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EAN : 9782702144527
480 pages
Calmann-Lévy (02/05/2013)
3.64/5   28 notes
Résumé :

Les jumeaux ont le même sang dans les veines et la même destinée, disent les anciens. Saba a neuf ans quand éclate la révolution islamique. Chaque jour est fait de contes et de sucreries de ses tantes, de visites des imams à son père, notable chrétien et discret, et de cigarettes fumées en cachette avec ses amis. Elle en est persuadée, sa mère et sa soeur Mahtab ne sont pas mortes ce jour de 1981 où elle les a perdues de vue à l'aéroport de Téhéran : elles s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Tout d'abord un grand merci à Masse Critique et aux Edition Calmann –Lévy de m'avoir fait parvenir ce roman que je souhaitais tant lire. Voici un commentaire qu'il m'est bien difficile à rédiger. Ce livre ne m'a pas déplu mais il ne m'a pas plu non plus. Ce sera donc un avis partagé.
Les plus : 1) Une belle écriture simple, riche, rythmée et lascive à la fois. 2) L'angle du récit original, décalé, permettant flash-back et apartés. 3) le thème de cet Iran post révolution islamique des années 90. 4) le regard d'une femme sur les femmes et les hommes constituant cette société rurale iranienne dont les coutumes ancestrales détonnent dans la nouvelle hiérarchie révolutionnaire et religieuse. « Les mensonges … vous pouvez mettre du yaourt dessus, c'est-à-dire feindre l'innocence, ou bien réciter quelques vers sur le maast et le dough et faire ainsi que tout redevienne blanc comme le lait. ». « Saba se fait une raison. Les habitants de la région de Rasht ont le don pour dédramatiser tous les problèmes, pour les faire paraître moins graves et préoccupants. C'est la vie. Ils enfouissent leurs contrariétés sous des couches de sucre. Ils recouvrent les vérités déplaisantes de yaourt. »
Les moins : 1) L'auteure n'est pas convaincante dans ses descriptions souvent trop longues et transcrites par petites touches comme à travers un voile, sans implication affective ou sentimentale. Au début du livre, on croit à de la timidité, une réserve naturelle de l'héroïne Saba. Mais à la fin on comprend que les faits relatés en Iran n'ont pas été vécus par l'auteure et que celle-ci a pris trop de distance entre les évènements réels et sa retranscription. 2) L'évocation de la gémellité et du ressenti d'une soeur (Saba) perdant sa jumelle (Mahtab) par l'héroïne tourne vite à la schizophrénie. « Ma Mahtab, éloignée de moi par tant de pincées de terre et de mer,… », « le moment est venu de découvrir l'histoire complète. de connaître toutes les expériences qu'elle a attribuées à sa soeur de peur de les vivre elle-même ». 3) le règne du non-dit et de la soumission qui concerne sans aucun doute tous les personnages du livre sauf justement l'héroïne qui a dès le début la chance et le pouvoir de fuir l'Iran. L'illogisme est d'autant plus gênant qu'elle est persuadée que sa mère et sa soeur sont aux Etats-Unis. le fil qui la retient est tellement ténu que le lecteur n'en prend conscience qu'à la fin du livre. 5) le déséquilibre flagrant entre les longues descriptions des us et coutumes iraniennes dans la pure tradition orientale (les repas, les soins du corps, les rapports entre femmes et hommes au foyer, le respect et la tolérance, la soumission et la protection, l'affection et l'amour) et l'évocation des agressions et des exécutions de femmes par la police religieuse, la contrebande et les mouvements de contestation et de résistance évoqués rapidement sans plus de précisions . « Mentir est un talent nécessaire aujourd'hui. Nous devons cacher tout ce qu'il y a d'agréable dans la vie – la musique, la boisson, la joie exubérante, les jolis habits ».
Saba est une héroïne que j'ai aimée. C'est une jeune femme intelligente, à fleur de peau, qui préfère se réfugier dans l'imaginaire et le rêve américain mais qui sait faire face à la réalité et à la cruauté de la vie. « Vous avez votre réponse, maintenant. La preuve que Saba est une fille brisée et maudite. ». Elle aime la vie au point de se cacher la vérité pour mieux atteindre son objectif. Elle commet des erreurs dont elle se relève encore plus forte et maligne. Son père, sa meilleure amie, son amoureux de toujours, ses mères d'adoption sont des personnages qui l'entourent mais qui sont évoqués à travers le regard de Saba, le lecteur ne sait pas ce qu'ils ressentent.
Je souhaitais lire ce roman pour mieux connaître l'Iran de la révolution islamique. Je suis déçue car je n'en sais pas plus que tout à chacun qui suit un tant soit peu les actualités. Cet ouvrage n'est pas du registre dénonciateur mais plutôt évocateur et descriptif, il y manque à mon goût de l'intensité et de l'engagement. « Telle une conteuse chevronnée, elle a appris à maquiller les choses, et c'est ainsi qu'elle empoche la Monnaie de ses Yaourts. Elle est désormais une experte en matière de maast-mali. ». « Nous préférons les jolis mensonges aux vérités laides. »
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"Ma soeur Mahtab est-elle morte ou vivante?"

