On ne fait plus dans la romance, ni encore moins dans le western, c'est la réalité amérindienne droit dans les yeux avec son lot de déni, de haine et de racisme d'un peuple qui refuse de s'adapter à la réalité.
Soit nous sommes confrontés au microcosme plein de haine et de rancoeur qui voudrait perdurer mais qui disparait inéluctablement. Soit nous sommes confronté à l'abandon total de la vie et de toute espérance ou soit au business de la foire à l'amérindien mais qui n'a au fond plus rien de peau rouge ni dans l'âme, ni dans le coeur et encore moins dans le sang qui coule dans les veines.
C'est à la fois une chronique de l'agonie d'un réalisme poignant mais aussi de l'espérance car l'intelligence et la bienveillance des Navajos et des Crows sauve toute l'amertume et la noirceur du reste de ce document unique diluant à l'aide d'une source pure le poison de l'eau de feu qui a fait table rase de tout le reste.
Un livre unique qui respire le vécu, un chef d'oeuvre indispensable.
Commenter  J’apprécie         10
Terre ? Tribu légale ? Pour quoi faire ? répéta Peter. Les Mohicans ne sont pas des mendiants. Ils gagnent leur vie. Nous méprisons les secours du B.I.A. et le prix payé pour les souffrances passées. Quant à notre terre, la voilà ! (Il désignait d'un geste tout le pays autour de lui, son chantier, l'usine voisine, la ville là-bas où il habitait.) Nous ne l'avons jamais quittée. Pourquoi nous réfugier sur un petit bout de territoire ? A trente familles que nous sommes, alors nous aurions vraiment l'impression d'avoir perdu notre pays. Tandis que dispersés, circulant pour nous rendre visite, nous pouvons imaginer que tout le Connecticut est encore mohican...
On peut juger une race sur l'allure de ses femmes. C'est le meilleur test. Je regardai le visage de Mlle Baldwin, encadré par deux nattes blondes : même masque d'immobilité heureuse que celui du vieux guerrier. Il était quatre heures de l'après-midi lorsqu'ils commencèrent à tourner. A quatre heures du matin, lorsque je les quittai, ils tournaient toujours. Aucun d'entre eux, ni M. le banquier, ni M. le directeur, n'étaient encore revenus sur terre.
Melody Stray Calf a vingt ans, mais elle a mille ans. Elle est l'éternité de l'Indien et elle le sait. Elle n'en tire aucun orgueil, ni vanité, elle est heureuse, simplement.
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens
Jean Raspail
Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens
9782226470478
+ Lire la suite