Jamais, je crois, un livre sur un auteur n'aura aussi peu appris sur cet auteur que le livre d'Overbeck sur
Friedrich Nietzsche. C'est à peine si cet ouvrage n'est pas purement mensonger tant il contient peu de souvenirs à proprement parler : vraiment, Overbeck semble passer plus de temps à tâcher de persuader qu'il fut un ami du philosophe qu'à montrer qu'il est capable de parler de lui en connaissance de cause ! Et ceci ne présume rien du grand savoir que j'aurais de
Nietzsche : j'ignore presque tout de lui en particulier à défaut de son oeuvre, et ce n'est certes pas que je m'attendais à des renseignements très pointus, non, juste de quoi alimenter à titre d'information la peinture d'un caractère, voilà ce que j'escomptais.
Mais Overbeck n'est pas pénétrant, oh non ! c'est tout le drame de ce petit homme un peu idolâtre. Au mieux, il a produit un livre de compliments au milieu duquel il tient le rôle falot de caudataire extrêmement humble (lire l'extrait ci-joint, presque sidérant de tournures lâches et ampoulées, d'ellipses molles et intraduisibles et de contradictions insolubles : on croirait presque, à lire cela, que l'ami Overbeck… détestait son ami ! Je vous mets au défi d'y apprendre la moindre information en tant de mots inutiles !) : c'est aberrant qu'un individu comme Overbeck ait seulement pu être supporté par un autre comme
Nietzsche. Son discours servile est mal conçu, même thématiquement : on veut nous apprendre d'abord ce que n'est pas la philosophie du penseur (ce en quoi je ne suis même pas toujours d'accord), puis on tient à nous indiquer avec moult démonstrations quels hommes
Nietzsche fréquentait physiquement ou intellectuellement (on s'en fiche bien à mon avis !), et enfin tout le génie d'Overbeck tient à l'assurance apparemment paradoxale que
Nietzsche n'a pas toujours été fou et qu'il écrivait en pleine possession de ses facultés au temps de ses publications (sensationnel !). Mais quant à savoir qui était
Nietzsche, quelle sorte de compagnon, de quelle façon il exprimait ses amitiés et ses transports, comment il discourait ailleurs que dans ses livres : ne rien espérer sur ces matières ! On découvre à la fin un peu par voyeurisme le soudain effondrement mental du philosophe, encore que tardivement et avec fort peu d'éléments probants d'observations diagnostiques, et pire : cette hypothèse absurde et comme déloyale qu'une démence peut provenir d'une tendance excessive à… l'introspection !
Il paraît qu'Overbeck fut l'auteur d'essais remarquables, ce dont je doute fort eu égard à sa prose bâtie de minauderies et à son talent minable d'observateur humain ; pour autant, je crois qu'il eût été pire pour moi, quelle que soit mon époque, que de me forcer à consulter ses publications : et c'est de devoir côtoyer comme « ami » un pareil fantôme d'homme !
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