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EAN : 9782501081016
110 pages
Marabout (30/10/2013)
3.74/5   34 notes
Résumé :
A travers cette chronique familiale empreinte des événements passés de l'histoire contemporaine, Fred Neidhardt étudie, avec finesse et un zeste d'humour, l'exil des pieds-noirs d'Algérie, les rouages du racisme, ses contradictions, ses paradoxes, les poussant à l'extrême souvent jusqu'à l'absurde. La nostalgie et les rancoeurs émaillées de bons sentiments des uns, les clichés emmagasinés depuis plusieurs générations des autres donnent lieu à une réflexion en résona... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
A cette heure avancée, Daniel a préféré passer la nuit dans la voiture garée dans le jardin afin de ne pas réveiller ses grands-parents. Il s'est disputé avec ses parents parce qu'il a échoué au bac et qu'il ne veut plus faire d'études scientifiques mais plutôt du dessin. C'est donc ici qu'il est venu se réfugier sans les prévenir. Besançon-Marseille en stop, ça fait une trotte! Sa mamie pense qu'il a fait une fugue mais le jeune homme se défend d'avoir 19 ans et estime être libre. Pour autant, elle ne peut s'empêcher de prévenir la maman de Daniel de sa venue. C'est à Marseille qu'il va faire plus ample connaissance avec sa famille. L'histoire de ses grands-parents d'abord, leur exil en France après avoir été jeté de l'Algérie et leur sentiment vis-à-vis des arabes, puis sa cousine qui ne trouve pas de boulot ou son cousin dans la débrouille et dans le porno...

Les grands-parents de Daniel sont pieds-noirs. Rejetés de l'Algérie au sortir de l'indépendance, ils sont plus que jamais amers envers ce peuple et jurent qu'ils n'y remettront plus jamais les pieds. En 1985, le Pen s'affirme, l'affaire du petit Grégory fait la une des journaux, "Touche pas à mon pote" fait écho. La famille de Daniel se déclare haut et fort raciste, surtout envers les Arabes. Aussi, lorsqu'un des cousins affirme qu'il épousera une Kabyle, le noyau familial éclate. Fred Neidhardt dépeint une famille raciste, certes, mais aussi entêtée et contradictoire, notamment ce mariage du grand-père antisémite avec une juive. Cet album bestiaire qui prend ses quartiers dans Marseille se veut avant tout dénonciateur et offre une belle leçon d'histoire. Dommage que le dessin manque parfois de raffinement. le racisme dans toute sa splendeur et son imbécillité!

Les Pieds-Noirs à la mer ou une étonnante histoire familiale...
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Le temps d'une fâcherie d'adolescent avec ses parents, Daniel vient passer quelques jours à Marseille chez ses grands parents, Pieds-noirs ayant fui l'Algérie après l'indépendance. Au fil des rencontres et des souvenirs, c'est pour le jeune français de la 3ème génération l'occasion de comprendre ce qui fut et reste une profonde blessure familiale.

Après un temps d'adaptation face aux étonnantes caricatures en bestiaire des personnages, j'ai déroulé avec plaisir cette bande dessinée qui passe en revue tous les poncifs véhiculés par les conséquences du rapatriement des Français d'Algérie: rancoeur des anciens qui ont vécu les événements, ambivalence des sentiments, conflits et incompréhension entre générations avec la distance fatalement acquise chez les plus jeunes, racisme ordinaire et sectarisme.

La réconciliation entre parties que tente Daniel apparait vaine et illusoire. Il semble bien difficile d'écrire une histoire dépassionnée, d'oublier aigreurs, désir de revanche, de faire le deuil d'une émigration forcée.

