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EAN : 9782246248811
498 pages
Grasset (23/09/1981)
3.76/5   17 notes
Résumé :

L'amour entre un homme fait et une femme réputée trop jeune pour lui" ; l'amour d'un peintre pour son travail : tels sont les deux pôles de cette histoire. Burgonde est une vedette de l'"abstraction lyrique". Victoire est une de ces jeunes femmes inimaginables il y a trente ans : libres de ton et d'allure, capables de choisir ou de quitter un homme et d'élever seules un enfant que nulle convention ne leur a imposé. Que se passe-t-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il m'aura fallu un peu plus d'une vingtaine de jours pour venir à bout de " L'empire des nuages" de François Nourissier, vaste fresque de 500 pages.
Choisi pour son titre que j'ai trouvé très beau, il m'est tout d'abord apparu assez difficile d'accès avant d'apprécier cette écriture, de la trouver agréable, belle et même addictive.
François Nourissier est-il un écrivain oublié ? Ce serait dommage étant donné la qualité d'écriture de cet ouvrage, ces phrases anodines pour la plupart mais qui composent un ensemble dont il est difficile de s'extirper.
Comment vous décrire au mieux ce livre et la multitude de thèmes qui le compose ?
Historique tout d'abord depuis les rapatriés pieds-noirs de la guerre d'Algérie jusqu'aux événements de mai 68.
Le marché de l'art des années 70 très bien décrit, les intermédiaires, la surenchère, les trahisons mais surtout les affres de la création pour un artiste, en l'occurrence un peintre, le doute, les peurs, l'incertitude, l'inspiration. Tout cela en la personne du personnage principal, Burgonde, qui apparaît au premier abord assez peu aimable, imbu de sa personne, se désintéressant de ce qui l'entoure, mais qui va progressivement montrer ses failles, craquelures qui le pousseront à tout abandonner, éternelle fuite en avant.
Et c'est avant tout un roman d'amours, où ses personnages, chacun à leur façon, se trouveront, s'aimeront puis se sépareront. le point d'orgue de ces aventures symbolisé par le couple formé par Victoire et Burgonde, deux êtres à l'abandon qui se serviront chacun de l'autre pour se reconstruire.
Ce roman évoque également les relations entre les parents et leurs enfants, la mort et la difficulté de la regarder en face.
Voilà, je ne peux que vous encourager à découvrir ou redécouvrir François Nourissier avec ce livre ou un autre, il le mérite. Pour ma part, j'en ai déjà un second dans ma bibliothèque, en espérant qu'il soit d'aussi bonne qualité.
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Les affres de la création en pas moins de 700 pages (Dans l'édition du Livre de poche). Nourissier a fait fort.
Burgonde (la sonorité du nom déjà augure bien du caractère maussade de l'artiste), est un peintre reconnu, un pape de l'abstraction lyrique , mouvement pictural en vogue dans les années 1950-60. François Nourissier nous le montre à l'orée de la fameuse crise de la cinquantaine. L'inspiration a déserté l'artiste ; il se répète disent de lui les marchands d'art. " l'empire des nuages" c'est " L'oeuvre" de Zola , avec Burgonde à la place de Cézanne.
C'est un roman plutôt touffu qui pourra en décourager certains. A son tour peintre des humeurs de l'artiste, Nourissier , en toile de fond, brossera la France du début de la "vraie" modernité. de 1962 , fin de la guerre d'Algérie, aux années 1970 où l'argent suppléera au talent dans tant de domaines, en passant bien sûr par mai 1968 dont je vous laisse deviner ce qu'en pense l'auteur (par la voix de Burgonde évidemment...).
J'ai dit que c'était un roman touffu car peu soutenu par une linéarité visible. On suit Burgonde de pages en pages ; ses états d'âme ( très développés ses états d'âme...trop peut-être) , ses amours, ses déboires avec ses deux enfants, sa passion pour Victoire , une jeune femme de trente ans plus jeune que lui, ses griefs envers les galeristes, les mécènes, tout ce monde de l'Art déconnecté du réel . D'une année l'autre on le voit en Suisse chez un fortuné mécène, en vacances à Uzès dans le Gard, à New-York pour un vernissage, dans son atelier parisien....L'effet produit sur le lecteur est une perte de repères. Tout se mélange et perd sa temporalité. Ne reste qu'une lancinante descente , non pas aux enfers -Nourissier le pathos c'est pas son genre- mais vers une sorte d'aboulie, de résignation et de dépouillement.
Au terme du roman Burgonde a perdu toutes ses illusions et n'aspire plus qu'à la paix de l'âme .
Nul n'a mieux décrit la comédie humaine que François Nourissier , trop lucide et jamais dupe des petits arrangements qui permettent à l'homme de continuer à vivre. Comme Flaubert avec Emma Bovary , je crois que Nourissier aurait pu dire : " Burgonde c'est moi". C'est au moins son double. Car les angoisses de l'écrivain devant la page blanche valent bien celles du peintre devant la toile vierge.
L'empire des nuages est aussi, me semble t-il, un roman à clefs. Trop de noms de peintres (l'auteur mélange les "vrais" peintres et des peintres "fictifs"), trop de références à de généreux et ombrageux mécènes ; Nourissier joue avec les noms , avec les lieux....mais seul un familier du monde de l'art pourra décrypter l'énigme....

