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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Veinte poemas de amor y una cancion desesperada. lu en v.o. (c'est tout. Sans Les vers du capitaine, qui attendront).

Je ne sais si ce livre est un long poeme ou s'il est tronque en vingt petits poemes qui se combattent et se completent, avec en contrepoint une chanson finale qui semble annuler tout ce qui precedait. Vingt poemes erotiques ou l'auteur s'unit a une femme, a plusieurs femmes, au monde, par le corps et par la parole, pour mieux se distancier, se desunir, s'entrainant dans la desesperance du souvenir, le desespoir de l'amour passe et de l'avenir incertain.

Neruda chante l'amour d'une femme, ou plutot l'amour pour une femme, car elle ne peut repondre, elle a l'air toujours passive, comme la nature meme. “Corps de femme, blanches collines”.
Elle est une et elle est plusieurs. Elle est marine, oceane, et elle est terrestre, cordillere.
“Incliné sur les soirs je jette un filet triste sur tes yeux d'océan.”
Mais aussi “L'eau marche, pieds nus, dans les rues mouillees.”
Elle est Marisol et Marisombra, Marie soleil et Marie ombre. Elle peut attiser et elle peut glacer. Elle peut consoler et elle peut desoler. Elle est un monde. Elle est son monde. Comment vivre hors du monde?
“Il est si bref l'amour et l'oubli est si long”. Et il a vingt ans. Il n'a que vingt ans. Mais il a une parole de beaucoup d'ages. “Entre los labios y la voz, algo se va muriendo” “Entre les levres et la voix, quelque chose se meurt”.

Pourtant il chante. Parce que la femme aimee est la source d'un desir qui ne se restraint pas a elle. Elle permet a l'homme de se decouvrir. Il la prend avec le corps et l'envoute avec la parole. La parole reste alors qu'elle est partie. “Puedo escribir los versos mas tristes esta noche.
Yo la quise, y a veces ella Tambien me quiso.”
“Je puis ecrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.”

Oui, le livre finit dans une chanson desesperee, oui, l'amour et le souvenir, la passion et la nostalgie menent l'auteur a une chanson desesperee
“A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.
je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.”
Mais dans cet oubli lui reste la parole. Et cette parole est inoubliable. A vingt ans un grand poete est ne. Un poete qui se revelera plus tard, avec le Canto General, la voix de tout un continent.

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Vingt-huit années séparent la publication des "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" (1924, Neruda avait alors vingt ans) de celle de "Les Vers du capitaine" (1952). On y retrouve pourtant la même verve amoureuse, comme si les deux recueils avaient été rédigés dans la continuité !

Il y a quelques semaines, je relisais "Les Amours" de Ronsard. L'auteur y déclame ses flammes en vers classiques, notamment en sonnets. Pablo Neruda utilise une forme plus moderne, s'affranchissant des règles de la versification, mais sur le fond il y a beaucoup de similitudes. Les deux ont beaucoup aimé les femmes. Ils n'hésitent pas à déclarer leur amour sans pudeur, et n'en font guère preuve non plus pour les pleurer quand elles décident de les quitter.

Deux petits exemples :
"Ton souvenir émerge de la nuit où je suis.
Le fleuve noue sa lamentation obstinée à la mer.

Abandonné comme les quais dans l'aube.
C'est l'heure de partir, oh abandonné !"
(La chanson désespérée)

"Mais qu'as-tu ? Qu'avons-nous ?
Que nous arrive-t-il ?
Ah ! Notre amour est une corde dure
Qui nous amarre et qui nous blesse"
(Les Vers du capitaine / Les rages / L'amour)

