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sur 305 notes
"Une mère" est le premier roman d'Alejandro Palomas publié en France. C'est l'histoire d'une famille barcelonaise d'aujourd'hui. Le père, inconséquent et instable a déserté. Mais personne ne le regrette et surtout pas sa femme qui se désole seulement d'avoir choisi un tel géniteur pour ses trois enfants.
Nous sommes au soir de la Saint-Sylvestre et Fer, le narrateur, fils adulte célibataire, lui aussi abandonné par son compagnon, aide sa mère Amalia dans les préparatifs d'une soirée qui se veut festive et familiale, regroupant autour d'Amalia et Fer les deux soeurs, l'oncle Eduardo plus une chaise vide dont on comprendra le pourquoi en cours de lecture. Tandis que mère et fils s'activent en attendant le reste des convives, Fer laisse émerger les souvenirs en évoquant les hauts et les bas du passé de chacun.
Je m'attendais à "une comédie familiale déjantée et touchante", mais c'est de la souffrance et des drames qui ont marqué les caractères et rendent les relations difficiles et même conflictuelles, au sein de cette tribu.
Fer est plein de tendresse pour cette mère aimante mais irréfléchie, gaffeuse, fofolle, maladroite qui cependant, malgré ses défauts et ses erreurs, saura trouver le remède pour aider sa fille Emma en grande souffrance psychique.
A l'issue de cette lecture dont je me garde de dévoiler les secrets et les épreuves, j'ai une impression un peu confuse car je situe assez mal l'esprit du roman, entre rire et larmes, entre humour et satire. Et puis, une telle mère, si chère au narrateur, si agaçante pour moi, m'aurait été vraiment insupportable ; c'est d'ailleurs un peu le sentiment de Silvia la soeur aînée, la plus sensée de la famille.
Merci à Babelio et aux éditions cherche-midi pour ce moment divertissant mais assez éloigné de mes thèmes favoris.
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Pour le réveillon du 31 décembre, Amalia se réjouit de réunir son fils Fernando et ses filles Sylvia et Emma. Il y aura aussi Olga, la compagne d'Emma, et Eduardo, le frère d'Amalia. Et aussi un septième couvert pour tous les absents. Amalia, récemment divorcée, maladroite et handicapée par une mauvaise vue, n'en est pas moins vive, épanouie et étrangement lucide. « J'ai la sensation que nous allons avoir plus d'une surprise, ce soir. » (p. 31) Autour de la table, ils sont tous très différents et ils semblent même irréconciliables. Et pourtant, au cours de la dernière soirée de l'année, bien des choses seront dites pour expliquer, absoudre et comprendre. « Pourquoi, dans cette famille, on ne dit jamais les choses vraiment importantes ? » (p. 37) Ce réveillon mal engagé est finalement l'occasion de faire table rase du passé pour accueillir l'avenir d'un pied plus ferme.

Ils sont tous un peu frappadingues : ni méchants, ni innocents, ils sont tous marqués par la vie et font face de leur mieux. Dans cette famille, il y a peu d'amours heureuses et durables. Chacun fait face à sa solitude et tente de guérir des plaies qu'il porte au coeur, tout en suivant une trajectoire plus ou moins douloureuse. Apprendre à pardonner et à se pardonner, à accepter l'autre tel qu'il est, ça demande une force que seule une mère peut apprendre et transmettre. Amalia est la colonne vertébrale de cette famille d'éclopés du coeur. Comme le dit la première de couverture, il y a du Almodovar là-dedans, entre scènes déjantées et émotions profondes. L'amour est souvent mal dit, en dépit des liens très forts qui unissent les membres de cette famille : chacun sait cependant pouvoir trouver un soutien auprès des siens. Et de l'aide au sauvetage, il n'y a qu'un pas que tous sont prêts à franchir d'un bond. « Je viens chaque année avec le désir secret que vous me demandiez de rester, parce que je n'ose pas vous demander si je vous manque. Par peur de la réponse. » (p. 285) Les chers absents sont toujours là, pour peu qu'on ne leur laisse que la place qu'ils méritent et pas davantage.