Nourissier de son vivant était célèbre et omnipotent dans le monde littéraire . Président du jury Goncourt il avait la réputation d'un faiseur de roi. Je suis donc étonné de découvrir que ma critique est la première pour ce livre. On peut ne pas aimer les prises de positions de l'écrivain , plutôt réac , mais , en plus d'un talent certain ,l' homme avait à mes yeux une qualité : il aimait les chiens et les chevaux (et aussi les belles anglaises-je veux dire les Triumph, Jaguar, Aston Martin....) , et un homme qui aime les chiens et les chevaux (et accessoirement les belles anglaises-mais là j'ai pas les moyens-) , ne peut être totalement mauvais.




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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Voilà vingt ans que l'armée américaine est venue nous délivrer, mais nous ne nous sommes jamais relevés de nos quatre années d'esclavage. Breton est rentré mais Duchamp est resté ici. Pierre Lazareff est rentré mais le docteur von Braun est devenu citoyen américain. Nous avons prolongé depuis vingt ans notre politique du XIXe siècle, notre littérature et notre peinture d'avant 14,nos comptes et nos recettes de cuisinière. Nous avons prolongé nos vieilles rues et bâti des pavillons le long d'elles. Aujourd'hui il est temps de nous réveiller : nous sommes devenus la banlieue de l'Occident. Ils admirent Cartier-Bresson, ici, parce qu'il leur montre la vraie France, la vraie Europe : province et banlieue peuplées d'ahuris grisonnants, de chats, de frileux...
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Un million de gens qui se croyaient chez eux découvrent qu'on les a roulés dans la farine et qu'on les lâche : ils ont peur, ils sont accablés - et comme ils sont d'une race simple et coléreuse, les voilà furieux. Quoi de plus légitime ? Ils choisissent pour boucs émissaires les plus faibles de leurs ennemis - les fatmas - ou les plus voyants - les barbouzes. Cela provoque des scènes peu édifiantes. De l'autre côté aussi on tue, on terrorise, on hâte l'exode, on bouscule les lambins. Une terreur contre une autre : c'est la moitié de l'Histoire, et ce à quoi nous assistons en Algérie n'en est que l'écume. On quitte rarement une colonie comme des invités prennent congés à la fin du week-end. "C'était charmant, merci ! Merci pour l'or. Merci pour la bauxite, pour les phosphates, pour le caoutchouc, pour l'okoumé, pour le pétrole..." Il faut un peu de sang et de merde pour payer tout cela, et les intérêts de tout cela.
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"Il couve quelque chose..." Le mot lui convient. Il couve, oui, l'œuf pourri de ce viel amour. Il croyait, enfant, que les bébés morts-nés sont des charognes, de la viande verdâtre que la femme expulse et qui pue. L'autre soir il a vécu une naissance de cette sorte. La position même qu'a prise Victoire, tendant son sexe aux baisers de Burgonde, était celle d'une femme qui enfante. Elle expulsait d'elle l'amour de Burgonde et elle l'a abandonné, elle n'a pas voulu jeter les yeux sur lui. La porte de la rue a claqué et Burgonde est resté seul à bercer le petit cadavre. Humide, son pyjama lui colle au cou. Le jour blanchit les fenêtres et la pâte nocturne peu à peu reprend consistance, durcit. La vie l'attend. Non. La vie ne l'attend plus. Elle a fait son plein, la vie. Elle n'a plus besoin de ce passager exténué.
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A quoi bon croire aux choses et se battre pour elles ? tout finit par une odeur d'éther dans un couloir de clinique, de la tôle disloquée au bord de la route, le trottoir ou le pied d'un meuble pour ultime horizon - pourquoi se hâter ?
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À quoi peut ressembler une vie dont on n'a jamais rêvé de faire un destin ? Que l'on n'a jamais voulu bouleverser, agrandir ?
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Albert Cohen ; 5 et dernier
Albert COHEN : entretien avec François NOURISSIER, Jean Didier WOLFROMM, Françoise XENAKIS, Robert SABATIER et le Révérend Père Lucien GUISSARD à propos de ses livres testaments : sa passionjuive, ses occupations entre la composition de deux livres ; ses goûts littéraires. Pense que les femmes sont inférieures dans le domaine de l'action littéraire (tient des propos désagréables sur...
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