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Ta-Nehisi Coates (Autre)Christine Laferrière (Traducteur)
EAN : 9782267049831
120 pages
Christian Bourgois Editeur (14/03/2024)
4.02/5   63 notes
Résumé :
Dans un recueil de textes préfacé par Ta-Nehisi Coates, le prix Nobel, Toni Morrison, revient sur les thèmes qui imprègnent son travail et dominent de plus en plus clairement la politique nationale et mondiale : la «race», la peur, les frontières, le mouvement de masse des populations, le désir d’appartenance. Qu’est-ce que la « race » et pourquoi est-ce si important ? Qu’est-ce qui motive la tendance de l’être humain à créer les Autres ? Pourquoi la présence de ces... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Deuxième essai de Toni Morrison sur la littérature et les personnages noirs dans les romans, L'Origine des autres est un recueil qui contient des "résumés" de six cours que l'auteure américaine a dispensé à l'université. Une fois n'est pas coutume, Toni Morrison y aborde les sujets qu'elle connait le mieux : l'identité afro-américaine, la littérature (la sienne mais pas seulement) et l'histoire des Noirs aux Etats-Unis.

Ses réflexions sont toujours très incisives, très justes (et dans un langage limpide!) et son admiration pour la littérature et les possibilités qu'elle offre plus que contagieuse. Certes, on sent fortement (comme dans ses romans) l'influence de la morale chrétienne, surtout quand elle parle d'amour ; d'amour de soi et/ou d'amour de son prochain.

J'ai trouvé cet essai enrichissant - mais bon, c'est Toni Morrison, quand il s'agit d'elle il me semble toujours que l'objectivité est une notion qui me devient totalement étrangère ! - avec des arguments très pertients bien sûr. Toutefois, j'ai préféré Playing in the Dark que je trouve plus complet, plus abouti. L'Origine des autres ne contient pas de synthèse globale ici, un détail qui m'a laissé un peu sur ma faim. Malgré ce détail, je dirai quand même que c'est une lecture dont tout amoureux des lettres américaines et/ou de littérature en général ne devrait pas se passer !
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En 2016, Toni Morrison a donne six conférences à Harvard. Elles sont retranscrites dans ce livre.
Pourquoi la race est-elle un facteur de différenciations ?
Difficile question de l'asservissement de l'Autre.
Toni Morrison s'appuie sur des journaux, privés ou publics, traitant de l'esclavage, sur des auteurs ayant abordé le sujet, sur ses propres écrits
Une réalité brûlante et douloureuse qui est le fil conducteur de tous ses livres.
Partant des débuts de l'esclavage à la vague de migration actuelle, elle dénonce une réalité qui n'a toujours pas résolu le problème inhumain du racisme.
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Images des mots et langage des images. Psychologie sociale que dessinent nos écrits et nos lectures qui mènent à l'Autre ou l'excluent, qui le frappent ou l'accueillent, qui le reconnaissent ou le différencient, qui l'intègrent ou le rejettent.
Rien de ce qui est dit, montrer, ou écrit est exempte d'une pensée. Qui ? Vers qui ? À qui ? Pourquoi ? Quand ? Que recèle ce qui est écrit, montré, prononcé , effacé, ou éludé? Les conférences de Toni Morrison regroupées dans cet ouvrage permettent d'entrer un peu plus avant dans son travail d'écriture qui décrypte, traduit nos affects sociaux .
Beloved ,Paradis, Home ,Délivrances, Un don, l'oeil le plus bleu…Étude, analyse, décryptage, traduction de l'interprétation de l'Autre face à l'identité d'un « soi », de l'identité de l'Autre face à l'interprétation d'un « Soi », et plus largement de la construction d'un nous qui ne voudrait se concevoir sans la destruction , la négation d' Autres.
Il y a toujours à beaucoup apprendre auprès de Toni Morrison. Beaucoup de retour en soi et vers les autres. L'écrit n'est pas innocent, l'image ne l'est pas davantage. La haine, la peur, le refus de l'Autre n'est que la haine, la peur de ce que nous percevons en nous mêmes, reconnaissons en nous mêmes, redoutons de nous mêmes, et ignorons de nous mêmes.
