AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 1495 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Suite française » est un roman écrit entre 1940 et 1942, il ne fut publié qu'en 2004. Prix Renaudot à titre posthume, succès mondial, c'est surtout un instantané, un roman vrai sur la guerre au quotidien. Irène Némirovsky, morte à Auschwitz en 1942, a publié une dizaine de romans et de nouvelles, de 1930 à 1940, elle est au premier plan de la scène littéraire française.

Elle écrit sur le monde violent de l'Europe de l'entre deux guerres. Ses héros sont profondément humains, peut-être trop humains, tendres ou violents, utopistes ou cyniques. L'homme peut-il préserver son intégrité dans le chaos ? C'est un humanisme désabusé qui qualifierait le mieux son oeuvre.
Cette lecture donne envie de retrouver des bouquins de cette écrivaine que je ne connaissais pas......
Le film qui est sorti en 2015 a des critiques désastreuses comment faire un mauvais film avec un matériau pareil....mystère de la création ????
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          371
Ce livre est magnifique ! Et d'une telle grandeur d'âme ! surtout quand on sait que l'auteure est morte dans les camps... Elle ramène de l'humain au coeur de la guerre. Les soldats des deux côtés sont avant tout des hommes qui subissent le choix de leurs dirigeants... Une femme exceptionnelle pour un livre exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          20
Début de l'Occupation:
d'un côté, c'est l'exode, la peur des bombardements, les rues et les immeubles de Paris désertés et la foule qui parcourt les routes quand les trains ne circulent plus. Ebahissement de ceux qui marchent et espèrent encore, pour les plus aisés, être bientôt accueillis dans un hôtel luxueux ou pouvoir s'offrir de bons restaurants pour soulager leur exil, mais sur la route, tout a déjà été vendu, pillé, mangé, occupé, et il ne reste plus qu'à marcher encore, dormir à la belle étoile, se contenter d'un bout de pain.
Les ponts sont bombardés, l'incompréhension et la peur règnent.
D'un autre côté, les villages occupés par les Allemands, les chevaux réquisitionnés ainsi que les chambres libres qu'un Bruno, Willy ou Siegfried viendra loger pour quelques mois. Mais l'hiver ne dure pas éternellement, la haine non plus, et avec la végétation qui refleurit, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, l'abondance des vergers, les villageois - d'abord les jeunes filles et les enfants, puis, peu à peu, les commerçants, les vieilles - commencent à apprécier ces jeunes Allemands à peine âgés de vingt ans, polis et courtois avec qui ils partagent plus d'une bouteille de vin et de photos de famille.
Les deux portraits de l'Occupation allemande que trace Irène Némirovsky sont d'un pur réalisme, l'un présentant un versant cynique et l'autre optimiste des relations humaines en tant de guerre. les saisons qui passent, indifférentes au malheur qui s'abat sur le pays, déroulent le temps et les évènements, le retour après l'exode, les blessures de guerre. Il est assez incroyable de penser que ce long texte ait pu être écrit au moment même de l'occupation tout en ayant un regard déjà si distancié, objectif et sans haine.
Quelle maîtrise et quel sang-froid quand on sait qu'Irène a été déportée en 1942 et connaissait les risques qu'elle courait en tant que juive de confession. On comprend, dans les notes annexes, qu'elle écrit pour les générations futures un roman qu'elle veut intemporel. On y apprend aussi qu'elle voulait aborder le communisme et la résistance, ce qu'elle n'a pas eu le temps de faire.
Si nulle part n'est évoqué le sort de la population juive persécutée et des déportations, le regard d'étrangère que porte Irène sur ces évènements offre un portrait intime et profond de la population française, on pénètre dans leurs maisons et leur famille, leurs sentiments ambigus envers ses envahisseurs qui pourraient être leur fils ou mari.
On ne saura pas ce qu'il adviendra de ces jeunes soldats allemands, roses et souriants, qui prendront un soir la route pour la Russie, mais les notes nous en apprend un peu plus sur le sort que l'auteure réservait aux autres personnages.
En dehors du récit, l'histoire de ce manuscrit enfermé pendant plus de trente ans dans cette lourde valise que les deux fillettes d'Irène Némirovsky ont traînée partout avec elles jusqu'à la fin de la guerre est tout simplement époustouflante, et bouleversante.
Commenter  J’apprécie          521
A lire absolument par tous ceux qui se sont demandé "qu'aurais-je fait moi-même pendant cette guerre?"
Plus bouleversant encore: les "notes manuscrites sur l'état de la France" de l'auteure et son projet pour Suite française, joints en annexe à l'édition Folio.
Commenter  J’apprécie          10
Cela faisait longtemps que Suite française faisait partie de mes livres à lire et j'ai pris un grand plaisir à la lecture de ce roman.
Irène Nemirovsky aborde, dans une première partie, l'exode de 1940 en France en évoquant le quotidien des civils. Au-delà du contexte terrifiant de la guerre et de l'incertitude sur la durée et l'issue du conflit, quel plaisir délectable que de découvrir les inquiétudes des uns et des autres à l'idée de devoir tout quitter. Que doit-on emmener ? Ne prendre que le strict nécessaire ou emmener tout ce que l'on possède ? Bien entendu, quand on a pas de richesses, la question ne se pose pas, c'est l'angoisse de l'inconnu qui empare alors les personnages. En revanche, le dilemme est immense quand, comme les Corte ou les Perricand, on vit dans l'opulence.
Une fois ce choix établi, arrive le trajet de l'exode, bien différent selon les familles et surtout leur classe sociale. Là encore, les aventures et surtout les mésaventures des différents protagonistes du roman sont l'occasion pour l'auteur de dénoncer les travers des comportements humains. Dans ces moments, où l'on penserait que l'entraide prédomine, ce sont en réalité la lâcheté, la peur et la trahison qui triomphent.
Dans la seconde partie, on partage le quotidien des habitants du village de Bussy sous l'occupation et comment chacun d'eux réagit face à la présence des Allemands. Dans cette fresque, le lecteur est invité à partager l'intimité de certains habitants du village et notamment de Lucile, personnage central.
Quel dommage que ce roman soit resté inachevé en raison du triste sort réservé à Irène Nemirowsky. Pour conclure, une phrase extraite des notes manuscrites de l'auteur mises en annexes et qui résume parfaitement le ton du livre : « Si je veux faire quelque chose de frappant, ce n'est pas la misère que je montrerai mais la prospérité à côté d'eux ». C'est parfaitement réussi et c'est qui fait l'originalité du roman.
Commenter  J’apprécie          210
Un très beau livre dont la force croit au fil des pages et qui est resté malheureusement inachevé suite à la déportation d'Irène Némirosky dans un camp de concentration en juillet 42 où elle sera assassinée.
Pour ce livre, l'auteur prend explicitement comme modèle le Guerre et Paix de Tolstoï et je pense que si elle avait pu achever sa fresque de la France sous l'occupation allemande, la comparaison aurait tenu. La langue d'Irène Némirosky est remarquable et non moins remarquable est sa faculté de restituer les faits et gestes, les ambitions et les lâchetés de chacun au coeur de cette époque troublée. Son regard est parfois terrible et sans complaisance aucune même si elle ne cloue jamais personne au pilori (enfin, certains s'y clouent eux-mêmes malgré tout !). Au cours du récit son regard s'adoucit ("Dolce" est d'ailleurs le nom qu'elle a donné à sa 2eme et -hélas- dernière partie, alors que la première s'intitule "Tempête en Juin" et retrace la "débacle" de Juin 40) et à travers les yeux de Lucile (superbe personnage), les Allemands posent l'armure et redeviennent un temps humains.

