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L'Enfer pour aube tome 1 sur 2

Philippe Pelaez (Autre)
EAN : 9782302094390
68 pages
Soleil (02/03/2022)
3.96/5   60 notes
Résumé :
Dans le Paris du début du vingtième siècle, des notables sont éliminés les uns après les autres par un étrange Inconnu au visage recouvert d'une écharpe rouge. Celui-ci, qui n'oublie jamais de laisser un Louis d'Or près de chacune de ses victimes, oeuvre de concert avec les redoutables Apaches pour semer la terreur dans la capitale. Dans quel but ?
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 60 notes
J'ai reçu cet album (et le tome 2) dans le cadre d'une mass critique privilégiée et je remercie Babelio et les éditions soleil pour ce très bel objet ressemblant à des ouvrages de l'époque avec une couverture style art nouveau de la Belle époque.
En ouvrant cette Bande dessinée, on se retrouve plongée dans le Paris de 1903, les lignes de métro sont neuves ou en construction, les apaches, bandes de voyous sans foi ni loi, terrorisent les bourgeois.
Une série de meurtres ensanglantent la capitale. de riches bourgeois sont exécutés lors d'attentats de grandes ampleurs. Qui sont les coupables ? Les apaches qui passeraient la vitesse supérieure, les anarchistes ? Pourtant sur chaque victime, un napoléon en or a été placé dans la bouche. Pour l'inspecteur Gosselin, contrairement à sa hiérarchie, il s'agirait plutôt d'une vengeance. Il enquête dans ce sens même si lui-même, les Bourgeois, ce n'est pas sa tasse de thé et si il semble atteint d'un mal qui le mine de l'intérieur. Un Napoléon en or, c'est un pièce qui rappelle la fin du Second Empire et donc la Commune de Paris. Quel est le lien entre cette Commune, sa fin sanglante et ces crimes commis trente ans plus tard ? Avec son équipier Eugène, il investigue dans les beaux quartiers et dans les bas-fonds de Paris.
Philippe Pelaez propose un polar noir de chez noir mais historique. Il s'est fortement documenté sur l'époque, sur Paris et sur ses habitants et cela se voit !
L'intrigue policière est plutôt bien construite, mais somme toute secondaire. Ce qui est mis au premier plan ce sont les personnages. Ce vengeur caché par un chapeau et une écharpe dont nous comprenons la motivation au fil du déroulement de l'intrigue et qui souhaite punir certaines personnes de ce qu'ils ont fait à l'époque de la Commune (et tant pis pour les dégâts collatéraux!), ce policier que l'on sent proche des idées du criminel et qui avance dans son enquête de façon un peu surprenante parfois (certaines ficelles scénaristiques sont un peu grosses, quand même!).
Ce qui est mis au premier plan, en plus des personnages, c'est Paris. le Paris de 1903 et celui de la Commune. Comme dans de nombreux romans noirs, l'intrigue policière n'est qu'un prétexte à une description critique d'une société et aucun personnage ne semble un véritable héros. L'auteur a pris le parti des communards et vouent aux gémonies les auteurs du massacre de la semaine sanglante (en même temps, vu ce qu'il s'est passé !). C'est vrai que cela manque un peu de nuances, mais bon, c'est le jeu de ce genre d'histoires.
Pelaez s'est sans doute inspiré de la littérature populaire de l'époque (Fantômas, Rocambole, Eugène Sue…), d'un peu de Victor Hugo (les misérables) et de Zola (littérature sociale et naturaliste) pour habiller son intrigue policière de niveaux de lectures à plusieurs degrés. C'est plus ou moins bien digéré. L'utilisation de l'argot des apaches renforce l'immersion dans l'histoire qui est très plaisante à lire, mais les narratifs accompagnant les dessins sont parfois emprunts d'une certaine emphase, certes très Belle époque, mais qui peuvent peser un peu sur le récit !
Niveau graphique, c'est juste époustouflant. Je connais le travail de Tiburce Oger (voir ma critique de Ghost Kid), mais il est capable encore de nous surprendre. Sa reconstitution du Paris 1900 est magnifique. Elle rappelle parfois celle de Tardi dans le cri du peuple ou dans Adèle Blanc sec. le trait est fin et précis. Les décors, les costumes, les véhicules sont reconstitués avec un luxe de détails. Les pavés de la capitales, les ruelles obscures, les boulevard haussmanniens paraissent vivants. Les personnages semblent d'abord se ressembler puis, la lecture avançant, on est conscient de chacun d'entre eux, chacun proche de la rupture psychologique mais aussi physique.
Tout ça dans un noir et blanc ou plutôt un sépia magnifique teinté ça et là de tâches de rouge distillées de façon très précise et rajoutant du sens (rouge du sang, rouge de la Commune).
Le découpage et la mise en image des scènes d'action est particulièrement immersive et jubilatoire. Et pour en rajouter une couche de compliments, les Unes du Petit Journal, fausses, mais inspirées permettent de faire des sortes de points presse réguliers sur l'affaire. Très bonne idée !
Cette première partie du dytique est donc une belle réussite.
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Il faut savoir que le titre est tiré d'un poème de Victor Hugo, l'un des plus importants écrivains de langue française. On se situe au début du XXème siècle en pleine transformation de société.