L'Autre et Soi sont des constructions mentales produites par notre culture, par la société dans laquelle nous évaluons, par le désir que nous avons d'intégrer cette société, de nous assurer de notre intégration au sein de celle-ci, de la reconnaissance que nous espérons d'elle , afin qu'en retour celle-ci affirme notre reconnaissance.
L'autre serait l'inconnu d'un Soi, et Soi serait , donc, l'inconnu de l'Autre.
Mais la vérité est : l'humain. Humain pluriel, mais semblable, et toujours indissociable.
C'est cette vérité qui est au coeur de l'oeuvre de Toni Morrison.

Astrid Shriqui Garain
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Ce petit livre rassemble six conférences données par Toni Morrison à Harvard en 2016.
Elle y explore "l'altérité" (plus précisément ce que les auteurs noirs francophones appelleraient la négritude) au travers de multiples sources : souvenirs d'enfance, documents historiques, extraits d'oeuvres littéraires, y compris les siennes, dont elle explique les intentions (et ces passages-là sont passionnants).
Le livre est tout petit, certes ; mais tout y est.
Toni Morrison en appelle à l'histoire de l'esclavage aux États-Unis, elle analyse ce qui a rendu possible l'esclavage, mais aussi ce qu'il a produit en termes d'inhumanité.
Car l'Autre, pour être traité ainsi, doit être justement autre, déshumanisé ; inhumain. Au travers de nombreux exemples (l'horreur des textes médicaux du 19ème siècle !) elle montre la fabrication de l'inhumanité des Noirs, et à quel point elle a procuré aux Blancs de nombreux avantages.
Et à quel point aujourd'hui être Américain, c'est encore être blanc.
Mais elle montre aussi que l'inhumain, celui qui ne se conduit pas en être humain, bien entendu, c'est le raciste.
La litanie des personnes noires lynchées au 20ème siècle… il faut la lire pour prendre conscience. Même si elle brise le coeur.
Tout comme aujourd'hui la liste des personnes tuées par la police, liste qui a fait se lever le mouvement "Black lives matter".
Toni Morrison termine en se penchant sur les effets culturels de la mondialisation par l'analyse du roman de Camara Laye, "Le regard du roi" (que je n'ai pas lu mais que j'ajoute illico à mon pense-bête).
Comme dans tous ses livres, ma Nobel préférée écrit avec une intelligence si lumineuse, si bouleversante, que cette modeste critique ne saurait en rien parvenir à lui rendre hommage.
Traduction parfaite de Christine Laferrière.
Avant-propos dispensable de Ta-Nehisi Coates (il dit la même chose que Morrison en moins bien).
Challenge Nobel
LC thématique de décembre 2022 : "Littérature étrangère (hors U.E.)"
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Dans « l'origine des autres « , Toni Morrison fait valoir que le besoin de confirmer son humanité tout en commettant des actes inhumains est le fondement même de l'attitude des Blancs vis à vis des Noirs. La notion de race n'existe que dans la mesure où il faut prouver que l'autre est inférieur, et ceci s'est avéré pour cautionner l'esclavage. le racisme crée la race avec ses différences négatives pour ceux qui se sont trouvés si longtemps dans une situation d'inférieurs. Pratiquement tous les groupes sur terre ont essayé de transformer le différent en un Autre doté de telle ou telle qualité, afin d'imposer leurs croyances en leur supériorité. Après ces considérations sur la suprématie blanche en Amérique, Toni Morrison, dans ces conférences à l'université de Harward cite longuement ses propres romans , et son analyse du processus de la création de l'Autre. Définir l'Autre par sa couleur, dit elle, c'est réaffirmer encore et encore la supériorité blanche innée et l'horreur d'une seule goutte de sang noir – et pour cela elle critique Faulkner et Hemingway. Ce refus d'un « colorisme » la conduit à ne pas faire mention de la couleur, et à gommer tous les codes raciaux dans ses romans . Comme c'est le premier livre d'elle que je lis, je suis mal placée pour comprendre vraiment ce qu'elle dit. Sauf que, curieusement, elle avoue à la fin de son « origine des autres » la vision qu'ont les Noirs Américains de l'Afrique « une immense terre natale dans le besoin, à laquelle nous étions censés appartenir, mais qu'aucun d'entre nous n'avait vue ni n'avait particulièrement envie de voir, habitée par des gens avec lesquels nous maintenions une relation délicate d'ignorance et de dédain réciproques…. » Et , ne craigant pas de se contredire, elle cite Conrad, « le coeur des ténèbres », en critiquant sa vision de l'Afrique , » énigmatique, répugnante ou désespérément contadictoire ». Il est très étrange qu'une ecrivaine renommée puisse se permettre de critiquer un des très grands écivains connus en sortant une des phrases du début du livre de celui ci hors de son contexte. Alors je vais relire Conrad.

