Nous sommes en 2016. Un meurtre atroce a été commis dans les environs du port de Gênes, à la fin d'une soirée fêtant la loi sur les unions civiles qui permet aux homosexuels de se marier en Italie. Un jeune homme de vingt ans, portant un très long manteau de cuir rose vif, a été retrouvé par un joggeur matinal et le jeune est mort malgré les secours que l'homme a tenté de lui prodiguer. le sous-préfet adjoint Nigra est chargé de l'enquête. Tout laisse penser qu'il s'agit d'un crime homophobe, mais les apparences sont parfois trompeuses. Et Nigra, lui-même homosexuel, est-il le mieux placé pour mener l'enquête ? ● Ce roman nous permet de découvrir la ville de Gênes et ses spécificités, du centre historique à ses banlieues et au port, des milieux défavorisés au gratin représenté par l'oncle de la victime, un architecte réputé issu d'une famille très riche et très connue localement. L'ombre des manifestations en opposition à la tenue du G8 en 2001 et de leur répression, plane sur toute l'histoire. ● Nous voyons aussi que malgré les lois, l'homophobie est loin d'être éradiquée en Italie (comme ailleurs) et les auteurs montrent que les plus homophobes sont souvent eux-mêmes des homosexuels refoulés. ● S'agissant de l'intrigue, c'est un polar à l'ancienne, avec une enquête minutieuse, ses hauts et ses bas, menée par des personnages hauts en couleur, pas seulement Nigra mais aussi ses collaborateurs, la vive assistante en chef Marta Santamaria qui est si rapide qu'elle ne prend pas le temps de dire les mots en entier, l'inspecteur Caccialepori, hypocondriaque et amateur d'homéopathie, le commissaire adjoint
Musso, un nul qui se croit très fort, et le supérieur de Nigra, Virdis, intelligent et rusé. N'oublions pas le substitut du procureur
Evangelisti, un nom d'auteur de romans policiers lui aussi, qui fait de fréquentes apparitions dans l'immeuble qu'habite Nigra. ● le roman se lit très bien, avec de fréquents dialogues bien menés et des touches d'humour bienvenues ; l'enquête est bien rythmée, je n'ai pas senti de temps mort. L'homogénéité du récit rend totalement invisible le fait qu'il est écrit à quatre mains. On y trouve de nombreuses références à d'autres auteurs italiens de polars. Seul le titre, identique en italien (Nuvole barocche), et provenant d'un album de 1969 de l'auteur-compositeur-interprète anarchiste génois Fabrizio de André, dont quelques vers sont cités en exergue, me paraît peu approprié. ● J'ai aimé, je recommande !