Quelqu'un élimine un à un les notables de la ville en laissant toujours un Louis d'or pour règlement de compte. Cela ne suffit pas à la police qui le pourchasse afin de découvrir son identité. Nous sommes en effet embarqués dans une affaire policière assez haletante. de nombreux flash-back viendront amener quelques indices à ce mystère.

Derrière cette affaire, il y a le ressentiment du bas peuple parisien qui vit dans des abris de fortune pendant que la capitale se développe au gré de l'industrialisation profitant au petit bourgeois.

Il est question de l'esprit de la Commune qui a été vaincu à coup de mitraille par le bon Monsieur Thiers et ses versaillais. Ceux qui ont participé à ce massacre sans nom doivent payer de leur vie près de 30 ans après. On accuse les Apaches mais c'est quelqu'un d'autre qui est à l'origine de cette vendetta.

Inutile de préciser que j'adore le dessin de Tiburce Oger qui fait des merveilles dans ce Paris un peu apache. le découpage est absolument dans une maîtrise quasi-parfaite pour notre plus grand plaisir de lecture.

J'ai beaucoup aimé ce diptyque qui est basé sur un contexte historique réel comme le prouve les articles de journaux en fin d'album pour étayer les propos des auteurs. C'est un excellent travail qui a été mené pour nous faire découvrir une autre facette du Paris de 1900.
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Elle surgirait doucement des faubourgs ourlés de brume, repoussant les dernières nuées sombres qui offraient encore un asile au fugitif.
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Ce tome est le premier d'un diptyque racontant une histoire indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2022. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, Tiburce Oger pour les dessins et les couleurs. le lettrage a été assuré par Estelle Kreweras. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées. Il se termine avec un dossier de quatre pages, intitulé Revue de presse, rédigé par le scénariste, avec des articles illustrés d'une photographie et de premières pages de journaux : La destruction des fortifications ?, Un nouveau métropolitain, Les Bretons, des nègres blancs ?, La terreur de Paris, Arrivée du 41e convoi, Une terrible tragédie.

Il y avait cette foule d'ombres. Tous ces visages brunis par la crasse, plissant seulement les yeux quand le soleil des riches, économe de ses bienfaits, daignait lui accorder quelques rayons. On entend encore le bruit de ces mains jeunes et déjà calleuses qui jouaient souvent du surin, par nécessité ou par bêtise, la lame récitant sa partition sémillante accompagnée de la mélopée gutturale de l'homme qu'on égorge. Ce peuple des bordures avait les clos des vignerons pour horizon, et les barrières d'octroi pour frontières. On se souvient qu'il s'égayait dans les guinguettes de la courtille, s'étourdissait dans les assommoirs poisseux, et s'émancipait dans les hôtels borgnes. Ce peuple de la zone avait échoué au-delà des fortifications. Il avait bâti une cité riante. Un dédale de planches vermoulues et de tôles froissées, aux rues boueuses à peine assez larges pour laisser passer la charrette du chiffonnier, encombrées de rebuts de la capitale. Ce peuple répudié qui avait essayé de reconquérir la ville, et avait tout perdu dans la fraîcheur d'un mois de mai, balayé par les chassepots. À l'heure où l'on s'apprêtait à sacrifier et éventrer Paris, il était temps que Paris se souvienne de ces gueux qui lui avaient promis l'abîme pour crépuscule, et l'enfer pour l'aube.

