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François Gaudry (Traducteur)
EAN : 9782864244745
111 pages
Editions Métailié (22/08/2003)
3.7/5   56 notes
Résumé :
Le 11 septembre 1973, Pinochet prend le pouvoir au Chili, avec l'aide de la CIA, en assassinant la démocratie et des milliers de citoyens de ce pays. Le président de la République, Salvador Allende, meurt dans le palais de La Moneda bombardé et une répression sanglante s'abat sur le pays. Luis Sepúlveda en fut victime, comme tant d'autres Chiliens. Le 16 octobre 1998, Pinochet est arrêté en Angleterre à la demande du juge espagnol Baltasar Garzón, puis remis au Ch... >Voir plus
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Le 16 octobre 2018, Augusto Pinochet est arrêté à Londres, sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par le juge d'instruction espagnol Baltasar Garzón.

En mars 2000, après une sage juridico-politique épique, l'ex-dictateur est extradé vers le Chili, où il ne sera finalement jamais jugé en raison de son état de démence, peut-être feint.

Ce livre rassemble une vingtaine d'articles et chroniques écrites entre ces deux dates pour différents journaux européens, par Luis Sepúlveda, l'un des très proches de Salvador Allende, et qui fut emprisonné, torturé puis exilé après le coup d'Etat de 1973.

Dans ces textes politiques, il s'insurge violemment contre les crimes de Pinochet et de sa clique de tortionnaires, contre l'hypocrisie des dirigeants du Chili dont pas un ne condamne fermement la dictature ou se réjouit de l'arrestation de l'ex-dictateur. Près de 30 ans après le coup d'Etat, le pays est toujours divisé entre les vainqueurs et les vaincus, les premiers plaidant l'amnistie et la réconciliation « pour pouvoir aller de l'avant », sans prendre conscience que cela signifierait pour les seconds la négation ignoble de tous les crimes commis pendant la dictature.

Des textes coups de gueule également, contre les Etats-Unis et la CIA qui ont fomenté le coup d'Etat, contre le FMI et ses politiques d'austérité qui étranglent la population, le tout dans l'unique but de promouvoir un système économique ultra-libéral et faire barrage à tout ce qui ressemble de près ou de loin à la gauche et au spectre de la nationalisation.

Mais ces textes sont aussi mémoriels, des hommages aux résistants, morts ou survivants, pour ne pas les bafouer une nouvelle fois en laissant impunis tous les crimes de la dictature. « Ni oubli, ni pardon », tel est le cri de ralliement de ces femmes et ces hommes, et le leitmotiv de ces textes un peu redondants, mais dans lesquels l'auteur a su transmettre toute sa révolte contre l'injustice, son intransigeance radicale envers le tyran, mais aussi tout son amour et son espoir pour le Chili, la fierté des résistants, et la solidarité et la convivialité avec ses frères humains.
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Retranscription de 22 articles engagés du poète chilien sur Pinochet. Lui-même a été emprisonné, torturé et exilé. Certains passages sont très politiques, d'autres terribles avec les horreurs du dictateur. On y sent surtout la profonde tristesse et révolte pour ses amis et proches assassinés qui se sont battus pour la liberté.
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Le 11 septembre 2001 : on a retenu cette date pour les attentats américains mais qui se souvient du 11 septembre 1973 ? Date gravée à jamais dans la mémoire chilienne, jour du coup d'Etat mené par Pinochet avec la complicité de la CIA, entraînant le terme de la présidence d'Allende.

"Raconter, c'est résister". Cette citation de l'écrivain brésilien Guimaraes Rosa sur laquelle s'appuie Luis Sepulveda résume le ton adopté par l'auteur chilien dans ce livre nous délivrant son terrible sentiment d'injustice sur la personnalité de Pinochet.

L'opportunité de « célébrer » le 30ème anniversaire du putsch permet à Luis Sepulveda de rassembler dans ce livre 21 articles journalistiques publiés auprès de la presse européenne et sud américaine sur la période 1998-2002.

Il y est question d'indignations et de résistances : résistance face aux duplicités des politiciens nationaux (droite chilienne) et internationaux (notamment Kissinger, Nixon, CIA) pendant la période où Pinochet était à la tête du pays et sur l'amnésie sur le bilan de la politique du tyran.