Avec un sens du récit dynamique, des dialogues d'une franche banalité dans le politiquement incorrect, Fred Neidhardt nous propose avec talent et de façon indirecte un roman graphique en autobiographie. Il nous décrypte sans manichéisme une page d'histoire et en fait un devoir de mémoire entre humour, cruauté et ironie grinçante.
Le tout fonctionne très bien. A lire!
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Les grands-parents de Daniel sont Pieds-Noirs, ils ont dû fuir l'Algérie devenue indépendante en 1962, se sont installés à Marseille. Vingt-trois ans après, ils l'ont encore amer. Ils jurent leurs grands dieux que jamais, au grand jamais, ils n'ont méprisé ou exploité les Algériens là-bas, eux : "On était des « petits blancs » ! On était pas des gros colons ! (…) Quand on est descendus du bateau, les communistes de la CGT, ils nous ont accueillis avec des banderoles « Les pieds noirs à la mer » ! Les dockers, ils trempaient nos containers dans l'eau de mer avant de les décharger."
Bref, ils n'ont pas mérité cet opprobre, ces gens. Mais pépé lit désormais Minute, trouve - et mémé est d'accord - qu'il y a beaucoup trop d'arabes à Marseille. Et la cousine, à bonne école, écrit à JM le Pen (qui lui répond et l'assure de toute sa sympathie - elle est fière !), que si elle ne trouve pas de boulot, c'est la faute aux arabes qui "prennent les places de stage".
On est en 1985, Aziz Madak vient d'être assassiné, les petites mains jaunes "Touche pas à mon pote" fleurissent sur les poitrines, Harlem Désir connaît ses heures de gloire. Alors évidemment, Daniel tombe de haut en découvrant qu'ils "sont un peu craignos, dans la famille". Finalement, ses parents à lui ne sont pas aussi abrutis qu'il le pensait, même s'ils refusent qu'il devienne dessinateur : "Si tu passais pas ton temps à dessiner tes gugusses débiles pis à lire tes bédés, tu l'aurais pas raté, ton bac".

Album très intéressant sur les ambitions des parents pour leur progéniture, inhibitrices et castratrices, sur les conflits de générations, la famille, le racisme ("On ne naît pas raciste, on le devient" dit le pépé)...
Le graphisme m'a pourtant vraiment déplu, les personnages ont des têtes d'animaux. Je trouve ce choix intéressant, en général, notamment chez Art Spiegelman dans 'Maus'. Je ne l'ai pas compris ici.
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Daniel, 21 ans, s'est disputé avec ses parents et débarque en pleine nuit chez ses grands-parents à Marseille. On est dans les années 80, la famille maternelle est pied-noir et la guerre d'Algérie est encore fraîche dans les esprits... la famille côté Marseille garde une grosse rancoeur à la fois envers ces "Arabes" qui les ont virés et les Français qui les ont si mal accueillis.
Daniel se retrouve confronté aux propos racistes non seulement de ses grands-parents mais aussi de son oncle et de ses cousin-cousine de son âge.
Fred Neidhardt, l'auteur de ce roman graphique, évite soigneusement de mettre les pieds dans le plat et par le biais du jeune homme qui, lui, ne vit pas constamment dans cette rancoeur héritée et partagée du côté maternel, il esquisse la complexité de ce racisme du côté des Pieds-Noirs.
Pour autant, il ne l'excuse pas. Daniel tente - sans doute parce qu'il est encore tout jeune - de convaincre sa famille de l'absurdité de ce comportement, mais il ne fait qu'envenimer les choses, et creuser l'écart entre ses convictions et celles du reste de sa famille.
Les propos tenus dans cet album m'ont rappelé ceux que j'ai pu entendre dans la campagne de mon enfance et qui tenaient surtout de la bêtise, de l'ignorance et de la paresse absolue d'aller voir ailleurs qui sont les autres, et clairement, ce qu'on lit ici n'est malheureusement pas exagéré.
C'est un roman graphique dérangeant qui met le doigt là où ça fait mal. Bref, lisez-le.
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Comment parler du drame vécu par les pieds-noirs d'Algérie sans verser dans le pathos ? Comment dire le racisme sans tomber dans la leçon de morale ?
Comment évoquer la cohabitation parfois difficile entre Marseillais d'origine différentes ?
Comment expliquer la haine et l'incompréhension qui grandissent entre des populations aux cultures et habitudes pourtant si proches ?

Ce roman graphique de Fred Neihardt, dont la préface est signée Joann Sfar et publié par les éditions Marabout dans leur collection Marabulle, réussit ce tour de force. Il parvient à trouver le ton juste et à éviter tout manichéisme pour explorer ce sujet difficile.

Nous sommes dans les années 1980, Daniel vient de rater son bac au grand dam de ses parents qui s'opposent à ce qu'il passe le concours des Beaux Arts, lui qui est passionné de B.D. Il quitte Besançon pour Marseille où vivent ses grands-parents et une grande partie de sa famille. Bien qu'il adore ses grands-parents, il est choqué par leur racisme... le cas de Stéphane, son cousin, renié par sa famille parce qu'il vit avec une jeune femme d'origine algérienne le perturbe et le révolte et il fait tout pour arrondir les angles.