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critiques presse (2)
Lexpress
07 juin 2018
Au coeur de sa réflexion, Toni Morrison place la question centrale de l'altérité. Et cette tendance qui est la nôtre de toujours nous façonner en fonction de l' "Autre", un autre déshumanisé, négateur d'individualité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
01 juin 2018
Un essai fulgurant sur la question du racisme signé de la Prix Nobel de littérature afro-américaine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
On dirait qu’ils crient : Je ne suis pas une bête ! Je ne suis pas une bête ! Je torture ceux qui sont sans défense pour prouver que je ne suis pas faible. (p. 42 - Ed. Bourgois)
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J'ai tout d'abord essayé cette technique d'effacement de la race dans une nouvelle intitulée "Récitatif". Elle a débuté sous la forme d'un scénario que l'on m'avait demandé d'écrire pour deux actrices : une noire, une blanche. Mais puisque, durant la phase d'écriture, j'ignorais quelle actrice jouerait quel rôle, j'ai éliminé la couleur en bloc et utilisé la classe sociale comme repère. Ma pièce n'a pas plu aux actrices du tout. Plus tard, j'ai converti ce matériau en une nouvelle qui, au passage, réalise exactement l'inverse de ce que je comptais faire (les personnages sont divisés par la race, mais tous les codes raciaux ont été délibérément retirés). Au lieu de s'attacher à l'intrigue et au développement des personnages, la plupart des lecteurs persistent à chercher ce que je leur ai refusé.
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La mondialisation a les mêmes désirs et aspirations que ses prédécesseurs. Elle aussi se comprend comme historiquement progressiste, amélioratrice, unificatrice, utopique et prédéterminée. Au sens étroit du terme, elle signifie la libre circulation des capitaux et la distribution rapide des données et des produits, qui s’opèrent au sein d’un environnement politiquement neutre, formé par des exigences collectives multinationales. Ses connotations plus larges, cependant, sont moins innocentes, puisqu’elles comprennent non seulement la diabolisation d’Etats soumis à des embargos, ou la banalisation de l’existence de seigneurs de guerre et politiciens corrompus avec lesquels on négocie, lais aussi l’effondrement d’Etat-nations sous le poids de l'économie transnationale, du capital et du travail ; la suprématie de la culture et de l'économies Occidentales ; enfin, l'américanisation, par la pénétration des cultures américaines en Occident, ce dans la mode, le cinéma, la musique et la cuisine. (pages 81-82)
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Comment devient-on raciste, sexiste ? Puisque personne ne naît raciste et qu'il n'existe pas de prédisposition fœtale au sexisme, on apprend à fabriquer l'Autre non par des conférences ou par une instruction, mais par l'exemple. (Page 18)
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J'ai mis un certains temps à comprendre mes prétentions déraisonnables sur cette pêcheuse. A comprendre que je ressentais le désir et le manque d'un aspect de moi-même, et qu'il n'existe pas d'étrangers. Il n'existe que des versions de nous-mêmes, auxquelles nous n'avons pas adhéré pour beaucoup et dont nous voulons nous protéger pour la plupart. En effet, l'étranger ne vient pas d'un autre pays, il est aléatoire ; il ne vient pas d'un autre monde, mais est remémoré ; et c'est la nature aléatoire de notre rencontre avec notre moi déjà connu - bien que non reconnu comme tel - qui suscite une légère vague d'inquiétude. C'est ce qui nous fait rejeter l'image et les émotions provoquées par cette rencontre, surtout quand ces émotions sont profondes. C'est aussi ce qui nous donne envie de posséder, de gouverner et d'administrer l'Autre. D'embellir cette personne, si nous le pouvons, en la renvoyant à nos propres miroirs. Dans un cas comme dans l'autre (d'inquiétude ou de fausse révérence), nous nions son statut de personne, cette individualité spécifique sur laquelle nous insistons pour nous-mêmes.
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Vidéo de Toni Morrison
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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