas l'onirisme envoûtant d'Haruki dans ce roman. Avec Ryû, on ne rêve pas on cauchemarde.
Ryû nous emmène dans les rues de Tokyo et nous fait partager l'angoisse subie par son guide touristique, Kenji, qui prend sous son aile Franck, un touriste américain un peu louche souhaitant passer un peu de temps dans un quartier chaud de la ville.
Au fil des pages la tension augmente. le comportement malsain de Franck associé à des événements d'une violence inouie nous plonge dans les bas-fonds crasseux d'une société japonaise en pleine déliquescence.
La soupe miso servie par Ryû n'a rien d'apaisant. Bien au contraire.
L'estomac des âmes les plus sensibles risque d'y laisser sa peau, rongée par l'acide du stress.
Ce roman difficile à digérer plaira sans nul doute aux amateurs de polars bien sombres et également à ceux qui n'ont pas peur d'affronter le côté beaucoup moins reluisant qui gangrène la société japonaise.
Les lecteurs en quête de zenitude préfèreront un autre bouillon.

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La Miso soup servie par Murakami Ryû est diablement salée…Le narrateur Kenji est un jeune guide touristique indépendant qui travaille à Tokyo. A l'approche du nouvel an, il prend en charge un touriste américain, Frank, qui souhaite passer trois soirées dans le quartier chaud de Kabukichô. Et disons-le sans fard, puisqu'il le répète à l'envi, il veut baiser. Mais peu à peu, Kenji a l'impression que quelque chose cloche chez Frank, notamment ce qui semble être des mensonges et inventions sur son nom, des éléments de son passé, le nom de son hôtel, ses changements d'humeur et d'expression subites que Frank admet et attribue à un accident qui lui a coûté l'ablation d'une petite partie de son cerveau…Or il y a quelques jours, on a retrouvé une prostituée démembrée et coupée en morceaux…Le doute commence à s'insinuer dans l'esprit de Kenji, qui s'en ouvre à sa copine Jun.

Plus tard, un sdf est retrouvé mort brûlé. Après des premières visites, plutôt décevantes, dans des lieux de plaisir, Frank et Kenji se retrouvent dans une sorte de bar à karaoké avec deux femmes. Ils vont discuter, dans un anglais et japonais approximatifs, Kenji prenant soin de gérer la traduction pour ménager la susceptibilité d'un Frank de plus en plus déroutant et inquiétant, dont Kenji remarque qu'il a des cicatrices multiples aux poignets, tailladés, et qui dévoile un talent bien spécial, d'hypnotiseur. Soudain, Frank ordonne à Kenji de sortir du bar pour appeler sa copine. Quand il revient quelques minutes plus tard, il se trouve immergé dans un cauchemar.

Murakami Ryû signe un roman d'une noirceur épouvantable, fascinante. C'est une véritable hallucination, qui tient le lecteur en haleine de bout en bout. Dans le premier tiers, j'ai pensé qu'on allait s'en tenir à l'exploration des quartiers de ces femmes qui se vendent et qui assouvissent les fantasmes d'hommes saisis par la solitude urbaine ou d'occidentaux alléchés, sorte de témoignage d'une face, certes sombre, mais devenue finalement un élément à part entière de la culture japonaise. Et cela risquait de basculer dans la pornographie racolleuse…Mais la force de l'auteur réside dans la tension qu'il installe assez rapidement, et instille savamment, en continu, par la suite, avec ce personnage de Frank. Manifestement, il n'est pas net, le lecteur partage l'inquiétude qui monte chez Kenji, c'est sûr, il va se passer quelque chose…la bascule se fait dans vingt pages d'horreur absolue, dans ce fameux bar à karaoké. Les dernières dizaines de pages sont une longue confession échevelée du meurtrier, une plongée à la source du mal, dans son enfance déjà largement tâchée de sang et de folie. Murakami Ryû réussit le tour de force de ne pas rendre ces pages soporifiques après le paroxysme de violence vécu précédemment. Elles sont en fait passionnantes, faites de quelques phrases interminables, sans points, qui dans cette course effrénée vers l'abîme traduisent parfaitement le dérèglement de ce cerveau malade, mais aussi de la société japonaise tout entière. Car l'auteur en profite pour asséner des coups impitoyables à ses compatriotes, coupables de laisser partir les valeurs morales du Japon à vau-l'eau. Ayant tant tardé à s'ouvrir à l'étranger, conquérant mais condescendant, le pays n'était pas préparé à prendre ce terrible coup de 1945 par les Américains. Murakami Ryû regrette que cette date ait marqué le début de la déliquescence de la société japonaise, qui se poursuit et ne pourra que s'aggraver, pronostique-t-il en 1997, au moment de publier ce livre. Il n'a pas totalement tort, tant le pays est confronté à des défis et problèmes difficiles à surmonter. Frank, ce gaijin, cet américain, est peut-être aussi le symbole de cette Amérique qui a puni puis soumis les Japonais.