J'ai aimé ce roman graphique dont j'ai trouvé la fin à la fois audacieuse et bouleversante. Un bémol toutefois : tout en gardant certains traits humains, les personnages sont dessinés sous forme d'animaux... cela fait beaucoup trop penser à Art Spiegelman et à son splendide "Maus".
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critiques presse (6)
BulledEncre
10 janvier 2014
L’auteur, rompu aux supercheries et récits comiques, trouve ici la formule d’un album grave et très drôle. Il manie avec finesse les ressors d’une narration vive mais sans se départir de sa trame: les Pieds-noirs, leur retour en France et ce que certains sont devenus 20 ans après.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
BoDoi
30 décembre 2013
L’album se tient de bout en bout, par son authenticité justement, et sa belle sincérité.
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
17 décembre 2013
Les Pieds-noirs à la mer est un album exemplaire, qui grâce à un ton féroce d'absurdité, expose les plus sombres méandres de l'âme humaine, quelque soit la couleur de sa peau. À lire absolument.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
16 décembre 2013
"Les Pieds-Noirs à la mer" nous interroge sur la matière de notre mémoire collective, sur cette communauté de pieds-noirs mal intégrée qui a du co-exister entre ces deux cultures qui les ont rejeté. Il n'y a pas de jugement à porter, juste un constat amer...
Lire la critique sur le site : Sceneario
ActuaBD
03 décembre 2013
La trame complexe de cette fable révèle véritablement le travail de Fred Neidhardt que l’on avait vite catalogué comme un aimable plaisantin. Il se révèle un narrateur doué et un dessinateur très juste.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Telerama
20 novembre 2013
Au fil d'une chronique truffée de pépites de réel d'épo­que, excellemment dialoguée à l'oreille, Neidhardt dégage, au-delà des préjugés, indéfendables, la vérité crue et tou­chan­te de « petits Blancs » en porte-à-faux avec l'Histoire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
- Tu vas pas t'y mettre toi aussi ! Mais qu'est-ce que t'as contre les arabes ?
- Ben, déjà, y nous ont chassés d'Algérie...
- Putain, Véro, on est nés APRÈS l'indépendance ! T'es née à Marseille !
- Marseille... Eh bé à Marseille y en a tellement qu'on se croirait là-bas ! Tiens , regarde... Regarde-les...
- Et alors ? Qu'est-ce qu'il faudrait faire ? On les met tous dans un bateau, et au milieu de la Méditerranée, on coule le bateau ?!
- Ah ben non, quand même...
- Eh ben si ! Sinon , après ils reviennent ! Non ? T'es pas d'accord ?
- Non mais on va pas les tuer...
- Ben tu sais, Véro... Le racisme, ça finit toujours par tuer des gens...
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Le racisme se construit sur un ferment d'imbécilité, d'ignorance, mais en plus il est dangereux et il tue.
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- J’ai vu pépé, mamie… ton père, tout le monde… Ouah, ils sont un peu craignos, dans la famille !
- C’est des GROS FACHOS, tu veux dire. Mon père, il est tellement con, il m’a dit que je me marie avec une Arabe rien que pour le faire chier. Il a dit que j’étais plus son fils.
(p. 82)
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En 62, quand on s'est retrouvés en métropole, il fallait raser les murs...
...
Quand on est descendus du bateau... les communistes de la CGT, ils nous ont accueillis avec des banderoles "les pieds-noirs à la mer" !
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- Ton cousin Stéphane, il fait plus partie de la famille.
- Ah bon ? Eeeuh... Qu'est-ce qu'y s'est passé ? Qu'est-ce qu'il a fait ?
- Qu'est-ce qu'il a fait ? Ce qu'il a fait, c'est dégueulasse. (...) Le Stéphane, il a rien trouvé de mieux à faire que de se fiancer avec une arabe. Une Algérienne, en plus ! Soued Sardé ! Que le cul y lui tombe dans un panier d'oursins !
(p. 49)
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Videos de Fred Neidhardt (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fred Neidhardt
Dans le cadre de la rentrée littéraire de printemps, Occitanie Livre & Lecture reçoit des auteurs et autrices pour présenter leur récente parution. Aujourd'hui nous vous présentons l'interview de Fred Neidhardt qui nous parle de sa BD "Alger-retour" aux éditions Marabout. Modération Emmanuel Varlet. Merci à la librairie Sauramps pour son accueil.
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