Le petit peuple de Paris vit dans des conditions en-dessous du seuil de pauvreté. Les Apaches détroussent les bourgeois. Les rues de Paris sont éventrées pour la construction du métropolitain. En janvier 1903, M. Ducoroy, conseiller du ministre des Travaux publics, Charles Dauger, inspecteur du conseil général des Ponts et Chaussées et M. Berry conseiller municipal de la majorité de droite, effectuent un des premiers trajets en métro sur la ligne reliant la porte de Vincennes à la porte Maillot, discutant à propos de la future ligne nord-sud, de ses enjeux économiques, des enjeux politiques avec l'intervention des Communards amnistiés. le métro traverse une station dont le chantier est proche de la fin, et sort à l'air libre sur un pont métallique en hauteur. Un homme en long manteau, avec le visage masqué par une écharpe rouge et un feutre à large bord, se tient sur une des arches. Il saute sur le toit de locomotive et s'introduit à l'intérieur. Il éjecte le wattman qu'il fait passer par la porte. Il lâche une grenade dans le moteur électrique, brise un carreau en faisant feu dessus, et saute par la fenêtre.

Le premier contact du lecteur avec cette bande dessinée s'effectue par le biais de l'image de couverture : très dynamique, avec une belle évocation des toitures parisiennes, et ce personnage aux pans de manteau impossiblement longs et cette écharpe rouge le rendant immédiatement identifiable. La narration visuelle tient ces trois promesses avec un panache saisissant. le lecteur comprend rapidement que l'intrigue repose sur une vengeance, avec les exécutions successives de plusieurs individus certainement coupables de terribles exactions envers un individu dont l'identité est révélée dans la fin de ce premier tome. Cette personne dispose de capacités physiques au-dessus de la moyenne tout en restant dans le domaine du plausible. Il s'est conçu une apparence physique frappant l'imagination, avec le sens de la mise en scène. Cela permet au dessinateur de le placer dans des postures théâtrales et de transformer chacune de ses interventions en une action spectaculaire. le lecteur prend le temps de savourer l'Écharpe (surnom qui lui est donné par un Apache) debout sur une arche d'un pont métallique du métro, son agilité dans les acrobaties qui lui permettent de sauter sur le toit d'un wagon et d'y pénétrer dans une magnifique page muette, son assurance face à un groupe d'Apaches qu'il doit convaincre, avec seuls ses yeux intenses visibles dans son visage, de nouvelles prouesses physiques dans un grand magasin parisien, et une seconde intervention dans le métro. Les rétines du lecteur sont à la fête, et il savoure chaque action d'éclat, car les auteurs n'en abusent pas, l'Écharpe apparaissant dans vingt pages sur cinquante-quatre.

Dans le même temps, le scénariste a choisi une période et un lieu très précis : Paris en en 1903, avec une date facile à préciser puisque l'Écharpe est rendu responsable du plus grave accident dans l'histoire du métro parisien, survenu entre les stations Couronnes et Ménilmontant. Dès la première page, l'artiste en donne pour son argent au lecteur : les cabanes en bois des Parisiens défavorisés, une guinguette animée, une très large tranchée dans une avenue parisienne pour les travaux du métro. Tout au long de ce tome, il apporte un soin méticuleux et visiblement amoureux pour représenter plusieurs facette du Paris de 1903 : les rames d'époque du métro, l'architecture des passages surélevés en hauteur de la première ligne de métro, les façades et les toits des immeubles parisiens de plusieurs quartiers, les rues pavées, la vue depuis la rue Cortot proche de la butte Montmartre, des intérieurs bourgeois magnifiques, un atelier mal famé dans un quartier populaire, la splendide décoration intérieure des grands magasins Dufayel ouverts en 1856 rue de Clignancourt, plusieurs vues du cimetière du Père-Lachaise. Ces représentations évoquent également le passé par la mise en couleurs retenue : une forme de bichromie avec des nuances de gris comme apposées à l'aquarelle, rehaussées de quelques touches éparses de rouge. La reproduction historique est étoffée par les tenues vestimentaires d'époque, et les différentes voitures qui circulent dans les rues de la capitale.

L'artiste manie tout aussi bien les caractéristiques visuelles liées à ce vengeur masqué, proto-superhéros, évoquant l'apparence de The Shadow, un personnage créé par Walter B. Gibson en 1930/1931, dont la carrière reprend régulièrement, en particulier dans les comics, mais aussi au cinéma, avec un film en 1994. Il est aisément identifiable par son chapeau à large bord, le foulard rouge qui lui masque le bas du visage. La ressemble avec l'Écharpe s'arrête là car les auteurs n'ont repris ni sa pierre girasol montée sur une bague, ni son utilisation de deux uzis, ni son rire caractéristique. Oger en fait un personnage mystérieux, avec des postures dramatiques, une agilité remarquable, et des interventions rapides et brutales, son comportement montrant qu'il n'hésite pas à tuer, qu'il n'y a pas d'innocents, (la manière dont il jette le wattman par la fenêtre), un vigilant sans pitié. le lecteur amateur de comics reste confondu d'admiration devant l'élégance et la conviction avec lesquelles l'artiste sait adapter ces caractéristiques très américaines à un personnage français, que ce soit pour sa tenue vestimentaire, ou ses interactions avec l'environnement parisien, mettant à profit ces caractéristiques, à l'opposé d'un mauvais décalque qui substituerait les gratte-ciels de Manhattan par des immeubles en R+5 ou R+6 de Paris.

