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Nicolas Briand (Traducteur)Jean Malaplate (Traducteur)Hermann Hesse (Préfacier, etc.)Philippe Barthelet (Préfacier, etc.)
EAN : 9782714304889
136 pages
José Corti (06/06/2003)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Grand lecteur et grand rêveur, soucieux de mobiliser les énergies extraordinaires de son esprit, Johann-Paul Richter nourri le projet d'écrire, et plus extravagant encore, celui de vivre de sa plume (il sera le premier, dans l'histoire des Lettres allemandes, avec Lessing, à y réussir). Il travaille, durant tout l'hiver 1781-1782, à une satire de la Bêtise selon le modèle d’Érasme, et sur le ton des satiristes anglais. L'œuvre achevée possède ces mêmes caractères qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Attiré par le titre, j'ouvre ce petit ( 136 pages petit format non coupées, éditions José Corti oblige..) livre qui contient 8 pages d'introduction (Philippe Barthelet) puis 21 pages d'une préface écrite en 1921 par Hermann Hesse.
Suivent donc une centaine de pages d'un texte touffu, exigeant du lecteur comme moi d'intelligence moyenne une concentration importante. C'est brillamment écrit (et probablement bien traduit, de l'allemand) et constitue un réservoir inépuisable de citations sentencieuses possible. c'est la Bêtise qui parle et selon elle, elle détermine l'attitude, les réalisations et la vie de la plupart des puissants, des protecteurs, des courtisans, des riches, des nobles, des professeurs, docteurs (universitaires), poètes, romanciers, intellectuels, des théologiens, ecclésiastiques, philosophes, le Peuple (qui a des circonstances atténuantes, victme des puissants..) , des femmes, plutôt bourgeoises voire riches (aïe aïe aïe.. quel sexisme), des médecins et des juristes (avocats et juges).
C'est moqueur, sans tolérance donc sans nuance et assez prétentieux je trouve. Jean Paul (dont le vrai nom était Johann Paul Friedrich Richter) écrivain allemand au tournant des XVIIIè et XIXè s, aurait apparemment écrit ce texte à 19 ans et c'est impressionnant de maturité et de talent pour cet âge où l'on fait rarement dans la nuance. C'est la 3ème des 3 "chroniques satiriques" qui commencent son oeuvre.
A l'époque où Jean Paul fait des études de théologie et écrit ses satires, son père, instituteur et organiste, meurt, laissant sa famille dans le dénuement. Je vois donc dans ce texte une colère, une révolte adolescente qui s'exprime avec talent mais férocement et prétentieusement.
Bref un texte dense et donc assez indigeste qui se révèle être plus un exercice de genre (la satire) qu'une pensée sincère qui perdurera vu, apparemment, ses oeuvres ultérieures.
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Jean-Paul Richter écrivit ce petit livre alors qu'il avait 19 ans, démontrant ainsi une remarquable précocité. Cette promptitude pour débusquer cette plaie purulente de l'humanité est tout à son honneur. D'autres tenteront l'épreuve ultérieurement avec quelque succès tout en sachant que le sujet reste inépuisable; s'accompagnant, semble-t-il, d'une terrible fatalité. Car toujours la bêtise semble triompher ne laissant que ruines derrière elle et nous laissant épuisés et sans remède. Car :
"Moi, la bêtise, j'emprunte tantôt telle forme respectable, tantôt telle autre pour me montrer aux hommes sous mon jour le meilleur ; mais je ne plais à chaque fois qu'à ceux qui me voient sous leur propre forme."
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On se doute bien qu'il fait l'éloge de la bêise par antiphrase : nous le devrions toutes nos qualités ! Elle expliquerait tout, rendant les choses assimilables, nutritives et réconfortantes. D'où la bêtise des princes et du peuple, des théologiens, des médecins, des juristes, des femmes, des courtisans, des savants.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L'incohérence contre son dessein, c'est rompre sa propre parole, ce que l'on peut aussi peu que contre l'autre : puisqu'il en résulte la même conséquence néfaste de la méfiance.

Quel droit a-t-on de cacher l'information à la foule, la plus grande partie du peuple ? Qui nous a donné le droit d'être juge de son intelligence et de son sort ? S'il abuse de l'illumination : il ne le fera pas plus que ceux qui sont maintenant éveillés. Bien entendu, le passage de l'obscurité à la lumière s'effectue toujours dans un ouragan. - Vous gouvernez pour les garder stupides : et gardez les stupides pour les gouverner.

Le soupçon prend la place de l'intellect pour les méchants, et pour cette raison même [ils] sont protégés d'être déjoués.

Les mauvaises personnes sont les premières à trouver les bonnes mauvaises parce qu'elles ne peuvent pas les approuver chez les autres.

Relation du meilleur avec le(s) mauvais système(s) : Il n'y a guère de vraie phrase autour de laquelle se tiennent des bâtards sans rapport ; autour du stoïcisme sont le quiétisme et le foism. Comme l'abstinence du monachisme côtoie le christianisme ! Cela nous donne la règle : partout où nous poussons une phrase vraie si loin qu'elle commence à se perdre avec toutes nos sensations et façons de penser, puis à revenir.

