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EAN : 9782702437087
390 pages
Le Masque (18/07/2012)
3.8/5   22 notes
Résumé :
Paris, 1885. La belle Clara Saint-James est une « horizontale » bien connue du Tout-Paris. Son protecteur, le richissime comte de La Paillerie vient de mourir, lui laissant un curieux testament. Pourquoi est-elle chargée de remettre une somme considérable à Victor Dupuy, un jeune médecin ? Mais la jeune femme n’a pas le temps de se pencher sur cette énigme. Depuis quelque temps, on retrouve dans les tombes fraîchement creusées des cimetières parisiens, les dépouille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Avec ce roman, nous voilà transportés dans le Paris du XIXè siècle. Deux personnages centraux nous servent de guides : tout d'abord Clara, "horizontale" de luxe, connue dans toute la ville et qui, au tout début du roman, vient de perdre son amant, le vieux comte de la Paillerie, qui lui permettait, par ses largesses, de vivre une vie fastueuse depuis des années ; ensuite, nous rencontrons Victor, jeune médecin, dévoué et rigoureux qui a la particularité d'avoir la peau plus foncée que l'immense majorité des habitants de la capitale. Une courtisane et un métis : deux personnages à part dans le Paris de l'époque. Une femme du monde et un homme du peuple : deux personnages aux antipodes l'un de l'autre. Pourtant, il semble avoir un point commun : le vieux comte de la Paillerie.En effet, d'après les dernières volonté du défunt, Victor devient légataire d'une forte somme d'argent. Et Clara est désignée par feu son amant pour la lui remettre.

La courtisane est surprise, certes, de cette mission. Mais le jeune médecin l'est encore plus de voir tomber du ciel une telle manne : avant ce jour, il n'avait jamais entendu parler de ce comte de la Paillerie.
Quelle peut bien être la raison de cette générosité posthume ? Voilà la première question qui se pose au lecteur. Mais elle est bien vite oubliée quand Clara, lors d'une visite discrète et solitaire sur la tombe du comte defunt, découvre, dans une fosse voisine fraichement creusée, le cadavre d'un enfant, exsangue et disposé sur un lit de fleurs blanches.