Résumé non exhaustif de la pluie de dénonciations versées sur le régime dictatorial par l'écrivain chilien :

- les actions menées contre les opposants (résistants socialistes, communistes, chrétiens de gauche, front patriotique) à la politique à l'intérieur et à l'extérieur des frontières : disparitions (estimées à 4000 voir le rapport Rettig), massacres, kidnappings, tortures (autour de 35 000), condamnations à l'exil, incitations à la délation, censures de la presse

- le chaos social : perte des droits syndicaux (un rassemblement de plus de 3 personnes était considéré comme délit de subversion), régression sociale,

- le pouvoir de l'armée : 15% du budget de la nation consacré à l'armée destiné à faire mourir ses propres citoyens

- les modèles économiques imposés par le FMI et la Banque Mondiale sur 2 pays « cobayes » sud américains : Argentine (mise en cause du triumvirat Alfonsin, Menem, de la Rua plus nocif que Ben Laden responsables de la mort de 30 000 personnes en imposant un modèle économique injuste) et Chili

- les passe-droits de Pinochet lui permettant d'échapper à toute justice grâce à la possession d'un poste de sénateur à vie, à la détention d'un passeport diplomatique

- les bilans de santé des experts médicaux qui ont permis de mettre en suspens les actions des juges espagnol Garzon et chilien Guzman.

En effet, le juge Garzon réclame l'extradition du dictateur pour crimes et tortures en 1988 imposant 503 jours d'assignation à résidence à Londres. Pinochet ayant une santé précaire selon les experts, il est déclaré inapte à comparaître devant le tribunal et il est autorisé à retourner au Chili.

En 2000, Pinochet perd l'immunité parlementaire en tant que sénateur à vie. 200 plaintes pour violation des droits de l'homme permettent au juge Guzman d'ordonner une arrestation du Général. En 2002, Pinochet échappe au procès grâce au non lieu prononcé par la Cour Suprême alléguant une démence modérée de Pinochet.

Gardez le parapluie ouvert si les baleines ne sont pas noyées sinon changez le car Luis Sepulveda a fait sienne la devise de Monte Christo : ni oubli, ni pardon.
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Ce livre est un recueil d'articles et de chroniques parus dans divers journaux européens entre 1998 et 2002. Cela recouvre l'époque où Pinochet fut arrêté à Londres puis revint au Chili en toute impunité. L'auteur était alors exilé en Allemagne puis en Espagne après avoir subi les affres des geôles de la dictature. Il nous fait part ici de l'espoir initial immense de voir juger le dictateur tortionnaire et de la déception qui s'ensuivit après son retour impuni au Chili. Ce pays reste marqué durablement par la dictature, les événements d'aujourd'hui nous le prouvent encore. Quant à Sepúlveda, s'il y revint plus tard, il n'y resta pas, ne pouvant supporter l'impunité des félons. Dans ces pages il nous prouve, ligne après ligne, qu'il est un homme au grand coeur. Avec cette qualité rare : un humour plein de tendresse pour ses frères humains.
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Ce petit volume d'articles de journaux a été publié en France, en Grèce, en Italie et au Portugal en 2003, triste anniversaire du coup d'Etat d'Augusto Pinochet et du renversement de Salvador Allende en 1973 (c'était aussi un 11 septembre…). Luis Sepulveda était étudiant, il avait accompagné l'espoir de renaissance apporté par Allende au Chili et il a subi lui-même la torture et l'exil après l'accession au pouvoir du dictateur. Il vit toujours en Espagne.

Quand il apprend l'arrestation de Pinochet en 1998, grâce à la ténacité du juge espagnol Garzon, Luis Sepulveda éprouve une grande joie et se met donc à observer les événements et à écrire cette série d'articles publiés un peu partout en Europe. Dès l'annonce de l'arrestation de Pinochet, le gouvernement chilien en place comme l'opposition sont très prudents et ne semblent absolument pas souhaiter l'extradition : il faut savoir qu'avant de se faire arrêter, Pinochet est resté commandant en chef des armées jusqu'en 1998, il avait réussi à se faire élire sénateur de droit à vie et à faire voter une série de lois qui protégeaient les anciens collaborateurs de la dictature. Avant qu'il ne soit remis au Chili parce que déclaré fou (vous vous souvenez de cette image de Pinochet se levant de sa chaise roulante dès sa sortie d'avion ?), Luis Sepulveda critique la mollesse des dirigeants chiliens, gauche et droite confondues, qui aimeraient tant voir amnistier tous les crimes commis pendant la dictature alors que les victimes et leurs descendants crient pour obtenir une justice équitable.Au nom de cette équité, l'écrivain réclame un procès respectueux du droit pour Pinochet. Il critique violemment les exigences imposées par le FMI au Chiliet à l'Argentine. Surtout – ce sont les articles les plus touchants à mon avis – il évoque les amis, les parents, les militants socialistes qui ont subi la torture, la mort, la disparition des corps, le cruel silence des autorités, il raconte comment il est retourné au Chili avec son propre fils, il dit la nécessité de la parole et de l'écriture.