Sur quoi donc les classes supérieures fondent-elles leur prérogative sur toutes les vérités qui surgissent pour le peuple ? Etwan, parce qu'ils ont déjà les connaissances préalables qui les protégeront de l'abus de la nouvelle vérité ? Maintenant, donnez aux gens les connaissances préalables. Ou est-ce parce qu'ils sont autorisés à gouverner et non à obéir ? L'illumination peut irrémédiablement supprimer l'obéissance aux commandements utiles et justes : mais elle peut défaire les injustes. Ils disent qu'ils ne peuvent pas gouverner si le peuple est éclairé et ils ne gouvernent que pour qu'ils le soient. Bien sûr, l'enfant mûr n'obéit plus au père, mais à sa propre compréhension, qui est précisément ce que l'obéissance a formé.

Chacun a quelque chose dans lequel il pense par lui-même et quelque chose dans lequel il prie après.
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De l'uniformité de l'âme. Il est tout aussi difficile pour l'esprit de comprendre une idée d'un imbécile que c'est l'inverse. Pour chaque personne, il n'y a qu'une sorte de personne qui lui convient ; avec les autres, il est toujours dans une certaine mesure mal à l'aise et déprimé. Celui au grand cœur souffre plus dans les sociétés quotidiennes que celles-ci de lui ; parce qu'il ne le fait pas s'ennuyer parce qu'ils pensent qu'il est nouveau et stupide.

Pour vivre quelque chose en compagnie, il faut obtenir la réponse non pas avec une question mais avec une occasion.

Donner au prince le pouvoir législatif par une loi, c'est se détruire lui-même - autant que si l'un de ses bien-aimés voulait tout sacrifier, même son amour. On ne peut approuver ou donner autre chose que ce que l'on savait et que l'on voulait ; On ne peut donc avoir donné au prince aucune autorité sur des lois qu'on ne connaissait pas et qui nous nuisent. Mais d'autre part : jusqu'où va l'obligation de la progéniture de se plier à des lois qu'elle n'a pas données ? Aussi peu qu'un peuple puisse donner des lois à un autre peuple : aussi peu est le monde de la postérité.

L'ironie est le moyen et l'exercice pour vous garder de bonne humeur.

Nous ne pouvons pas ressentir la passion etc. sans sa durée éternelle. Nous ne pouvons pas croire que nous arrêtons d'aimer quelqu'un que nous aimons. C'est peut-être la même chose que ce que l'on « croit » ou tient pour vrai.

Une erreur majeure, que l'on ne fasse pas confiance aux autres pour remarquer ce que nous remarquons.

Plus vous vous frayez un chemin dans votre sujet et la fibre de chaque idée s'effiloche à nouveau : plus vous devenez original et immangeable B. Étoiles.

Plus on connaît une sensation ou une remarque : plus on l'exprime de manière allégorique et secrète.

Puisqu'aucun goût ne peut être là avant l'objet dont il jouit et qui le forme : ainsi l'humeur tristramique doit d'abord déplaire avant de plaire, et produire le goût qui l'apprécie.
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Il y a des têtes de connexion et de division. Ils inventent des systèmes ou des épopes, bref, ils rassemblent des idées qui ont divergé avec une main créative. L'inventeur philosophique a besoin des ailes du pouvoir poétique aussi bien que du poétique. Les têtes séparatrices ont juste besoin de perspicacité, elles jettent des idées apparemment similaires et ne sont pas systématiques, cher sceptique, Bayle.

L'homme n'adapte pas ses actions et ses penchants à ses principes, mais ceux-ci à ceux-là, et le penchant est là plutôt que la maxime. La seule différence entre l'homme et l'homme sans principes est qu'il interprète son inclination en une (une) phrase générale.

Ce ne sont pas les quelques rayons de plaisir qui tombent dans cette vie qui nous en valent la peine : mais le sentiment indescriptiblement doux d'être, dérangeant à peine la souffrance, fait tout.

Erreurs dues à l'inférence relative : par ex. B. diminuer le mal et la valeur d'une personne en comparant les deux avec un plus grand.

La lâcheté incite les gens à croire au pire ainsi qu'à la suspicion et à leur propre méchanceté.

Il n'y a rien que vous détestez plus que la première expression du vice à laquelle vous ne vous attendez pas.

Ses subordonnés ressentent et honorent davantage la vertu de l'autre parce qu'elle les rend heureux - ses pairs et ses supérieurs non parce qu'elle s'oppose à eux.

Il faut enquêter : qu'est - ce qui découvre réellement la vérité en nous ? Ce n'est pas de la perspicacité, un bon cœur de plus - ce n'est pas un manque de perspicacité si l'on commet les plus belles erreurs et pourtant n'en vient pas à la réfutation plus fine, mais peut-être des fautes du cœur.

Seuls les grands écrivent comme les anciens, sans avidité de pain, sans considération pour le lecteur, juste plongés dans le sujet.