La politique est quasiment absente de ce livre. A part quelques rares "Heil Hitler" proférés par les soldats allemands, il n'est jamais question du Fürher, et il n'y a que quelques allusions à Pétain et au régime de la collaboration. Encore plus étonnant de la part de celle qui sera déportée comme juive apatride, il n'est jamais fait allusion à l'antisémitisme ou aux lois anti-juives de l'"Etat français". Mais cette absence de perspective globale lui permet de mieux scruter les détails et je n'avais rien lu d'aussi "vrai" (je veux dire non faussé par quelque idéologie plaquée sur les faits) sur cette époque que ce "roman-journal".

Le roman s'achève avec le départ des allemands du petit village qu'ils occupaient et dont on suivait les évènements à travers les yeux de quelques habitants. L'éditeur Albin Michel nous livre ensuite deux types de documents très émouvants : le carnet de notes de l'écrivaine où elle jette des éléments, des plans, des idées pour le roman en cours; une correspondance où l'on retrouve quelques échanges entre Irène et son éditeur et surtout - terrible - les lettres que son mari Michel Epstein envoie à différents amis à la suite le l'arrestation d'Irene et son internement à Pithiviers avant son départ pour les camps de concentration en Pologne. On y lit toute le désarroi et l'incrédulité de ces juifs sur lesquels la main de fer hitlérienne s'abat soudain sans pitié. Après quelques jours passés à tenter de libérer sa femme, Michel Epstein sera à son tour arrêté et déporté et gazé à Auschwitz. Leur 2 filles seront sauvées grâce à une amie et elles garderont toujours avec elles le manuscrit de "Suite française" qui a pu ainsi être édité, longtemps après la disparition tragique de son auteur.