Ce nouveau roman de Patricia Parry, je l'ai tout simplement dévoré (comme les précédents)... et adoré (comme les précédents). Roman policier, médical, historique, social, c'est en tout cas un roman très bien écrit (comme les précédents), à la fois pour sa langue et sa construction. On se laisse emporter par l'écoulement de phrases élégantes tout autant que par le suspense. Je trouve d'ailleurs qu'il est très habilement amené, avec des réponses données très tôt... pour mieux en cacher d'autres, des personnages doubles, d'autres insoupçonnables qui se révèlent les plus pervers, sans parler des rebondissements multiples de la fin qui ajoutent des révélations successives alors que l'on croit que l'on a déjà atteint la conclusion. Enfin, comme autre qualité d'écriture, il y a, une fois encore, la manière de l'auteur de dépeindre les personnages, avec leurs questionnements, leurs sentiments, leurs peurs. Cela les rends très vivants, très proches de nous, et augmente encore le plaisir de lire.
J'ai aussi beaucoup aimé les autres facettes de ce roman : le côté historique, qui fait se rejoindre la grande Histoire et la vie miséreuse des gamins de la rue au XIXè siècle, mais nous permet aussi de découvrir le monde et les règles de la prostitution et le monde (et les règles) du journalisme de l'époque. Pour le côté social, c'est encore tous ces gosses laissés pour compte, orphelins, apprentis, traités comme des esclaves, mais il y a aussi la présence continuelle du racisme et toutes les superstitions avec lequel on cherchait à le justifier. Enfin, il y a, évidemment, les explications médicales (clé de beaucoup de questions), et, là encore, Patricia Parry a réussi à nous transporter au XIXè et à nous faire découvrir la vision qui existait à l'époque dans certains domaines de la médecine, notamment certains sujet sur lesquels les recherches étaient encore à leurs balbutiements, avec les inévitables erreurs que commettaient les chercheurs, malgré toute leur bonne volonté.
Un roman riche, prenant, instructif, émouvant.
Une écriture élégante, évocatrice.
Une romancière toujours aussi talentueuse.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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Patricia Parry qui avoue être une fanatique des feuilletonistes du 19° siècle et une fan d'Eugène Süe recrée à la perfection l'ambiance du Paris de Maupassant, Zola, avec une héroïne qui s'offre le luxe d'être à la fois une "Dame aux Camélias" et farouchement réaliste. Les deux personnages principaux se cherchent, se plaisent, se frôlent.. mais, se passera-t-il quelque chose entre eux? le lecteur n'a pas vraiment non plus le temps de se le demander, emporté qu'il est par les rebondissements d'une intrigue où ils foisonnent. Il y a un ou deux Gavroche là-dedans, aussi, et ce ne sont pas les héros les moins touchants. Un vrai plaisir de lecture !
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Qui tue des enfants, les vide de leur sang et les dépose dans les cimetières, sur des lilas ? Messes noires ? Pour enquêter nous avons un couple inattendu et bien campé par Victor Dupuy, jeune médecin métisse et Clara St James, demi mondaine qui vient de perdre son vieux et riche protecteur, le comte de la Paillerie. Ils n'auraient pas dû se croiser si ce comte n'avait demandé dans ses dernières volontés que Clara donne la somme énorme de mille livres à Victor, fort étonné de ce leg bienvenu.
La médecine fait des découvertes avec des expériences balbutiantes, la presse se régale des feuilletons, les cafés grouillent, les maisons closes et les hôtels particuliers vont de paires et le racisme est ordinaire.
Nous avons un narrateur, Victor, et un point de vue général qui donne de la puissance à l'action et plus de possibilités d'imbroglio à l'histoire.
Donc un 19 ième siècle bien décrit avec un style agréable et une histoire qui se tient, ce qui fait passer les quelques longueurs ressenties au cours des 570 pages.
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Le point de départ est certes classique, puisqu'il commence par la découverte d'enfants assassinés (Voir L'Aliéniste et plus récemment, le Dieu de New York, deux autres thrillers historiques qui ont des trames similaires).
Là où le roman de Patricia Parry trace sa propre route, c'est avec une héroïne très charismatique et divers changements de narrateurs qui nous offrent d'autres points de vues sur la même histoire.
Si la première partie prend son temps pour mettre en place les multiples éléments de l'intrigue et semble présenter quelques longueurs, c'est pour mieux permettre à une seconde partie explosive de livrer ses secrets.
Si vous avez aimé les livres cités plus haut et si vous êtes fans de la collection 10-18 et du diptyque historique de Maxime Chattam (Léviatemps - le Requiem des abysses), ce roman de Patricia Parry devrait vous procurer une lecture plus que plaisante.
Je vais me pencher sur les précédents romans de la romancière et j'espère avoir l'occasion de retrouver ce couple atypique et particulièrement attachant dans un prochain livre.
Le roman a reçu le Prix du Roman d'Aventure 2012 et il est dans ma sélection des polars de l'été de Polars Pourpres : http://polars.pourpres.net/?act=aff&obj=art&art_id=9
Bonne lecture à toutes et à tous !
Lien : http://www.4decouv.com/2012/..
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Paris, 1885. Clara Saint-James, prostituée bien connue du Tout-Paris, est chargée de remettre une somme considérable à un jeune médecin de la part d'un riche comte de ses amis. Alors que des cadavres sont déterrés dans les cimetières parisiens, les deux jeunes gens vont mener l'enquête de cafés à la mode en maisons closes clandestines.
Voilà un roman magistral. Un polar historique grandiose, d'une maitrise parfaite. L'époque, son histoire, la société, ses moeurs, tout est parfaitement retranscrit. C'est fouillé, foisonnant. Et que dire des personnages, de l'intrigue et de la construction de ce titre. L'auteur nous embarque en douceur avec subtilité et nous adhérons corps et âme à cette histoire feuilletonesque absolument remarquable. Coup de Coeur.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Flocher prit à peine garde à Clara, ma maitresse supposée.Son oeil glissa sur elle, s'alluma l'espace d'une seconde, mais il n'était pas là pour ça.Ce n'était pas une conversation de femmes.Elle aurait pu, tout aussi bien se transformer en plante verte.Elle me l'avait parié en riant, au moment de quitter son hotel, et je ne l'avais pas crue.Flocher devait penser qu'elle n'était pas en mesure de comprendre les mots de plus de deux syllabes.
Les grands mots de la littérature.
Tt puis nombre de femmes ne savaient pas lire, c'était de notoriéte publique; les lois qui imposaient des écoles pour les filles trop récentes n'étaient pas appliquées.Sa moue méprisante classait Clara parmi les illétrés, quantité négligeable.
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Elle se sentait tout à fait désemparée, elle le reconnut avec un haussement d’épaules. Depuis quinze ans, elle n’avait jamais vécu seule. Des premiers temps de son arrivée à Paris elle ne voulait pas se souvenir. Elle avait partagé la misère, la honte et l’effroi avec d’autres provinciales perdues. Dans le cloaque de la rue tout d’abord, dans des maisons ensuite. Elle y avait appris que le rentier quinquagénaire crache au bassinet pour peu que l’on sache s’y prendre. Un gros épicier qui se rêvait notable avait payé sa liberté à la taulière. Il avait financé durant quelques mois les parties de campagne avec de joyeux étudiants. Un prétendu auteur dramatique, puis un aristocrate décavé lui avaient ouvert les portes d’un demi-monde glauque dont elle n’avait pas tardé à comprendre les règles. Elle avait planté là l’épicier pour tâter du marquis et du fils de famille, rebondissant de petits meublés sordides en immeubles cossus. Le comte septuagénaire était la cerise sur le gâteau, l’apogée d’une carrière.
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La liste des putains tarifées, maternellement tenue à jour par la République.