Ce livre sera probablement une de mes lectures les plus marquantes de l'année, par sa double plongée hallucinée dans la tête d'un tueur et d'une société malades, avec des personnages en quête d'identité dans ce Tokyo tentaculaire et vicieux qui se déshumanise. La maîtrise narrative est parfaite. Après la mise en bouche de quelques visites qui semblent promettre du croustillant, des signaux d'alarme modifient l'ambiance, faisant monter l'angoisse, puis presque par surprise, une violence paroxystique intervient et nous suffoque de dégoût. Ensuite, l'angoisse redescend sans jamais disparaître, laissant les personnages nerveusement éprouvés, à la fois à vifs et vidés. le lecteur perçoit le délitement psychologique, la détresse et les doutes des personnages, dans une réelle poésie de la noirceur urbaine et moderne. Un curieux sentiment d'apaisement semble émaner de la confession, mais on reste sur nos gardes, dans un suspense et une tension sur un fil, maintenus jusqu'au bout.

Au terme du roman, le titre anglais « In the miso soup » me semble plus adapté à ce que le lecteur ressent, et même à ce que les personnages expriment à la fin, tant l'auteur semble nous maintenir de force la tête sous l'eau pour nous faire boire le bouillon.

Si vous aimez l'autre Murakami, Haruki, rien ne dit que vous aimerez Ryû. Ce qui est sûr, c'est que si vous aimez les histoires mielleuses d'Ogawa Ito, ou les histoires de chats, Miso soup n'est pas pour vous, ainsi probablement que toute l'oeuvre de l'auteur.
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Miso Soup est paru au Japon en 1997. Je remercie mon ami PostTenebrasLire pour m'avoir conseillé cette lecture.
Kenji, 20 ans, est le narrateur. Il a plaqué son école préparatoire. Il rêve de partir aux États Unis avec sa petite amie. Il est guide pour étrangers dans le quartier chaud de Tokyo. Il les emmène dans les cabarets, les salons de massage, les bars sado-maso etc. en sélectionnant des endroits relativement sûrs et en servant d'interprète.. Il doit accompagner Franck un Américain ventripotent sans âge trois nuits durant. Or dès la première nuit, Frank a un comportement bizarre. Il a des sautes d'humeur inquiétants, il se fige, parle de manière compulsive, automatique et se lance dans des tirades violentes. Et si c'était le type qui avait tué la fille retrouvée en morceaux dans les ordures ? Kenji s'en ouvre à sa copine, la jeune Jun, seize ans, encore lycéenne...