Totalement séduit par la narration visuelle si riche et dynamique, le lecteur se laisse porter par elle, prêt à se contenter d'une histoire de vengeance bien troussée. le scénariste puise la motivation de son exécuteur dans les conséquences de la Commune de Paris (du 18 mars au 28 mai 1871). Il évoque en particulier les répressions de l'insurrection parisienne durant la semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871, puis les exécutions sommaires et les internements au camp de Satory. Ainsi le contexte de l'époque ne reste pas à l'état de simple prétexte, les racines de l'intrigue se nourrissant dans cette histoire. À l'instar du dessinateur, Pelaez reprend des formes spécifiques de la littérature de l'époque : de courts chapitres s'ouvrant par une une du supplément illustré du petit journal, avec un dessin en pleine page très dramatisé venant illustrer un titre sensationnaliste. Il écrit des courts textes de transition entre deux chapitres et des flux de pensée dans chaque chapitre, à la manière un peu verbeuse et un peu fleurie des romans à sensation de l'époque. Il intègre des faits historiques, comme l'accident de métro du 10 août 1903. Sous réserve qu'il soit déjà un peu familier de l'histoire de la construction du métro parisien, ou qu'il se renseigne en ligne, le lecteur découvre que le scénariste évoque en sous-entendus d'autres éléments historiques d'époque, par exemple l'enjeu économique et politique du choix de la structure du futur réseau du métro. le scénariste utilise également un peu d'argot parisien : tire-pipe (bouche) chieur d'encre (journaliste), décoller (égorger), manger des briques à la sauce caillou (crever de faim), se caler les joues (bien manger), poleuse (absinthe), descente de lit (fille facile), gouverneur qui file la comète (vagabond sans endroit pour dormir), dessalé (noyé),

