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3,44

sur 211 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un narrateur, dont on apprendra finalement peu de choses tout au long de ce récit très dense qui n'est entrecoupé par aucune de ces respirations d'ordinaire appréciées pour reprendre son souffle (chapitres, paragraphes, etc.), bref, un narrateur qui nous déroule son histoire professionnelle en même temps que passionnelle – les deux étant en l'espèce intimement liés – aux côté de la Cheffe, grande dame de la cuisine française, mutique et minimaliste, qui ira malgré elle décrocher l'étoile tant convoitée par d'autres, la perdre sans qu'elle ne soit en rien responsable de la chose, avant de la reconquérir à nouveau… Un parcours à mille lieux des tournoiements gastronomiques à la mode qui enveloppent aujourd'hui comme une gangue la geste du moindre professionnel coiffé d'une toque (ce qu'ils ne portent plus guère, d'ailleurs).
De ses débuts quasi accidentels dans le métier, à son ascension, nous suivons à pas lents les péripéties de cette magicienne au talent surnaturel – humaine et hyper intuitive – ainsi que ses démêlés familiaux, notamment avec sa fille unique dotée d'un tempérament que l'on pourrait qualifier par euphémisme de difficile.
Voilà pour le pitch.
Et Marie Ndiaye, auteure au talent incontestable et reconnu, maîtrise parfaitement son métier, là n'est pas la question. Sauf que parfois, trop de maîtrise tue… ou tout du moins, ennuie.
A la lecture de ce livre à la trame suffisamment bien ficelée pour que l'on se surprenne à vouloir en connaître l'issue, on ne peut se dépêtrer d'un certain malaise. Un malaise qui survient en se demandant ce qui a bien pu motiver l'auteure à s'emparer d'un tel sujet pour en faire un récit aussi dépressif et hors du temps. Verbeux, le livre délivre par le menu les tempêtes picrocholines qui explosent sous le crâne d'un petit Werther dont le journal sonne malheureusement faux, à commencer par la description des plats tout en passant par ses émois.
Les 30 dernières pages viennent un peu atténuer le sentiment d'épuisement moral suscité par les 250 premières, mais c'est cher payé tout de même !
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Une fois habituée à son écriture, je suis totalement entrée dans ce portrait de femme. La richesse et la précision de son vocabulaire ont stimulé mon imagination, les longues phrases ne m'ont pas du tout perdue et l'attention particulière aux détails donne de l'étoffe au personnage. Preuve de son talent, elle émaille son récit de recettes inventées : j'ai découvert ensuite la supercherie sans jamais douter de leur existence réelle.
A travers une profession qui peut offrir le meilleur comme le pire, Marie NDiaye fustige la société des apparences et fait l'éloge de la simplicité. Une mise en garde contre la superficialité de très bon goût !
Ma seule réserve tient au parti pris narratif : le narrateur est un ancien commis pétri d'admiration dont le point de vue trop engagé devient rapidement pesant. J'ai survolé le texte en italique se rapportant à son présent et la chute justifiant cette structure ne m'a pas convaincue. le portrait se suffisait à lui-même, l'intrigue n'apporte rien.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Marie Ndiaye est un de nos plus grands écrivains, je n'en disconviens pas. Ses livres ne sont pas faciles à lire, c'est certain.
Mais celui-ci n'est certainement pas son meilleur et se lit très facilement (est-ce une relation de cause à effet ?)
Histoire classique, traitement classiques, enveloppés par la prose soyeuse de l'autrice.
Doit-on y voir une forme d'autobiographie déguisée de Marie Ndiaye ou au moins de larges parallèles, c'est possible !
Plaisant mais pas de la même hauteur que d'autres ouvrages de cette écrivaine majeure


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Je suis partagée au sujet de ce livre de Marie Ndiaye. Ayant récemment lu Ladivine et Mon coeur à l'étroit, qui tous les deux m'avaient beaucoup plu, je ne retrouve pas dans La Cheffe, les touches de réalisme magique et l'étrangeté qu'elle y développait.
Les thématiques soulevées sont néanmoins assez proches de celles qu'on trouvait dans ces livres précédents mais le style en est assez différent, plus maniéré, plus pesant et classique.
La langue de Marie Ndiaye est somptueuse, magnifique, mais les phrases sont longues et la syntaxe complexe rend la lecture difficile.
Ici nous est racontée par l'un de ses cuisiniers qui lui voue un amour inconditionnel, la trajectoire professionnelle d'une jeune femme, partie de rien, sans aucun bagage, issue d'un milieu défavorisé, qui parvient à se hisser parmi les grands noms de la cuisine bordelaise, jusqu'à obtenir une étoile au guide Michelin.
Marie Ndiaye nous brosse le portrait d'un personnage féminin assez énigmatique, marqué comme toujours dans ses romans par la solitude, la honte et la culpabilité, et qui ne parvient pas à développer de relations ni avec les hommes, ni avec son enfant.
Il y a du sacrifice et de la transcendance dans la quête obstinée de cette Cheffe opiniâtre qui n'aime pas les louanges et ne recherche pas l'approbation d'autrui.
Marie Ndiaye, dans une interview, ne pense pas avoir réalisé ici un autoportrait et pourtant bien des parallèles peuvent être dressés entre la passion de la Cheffe pour la cuisine et la démarche de l'écrivain.

