Si vous voulez souvent chercher le nom pour de nouvelles expériences et connaissances : vous constatez que vous portez le nom avec vous depuis longtemps, mais sans idée.
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Moi, la bêtise, j'emprunte tantôt telle forme respectable, tantôt telle autre pour me montrer aux hommes sous mon jour le meilleur ; mais je ne plais à chaque fois qu'à ceux qui me voient sous leur propre forme [...]. De plus, j'aide les écrivains qui écrivent de mauvais livres pour faire obstacle aux bons, et ceux qui recherchent leur renom en anéantissant celui d'autrui.
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Il faut plus de temps pour se souvenir d'une phrase philosophique que d'une phrase historique : on arrive presque à la refaire.

Si le mal nous fait nous repentir en tant que mal et non comme effet d'un châtiment : pourquoi ne regrettons-nous pas une mauvaise volonté, une mauvaise décision qui n'a pas été exécutée, autant qu'un acte mauvais ?

Il a mis sa pire robe pour sortir avec quelqu'un de plus pauvre que lui.

L'homme est bon et ne veut pas qu'on se faufile devant quelqu'un d'autre que lui-même.

C'est une des contradictions de l'homme qu'il pense en avoir.

Le stupide pense qu'il n'y a pas d'autre moyen de l'énumérer que le vôtre.

On ne veut pas être valorisé pour son apparence extérieure, et pourtant on apprécie les autres avec ses yeux.

La 11e faveur pour celui que vous avez fait 10 est l'opportunité de vous récompenser.

Les amis décédés sont des chaînes qui nous tirent de la terre et nous relient plus fermement à un monde meilleur.

Les sensations ne peuvent être conquises qu'avec des sensations.

Wienach peut-il dans le rêve penser à une personne alors que la personne est une pensée de la sienne ? -

Celui qui ne devient pas plus sage n'est même pas sage.

C'est de la vanité de penser que les bons livres ne servent à rien ; nous imaginons que d'autres ne peuvent pas utiliser Epictète aussi bien que nous.

Qui sait que nous l'aimons, il nous aime.

Les livres lourds font plaisir à ceux qui s'amusent le moins, dégoûtent les connaisseurs.
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Videos de Jean Paul (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Paul
« […] Plus sensible que le sentimental Sterne (1713-1768), moins sceptique que Montaigne (1533-1592), Jean Paul mêle l'originalité de Swift (1667-1745) au comique d'Érasme (1466-1536), à la profondeur de Descartes (1596-1650), et, quelquefois même, au cynisme de Rabelais (1494?-1553). » (Édouard de la Grange, cité par Hippolyte Carnot)
« […] […] Stefan George (1868-1933), l'un des plus grands poètes allemand du début du XXème siècle, avait consacré à Jean Paul […] une anthologie dans laquelle il résume quelques-uns des traits les plus marquants de l'esprit de Jean Paul. […] « C'est d'un poète, de l'un des plus grands et des plus oubliés que je veux vous parler et détacher de la richesse de l'oeuvre de sa vie, conçue voici un siècle, quelques pages d'une surprenante nouveauté, d'une immuable splendeur, et d'une parenté frappante avec vous, qui êtes d'aujourd'hui […]. » (Eryck de Rubercy)
« […] […] Frédéric Richter […] parle à la méditation, au silence des nuits, à l'amant, au philosophe, à l'artiste ; il parle à tous ceux qui ont une âme et qui s'en servent pour juger, plutôt que de leur esprit ; il s'adresse à ces auteurs infortunés qui ont la mauvaise manie de laisser saigner leur coeur sur le papier, lui-même il leur ouvre le sien ; il es plein de franchise, de bonté, de candeur. […] » (Alfred de Musset, article publié dans le Temps le 17 mai 1831)
« L'auteur de cet ouvrage n'a été jadis que trop souvent, du moins, pour les exigences printanières de la poésie, un peintre de mort, et il se réjouissait ordinairement à des compositions de minuit, uniquement parce qu'il n'était pas encore loin de son matin. Plus tard seulement, cette trop longue contemplation des tombeaux, fut punie, c'est-à-dire troublée. - Dans la jeunesse, les nuits de la poésie, des méditations, ou même celles de la vie sont toujours étoilées, au contraire, dans l'âge mûr, les nuits sont en outre quelquefois couvertes de nuages. » (Jean Paul Richter)
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Référence bibliographique : Jean Paul Richter, Pensées, traduit par Édouard de la Grange, Éditions Pocket, 2016
Image d'illustration : https://www.abebooks.com/art-prints/Jean-Paul-Friedlich-Richter-Brustbild-FRIEDRICH/16274779167/bd#&gid=1&pid=1
Bande sonore originale : Whatfunk - The Times We had The Times We had by Whatfunk is licensed under a CC-By attribution license.
Site : https://soundcloud.com/whatfunk/the-times-we-had?in=whatfunk/sets/mood-melancholic
#JeanPaulRichter #Pensées #LittératureAllemande
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