Une très belle couverture dynamique qui attire instantanément l'oeil, à la fois pour sa promesse d'aventures pleine d'action et pour la reconstitution historique de Paris. Les auteurs tiennent les promesses de cette image saisissante, tout du long de la bande dessinée, et même bien plus. La narration visuelle de Tiburce Oger est remarquable sur tous les plans, alliant vivacité des séquences spectaculaires et rigueur de la représentation des éléments historiques. L'intrigue repose sur une histoire de vengeance solide et sans pitié, nourrie par l'Histoire, en particulier le sort des Communards par les autorités et par les Parisiens eux-mêmes. Vif et enlevé, implacable et justifié.
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Masse critique, merci à Babélio et aux éditions Soleil pour m'avoir permis de découvrir cet univers graphique et de m'être plongé dans ce Paris du tournant des deux siècles précédents.
Le récit est découpé en plusieurs parties séparées par des fausses "unes" de journaux de l'époque se rapportant néanmoins à des faits divers ayant eu lieu, comme l'incendie de métro de Couronnes et Menilmontant qui a fait 84 morts en 1903. Les héros semblent être les pauvres et les démunis, les rescapés de la répression Versaillaise des journées sanglantes de la commune de Paris en 1871. Ces "Apaches" de Paris, truands en bandes organisées des quartiers pauvres avec leur vocabulaire spécifique, leurs locutions parfois incompréhensibles sont leurs descendants et agissent sous les ordres d'un mystérieux vengeur masqué (chapeauté plus exactement) et nous découvrirons petit à petit son histoire.
Graphiquement, c'est très travaillé en dichromie noire réhaussée de traînées rouge sang, avec beaucoup de détails permettant une immersion dans ce Paris en plein bouleversements techniques et architecturaux. J'avoue avoir eu un peu de mal avec les personnages, l'identification n'étant pas au rendez-vous...
De même, la voix narrative qui éclaire les motivations des protagonistes m'a semblé un peu emphatique.
Clairement, on est dans une fresque sociale dans laquelle la dénonciation des bourgeois, des versaillais, des nantis, est mise en avant, constitue le fil narratif principal.
En fin d'ouvrage, un petit récapitulatif fort intéressant des sources d'inspiration des auteurs pour cette bande dessinée très inspirée de la réalité de l'époque.
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Nous sommes en 1903. Paris se modernise,c'est la période des grands chantiers,la naissance du métropolitain, de la tour Eiffel.
Il y a trente ans que les Communards ont été massacrés, tués ou envoyés au bagne.
Pourtant la violence liee à l'injustice n'est pas morte dans les coeurs. Alors,face à une bourgeoisie arrogante,à la corruption qui galope pour obtenir des marchés juteux,à l'impunité des traîtres et la misère du peuple,un mystérieux personnage décide de faire justice. S'assurant du soutien des " Apaches" moyennant finance,il s'attaque aux notables mais également à d'autres visiblement peu glorieux de leurs actes.
Un peu à la façon d'un Marvel,Philippe Pelaez donne vie à un super héros, voltigeur dans les airs, tout de noir vêtu hormis le foulard rouge qui le masque. Qui est-il ?
Le scénario romanesque s'appuie cependant sur L Histoire avec moult détails bien réels et une volonté d'authenticité allant jusqu'à utiliser le jargon de l'époque, l'état d'esprit des Apaches comme des bourgeois, le racisme ambiant notamment contre les" nègres blancs",à savoir les immigrés bretons, en introduisant des reproductions de la Une des journaux.
Je me suis immédiatement passionnée pour ce mystérieux justicier pensant l'avoir démasqué puis revenant sur mes certitudes! Mon intérêt dépasse cependant l'attraction pour ce héros car la bd est passionnante sur le plan historique et le portrait sans concession des politiciens et notables avides de profit au plus grand mépris du peuple ,frappe par son actualité !
Le graphisme de Tiburge Oger est fouillé,détaillé,précis et très réaliste. Il nous immerge dans les rues de Paris,sa misère et sa splendeur,croque les personnages avec toute la gamme des émotions. le choix du noir parsemé de quelques détails rouges n'est évidemment pas anodin!
J'ai la grande chance d'avoir déjà le deuxième et dernier tome de ce récit puisqu'ils m'ont été offerts par les Éditions Soleil dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée. Grand merci à ces Éditions et à Babelio.
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critiques presse (5)
ActuaBD
12 mai 2022
Tiburce Oger et Philippe Pelaez décrivent une ville qui est loin d’être... lumière : leurs personnages ont des trognes de roman populaire et de polar poisseux, les décors et le contexte historique, particulièrement documentés par les auteurs, présentent une fiction d’une grande crédibilité dans leur représentation [...].
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
04 mai 2022
Pour mettre en images cette oeuvre, Pelaez s'associe à Tiburce Oger. Cette fois-ci, ce dernier n'officie pas comme scénariste, mais seulement en tant que dessinateur. Par contre, quel dessin !!!
Il montre une nouvelle facette de son talent. Il va vous en mettre plein la vue avec ces planches servies par ce lavis gris dont ne ressort que la couleur rouge. Ce mélange apporte beaucoup à l'histoire.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LigneClaire
23 mars 2022
Des drames et des hommes, fiction et réalité, un suspense de beau niveau et Tiburce Oger au zénith. Voilà tout simplement une bonne BD.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
BDGest
03 mars 2022