C'est une lecture un peu difficile parfois (j'avoue que je n'ai pas toujours saisi les subtilités des partis chiliens actuels), âpre souvent (« ni pardon ni oubli » scande l'écrivain au long des pages), touchante évidemment. Ce n'est qu'en écrivant ce billet que je me rends compte que cette année 1998 n'est pas si éloignée de nous… vingt ans seulement nous séparent de la chute du dictateur. Il est mort en 2006, sans jamais avoir été jugé pour ses crimes.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Et s'ils nous manquent, ce n'est pas à cause d'un accident, d'un piège du hasard ou du dessein de quelque dieu offensé. Ils nous manquent parce qu'ils ont osé proposer une existence meilleure que celle du troupeau. Ils nous manquent parce qu'ils ont dit que le pain était pour tous ou pour personne. Ils nous manquent parce qu'ils ont allumé des lumières dans l'obscurité, fortes ou faibles, peu importe, mais dont les éclats continuent de nous éclairer. Ils nous manquent parce que dans la pénombre de la pièce ils se sont approchés du lit des enfants, les ont caressés, ont laissé sur leurs fronts l'étoile d'un bon sommeil, et lorsqu'ils sont sortis pour passer à l'action, ils l'ont fait en sachant tout ce qu'ils avaient à perdre, et pourtant ils ont agi avec la décision de ceux qui ont la raison avec eux.
Quand on les a arrêtés, quand ils ont commencé à nous manquer, des témoins qui n'avaient rien vu ont murmuré : « Ils ont dû faire quelque chose, ce n'est pas pour rien qu'on les arrête », et ils avaient raison, parce que ceux qui nous manquent avaient fait beaucoup plus que cela : ils avaient rêvé qu'il était possible de vivre debout. Ils avaient rêvé que le bonheur de tous était possible. Ils avaient rêvé d'édifier une loi juste, et que nous serions tous égaux devant elle. Et ils avaient osé faire des rêves une réalité, parce que ceux qui nous manquent avaient atteint, sans vanité ni simagrées, la dimension supérieure de l'être humain, et c'est pour cela qu'ils nous manquent : parce qu'ils étaient des révolutionnaires.
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Voilà pourquoi j'écris , par besoin de résister à l'empire de l'unidimensionnel , à la négation des valeurs qui ont humanisé la vie et qui s'appellent fraternité , solidarité , sens de la justice . J'écris pour résister à l'imposture , à l'escroquerie d'un système social auquel je ne crois pas , car il n'est pas vrai que ce qu'on appelle globalisation nous rapproche et permette à tous les habitants de la planète de se connaître , s'entendre et se comprendre .
Je partage pleinement la définition de notre époque donnée par Saramago : l'affrontement entre globalisation et droits de l'homme , et j'écris donc pour résister au nom de ces droits sacrés et inaliénables , qui ne peuvent pas être manipulés ,administrés ou mutilés par le Fonds monétaire international et la banque Mondiale .
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La réponse ne se fit pas attendre, se traduisant par l’assassinat de onze personnes qui, comme le chantait Víctor Jara, « moururent sans savoir pourquoi, en hurlant pour le droit à vivre sur une terre »...
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Il n'est pas exagéré d'affirmer qu'une bonne partie du destin du Chili se joue en ce moment à Londres, car le destin, ce concept qui peut être synonyme d'avenir, est étroitement lie à la compréhension du passé afin de pouvoir le surmonter.
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J'écris parce que je crois à la force militante des mots.je n'ai jamais été ni ne serai un homme de convictions religieuses parce que elles heurtent mes convictions morales, mais je garde du christianisme la formidable affirmation "Au commencement était le verbe", vérité jamais théologique mais grammaticale, car le mot est en soi un acte de fondation et que les choses existent à force de les nommer.
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