Depuis l'âge de 9 ans, Saba, petite fille inconsolable, n'a de cesse de chercher à comprendre la disparition de sa mère et de sa soeur jumelle, derrière un comptoir d'aéroport.

A-t-elle rêvé ce départ? Et pourquoi est elle restée seule avec son père, dans son pays tombé sous le joug des mollahs de la révolution iranienne de 1979?
Sa mère a-t-elle choisi une soeur aux dépens d'une autre, pour un départ vers les Etats Unis, afin d'échapper à la loi coranique?

Issue d'une famille chrétienne aisée et progressiste, éduquée par une mère diplômée, parlant anglais et imprégnée de culture occidentale, Saba grandit avec ce secret inexpliqué, en rebelle, en lutte quotidienne avec les interdits réservés au statut de femme, portée par l'absolue nécessité de découvrir la vérité.

Vivante par l'imaginaire de la jeune iranienne, l'absente, l'autre moitié disparue, l'autre miroir d'elle même, prend corps dans son destin d'exilée américaine, mettant en partition deux vies inséparables, complémentaires, mais si différentes. Une quête d'identité unique car gémellaire. Et un désir d'indépendance et de liberté, à n'importe quel prix.

Une construction romanesque polyphonique, à la narration pleine de poésie et d'onirisme, décode un monde oriental tel un conte persan. Mais la réalité est une société iranienne, au mode de vie clandestin fait de trafics, gangrénée par la peur de la police des moeurs, l'hypocrisie et la manipulation, le mensonge de "bonne éducation", où l'on se fait rosser pour un talon cassé.

Un livre passionnant, militant, aux figures féminines attachantes, qui parle de racines familiales et d'amour du pays mais aussi de liberté et d'exil.
Un livre où l'homme n'a pas la part belle dans un pays violent de sa religion et de son intolérance : viols et exécutions au nom de la moralité! Mais dans quel monde vit on?

Et quand la femme deviendrait-elle enfin l'avenir de l'homme?

Merci à Masse critique et aux éditions Calmann Levy
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Premier roman de l'auteur Dina Nayeri, qui a quitté l'Iran pour les Etats-Unis à l'âge de dix ans, Une pincée de terre et de mer est une lecture surprenante. Prenant le contre-pied de beaucoup de romans sur l'Iran post-révolution très politiques, Dina Nayeri choisit comme point de départ le lien très fort entre deux jumelles et entre trois amis d'enfance pour parler, en toile de fond, de l'Iran des années 90. le résultat est ainsi assez déroutant: à la lecture de ce roman, on n'a pas l'impression que la dénonciation des injustices de cette société soit le propos principal, Saba refusant en effet tout militantisme pour se consacrer entièrement à son rêve américain; mais certains épisodes de l'histoire traitant des souffrances des femmes et du manque de liberté en Iran agissent comme des claques à l'impact démultiplié, à l'image de la pendaison de cette jeune femme ou du passage à tabac de cette autre..

Par petites touches donc, Dina Nayeri nous fait découvrir le quotidien d'un petit village rural du nord de l'Iran. Avec beaucoup de retenue, peut-être due au statut d'émigrée de l'auteur, elle nous parle des difficultés de Saba, fille d'une famille chrétienne éduquée, obligée de dissimuler ses croyances. Mais l'auteur évoque également les belles traditions de l'Iran, le rôle des conteuses, les réunions autour du korsi, la solidarité entre les femmes et mères de substitution de Saba et son amitié pour Ponneh et Reza. On ressent ainsi une bonne dose de nostalgie à la lecture de ce roman pour un pays et des traditions en voie de disparition.

J'ai eu un peu de peine à rentrer dans le roman au début, dont les premières centaines de pages sont un peu fouillies et très focalisées sur Mahtab et la vie américaine inventée de cette dernière. La suite m'a paru plus fluide car plus centrée sur l'Iran et le vécu de Saba. le mélange entre "fables" et réalité devient du coup plus clair. On perd parfois le fil du récit, entrecoupés de quelques opinions des "mères" de Saba ou d'une docteure amie de sa vraie mère disparue, mais le tout se lit avec plaisir et intérêt.

Un premier roman qui aurait probablement pu être raccourci et qui n'est pas sans défaut notamment au niveau de la construction, mais dont j'ai aimé le point de vue original, permettant de parler de l'Iran; non seulement des dérives politiques actuelles mais aussi du charme de ce pays aux traditions si riches, de l'amour et de l'amitié qui rendent le quotidien plus acceptable. Une belle découverte!
Lien : http://unmomentpourlire.blog..
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Histoire d'une petite fille iranienne qui vit avec ses parents et sa soeur jumelle au nord de l'Iran proche de la mer Caspienne, juste après la révolution de 1979. Saba de son prénom raconte comment elle a perdu sa soeur Mahtab, tout le monde autour d'elle la dit morte cependant elle, elle dit l'avoir vu un jour à l'aéroport de Téhéran alors qu'elle devait partir en Amérique avec sa mère. Prise de panique d'ailleurs ce jour là, elle provoque la disparition de sa mère. de ce jour plus personne ne sait ce qu'elle est devenue. de ce jour deux disparues chères vont hanter à tout jamais la vie de Saba.. C'est donc l'histoire que Saba se raconte depuis ce jour, qu'elle n'a de cesse de raconter à ses amis, elle est convaincue que sa soeur et sa mère vivent et sont parties en Amérique. C'est la façon qu'elle a trouvé pour compenser la disparition de cette soeur jumelle.