On dit que Ronsard a révolutionné la poésie française, notamment en imposant cette langue plutôt que le latin. Neruda, par son art de faire chanter les mots, a lui aussi chamboulé les règles, contribuant à donner leurs lettres de noblesse à la poésie moderne.
À (re)lire avec amour...
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Il est vrai que lorsqu'il s'agit d'un auteur aussi populaire, aussi admiré, on s'attend à quelque chose d'extraordinaire et par conséquent cela nous gâche cet effet de la découverte. C'était mon premier Neruda; un recueil bilingue (où je me suis amusé à lire aussi la version originale) qui se compose de trois petits recueils de formes différentes. Une écriture très simple, mais qui atteint la grandeur, où la femme est au centre; tous types de femme et tous types de métaphores. Neruda a réussi à s'exprimer autour de sujets aussi communs comme l'amour et la femme sans tomber dans le mauvais goût et sans faux pas, comme s'il marchait acrobatiquement sur la lame d'un couteau. Personnellement, je garde un très beau souvenir de cette lecture; j'ai beaucoup apprécié certaines métaphores et certains jeux de mots.
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Quelle lumière, quelle fluidité cristalline dans les poèmes d'amour de Pablo Neruda. Cet ouvrage contient deux recueils rédigés à des périodes différentes, très éloignées l'une de l'autre. La jeunesse, les désirs d'amour pur, la lumière d'une part, la maturité, la lutte, la guerre d'Espagne pour l'autre part. La place de l'aimée se transforme (elle n'est pas la même, bien sûr), celle-ci devient une humble femme qui attend le combattant (mujercita / de cada dia, / de nuevo ser humano / humildemente humano / soberbiamente pobre...) ou un autre compagnon d'armes (la muchacha de hierro / que luchara a mi lado).
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Trois cents pages.

Poèmes d'amour avec la traduction en espagnol sur la page de gauche.

Je vais découvrir cela sans modération.

Commence ainsi :

Corps de femme, blanches collines, cuisses blan-
ches,
tu ressembles au monde dans ton attitude d'aban-
don.
Mon corps de laboureur sauvage te creuse
et fait jaillir le fils du fond de la terre.

A suivre ........




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Ce recueil comporte 20 poèmes d'amour pour une chanson désespérée, comme son nom l'indique. Il n'y a pas grand-chose à dire d'autres en matière de résumé, sinon que les poèmes sont simplement numérotés, sans titre et qu'ils parlent d'amour y compris la chanson désespérée. Je note par ailleurs que le langage de Neruda est toujours très simple, compréhensible, même pour un hispanophone médiocre comme moi. Les métaphores sont assez nombreuses tout au long du recueil et souvent importantes dans la caractérisation. La nature semble toujours favorable à l'amour, et si elle est souvent le phore, la femme est presque toujours le thème, le principal sujet de tout le recueil, évoqué sous tous ses aspects, de son corps à son âme. Grand moment de simplicité.
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J'ai un attachement particulier à ce petit livre de Pablo Neruda publié par les Editeurs Français Réunis avec sa couverture tissée violette car il m'a été offert par ma marraine dans ma jeunesse.
J'aurais aimé avoir une version bilingue car je trouve toujours difficile de traduire de la poésie et même si je ne maîtrise pas vraiment l'espagnol j'ai quelques notions de cette langue si chantante.
Les mots qui font chant caractérisent bien ce recueil de jeunesse "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" du grand poète chilien lauréat du prix Nobel de littérature 1971 qui a aussi été ambassadeur à Paris ("Les vers du capitaine" ne figure pas dans cette édition plus ancienne que l'édition bilingue de Gallimard).
Très tôt il écrit des poèmes et son langage vrai est d'un grand lyrisme.
Il sait dire les émotions de l'amour ainsi que son naufrage avec la sublime Chanson désespérée mais j'aime avant tout celui qui écrit à la femme aimée "Pouvoir te célébrer par tous les mots de joie."
Et puis comment ne pas apprécier le poète engagé qu'est Pablo Neruda qui aime à dire que les poètes ont toujours changé le monde même sans le savoir.