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Formidable portrait d'une femme cuisinière hors du commun par celui qui a été son commis, son confident et son amoureux sans retour. Une femme austère qui ne vit que par et pour son art dans une ascèse digne d'une moniale. L'histoire d'une jeune fille pauvre qui grâce à ses intuitions et son talent va parvenir à la célébrité sans jamais dévier de sa ligne de conduite, de son idéal...Jusqu'à la chute...On ne peut pas ne pas être fasciné par ce personnage et celui du narrateur dont le portrait se dessine en parallèle. Ce qui m'a gênée et qui plaît sûrement à d'autres, c'est le style. Un mot m'est venu à l'esprit: laborieux. Des phrases longues, proustiennes dirait-on, où moi, je me suis perdue. Et pourtant quelle finesse ! Malgré le "mais" j'ai été envoûtée par la puissance narrative de ce roman ...
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Je sors très agréablement surprise de cette lecture. Il faut dire que mon premier rendez-vous avec Marie Ndiaye, par l'intermédiaire de son roman Goncour(t)isé, Trois femmes puissantes, ne m'avait pas particulièrement plu, trouvant le fond confus et la prose ennuyeuse. J'appréhendais donc de me plonger dans celui-ci.

Je trouve toujours que la plume de Marie Ndiaye n'est pas facile à suivre, des phrases à rallonge, digressives, on en perd le fil très vite si on ne fait pas attention. Cependant, on ne peut pas dire qu'elle n'a pas de style, ni de souffle ; elle sait écrire, indéniablement. Je comprends pourtant que ça puisse en rebuter plus d'un. Et ce qui m'avait fortement déplu dans le précédent opus, cette fois-ci, ne me demandez pas pourquoi, ça a opéré. Je me suis immergée dans son récit, laissant les mots m'emporter, me faisant happer par l'histoire sans chercher à refaire surface.

Le narrateur nous conte la vie de la Cheffe, oui, oui, La Cheffe, elle n'a pas de nom, ou si mais ce n'est pas le plus important car elle s'est toujours distinguée par sa profession de cuisinière, le reste n'étant que superflu. Cet homme, qui a travaillé pour elle, l'a aimée, profondément aimée, sans être payé de retour. Et, en un bloc de 276 pages, il nous raconte qui elle était, qui était Sa Cheffe. L'exercice est ardu – bravo à l'auteure – et je comprends tout à fait les lecteurs qui ont jeté l'éponge au vu de cette logorrhée de 276 pages sans possibilité de véritablement reprendre son souffle. Aucun chapitre, aucun répit ; des allers-retours entre passé, présent, un autre passé, une anecdote à venir, tout ça dans une même phrase de 32 lignes, il y a de quoi en perdre son latin. Ça passe ou ça casse. Chez moi, c'est passé mais il en a fallu de peu. Pour ceux qui se décideraient à lire ce roman, je donnerais ce conseil : ne réfléchissez pas et laissez-vous entraîner dans ce récit prolixe, la magie opérera peut-être.

Ce roman n'est pas un coup de coeur mais une très bonne surprise quand même. Et même si ce fut par moments difficile, que cela fait du bien de lire une plume aussi soignée.