Lecture immersive et prenante, L’enfer pour Aube allie une écriture inspirée totalement actuelle à une réalisation graphique de haut vol. Une très belle surprise, suite et fin dans le second tome.
Lire la critique sur le site : BDGest
BDZoom
01 mars 2022
Avec ce nouveau diptyque, Philippe Pelaez et Tiburce Oger rendent un bel hommage au récit feuilletonesque d’antan : un polar Belle Époque qui joue volontiers avec les arcanes sociopolitiques des débuts du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait cette foule d’ombres, t’en souviens-tu ? Tous ces visages brunis par la crasse, plissant seulement les yeux quand le soleil des riches, économe de ses bienfaits, daignait lui accorder quelques rayons. J’entends encore le bruit de ces mains jeunes et déjà calleuses qui jouaient souvent du surin, par nécessité ou par bêtise, la lame récitant sa partition sémillante accompagnée de la mélopée gutturale de l’homme qu’on égorge. Ce peuple des bordures avait les clos des vignerons pour horizon, et les barrières d’octroi pour frontières. Je me souviens qu’il s’égayait dans les guinguettes de la courtille, s’étourdissait dans les assommoirs poisseux, et s’émancipait dans les hôtels borgnes. Ce peuple de la zone avait échoué au-delà des fortifications. Il avait bâti une cité riante, t’en souviens-tu ? Un dédale de planches vermoulues et de tôles froissées, aux rues boueuses à peine assez larges pour laisser passer la charrette du chiffonnier, encombrée de rebuts de la capitale. Ce peuple répudié qui avait essayé de reconquérir la ville, et avait tout perdu dans la fraîcheur d’un mois de mai, balayé par les chassepots. À l’heure où l’on s’apprêtait à sacrifier et éventrer Paris, il était temps que Paris se souvienne de ces gueux qui li avaient promis l’abîme pour crépuscule, et l’enfer pour l’aube.
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La coque du ponton gémissait sous les coups de boutoir des chevaux d’écume qui s’élançaient sans relâche, ruant et frappant le bois putride de leurs sabots blancs, t’en souviens-tu ? Nous étions des milliers destinés à devenir des centaines, entassés dans les cales de ces vieux bateaux démâtés et sevrés de voiles. Ils languissaient le large, comme on languit les amours perdus et la vigueur révolue. Nous avions traversé la ville sous les lazzis de la foule. Soulagés, nous avions défilé sous les insultes des bonnes gens exaltés de voir la maudite engeance des barbares enfin à genoux, conduite par les soldats qui décimaient au hasard. Satory nous attendait. Ce n’était ni un camp, ni une prison, c’était l’enfer sur Terre. Nous étions la chienlit qu’on écrase, la flamme qu’on éteint la révolte qu’on piétine. Sur nos paillasses de boue, à Satory, nos nuits de terreur n’étaient troublées que par le fracas des chassepots. On n’y mourait pas, on y agonisait, t’en souviens-tu ? Et pour ceux qui n’avaient pas eu la chance d’y être fusillés, la longue route reprenait vers les pontons et les bagnes lointains. Elle reprenait sous les huées des gens de biens, qui nous promettaient l’abîme pour crépuscule et l’enfer pour l’auber.
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Quelques jours plus tard… À l’ombre des bâtiments cossus, les bonnes gens redoutaient la maladie de la canaille, celle qui infecte le nécessiteux, contamine l’âme oisive, se propage comme la peste dans le corps désœuvré. Elle effrayait les bonnes gens pourtant enrichis et nourris pas cette masse indigente qui avait l’immense tort de vouloir survivre. Ces insolvables avançaient d’un pas mécanique dans la lumière blafarde des matins plâtreux, s’en allaient quémander leur pitance par la seule force du travail qu’on daignait leur accorder. Ils avançaient, ces scrofuleux au teint hâve, à la gorge sèche, inconscients de la terreur qu’ils inspiraient aux bonnes gens. Ils avançaient, fardés de crasse, le visage bouffi par les nuits trop courtes passées à lutter contre la vermine infestant leurs couches pouilleuses. Parce qu’on ne dort pas quand on a la maladie de la canaille. Elle vrille le ventre et taraude l’esprit de ceux qui ont l’angoisse des lendemains incertains. On leur en avait trop fait, trop longtemps, trop durement. Ils avaient décidé de se révolter et de prendre leur destin en mai, donnant ainsi raison aux bonnes gens. Ces mêmes gens qui, faute de courage contre les Uhlans venus de l’Est avaient décidé de partir en croisade contre les insurgés de la misère qui furent massacrés entre les Rameaux et Pentecôte. Nous fûmes la violence, t’en souviens-tu ?
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Ces insolvables, avançant d'un pas mécanique dans la lumière blafarde des matins plâtreux, s'en allaient quémander leur pitance par la seule force du travail qu'on daignait leur accorder.
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Je fais ça parce que des gars comme toi sont incapables de le faire… Parce que vous avez été et vous êtes toujours des marionnettes pitoyables entre les mains des plus malins que vous. Oh bien sûr, tu fais frissonner le bourgeois, mais c’est le bourgeois qui t’a relégué dans ces quartiers de traine-misère, là où tu lui fiches la paix. Il y a quelques années, ici dans Paris, il y en a qui ont osé prendre les armes et se battre pour quelque chose qui en valait la peine, avoir une meilleure vie, remplir le ventre de ses gosses, vivre dignement. Mais pour un homme qui a osé se battre, neuf Luciens se sont débinés au premier Versaillais venu. Je fais ça parce que mon drapeau est rouge de colère et rouge de sang ; le tien est jaune comme ton foie.
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