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Louis Aragon (Préfacier, etc.)
Denoël (01/01/1979)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Petit livre de 59 pages , édité chez Arc-en-ciel Denoël .
Excellente préface d'Aragon . " Il avait partagé le sort de Madrid, comme consul de son pays. Comme tel, il avait si clairement pris le parti de la République, que le gouvernement du Chili le rappela. "
Contient 16 poèmes sur divers étapes de la guerre d'Espagne.
Imprimé le 8 novembre 1971 sur les presses
de l'Imprimerie Floch à Mayenne.
Éditeur , no 3441.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici la seconde partie, librement traduite, d'un poème de Pablo Neruda. Dans la première il évoque la vie quotidienne, tranquille et paisible dans le Madrid de la preguerre civile. Et voici que, soudain, surgit la guerre...et ses atrocités. Mutatis mutandi, voyez comment cette poésie s'applique bien aux événements que vivent les Ukrainiens au quotidien. Universalité de la poésie.

Et un matin tout était en feu
Et un matin les flammes
Sortaient de terre
Dévorant les vivants,
Et depuis lors ce fut le feu,
Ce fut la poudre depuis lors,
Et depuis lors ce fut le sang.
Des bandits avec des avions, avec des Maures,
Des bandits avec des bagues et des duchesses,
Des bandits avec de sombres moines bénissant
Venaient du ciel pour tuer les enfants,
Et dans les rues le sang des enfants
Coulait simplement, comme du sang d'enfant.{...]

Face à vous j'ai vu le sang
De l'Espagne se lever
Pour vous noyer dans une seule vague
De fierté et de couteaux !
Militaires,
Traîtres,
Regardez ma maison morte,
Regardez l'Espagne brisée :
Mais de chaque maison morte surgit un métal ardent
Et non des fleurs,
Mais de chaque trou de la terre d'Espagne
Surgit l'Espagne,
Mais de chaque enfant mort surgit un fusil perçant
Mais de chaque crime naissent des balles
Qui un jour vous frapperont
En plein coeur. {…]

Vous allez demander :
Pourquoi votre poésie ne parle-t-elle pas du rêve, des feuilles,
Des grands volcans de votre pays natal ?
Venez donc voir le sang dans les rues,
Venez voir
Le sang dans les rues,
Venez voir
Le sang dans les rues !

NB : Remplacez l'Espagne par l'Ukraine, les Maures par les Tchéchènes, les bandits avec des bagues et des duchesses par les oligarques et les nantis, les moines par les patriarches et les popes et vous ne serez pas loin de la vérité.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Vous me demanderez : où sont les lilas ?
Et la métaphysique couverte de coquelicots ?
Et la pluie qui frappait si souvent
vos paroles en les remplissant
de brèches et d'oiseaux ?

Je vais vous raconter ce qui m'arrive .

Je vivais dans un quartier
de Madrid , avec des cloches ,
avec des horloges , avec des arbres .
De là , on apercevait
le visage sec de la Castille
comme un océan de cuir .
Ma maison était appelée
la maison des fleurs , parce que de tous cotés
éclataient les géraniums : c'était
une belle maison
avec des chiens et des enfants .

Raoul te souviens-tu ?
Te souviens-tu , Rafael ?
Federico , te souviens-tu ?
sous la terre ,
te souviens-tu de la maison et des balcons où
la lumière de juin noyait des fleurs sur ta bouche ?
frère , frère !

Tout
n'était que cris , sel de marchandises ,
agglomération de pain palpitant ,
marchés de mon quartier d'Arguelles avec sa statue
comme un encrier pâle parmi les merluches
l'huile arrivait au cuillères
le profond battement
de tes pieds et de tes mains emplissait les rues ,
métros , litres , essence
aiguë de la vie ,
poissons entassés ,
contexture de toits cernés d'un soleil froid dont
la flèche se fatigue ,
délirant ivoire des fines pommes de terre ,
tomates recommencées jusqu'à la mer .

Et un matin tout était en flamme
et un matin les foyers
sortaient de terre
dévorant les vivants ,
et dès lors ce fut le feu ,
ce fut la poudre dès lors ,
et dès lors ce fut le sang .
Des bandits avec des avions , avec des maures ,
des bandits avec des bagues et des duchesses
des bandits avec des moines noirs pour bénir
venaient du ciel pour tuer des enfants ,
et à travers les rues le sang des enfants
coulait simplement , comme du sang d'enfants .

