Premier roman de l'auteur
Dina Nayeri, qui a quitté l'Iran pour les Etats-Unis à l'âge de dix ans,
Une pincée de terre et de mer est une lecture surprenante. Prenant le contre-pied de beaucoup de romans sur l'Iran post-révolution très politiques,
Dina Nayeri choisit comme point de départ le lien très fort entre deux jumelles et entre trois amis d'enfance pour parler, en toile de fond, de l'Iran des années 90. le résultat est ainsi assez déroutant: à la lecture de ce roman, on n'a pas l'impression que la dénonciation des injustices de cette société soit le propos principal, Saba refusant en effet tout militantisme pour se consacrer entièrement à son rêve américain; mais certains épisodes de l'histoire traitant des souffrances des femmes et du manque de liberté en Iran agissent comme des claques à l'impact démultiplié, à l'image de la pendaison de cette jeune femme ou du passage à tabac de cette autre..
Par petites touches donc,
Dina Nayeri nous fait découvrir le quotidien d'un petit village rural du nord de l'Iran. Avec beaucoup de retenue, peut-être due au statut d'émigrée de l'auteur, elle nous parle des difficultés de Saba, fille d'une famille chrétienne éduquée, obligée de dissimuler ses croyances. Mais l'auteur évoque également les belles traditions de l'Iran, le rôle des conteuses, les réunions autour du korsi, la solidarité entre les femmes et mères de substitution de Saba et son amitié pour Ponneh et Reza. On ressent ainsi une bonne dose de nostalgie à la lecture de ce roman pour un pays et des traditions en voie de disparition.
J'ai eu un peu de peine à rentrer dans le roman au début, dont les premières centaines de pages sont un peu fouillies et très focalisées sur Mahtab et la vie américaine inventée de cette dernière. La suite m'a paru plus fluide car plus centrée sur l'Iran et le vécu de Saba. le mélange entre "fables" et réalité devient du coup plus clair. On perd parfois le fil du récit, entrecoupés de quelques opinions des "mères" de Saba ou d'une docteure amie de sa vraie mère disparue, mais le tout se lit avec plaisir et intérêt.
Un premier roman qui aurait probablement pu être raccourci et qui n'est pas sans défaut notamment au niveau de la construction, mais dont j'ai aimé le point de vue original, permettant de parler de l'Iran; non seulement des dérives politiques actuelles mais aussi du charme de ce pays aux traditions si riches, de l'amour et de l'amitié qui rendent le quotidien plus acceptable. Une belle découverte!
Lien :
http://unmomentpourlire.blog..