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EAN : 9782940584291
208 pages
Salamandre (05/10/2017)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Comment séduire ? La question nous occupe tout au long de notre vie. Mais sommes-nous les seuls à avoir des réponses ? La nature détient elle aussi une variété inouïe de solution.
Cet essai unique en son genre mobilise les sciences naturelles et humaines pour mettre en lumière notre part d'inné et de libre arbitre dans la séduction. Pour choisir votre conjoint, vous êtes plutôt mouche, qui mise tout sur le physique, ou poisson-globe, sensible à l'habileté et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai voulu, par ce livre, renouer avec mes lectures de l'hiver dernier traitant l'amour selon la génétique, la sélection sexuelle, l'évolutionnisme comportemental, bref le point de suture entre l'éthologie et l'anthropologie. La démarche de cet essai est néanmoins assez différente de celle de mes Matt Ridley et confrères. Au lieu de s'interroger sur ce qui peut être génétique dans les comportements amoureux, les deux auteurs analysent ici douze aspects identifiés relevant de la séduction et s'interrogent sur leur pertinence respectivement – et séparément – « dans la nature » (Jean-Baptiste de Panafieu) et « chez les humains » (Jean-François Marmion). Les parties relatives à ces derniers sont généralement plus courtes, fondées sur des travaux plutôt sociologiques qu'anthropologiques (jamais paléo-anthropologiques) et majoritairement anglo-saxons (ce qui n'est pas surprenant) ; celles qui concernent « la nature », malgré la diversités des exemples cités, me semblent privilégier légèrement l'ornithologie – mais ce n'est peut-être qu'une impression.
L'identité des aspects de la séduction entre animaux et humains est-elle avérée et démontrée ? Là ne semble pas non plus être le but de l'essai, d'autant qu'on prend aussi la précaution de se méfier de l'anthropomorphisme des comportements animaux. Comparaison n'est pas raison, dit le proverbe ; néanmoins elle peut être à la fois instructive et fortement divertissante – et c'est à l'aune de ces deux paramètres que l'on jugera de cette lecture.
Et d'abord : quelles sont les limites sémantiques du concept de séduction, dès lors que :
« Pour la plupart des animaux, la séduction est donc une affaire autant collective que personnelle. Chez les mouches, les grenouilles ou les poissons, on ne décèle pas de préférences individuelles. Leurs choix sont fondés sur des signaux informatifs, mais les réponses apportées à ces appels sont des réflexes qui ne supposent aucune émotion particulière, d'autant plus que ces animaux ne se côtoient pas en dehors de la période de reproduction. » (pp. 187-188) ? On comprendra donc la séduction (plutôt au passif) comme le choix du partenaire reproductif, opéré la plupart du temps par celui des sexes qui s'investit davantage dans la reproduction (le sexe féminin) ; et ce choix est absolument prévalant (quasi universel ?) dans le règne animal et déterminant pour le bon fonctionnement de l'évolution.

Parcourons, ne serait-ce que pour la beauté de la formulation – le charme des listes aux infinitifs... –, les titres des chapitres qui indiquent les douze aspects de la séduction :

« 1. Choisir comme une mouche
2. Attendre son heure comme un saumon
3. Chanter comme une baleine
4. Se parfumer comme un papillon
5. Briller comme une luciole
6. Charmer comme un cerf
7. Se maquiller comme un flamant rose
8. S'ornementer comme un paon
9. Danser comme un albatros
10. Converser comme un manchot
11. Se montrer généreux comme un grillon
12. Éblouir comme un jardinier satiné ».

Si l'on renonce donc pour un instant à penser que les humains ont hérité de tous ces attributs de leur propre séduction par voie évolutionniste (encore que...), et que l'on s'amuse à supposer qu'ils se peut qu'ils les aient développés (en particulier : le chant, la danse, l'ornementation et éventuellement la conversation amoureuse – ou le discours amoureux dont la pauvreté affligeait Roland Barthes...), en tout ou en partie, en regardant autour d'eux et en s'inspirant de la nature, on ne s'étonnera pas que certaines similitudes ne nous rapprochent nullement des primates, nos plus intimes parents, mais d'espèces bien plus éloignées. D'autre part, nous en sommes encore à devoir digérer l'humiliation de la proximité de gros fragments de notre génome avec celui d'espèces tout à fait inattendues...

Seule exception, dans la cit. suivante, que j'ai choisie à dessein :

« Mâles et femelles [des gibbons] se ressemblent beaucoup et ont un comportement propre à leur famille mais qui est inconnu des autres singes. Plusieurs fois par jour, les couples se lancent dans des duos vocaux spectaculaires qui durent 10 à 30 minutes. Mâles et femelles n'ont pas exactement le même répertoire et se coordonnent parfaitement. Cet accord leur demande une période d'apprentissage. Si le couple n'est pas bien réglé, cela s'entend et peut attirer des rivaux de l'un ou l'autre sexe. On retrouve la double fonction d'avertissement territorial et de cohésion au sein du couple. » (pp. 148-149)
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La séduction a plusieurs fonctions, dans le règne animal comme humain : elle préserve les espèces d'un perpétuel rapport de force, tout en participant à leur évolution et leur survie. Avec ce traité d'ethologie très accessible et bien documenté vous n'ignorerez plus rien des différentes étapes de la séduction. Celle-ci n'est pas toujours un passage obligé, mais elle se retrouve chez tant d'espèce dont elle conditionne la survie, qu'il est bien utile de l'étudier. Car le processus de séduction, étranger au nouveau né, est néanmoins très vite acquis, dès les premiers mois de son existence.