La narration se partage entre la soirée du réveillon proprement dite et de nombreux épisodes du passé qui expliquent la trajectoire et les décisions des protagonistes. Les personnages les plus insupportables deviennent alors très attachants et il est impossible de ne pas développer une douce compassion envers cette famille qui, comme toutes les familles du monde, a connu son lot de joies et de malheurs. « Quelques lueurs et beaucoup de zones d'ombre. Une expression qui nous est chère, dans la famille. » (p. 26) Les trois enfants sont adultes, mais ils se posent toujours de nombreuses questions sur leur père et leur mère, tandis que cette dernière s'émancipe sous l'oeil un peu réprobateur de ses rejetons. Tous doivent trouver un nouveau mode de relation, une nouvelle façon d'être mère, fils, fille, frère et soeur. Ce n'est pas simple de refonder sa propre famille. « Je te dirai que j'aime m'asseoir ici, à cette table, et constater qu'il reste encore quelqu'un qui m'attend tous les ans malgré les années. Que ça m'aide à vivre, à continuer, parce que depuis la mort de grand-père et de grand-mère, je n'ai jamais pu me faire à l'état d'orphelin et je crains que ce soit un peu tard pour apprendre. » (p. 284)

Ce premier roman est une belle réussite, très touchant et intelligent. Il interroge sur les relations familiales, sans juger ni imposer une vision catégorique. Chaque famille est heureuse à sa façon et il serait vain de vouloir appliquer une unique recette du bonheur.
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Un livre prenant et à dévorer grâce à sa drôlerie et ses émotions. On s'attend à en prendre pleins les mirettes en lisant ce livre qui décrit une soirée de réveillon en famille mais on est très vite touchés par la profonde psychologie qui en sert toute l'histoire où chacun a eu son lot de chagrins et de reproches tout en restant attaché à sa famille, à sa mère et aux autres membres. Une jolie lecture.
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Pour ce repas de fête de Saint-Sylvestre, une famille (mais quelle famille ! ) de Barcelone se réunit chez Amalia, la mère.

Autour de la table :
- le fils Fernando (le narrateur),
- la fille aînée Silvia,
- la cadette Emma,
- Olga, la compagne d'Emma,
- l'Oncle Eduardo, le frère d'Amalia,
- l'Absent (dont on découvrira l'identité en cours de lecture),
- Max et Shirley, les chiens
- (par téléphone) l'amie déjantée de la mère , Ingrid.

Au cours de cette soirée, nous allons faire connaissance avec tous les membres de cette famille, leurs failles, leurs forces, leur personnalité. Nous allons "analyser" leurs relations, leur évolution au travers du regard de Fernando, qui au fil de cette soirée va aussi mieux se comprendre et faire le point sur l'homme qu'il est.

On sait d'emblée que c'est une famille qui n'a pas pour habitude de se parler, on tait ses problèmes, on "fait avec".
Mine de rien, cependant, on va découvrir , que malgré ses airs foldingues, Amalia , la mère les connait mieux que les autres ne l'imaginent. Ce réveillon sera comme une page tournée, un nouveau chapitre de leur vie qui va s'écrire en même temps que l'année nouvelle.


Un beau roman, plein de rires, de poésie, de petits bonheurs, de malheurs aussi : la vie quoi ! Une belle écriture, jamais ennuyeuse et aisée à lire.

Et j'ai justement terminé ce livre ce 31 décembre 2020, juste avant le réveillon "confiné" dans notre bulle (en Belgique).
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C'est une histoire toute simple, une histoire banale, du quotidien : une mère reçoit ses enfants adultes pour le réveillon du nouvel an.
Et pourtant, dans ce huis-clos faisant la part belle aux flashbacks, c'est la vie dans toute sa vérité qui nous est contée. Chacun arrive avec ses bagages, chargés de joies, désillusions, drames et espérances, et on s'identifie à ces gens et à la relation qui les unit, si forte et compliquée à la fois.
Les personnages sont criants de réalisme, l'histoire fluide, la philosophie simple et allant droit au coeur. J'ai particulièrement aimé le concept de la "face B", que nous possédons tous même si nous la montrons bien moins volontiers que notre rutilante "face A".
La mère éponyme, Amalia, avec son si beau prénom et son délicieux côté excentrique, enchante cet ouvrage de sa lumineuse présence, agaçant sa progéniture mais s'avérant leur roc envers et contre tout.
Une lecture plaisante.
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J'ai ouvert ce livre sans avoir lu le résumé, mais la première ligne de la 4ème de couverture m'a suffi pour avoir envie d'en découvrir un peu plus. Ensuite la phrase en tête du premier chapitre m'a convaincue. C'est une phrase tirée du film The Hours d'après le roman de Michael Cunningham et prononcée par Virginia Woolf "On ne peut pas trouver la paix en évitant la vie, Léonard", The Hours est l'un de mes films coups de coeur. Dès les premières lignes de ce roman, j'ai su que j'allais aimer Amalia et son côté loufoque, ses réparties improbables et son humanité à fleur de peau. Je crois que ça faisait vraiment très longtemps que je n'avais pas autant ri (évitez de lire ce roman dans des endroits publics ou dans les transports en commun si vous ne voulez pas passer pour un fou ou une folle…). Tout au long de cette chronique familiale tendre et pleine d'humour, on passe continuellement du rire aux larmes grâce aux dialogues et aux personnages. Entre "Femmes au bord de la crise de nerfs" et "Tout sur ma mère", ce roman m'a fait penser à l'univers de Pedro Almodovar avec ses femmes fortes, ses personnages border line, hauts en couleurs, plein de tendresse et de failles qui nous ramènent à nos propres questionnements. Comment ne pas aimer Amalia et sa façon de mener sa barque sans y toucher ? Son sens de la répartie, sa justesse dans les sentiments malgré ce côté lunaire qu'elle cultive et son amour immense pour les gens, pas seulement pour ces enfants ou sa famille, mais pour le gamin au coin de la rue ou ses voisines. On peut penser qu'elle voit la vie avec des oeillères et qu'elle vit au pays des Bisounours mais ça n'est pas si simple… Amalia a comme un trop plein d'amour qui transpire tout au long du livre. Elle trace son chemin, avec une volonté de fer pour apporter son aide à tous ceux qui en ont besoin et tant pis si ces derniers n'ont rien demandé.