C'est un thriller psychologique bien mené avec une portée politique et morale.
L'histoire commence lentement. On explore les bas-fonds en compagnie d'un expert. Il nous informe des différences culturelles entre Américains et Japonais avec humour ou colère. Il nous confronte à la sordide et pathétique réalité de ces années là. Des lycéennes ordinaires se prostituent pour acheter des Nike. Et puis peu à peu au milieu de cette banalité crasseuse on glisse dans l'horreur. Kenji a besoin d'argent pour partir en Amérique et puis il veut protéger sa petite amie. Mais tout cela revient à devenir complice de celui qui le considèrera plus tard comme son meilleur ami. le lecteur est également complice et voyeur des atrocités. Il y a des passages très trash. Comme Kenji on éprouve un malaise certain mais on est absorbé par le récit, hypnotisé par l'Américain et on veut savoir jusque ça nous mènera. Saura-t-il enfin protester ? enfin s'opposer ?
Murakami Ryu est un moraliste qui s'est assigné une mission : "traiter seul les ordures." Il dénonce la désintégration de la spiritualité japonaise dévorée par le matérialisme importé des Etats-Unis, la faillite du système éducatif qui étouffe les jeunes et les pousse au pire, l'absence de réflexion de la société, l'absence de protestation.
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Kenji est un jeune japonais de 20 ans qui se fait de l'argent en tant que guide pour les étrangers en quête de sexe dans les quartiers chauds de Tokyo. Son nouveau client américain s'appelle Franck et plusieurs éléments bizarres donnent l'impression à Kenji qu'il serait peut-être le meurtrier d'une étudiante dont le corps complètement mutilé a été retrouvé la veille...

De Murakami, j'avais déjà tenté Coin Locker Babies beaucoup trop sombre pour que je puisse le finir. Je n'attendais donc pas spécialement un univers plus clair dans cet ouvrage et n'ai pas été surprise d'y voir une description de la jeunesse japonaise débridée qui a oublié de respecter son corps, ainsi que la présentation d'autres quartiers tokyoïtes loin d'être class. Ce qui m'a surprise en revanche, c'est cette lente suspicion qui installe un suspense intense sur plus de la moitié du roman, quand on ne sait encore si le Franck en question est effectivement un meurtrier. Il y avait alors une ambiance magnétique, un attrait indéniable pour cette histoire atypique mais réaliste sur fond de critique de la société du Japon contemporain pré-an 2000. J'en étais même venu à revenir sur mon impression de cet auteur dont je connaissais pourtant peu l'oeuvre.
Mais non, en fait. Quand on tombe sur une scène de massacre hyper macabre aux détails dont on se passerait volontiers qui transforment votre visage en grimaces de dégoût au fur et à mesure des horreurs perpétrées froidement. Là, on retourne à l'univers noir profond qui semble définir les écrits de cet auteur.
Connaître, ainsi, la vérité sur Franck casse du coup le climat tendu jusque-là installé, celui-là même qui procurait un intérêt indéniable à ce roman à l'intrigue décalquée. La suite, qui se base sur une relation presque ahurissante entre Franck et Kenji, sort presque de nulle part, avec des justifications de non-dénonciation bien faibles face au récit d'un multi-récidiviste aux relents d'origines sociologiques du mal. La fin a pour le coup de quoi laisser pantois.
Murakami semble globalement ne pas lésiner sur la critique de son monde et de ses dérives, notamment sociétales, en mettant en scène des personnages aux vies cassées confrontés aux cassures morales du pays, très loin des stéréotypes basés sur les traditions que le monde occidental se fait du Japon. Vous cherchez le Japon, son côté vrai, sale, sans langue-de-bois, absolument pas éloigné des problèmes qu'on a chez nous ? Vous l'avez avec Murakami qui brise de nombreux codes littéraires japonnais.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Quand j'ouvre un roman de Murakami Ryû, je m'attends toujours à lire un récit haletant, étrange et dérangeant. Miso soup n'a pas fait exception à cette attente et je me suis retrouvé plongé dans un roman à l'action et à la noirceur enivrantes.

Kenji gagne sa vie en faisant office de guide pour étrangers dans le quartier louche consacré au sexe de Kabukichô. Il plonge dans trois nuits d'horreur lorsqu'il doit accompagner Frank, qui se révèle un tueur en série psychopathe près à jouer avec les nerfs et la vie de Kenji...