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Je suis agréablement surprise par ce recueil de poèmes de Pablo Neruda. Bien sûr, s'il a reçu le prix Nobel de littérature ce n'est pas pour rien. Mais j'imaginais cette lecture moins facile d'accès, plus obscure. Or c'est le contraire qui s'est produit lors de ma lecture, les images et les métaphores en lien avec la nature ont trouvé une grande résonance en moi. Comme le titre l'indique, les poèmes parlent d'amour, sous toutes ses formes et à tous ses stades. Je les ai trouvé très sensuels voire même charnels pour certains. le corps de la femme est évoqué avec une grande sensibilité. Les images utilisées par Pablo Neruda sont puissantes et riches d'évocations.
J'ai beaucoup aimé la version bilingue qui m'a permis d'apprécier la beauté de la langue espagnole tout en étant certaine du sens. Je salue d'ailleurs la traduction de très bonne qualité.
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Pablo Neruda (1904-1973) est avec Gabriela Mistral l'un des plus grands poètes chiliens, avec Octavio Paz, l'un des plus grands poètes sud-américains, et avec quelques autres l'un des plus grands poètes mondiaux. Son « Canto General » (1938-1950) est l'oeuvre de tout un continent, de son originalité de sa spécificité et en même temps de son appartenance à un univers multiforme, historique, géographique, scientifique, littéraire, spirituel – notre univers. Neruda est un citoyen du Chili, comme il est un citoyen du monde, et un citoyen de l'Univers.
On se souvient de lui à cause de son oeuvre d'où émerge un corps poétique impressionnant, dense et profond, marqué par ses racines, son appartenance à un pays, et à une idéologie (le communisme) qu'il veut généreuse et universelle. On se souvient de lui aussi par ses combats pour la liberté, dans ce continent où ce mot a une résonnance toute particulière. On se souvient de lui par les amitiés qu'il a forgées autour du monde. On se souvient de lui par ses textes mis en chansons (Victor Jara, Quilapayun, Paco Ibañez, et notre Jean Ferrat). On se souvient aussi de lui à cause de sa mort, quelques jours après le coup d'état du 11 septembre 1973 (ce jour, 11 septembre, doit être maudit) qui a vu mourir Salvador Allende et la démocratie. Neruda meurt douze jours plus tard dans des circonstances pas bien déterminées qui laissent traîner l'hypothèse d'un assassinat politique…
« Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée » est un recueil paru en 1924. Neruda a vingt ans. Deuxième recueil de l'auteur (après « Crépusculaire », l'année précédente) c'est un coup de maître dans le paysage poétique : on ne sait ce que l'on doit admirer, la jeunesse du poète, son savoir-faire déjà très personnel, ou son audace. Dans les années 20, surtout en pays ultra-catholique comme l'était le Chili et ses voisins, la morale, et surtout la morale sexuelle faisait loi : certains poèmes diffusent un érotisme jugé sulfureux (en vérité bien innocent aujourd'hui), mais malgré cette controverse (qui ne va pas bien loin) tout le monde s'accorde pour célébrer la naissance d'un grand poète. « Veinte poemas » sera avec « Canto General » le plus grand succès en librairie de Pablo Neruda
L'inspiration est essentiellement lyrique : le poète y célèbre la femme sous toutes ses formes, mais aussi la nature :
Poema II
« Dans sa flamme mortelle la lumière t'enveloppe.
Absorbée, pâle, dolente, ainsi située
Contre les vieilles hélices du crépuscule
Qui tourne autour de toi ».

Poema III
« Ah ! vastitude de pins, rumeur de vagues se brisant,
Lent jeu de lumières, cloche solitaire,
Crépuscule tombant dans tes yeux, poupée,
Conque terrestre, en toi la terre chante ! »

La particularité des écrivains sud-américains, la luxuriance, la couleur, la démesure sont présents chez ce jeune auteur qui « donne à voir » (comme dirait Eluard) : la poésie est directement évocatrice, surtout elle est torrent d'images. Et ça nous on aime !

Claro que si !

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Quel régal qu'est la poésie !
Et, devant tant de beauté que m'apportent ces mots, savourés dans leur version originale, un délice véritable et inépuisable...
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