Les principaux points forts de ce livre sont les personnages et la façon dont l'auteur les a travaillés. D'un premier abord ils pourraient passer pour des caricatures avec la soeur névrosée, l'oncle célibataire coureur de jupon, le fils solitaire, la copine Ingrid complètement à l'ouest… mais c'est tout sauf ça ! Ces personnages se dévoilent tout en finesse, en demi-teintes, par petites touches qui apparaissent au fil des pages.

Le style est particulièrement vivant et dynamique grâce aux dialogues très présents. Les sorties d'Amalia quand elle veut changer de sujet sont à mourir de rire... et j'ai beaucoup ri en lisant ce livre. Pourtant ce n'est pas un livre humoristique, loin de là car les personnages sont cabossés, malheureux même s'ils cachent bien leur jeu et que personne n'est vraiment dupe… Il y a une telle humanité et tellement de tendresse dans ce livre qu'il est difficile de ne pas s'attacher à Amalia, Emma, Silvia, Fernando, Olga, Eduardo. C'est un livre qui fait du bien et qui vraiment m'a enchanté du début à la fin. Je laisserai pour finir la parole à Amalia "Vous savez quoi ? Vous le croirez ou non, mais hier je m'ennuyais tellement que j'ai pris un Efferalgan vitaminé."

Je remercie Babelio et les éditions du Cherche Midi pour cette belle découverte.
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C'est le 31 décembre. Amalia s'apprête à recevoir ses trois enfants et son frère pour passer le cap de la nouvelle année. Fer(nando) est déjà là, Silvia ne va pas tarder, Emma viendra avec Olga, sa compagne et Eduardo... qui sait?

C'est avec des réminiscences d'un Air de Famille de Klapisch que je suis entrée dans cette lecture. Par certains côtés, on peut retrouver des similitudes. D'abord dans le synopsis et son amplitude temporelle: tout commence et tout finit dans les mêmes 24h (et même moins). Ensuite, dans le fait que tous les membres d'une même famille sont rassemblés pour partager un moment, avec plus ou moins de bonheur et d'envie, et puis, il y a "la pièce rapportée", celle qui se demande par moment comment elle a échoué là. Enfin, c'est bourré d'humour tendre, de non-dits, de vérités pas toujours bonnes à dire, de faux-semblants... et de beaucoup, beaucoup d'amour.

Le premier roman paru en français de l'auteur est un petit condensé de vie dans lequel tout le monde pourra se reconnaître sur l'un ou l'autre aspect. Ca brasse large: l'homosexualité, le couple, la solitude, la capacité à se dire les choses... ou pas, la parentalité, le rapport au père. Bref, toutes ces millions de petites choses qui font la vie et la famille. Ces moments où l'on se sent comme arrivés chez soi, alors qu'à d'autre l'on voudrait s'enfuir; ces instants où l'on est totalement connecté avec ceux qui nous ont vu grandir, alors que parfois on se sent étrangers...