Challenge multi-défi 2019
Challenge Trivial Reading IV
Challenge Jeu des sept familles
Challenge ABC 2019/2020
Challenge Monopoly
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La cheffe est plus qu'une simple cuisinière.Ses plats relèvent d'un art qu'aucune école de restauration n'aurait pu lui enseigner.
C'est ce que tente de nous expliquer son ancien assistant, celui, dit-il, qui l'a le mieux connue et comprise.
Épris de la cheffe avant même de l'avoir rencontrée, il a eu la chance de l'observer en pleine création et a reçu d'elle de nombreuses confidences, qu'il nous livre, selon ses propres termes, le plus honnêtement possible.
De quelle objectivité peut-on se réclamer quand on est amoureux?
Le premier tiers du roman, assez descriptif, séduit par le récit qu'il nous livre : la naissance d'une génie, l'invention de plats fabuleux par la seule puissance de l'esprit. Très vite, cependant, arrive le doute.
De quoi me parle-t-on réellement?
Le lien de cette femme exceptionnelle avec sa fille, présentée comme un monstre sans nuance, a de quoi intriguer le lecteur.
On retrouve entre les lignes les schémas bien ordinaires de relations difficiles et de dysfonctionnements familiaux.
Guidé par la prose fiévreuse du narrateur, on entrevoit, sur le bord de la route, ce que pourrait donner un autre point de vue, ce que serait l'autre façon de conter cette vie, on entend ce qui n'est pas dit.
Ainsi, tandis que la cheffe cherche à atteindre au maximum de son art exigeant, que son assistant nous dépeint un amour aussi immense que platonique et chante les louanges de celle qu'il adule, nous cherchons une vérité qui sans cesse nous échappe.
La forme de ce roman (pas de chapitres, phrases longues) sert parfaitement le fond qui nous murmure, entre savoureuses énumérations de plats et considérations inspirées sur l'art et sur l'amour, que la réalité objective n'existe pas.
Jamais.
Lien : https://ktsteward.vefblog.ne..
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Ce roman est mon premier contact avec l'oeuvre de Marie Ndiaye. le thème est un « récit biographique » dans lequel la carrière de « La Cheffe », cuisinière de grande renommée, est évoquée par un de ses collaborateurs qui l'a suivie sur une partie de sa carrière.
Ce collaborateur, qui est aussi le narrateur, essaie de percer le mystère de cette femme qui fuit les honneurs, qui est très secrète et ne montre qu'une figure lisse et sans expression à ceux qui veulent l'approcher.
Le récit commence à l'adolescence de la Cheffe, quand sa vocation se révèle presque par hasard. Ce passage tient une grande partie du roman, car c'est la clé pour toute la suite. C'est en réalité l'analyse de la naissance d'une vocation artistique. Car la cuisine est un art, bien sûr, mais ce qui est évoqué ici pourrait aussi bien s'appliquer, comme d'ailleurs c'est écrit en toutes lettres dans le livre, à la littérature, à la peinture, à la musique…
Le travail de création demande à l'artiste de s'isoler, au propre comme au figuré, ce qui a des conséquences parfois lourdes sur la vie sociale et affective. le cas de la Cheffe, qui consacre toute son énergie et son temps à son métier, peut faire penser par exemple au cas de Paul Gauguin abandonnant sa famille pour se consacrer à la peinture, ou à Glenn Gould vivant reclus après avoir renoncé à tout contact avec le public en concert.
La Cheffe semble donc supprimer de sa vie tout ce qui n'est pas son art, elle consent tout de même à élever sa fille, mais rencontre là un réel échec.
Sa vie n'est pourtant pas vide, car toute sa science et ses efforts continuels n'ont qu'un but, et ce but est altruiste : satisfaire ses clients en allant même au-delà de leurs attentes, en leur proposant des plats qu'ils ne connaissent pas, qu'ils ne peuvent donc pas réclamer, mais dont elle pense qu'ils leur apporteront quelque chose, une sorte de révélation. Cela commence avec le couple des Clapeau, les employeurs auprès desquels elle débute, puis avec les habitués de son restaurant, et cela tout au long de sa carrière, même quand elle sera « étoilée ».
J'ai retrouvé ici un thème voisin de celui d'un roman de Ito Ogawa, "Le restaurant de l'amour retrouvé" .
J'ai mis un peu de temps à lire ce livre, car le style de Marie Ndiaye demande un réel effort au lecteur : les phrases sont longues et très élaborées, souvent complexes, je m'y suis parfois repris à deux ou trois fois pour en saisir la construction et le sens. Je constate d'ailleurs qu'il ne figure pas au catalogue de l'Association des Donneurs de Voix, dont je fais partie, car enregistrer ces pages doit demander un effort tout particulier.
Mais ne serait-ce pas un parallèle avec la cuisine de haut niveau, où il faut procéder par petites bouchées que l'on mâche longuement pour révéler toutes les nuances subtiles de la recette ?
Il faudra que je voie, en lisant d'autres oeuvres de Marie Ndiaye, si ce style est particulier à « La Cheffe », ou si c'est sa marque de fabrique
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Un roman éprouvant qui décrit le parcours méthodique et froid d'une jeune fille modeste qui va devenir une grande cheffe. L'histoire raconté par son ancien commis de cuisine - qui lui voue un amour exclusif - relate toute l'existence douloureuse et passionnée de celle qui est jusqu'à la fin appelée la Cheffe. Issue d'une famille pauvre mais heureuse et indépendante, elle est placée à 16 ans comme aide cuisinière dans une famille bourgeoise. L'opportunit du départ de la cuisinière révèle son talent et son incroyable opiniâtreté. Cependant, le succès et la passion de son métier vont irrémédiablement l'isoler du monde.
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J'aurais aimé trouver plus de respirations et un peu moins de longueurs dans cette histoire d'une cheffe, racontée par l'homme qui fut amoureux d'elle, mais les personnages sont forts et les mots sont une musique prenante dans l'écriture exigeante de Marie NDiaye.
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