Véritable arme relationnelle, la séduction est un savant mélange de nature et de culture. Ainsi l'on retrouve dans le monde un constant besoin d'évasion chez les jeunes, qui participe au phénomène d'inhibition de l'inceste et permet le mélange des gènes. La séduction génère aussi un certaine compétition, qui améliore de fait la nature génétique : ainsi les mâles sont souvent programmés pour privilégier la quantité en matière de conquête amoureuses, tandis que les femelles se focalise plutôt sur la qualité, cherchant des partenaires les plus aptes à assurer protection, territoire ou nourriture à leur progéniture. Ce phénomène de sélection n'est pas universel pour autant, mais il est considéré comme généralisé.

Une œuvre de vulgarisation scientifique très réussi, d'autant que chaque chapitre se découpe en 2 parties, "dans la nature" et "chez les humains", ce qui permet de mettre en perspective les informations.
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Un ouvrage divertissant qui vous apprendra des éléments des amours de la nature, en comparaison avec les amours humains ; nous restons des animaux, ne l'oublions pas, et nos séductions sont au moins en partie basées dessus.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Mâles et femelles [des gibbons] se ressemblent beaucoup et ont un comportement propre à leur famille mais qui est inconnu des autres singes. Plusieurs fois par jour, les couples se lancent dans des duos vocaux spectaculaires qui durent 10 à 30 minutes. Mâles et femelles n'ont pas exactement le même répertoire et se coordonnent parfaitement. Cet accord leur demande une période d'apprentissage. Si le couple n'est pas bien réglé, cela s'entend et peut attirer des rivaux de l'un ou l'autre sexe. On retrouve la double fonction d'avertissement territorial et de cohésion au sein du couple. » (pp. 148-149)
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Le chant de l'oisillon est un témoin honnête de ses qualités générales. En effet, l'oisillon apprend à chanter à un moment bien précis de son développement, une période cruciale au cours de laquelle le moindre stress aura des conséquences importantes. S'il vit dans de bonnes conditions et que son cerveau se développe normalement, il deviendra un bon chanteur. Si le cerveau a été touché, il ne pourra pas apprendre correctement le répertoire de son espèce. Bref, s'il chante mal, c'est qu'il a eu une enfance malheureuse ! (p. 60)
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Les processus de séduction semblent en grande partie déterminés par le carcan des besoins de l'espèce. Selon les biologistes, le but final de la reproduction n'est pas de produire des descendants et de perpétuer l'espèce : ce sont les gènes qui cherchent à se reproduire, ceux des mâles d'un côté et ceux des femelles de l'autre. Chaque individu a pour unique objectif, inconsciemment bien sûr, d'offrir un avenir à ses propres gènes sous la forme du plus grand nombre de descendants possibles. (p. 19)
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Dans le monde animal, la séduction est un opéra sensoriel où le premier motivé pour la sexualité se pare de ses plus belles couleurs, émet des sons à nul autre pareils, envoie des parfums comme des philtres d'amour et invite l'autre à danser afin d'harmoniser les désirs. Cette poésie de la séduction structure l'interaction, évite la violence et optimise la descendance. Ne parviendront pas à se synchroniser les trop jeunes, les trop vieux, les malades et les mal développés. (p. 10)
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Incipit de la Préface par Boris Cyrulnik :

« Comment pourrions nous vivre dans un monde sans séduction ? La réponse est claire : nous serions réduits à des rapports de force, comme un prédateur qui saisit sa proie et la croque. »
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Videos de Jean-Baptiste de Panafieu (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Baptiste de Panafieu
Avec les autrices et auteurs Charlotte Bousquet (Âmes libres, Scrinéo), Nadia Coste (Mystère, le roman, La Martinières jeunesse) et Jean-Baptiste de Panafieu (Extinction, le crépuscule des espèces, Delachaux et Niestlé – Dargaud). Présenté par Willy Richert avec Yalda Heidari.
Avec la participation de la classe de 3eD du collège Amédée Laplace de Créteil.
Et avec la participation d'Anaïs, Ariel, Chaïma, Dayann, Djibril, Elya, Julia, Lydia, Simine, Yasmina et Zoé du collège Sólveig Anspach de Montreuil pour « Nous ? le feuilleton ».
Penser un Nous qui embrasse tout ce qui vit, un Nous qui parle, qui rugit, qui s'enracine. Penser avec urgence le Nous comme un tout où toutes les espèces ont le droit de cité.
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