Et puis il y a la mère, la maman, ce petit bout de femme qui nous a mis au monde, qui nous a portés à bout de bras, qui nous a laissés partir; à qui on ne pardonne rien alors qu'on voudrait tout pardonner, avec qui le dialogue passe parfois mal alors qu'on voudrait tout lui raconter, qui n'a l'air de rien comprendre à rien alors qu'elle a juste tout compris, depuis longtemps. Comme un phare dans la tempête, comme le morceau de sucre dans un café corsé, comme un sourire au milieu des larmes...
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Une mère, et pas n'importe laquelle ! Amalia combine tous les excès. Elle perd (ou fait semblant de perdre) la mémoire, se trompe tout le temps, n'a aucune culture, fait des gestes brusques qui génèrent des catastrophes, et sa vue baisse terriblement. Mais cet excès embrasse aussi un amour infini pour ses enfants, Fernando (Fer), Sylvia et Emma, et une vision à dix dixièmes de leurs tourments affectifs. Débutant comme une comédie burlesque des joies et vicissitudes de la vie en famille, doté d'un humour ravageur, ce roman singulier tourne assez rapidement à une analyse en profondeur, quasiment philosophique, du rapport à l'autre et à soi-même, dans une langue empreinte de poésie (merci à la traductrice). Une belle réussite…
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Un roman plein d'amour (maternel mais pas que) et de vie. J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre et à entrer dans cette famille dont la mère « fantasque » en est le ciment.
J'ai également bien aimé le style d'écriture (mais il faut un temps d'adaptation aux différents aller-retours dans le temps présents dans le récit qui ne sont pas forcément bien explicites).
Un auteur à découvrir.
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Livre lu dans le cadre de Masse Critique. J'en remercie Babelio et les Éditions du Cherche-Midi.

Une mère... Et quelle mère! Et une famille pour le moins ... originale.

Un 31 décembre, dans la Barcelone actuelle. Une mère et son fils, le narrateur, préparent le réveillon, entre impatience et anxiété. Toute la famille va se retrouver réunie au complet pour la première fois depuis un certain nombre d'années.
Il y a donc Amalia, la mère. Fernando, le fils. Ses soeurs, Sylvia et Emma. Olga, la compagne d'Emma. L'oncle Eduardo, frère adoré d'Amalia. Et un septième couvert, celui des absents. Notamment la grand-mère dont la figure tutélaire et les aphorismes reviendront au fil du roman.

Alejandro Paloma fait naviguer son récit entre le moment présent et des flashbacks qui nous permettent d'en apprendre plus sur cette famille. Car chacun arrive avec des nouvelles à annoncer mais également des plaies à des stades de cicatrisation plus ou moins avancés.
Et au milieu de tout ce petit monde déjà survolté, tourne et babille et déraisonne Amalia, sexagénaire divorcée d'un homme tyrannique et escroc notoire. Une mère aussi attachante qu'horripilante, pleine de fantaisie et d'imprudence, parlant à tort et à travers plutôt qu'endurer le silence. Fatigante et excentrique, tout dans l'excessif. Et pourtant sa vision des choses concernant ses enfants étonnent de lucidité et tapent dans le mille quand le besoin se fait sentir. Une mère...

J'ai beaucoup apprécié de découvrir cet auteur espagnol. Sa prose (merci la traduction) est très agréable à lire, mêlant la cocasserie à un ton plus souvent mélancolique. Il dresse une galerie de personnages principaux hors du commun, sachant nous les rendre attachants. Très vite, on sent les drames et incidents que la vie a parsemé chez chacun et je me suis sentie une grande envie, chapitre après chapitre, d'en découvrir plus sur eux (avec néanmoins une irrépressible tentation de zigouiller Amalia de temps à autre).

Alejandro Paloma a mis beaucoup de coeur et d'émotions dans ce récit d'un réveillon. On n'en ressort pas indemne, personnages comme lecteurs car il s'agit d'un apprentissage perpétuel: celui de vivre, et de continuer à le faire en dépit des embûches sur le chemin. Il aborde le problème de la communication en famille. Comment évoquer ce qui importe? Comment mettre en mots les douleurs, les sentiments, etc?. Autant de questions auxquelles on se retrouve tous confronté à un moment ou un autre.

La couverture parle de comédie familiale déjantée dans le style d'Almodovar. Par certains côtés sans doute. Je préfère y voir une tranche de vie de famille à la sauce Paloma. le ton se place plus dans le doux-amer que dans la franche rigolade. Même si les caractères semblent exacerbés voire caricaturaux par moment, les retours en arrière et les explications distillées au fur et à mesure que cette dernière nuit de l'année avance permettent de rééquilibrer l'aspect par trop excessif.

En tout cas, une très belle découverte, une lecture agréable et qui donne à réfléchir sur ses propres liens de famille. Je ne puis que vous inviter à pousser la porte de ce petit deux-pièces plein de vie et d'émotions.
PS: les chiens sont très très accueillants...
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