Les larmes jaillirent. Elle avança sans but, trébuchant sur les tombes. Les allées étaient vides. Le soir descendait doucement. Un peu de lumière blanche trouait encore la masse des arbres. Les jours s’allongeaient. On sentait le printemps poindre, une vie mystérieuse semblait sourdre de terre. C’était une sensation étrange, ici, dans ce lieu consacré à la mort. Engoncée dans une bottine trop serrée, sa cheville plia, et elle chuta dans l’ombre d’un pin. Un chat roux déguerpit devant elle.

Elle retint un de ces jurons que La Paillerie lui interdisait de prononcer. Elle s’y reprit à deux fois pour se redresser. Le chat revint vers elle, s’enroula autour de sa jambe. Elle tomba de nouveau. Sa main s’enfonça dans un tapis de feuilles, son poignet se tordit. Un cri jaillit de sa gorge, aussitôt réprimé. Elle se releva vivement, sa main gantée sur la bouche, et recula contre l’arbre.
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— Dehors ! dit-elle rudement.

Norbert tressaillit et lui jeta un regard suppliant. C’était vraiment un beau gamin. Ils étaient beaux tous les deux, d’ailleurs, avec ce faux air d’innocence qui devait faire merveille auprès des vieilles charitables. La prunelle était caressante, les joues rondes malgré la maigreur, la peau fraîche. Où diable étaient leurs parents ? Et avaient-ils seulement des parents ? Julot portait beau, mais avait du mal à cacher les trous de sa chemise sous un gilet trop grand.

Clara prit sa décision : elle avait, il y a longtemps, décrété qu’elle ne se laisserait plus prendre aux singeries d’un homme. Le fait que ces deux-là n’avaient pas trente ans à eux deux n’était pas une raison suffisante pour abdiquer des règles savamment établies.

— Dehors, répéta-t-elle. On ne me prend pas pour une idiote. Tu avais le gîte et le couvert. Tu viens de décider que tu retournes à la rue.
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Elle s’était appuyée sur le corps d’un petit garçon.

Un gamin de dix à douze ans, maigre et pâle, était étendu sur une tombe fraîche, comme endormi. Il était vêtu d’une chemise claire, ouverte sur la poitrine, et d’une culotte de drap brun déchirée. Ses pieds étaient nus.

Au cou deux plaies béantes, comme des bouches décolorées, de part et d’autre de la gorge.

Terrifiée, elle se pencha sur l’enfant. Il n’y avait rien à faire, elle le sut tout de suite. Mais elle ne put s’empêcher de toucher le visage blême, comme si quelque chose était encore possible. Elle regarda autour d’elle et ne vit aucun sang sur le sol aride. Il n’avait pas plu depuis plusieurs jours, la terre n’avait rien bu. Le petit cadavre avait été transporté là et jeté sur la tombe. Elle souleva la tête de l’enfant et vit qu’il reposait sur un lit de fleurs blanches.
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