Chacals que le chacal repousserait ,
pierres que le chardon dur mordrait en crachant ,
vipères que les vipères honniraient !

Face à vous j'ai vu le sang
de l'Espagne se lever
pour vous noyer dans une seule vague
d’orgueil et de couteaux !

Généraux
traîtres
regardez ma maison morte ,
regardez l'Espagne brisée :
mais de chaque maison morte surgit un métal ardent
au lieu de fleurs ,
mais de chaque brèche d'Espagne
surgit l'Espagne ,
mais de chaque enfant mort surgit un fusil avec des yeux ,
mais de chaque crime naissent des balles
qui trouveront un jour
l'endroit de votre cœur.

Vous allez demander :
pourquoi votre poésie ne parle-t'elle pas du rêve , des feuilles ,
des grands volcans de votre pays natal ?
venez voir le sang dans les rues ,
venez voir
le sang dans les rues
venez voir le sang
dans les rues !
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Madrid seule et solennelle, Juillet t’avait surprise avec ta joie
De rayon de miel pauvre ; claire était ta rue,
Clairs étaient tes songes.
Un hoquet noir
De généraux, une vague
De soutanes rageuses
Rompit entre tes genoux
Ses eaux boueuses et leurs ruisseaux de fange.
Les yeux encore tout meurtris de sommeil,
Avec un vieux fusil et des pierres, Madrid,
Récemment blessée,
Tu te défendis. Tu courais
Dans les rues
Laissant les traces de ton sang sacré
Rassemblant, appelant d’une voix d’océan
Avec ton visage à jamais changé
Par la lueur du sang,
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EXPLIQUONS-NOUS

Je vivais dans un quartier
De Madrid avec des cloches.
Avec des horloges, avec des arbres,

De là on voyait au loin
Le visage sec de la Castille
Comme un vaste océan de cuir !

Ma maison s'appelait
La maison des fleurs. De tous côtés
Jaillissaient les géraniums; c'était une belle
Maison
Avec des chiens et des enfants.
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Armes du peuple ! Ici ! La menace, le siège
S'écroulent mêlés à la terre
Dans les âpres aiguillons de la mort.
Salud ! Salud !
Salud ! te disent les mères du monde ,
Les écoles te disent salut, les vieux ouvriers
Armée du peuple, te disent salut, avec des épis,
Le lait, les citrons, les pommes de terre, le laurier,
Avec tout ce qui vient de la terre et de la bouche
De l'homme.
-------- Frères, en avant
En avant par les terres labourées,
En avant dans la nuit sèche sans rêve, délirante et rayée
En avant dans les vignes, piétinez la couleur froide des rochers
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Armes du peuple ! Ici ! La menace, le siège
S'écroulent mêlés à terre
Dans les âpres aiguillons de la mort.
Salud ! Salud !
Salud ! te disent les mères du monde,
Les écoles te disent salud, les vieux ouvriers
Armée du peuple , te disent salud, avec les épis,
Le lait, les citrons, les pommes de terre, le laurier,
Avec tout ce qui vient de la terre et de la bouche
De l'homme. ( p.57 )
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Videos de Pablo Neruda (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pablo Neruda
« […] « La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […] […] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux, sans cesse il allait et venait. Son regard était si profond qu'on le pouvait à peine voir. Quand il parlait, il avait un accent timide et hautain. Et l'on voyait presque toujours brûler le feu de ses pensées. Il était lumineux, profond, car il était de bonne foi. Il aurait pu être berger de mille lions et d'agneaux à la fois. Il eût gouverné les tempêtes ou porté un rayon de miel. Il chantait en des vers profonds, dont il possédait le secret, les merveilles de la vie ou de l'amour ou du plaisir. Monté sur un Pégase étrange il partit un jour en quête d'impossible. Je prie mes dieux pour Antonio, qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre 0:06 - Solitudes, VI 3:52 - du chemin, XXII 4:38 - Chanson, XLI 5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX 7:06 - Galeries, LXXVIII 7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains 9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX 10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII 10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille » 12:17 - Générique
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