Barcelone, 31 décembre. En ce réveillon de la Saint-Sylvestre, Amalia, 65 ans va recevoir à sa table toute sa petite famille. Il y a évidemment ses trois enfants Sylvia qui viendra cette année sans son norvégien de mari, Emma qui sera accompagnée de d'Olga sa compagne et Fernando ou « Fer » pour les intimes lui qui viendra seul et le frère d'Amalia, Eduardo tout droit venu du Portugal. N'oublions pas Shirley et Max, les chiens d'Amalia et de Fer. A cette table qui comptera six personnes, sera dressé un septième couvert pour les absents de la famille, ceux qui ont disparu et dont on souhaiterait la présence.
Fer, notre narrateur va nous livrer tout de cette soirée pleine de surprises. Mais pour comprendre cette soirée, les raisons des non-dits qui sont légions dans cette famille comme dans beaucoup d'autres, Fer nous livrera aussi des éléments du passé de cette famille, des éléments qui mis bout à bout nous permettront de les comprendre.
J'ai aimé ces personnages hauts en couleur, qui dissimulent leurs blessures comme ils le peuvent, chacun à sa manière.
Pour Amalia, notre mère de famille, fraîchement divorcée, farfelue qui s'affranchit de son ancienne vie avec quelques difficultés, qui ne sait pas trop comment elle doit gérer cette émancipation et qui du coup, fait un peu n'importe quoi tel un tout jeune adulte qui céderait à tout ce que lui offre sa liberté tout juste acquise avec parfois un manque de discernement. Malgré sa folie, son étourderie, sa propension à détourner les conversations, Amalia n'en est pas moins
une mère aimante, qui tente tant bien que mal d'épauler sa progéniture, de la protéger.
J'ai aimé aussi Sylvia, la fille aînée d'Amalia, qui sous ses airs de femme aussi frigide que rigide dissimule des plaies qu'elle a un mal certain à panser.
Emma, la plus discrète s'est reconstruite comme elle l'a pu après que ce soit produit l'inimaginable dans sa vie de jeune adulte. Cette reconstruction, elle la doit à Olga sa compagne qui sert invariablement à tout le monde des « Absolument » mais aussi à sa famille, aux siens qui malgré leurs défauts et l'apparente nonchalance de certains de ses membres a fait ce qu'il faut pour la sortir de sa léthargie.
Que dire de Fernando qui narre l'histoire de sa famille comme si c'était le seul à ne pas souffrir, le seul qui semble n'avoir rien à dissimuler, mais qui porte sur ses épaules les malheurs de sa famille pour mieux oublier les siens.
Et comment oublier l'oncle Eduardo, cet égocentrique de première qui ne semble avoir pour seul passe-temps que de fanfaronner. Mais n'est-ce pas là une autre manière de se protéger de ce qui le tourmente, de ce qu'il n'a pas accompli et ne pense plus pouvoir accomplir.
L'auteur évoque d'ailleurs tout au long du livre la face A et la face B de chacun des protagonistes.
J'ai aimé cette comédie déjantée, loufoque à souhait avec cette extravagance qui pourtant souvent me rebute. C'est une comédie tendre, tout en finesse dont on se délecte.
«
Une mère » d'
Alejandro Palomas nous fait prendre conscience qu'aucune famille n'est parfaite, que chacune porte sur ses épaules le poids d'un passé parfois trop lourd, fait face comme elle le peut à la vie, à ses imprévus avec les moyens dont elle dispose qu'ils soient d'ordre intellectuel, financier qui dépendent aussi du caractère de chacun, du vécu de chacun et de la perception des choses qui diffère d'un individu à l'autre.
«
Une mère » c'est Amalia mais c'est aussi toutes les mères du monde aussi différentes soient-elles.
Je vous laisse avec cette phrase de l'auteur qui m'a profondément touchée :
« Tu n'as pas idée de la quantité de pères et de mères qui se sacrifient quotidiennement pour leurs enfants, en véritable héros anonymes. »
Et j'oubliais, bon appétit !
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