L'auteure Dina Nayeri est une jeune femme née en Iran, exilée en Amérique à l'âge de 8 ans, elle dit ne jamais être retournée en Iran et à travers cette histoire qu'elle nous confie dans ce tout premier roman, elle imagine ce qu'elle aurait pu être si elle était restée vivre en Iran. D'où cette histoire de jumelle. L'une Iranienne qui vit en Iran et l'autre fantasmée qui s'est exilée en Amérique. Ainsi c'est un Iran différent de ce que l'on a habitude de lire je trouve. La vie de la campagne, loi des grandes villes, éloignée aussi de la politique .. Histoire d'enfants, d'une très belle amitié entre Saba, Reza et Ponneh, de la relation père fille, des amours...des croyances et superstitions bien ancrées dans cette région, cette culture semble-t-il ...
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Ce fut une lecture très enrichissante, car c'est une plongée en Iran. L'histoire débute par l'enfance de la narratrice dans les années 1980, juste après la révolution islamique qui a renversé le Shah d'Iran (en 1979). le seul aperçu que j'avais de cette période est celui du film "Nous trois ou rien". J'ai découvert cette société gouvernée par la charia, animée par les visites des "Mollahs", les policiers de la morale, qui viennent tous les 2-3 jours chez les familles pour contrôler les moeurs, la corruption... Un quotidien que je n'imaginais pas. L'ironie de cette "morale" qui est si facile à déformer; par exemple l'opium et le haschisch de contrebande si facile à trouver alors que l'alcool est considéré comme honteux.
Au-delà de ces faits, c'est aussi une plongée dans la culture iranienne, sa gastronomie avec notamment le lavash (le pain traditionnel), les dginns, les traditions Gilaki, le Gilan...
Et l'histoire est absorbante et déroutante. Saba est une jeune fille issue d'une famille catholique et son père est un riche propriétaire terrien. Elle est persuadée que sa soeur jumelle et sa mère se sont enfuies aux Etats-Unis, l'abandonnant elle et son Baba dans cet Iran corrompu, dans la campagne de Cheshmeh, non loin de Téhéran. Un peu de terre et de mer les séparent. Saba rêve de les rejoindre en Amérique, elle est amoureuse de la langue anglaise et ne cesse de se procurer des documents de contrebande qui parlent ou viennent des États-Unis. Et à chaque étape de sa vie, elle invente la vie parallèle de sa jumelle : à son mariage forcé, elle imagine que sa soeur rejette un garçon. Cette histoire est rythmée de contes, de ces histoire inventées en quête d'une soeur et d'une mère, dont on finit par connaitre le sort.

Un roman absorbant !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Mentir est un talent nécessaire aujourd'hui. Nous devons cacher tout ce qu'il y a d'agréable dans la vie - la musique, la boisson, la joie exubérante, les jolis habits.
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Mustafa savoure certainement cette occasion de battre ainsi une jolie fille. Cela confirme quelque chose que Saba a saisi il y a longtemps: les pasdars ne haïssent pas tant l'indécence que leurs propres pulsions. Chaque jour, ils imaginent une nouvelle forme de cruauté - des règles déconcertantes, des actes de torture, des meurtres en pleine nuit - qui lui donne envie de fuir, de quitter l'Iran, de se laver les mains de la puanteur de la mer Caspienne et de ne plus jamais rien avoir à faire avec tout ça. L'Iran est un pays fini. Quand Mustafa sera vieux, comprendra-t-il qu'il a un jour passé une fille à tabac simplement parce qu'il ne pouvait rien contre sa beauté? Une foutue paire de chaussures. La bonne blague.
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Les filles qui lisent des livres ne savent pas lire les hommes.
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Savoir mentir est crucial en Iran, où tout le monde pratique au moins l'un de ces deux arts élémentaires : le tarof ("venez monsieur ! mangez buvez. prenez ma fille !") et le maast-mali (littéralement : recouvrir de yaourt "), ou l'art de feindre l'innocence. ( "oh ce n'était rien ! une bosse ? non à peine une égratignure. en fait je n'était même pas en Iran ce jour-là !").
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C'est une femme reporter, une vraie, une conteuse privée du droit de mentir, mais libre de dire toute la vérité.
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Video de Dina Nayeri (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dina Nayeri
Dina Nayeri - Une pincée de terre et de mer .Dina Nayeri vous présente son ouvrage "Une pincée de terre et de mer" aux éditions Calmann-Lévy. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Bourgeois. http://www.mollat.com/livres/nayeri-dina-une-pincee-terre-mer-9782702144527.html Notes de Musique : Amina Alaoui - 6 Ya laylo layl
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