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EAN : 9791091365529
116 pages
Le Realgar (16/05/2018)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Dans « Fragments de la Consolation », le personnage mythique de Neil Armstrong joue le rôle de passeur, de capteur de voix, de langues, de discours, en marge de la Toile mondialisée. Monde fragmenté, parcellaire, tronqué sous et dans le réseau même de sa fausse unicité. Chacun des personnages est dans une difficulté à laquelle il répond non seulement par une parole, une histoire parfois, mais aussi un acte. Chacun d’entre eux est saisi de façon lacunaire, parcellair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Grand merci à Babelio pour son opération « Masse critique » qui m'a permis de recevoir Fragments de la consolation ; aux éditions le Réalgar (j'ai découvert ce mot !), à Stéphane Padovani et à Juliette Lemontey, dont les lignes (écriture pour l'un, peintures pour l'autre) se répondent si bien.

Quel étrange et attachant petit livre ! Qui écoute ? le cosmonaute Neil Armstrong, mort et revenu sur la Lune, à la surface de laquelle il glisse comme un patineur. Qui parle ? Des humains comme lui, qu'il est chargé d'accueillir, de rassurer, de guider vers on ne sait quelle éternité. Chaque fragment - dont la longueur varie d'une quinzaine de pages à un simple paragraphe - porte en tête, en titre, un prénom, à de rares exceptions près : ainsi se faufilent, dans cette liste, un nom de famille et un « on »…

Les personnages s'expriment à la première personne. Parfois ils se parlent, d'un texte à l'autre : Stanis évoque ce qu'il peut faire pour Inga, et Inga repense aux épreuves traversées par Stanislas comme par elle-même : ils sont vieux, séparés, ils s'aiment. Kaminski se souvient soudain de son élève, Pavel, et ce dernier de son maître, Monsieur Kaminski, dont il avait aimé un certain geste « d'une agressivité tranquille ». Birgitt rêve d'une greffe de voix, tellement elle déteste la sienne. Stellan veut l'aider à l'apprivoiser.

La voix humaine apparaît fondamentale dans ce recueil. Depuis la citation d'ouverture jusqu'à cette dernière page, où le même Neil Armstrong définit sa tâche de passeur : « J'attends. J'écoute. Je recueille des fragments. Fragments de la consolation. de nouvelles voix viennent vers moi, de nouvelles âmes à accompagner, à faire migrer» en passant par le récit de Clara, qui reconnaît celle de chacun de ses cinq enfants, déjà devinée alors qu'elle les portait dans son ventre, et celui de Toumani, qui allume la radio entre deux livraisons : « Une voix pareille (…) c'est comme caresser un chat, mâcher une mangue bien mûre, je ne sais pas. Ça me fait penser au son d'un balafon. Tout de suite je suis en érection. Rien à faire. On ne peut pas lutter. »

Beaucoup de ces locuteurs ressemblent cependant à des survivants d'une catastrophe, individuelle ou planétaire. À des fugitifs, à des victimes. Leur langue est pleine de simplicité, de créativité, riche en énumérations et en allitérations. « Tout fond, coule, pisse, flaque, file, vite avalé » se plaint Raddi. Josefine, étiquetée folle, fustige « ces mots qui m'engluent, glacent mon glucose, sortis comme d'un goitre de golden boy. » Mais, déclare-t-elle par ailleurs, « Moi je dis que j'entends des voix et que je les comprends. »

Les peintures de Juliette Lemontey illustrent très bien - trop bien, presque jusqu'au malaise ? - cet aspect fantomatique : dans des camaïeux de beiges et de bleus, elles nous offrent des visages dont les traits semblent avoir existé mais avoir été effacés après coup, d'un mouvement circulaire du pouce ou de l'estompe. Mis à part deux d'entre eux, chez qui le regard, le nez et une ombre de bouche émergent par transparence, ce ne sont que profils perdus, spectres nous faisant face, figures esthétiques et inquiétantes.

Stéphane Padovani, lui aussi, écrit et efface. À nous de relire ses textes, de nous tenir à l'écoute « au bord du bassin flagellé de gouttes, au milieu de l'air chloré brassant des voix éclatées par l'écho ».
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Cet ouvrage est constitué de fragments, c'est-à-dire de textes courts ou très courts, pas forcément en liaison les uns avec les autres. Ils ont pour point commun de traiter du combat de personnes face à l'adversité, au conflit ou au malheur. Les textes, très bien écrits, sont tout à fait compréhensibles malgré leur brièveté par un choix de mots, d'indices et de situations tout à fait pertinent. La lecture d'un fragment laisse aussi suffisamment de place à l'imagination: il est très facile de se représenter la situation vécue par le personnage et son contexte. Les dessins (portraits sans visages) qui s'intercalent entre les fragments sont tout à fait appropriés au thème et sont un vrai plus pour l'ouvrage. Ainsi, chacun peut se représenter plus facilement une scène en associant portrait sans visage et fragment. Une très belle découverte, qui mérite le détour.
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Il était une fois Neil Armstrong, la première partie du récit est un résumé très poétique de la vie de l'astronaute qui a fait rêver toute une génération.
« Un Ulysse jamais revenu à Ithaque » belle définition donnée par l'auteur et qui se retrouve parfaitement dans les biographies et dans le film « First Man : le Premier Homme sur la Lune », drame biographique dédié à Armstrong qui vient de sortir en France et sera encore plus intéressant à voir après la lecture de « Fragments de la consolation », ce petit livre de 114 pages intelligent et captivant est accompagné par les dessins de Juliette Lemontey qui sont parfaits pour les portraits en mots que l'oeuvre de Stéphane Padovani illustre.
Notre astronaute se transforme en passeur pour conduire et supporter les âmes, ainsi commencent les fragments, les brèves histoires d'hommes et de femmes si différents et toutes et tous liés par les rêves, les envies les deceptions.
Ce roman me fait penser à Spoon River de
Edgar Lee Masters.
Une lecture agréable à conseiller.

Merci aux éditions le Réalgar et à Babelio pour cette découverte

Lien : https://blog.lhorizonetlinfi..
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