Murakami signe là un roman fort, qui marque le lecteur.
La construction du personnage de Frank est extrêmement bien réussie. Loin d'être le stéréotype du tueur froid et calculateur, Frank conserve tout le long du récit une large part de mystère qui ne manque pas d'intriguer le lecteur. En dépit de son aspect physique des plus banals, Frank possède une personnalité dérangeante et déroutante. Parfois, ce meurtrier semble presque amical ou semble avoir un aspect loufoque mais tout un coup Frank se fige et devient glaçant. Murakami parvient à nous restituer parfaitement la logique interne de Frank, pour qui tuer est soit un jeu distrayant soit une sorte de mission qu'on lui aurait assignée, et qui masque son passé par le mensonge et le déni. Frank semble avoir des difficultés à éprouver des sentiments normaux ( il souffre peut être d'une forme d'autisme) : il ne rit jamais, n'a aucune compassion et reste insensible aux autres quelques soient les circonstances. Cepandant ce qui glace le plus chez Frank est son mépris absolu pour autri, ce à quoi il associe son manque de compassion. On a l'impression que Frank se comporte en prédateur qui tue ses proies sans compassion et avec condescendance pour leur faiblesse, excepté que Frank est ici un prédateur malsain, pour qui tuer est un jeu, de plus en plus distrayant au fur et à mesure que les souffrances de la victime augmentent. L'auteur nous dépeint donc une personnalité des plus complexes qui évolue dans une folie destructrice assez effrayante.

Toutefois, ce qui fait le plus froid dans le dos reste la manière dont Drank joue avec le jeune Wkenji et l'impuissance de celui-ci à s'extirper de l'enfer où il est entraîné. Tout le long de ce roman, on ne départit pas du sentiment que Frank joue avec la vie de Kenji, et que si ce dernier l'épargne, c'est uniquement parce que le guide lui est utile dans sa déambulation sanglante. le pire est la manière dont le tueur en série traite Kenji : il s'ingénie à le mettre mal à aise, à faire planer les menaces sur Kenji pour le terrifier, et tient véritablement Kenji en son pouvoir : par une manipulation perverse Frank parvient à entretenir une part de sympathie envers lui dans l'esprit de Kenji, et le laisse sans volonté, Kenji n'ayant aucun courage pour s'opposer à Frank ou le quitter. Ce jeu du chat et de la souris laisse le lecteur dans un suspense insoutenable, et on tourne chaque page de ce livre en se demandant quel funeste destin Kenji va connaître aux mains de Frank.

L'autre aspect interrassant de ce livre est celui de l'exploration par l'auteur des bas fonds de Tokyo et de la critique que l'auteur fait à cette occasion de la société japonaise. À travers ce livre Murakami Ryû dépeint une société japonaise gangrénée par la solitude où les personnes n'ont plus de rapports sociaux et s'abîment dans la recherche vaine et toujours plus décadente des plaisirs du sexe. Les femmes vendent leur corps pour des plaisirs matériels et les individus, entrainés dans la société de consommation à outrance, consomment le sexe comme une marchandise normale. Kabukichô est la description d'un Japon qui a perdu son âme, les maisons closes remplaçant les demeures traditionnelles et les japonnais préfèrant les mauvaises imitations de la pop rock occidentale à leurs traditions. L'auteur fait la critique de ce Japon sans âme ou les individus, à l'instar de Kenji, sous une apparente liberté, se retrouvent piègés dans la dégénérescence du Japon actuel qui ne promet que déclin et amertume.