A l'aulne de cette tragédie, on pourrait juger naïve et candide la narration de Suite française. Au contraire, c'est de ce regard à la fois acéré et nuancé dont nous avons besoin pour mieux comprendre le monde et lutter contre toutes les simplifications qui conduisent aux pogroms, aux massacres, aux camps de concentrations ou aux goulags.
Commenter  J’apprécie          184
Magnifique roman, écrit dans l'urgence sur un cahier et qui a connu une destinée particulière car il a été emmené dans une valise par les filles de l'auteur, après son arrestation et publié bien plus tard.
Magnifique à plusieurs titres: l'écriture est impressionnante de justesse, de précision, de poésie aussi.D'origine juive ukrainienne, Irène Némirovski manie la langue française avec élégance et grande maîtrise.Le sujet de l'exode, durant la seconde guerre mondiale, en France, ( qu'elle a connu) est traité en profondeur, alternant les points de vue de différents personnages, au coeur de cette débâcle sur les routes, au milieu des bombardements. Peu de gens seront épargnés par l'auteur, qui montre bien les bassesses de chacun, les lâchetés et les trahisons.Seul, un couple modeste conservera sa dignité.
Avec lucidité, l'auteur explore l'âme humaine et ce dont elle est capable, dans des circonstances particulières. Un roman implacable et édifiant.
Commenter  J’apprécie          442
Suite française Irène Némirovsky

La seconde guerre mondiale, l'arrivée des allemands à Paris, l'exode et les français face à tous ces bouleversements.

Dans un style brillant l'auteure nous fait vivre les moments douloureux de notre passé. Elle dépeint avec justesse tous les protagonistes et cerne au mieux et au plus près les caractères et les états d'âme de chacun.

C'est un superbe roman, même si il est inachevé. On peut un peu imaginer ce qu'aurait pu être la suite en lisant les notes de l'auteure à la fin du livre. Cette femme qui ne reviendra jamais des camps avait beaucoup de talent

Les notes et la correspondance à la fin du livre nous font vivre avec émotions les derniers moments de l'auteure et de son mari.

C'est vraiment un gros coup de cœur

Challenge abc 2014/2015
Commenter  J’apprécie          140
Decouverte d un style ,une humanité sur un récit sur l occupation écrit pendant la période.
Une vraie claque avec la découverte de sa propre histoire et celle de ses filles.
ai lu ses autres livres
Tout simplementun vrai écrivain.
Commenter  J’apprécie          40
L'atrocité de la Shoah a privée le monde de la culture de nombreux artistes ...
Irène Nemirovsky , un nom que nous avons pour la plupart découvert en 2004 , avec la publication de çet opus posthume , inachevé .
Çet opus , on doit sa lecture , sa découverte , aux filles de mme Nemirovsky , qui on conservées çe texte pendant plus de 60 ans , apres que leur père les a faient gardiennes de l'ultime création de leur mère .
Irène Nemirovsky était une romancière très en vue des la fin des années 1930 .
Certes , certains diront qu'elle avait comme soutien des gens peu fréquentables , des auteurs et journalistes , et qu'elle a publiée longtemps dans le journal Gringoire , publication de droite dure ...
Oui c'est un fait . Mais l'on peut répondre que malgré çela , mme Nemirovsky n'était pas comme Céline , Drieu La Rochelle , Brasillach , ect.
Nombre d'artistes a cette époque avaient des opinions de droite , pour autant peu on trempes dans la lie , dans l'infamie .
Mme Nemirovsky a était arrêtée , déportée , et est décédée du typhus a Auschwitz , l'antre de l'abomination nazie .
Elle vit donc déjà publiée des romans remarqués , mais tout porte à croire que son chef d'oeuvre débutait à peine .
Çe livre c'est la première partie d'une saga qu'elle avait en projet , une saga qui se situe à la période de la guerre et de l'occupation .
Elle voulait donc faire une oeuvre contemporaine , une sorte de photographie littéraire de cette période .
Çet opus contient deux livres en son sein .
La première partie s'attache à suivre les pérégrinations des français projetés sur les routes pour fuir l'avancée inexorable de l'armée allemande .
On y trouve toutes les populations , les classes sont abolies , chacun tente de survivre en fuyant ...
La peinture que Irene Nemirovsky dresse dans cette partie est extraordinaire .
Le leçteur est au coeur de ce rassemblement improbable , progresse avec çes gens , tente de trouver de la nourriture , un lit , tente d'échapper aux bombardements aériens , le mot qui convient est réaliste .
L'on est pas du tout dans l'abstrait ici , Irene Nemirovsky s'attache à faire ressentir chacune des émotions des protagonistes , pour que le leçteur se sente implique , qu'il soit partie prenante de l'histoire .
La seconde partie s'attache à décrire la vie d'un village qui voit disparaître la liberté et l'avènement de l'occupation avec tout ce que cela implique .
Il y a dans cette partie une maîtrise telle du sujet aborde que l'on peut établir des connexions avec les personnages présents .
Le style de Irene Nemirovsky est magistral .
Loin de la production de supermarché , on est ici en présence d'un objet littéraire de très grande qualité , avec une utilisation magistrale de la langue française et un sens aigu de la construction dramatique .
Pour faire taire les monstres qui veulent diminuer l'atrocité de la Shoah , il faut lire ce livre , ainsi l'on se rend compte des çonsequences de la folie humaine qui a privée le monde d'auteur de génie comme Irene Nemirovsky.
Commenter  J’apprécie          2710




Lecteurs (4336) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3243 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}