De plus, ce livre peut ce lire pour le seul style de l'écrivain, si particulier et très aboutit dans ce roman qui est très bien construit. L'écriture de Murakami, dense, ne nous laisse aucun répit et contribue largement à créer chez le lecteur un malaise profond. La description très fine du caractère des personnages est fascinante, car loin d'expliquer les réactions de ceux ci, elle renforce le malaise du lecteur face au comportement tout à fit anormal de Frank qui du point de vue de celui-ci prend une apparence de rationalité et de normalité. À cela s'ajoute l'atmosphère du récit ; l'auteur a parfaitement su restituer l'univers particulier de Kabukichô avec toutes les activités et les personnages que l'on peut y rencontrer. Il faut aussi mentionner le talent de Murakmi à alterner des scènes d'action violentes à des moments calmes de dialogues et de réflexion entrecoupés de digression qui peuvent paraître saugrenues mais qui contribuent finalement à l'ambiance générale du récit. de ce fait, pas un moment ne semble superflu et on tourne les pages de ce livre sans aucune lassitude.

Au final, un roman sombre et captivant. Ce livre ne laissera personne indifférent.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
La frontière entre la normalité et la folie devenait floue. Je ne savais plus ce qui était bien, ce qui était mal. C'était angoissant mais en même temps je ressentais une sorte d'étrange sentiment de libération inconnu jusqu'alors. Je me sentais enveloppé d'une sorte de gelée visqueuse où se fondaient les limites de moi et autrui, où je n'avais plus besoin de penser à toutes ces choses compliquées dont la vie était remplie.
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[...] les gens qui ont l'esprit sain présentent tous un certain degré de confusion et de contradiction, au contraire ceux qui affirment dur comme fer qu'ils adorent telle chose et détestent telle autre sont les plus dangereux, on ne sait jamais de quel côté va pencher la balance, l'état normal est un état d'hésitation et de souffrance, c'est comme ça que tout le monde vit.
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La haine, l'intention de nuire, naît d'émotions négatives nommées chagrin, solitude, rage. Elle naît d'un gouffre béant qu'on sent à l'intérieur de soi, comme si on nous avait pris quelque chose d'important, comme si on nous avait découpé un bout de chair avec un couteau. Ce n'est pas que je sentais des dispositions au sadisme ou à la cruauté chez Frank. Il n'avait pas l'image d'un tueur en série. Ce que je sentais, chez lui, c'était ce gouffre béant. N'importe quoi pouvait sortir de ce gouffre. Ça arrive à tout le monde une ou deux fois dans la vie, d'avoir envie de tuer quelqu'un. Mais quelque chose nous freine. Les mauvaises intentions nées d'un gouffre béant en soi restent au fond de ce gouffre, et on ne tarde pas à les oublier ou à les sublimer par l'ardeur au travail, ou autre chose. Chez Frank, c'était différent. Je ne savais pas si c'était un meurtrier ou non, mais j'étais sûr qu'il avait ce gouffre au fond de lui. C'est ça qui le poussait à mentir.
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Le fait est que j'ai beau écrire roman sur roman, je n'arrive pas à suivre la réalité de l'effondrement de la société japonaise. " le roman est une traduction. " la littérature consiste à traduire les cris et les chuchotements de ceux qui suffoquent, privés de mots. Mais l'effondrement de la société japonaise ces dernières années est par trop frappant ; qui plus est, immanquablement drapé de " fâcheux accidents ", il se situe à un niveau extrêmement bas, sans rapport aucun avec la religion, la pensée, la philosophie ou l'histoire de notre pays.

Murakami Ryû, postface (1997)
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En écrivant ce roman, je me suis senti dans la position de celui qui se voit confier le soin de traiter seul les ordures. Une dégénérescence terrible est en cours, et elle ne contient pas la moindre graine d'épanouissement. J'ai l'impression d'observer des organismes vivants en train de mourir lentement à l'intérieur d'une pièce asseptisée.
Tout cela m'écoeure déjà, mais je suis persuadé que, loin de s'arrêter, la décadence ne fera que s'accélérer tandis que se renforceront des phénomène es d'ordre réactionnaire et régressif.

Murakami Ryû, postface
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