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EAN : 9782073031334
192 pages
Gallimard (02/11/2023)
3.55/5   54 notes
Résumé :
1974, cinq lycéens, la tête pleine de rêves fumeux, abattent par erreur un passant alors qu’ils pensaient agir comme leurs « héros », les membres d’un groupe anar qui venait d’enlever un banquier espagnol à Paris.
Lorsque, quarante-cinq ans plus tard, l’un d’eux commence à recevoir anonymement le récit de leur histoire, il part à la recherche de ses anciens camarades.
Au gré d’une déambulation nostalgique entre passé et présent, le narrateur reconstitu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2022 # 17 °°°

« Léo Ferré, on s'en farcissait la caboche. (…) La Mutualité explosive, les galas de soutien. Ferré et Zoo, Ferré et Glenmor au vent fou d'une Bretagne rebelle. Et ses mots, définitifs, comme des coups de feu. Les armes et les mots c'est pareil … Des phrases bien sombres et belles comme une nuit émeutière. A vous laquer le coeur et vous en mettre plein la vue. On est trop sérieux quand on a dix-sept ans. On s'enflamme à la moindre étincelle. On est amadou, buisson propice. Léo avait craqué l'allumette. »

Ils étaient cinq lycéens, dix-sept ans en 1974. Un soir, grisés par des idéaux d'extrême-gauche, enivrés aux exploits mortifères des GARI ( Groupes d'action révolution révolutionnaires internationales, d'obédience anarchiste ), saoulés à se lancer des mots en l'air, ils ont tué un homme qui passait au mauvais endroit au mauvais moment, une balle perdue. Ils n'ont jamais été pris mais quarante-cinq ans après, l'un d'eux reçoit un texte anonyme qui raconte ce qui s'est passé ce jour-là, remontant du passé des événements que chacun voudrait tu à jamais.

Dans ce roman noir très réussi, le suspense à proprement parler est bien présent mais presque relégué au deuxième plan : qui a pressé la détente pour tuer ? qui a écrit le texte menaçant de tout révéler ? Une double réponse totalement satisfaisante est donnée à la fin, le récit oscillant entre passé et présent avec la quête du narrateur, un des cinq anciens lycéens, à retrouver ces anciens camarades. Mais ce n'est pas cela qui intéresse le plus Patrick Pécherot.

Le roman prend le pouls de toute l'effervescence politique au mitan des années 1970, le temps des dictatures voisines ( Franco en Espagne, les colonels en Grèce ), des tensions politiques extrêmes ( les années de plomb en Italie ). En 1974, est enlevé à Paris le directeur espagnol de la Banque de Bilbao dans un contexte de très dure répression contre la MIL ( Mouvement ibérique de libération ) et la CNT anarchiste qui a repris la lutte armée. En France, les attentats à l'explosif contre les intérêts économiques espagnols, commis par les GARI, se multiplient. Autant de feuilletons qui passionnent les cinq lycéens jusqu'à les obséder, ils veulent eux aussi changer le monde, « pétards prêts à servir » dans ce temps aux plaies à vif.

Pour tout bagage ( citation de la chanson de Léo Ferré «  Vingt ans » ) est un roman qui questionne la mémoire. le narrateur, rongé par la culpabilité, s'adresse à celui qu'ils ont tué. Dans cette adresse, il pioche dans la boîte à souvenances, animant des kodakchromes, avec la nostalgie sépia d'un sexagénaire qui se souvient de sa jeunesse passée. Avec une finesse psychologique poignante, c'est toute la bande des cinq lycéens qui revit à travers de magnifiques descriptions : Paul, le leader au bagou anticapitaliste ; Antoine qui remonte sa mèche d'un geste piqué à Jean-Pierre Léaud ; Yvon, taciturne et fragile ; Arthur, le narrateur, suiveur ; et Sylvie qui filme tout ce qu'elle voit et ne craint personne dans ses tenues hippies sur son ciao orange, sa petite-soeur Chloé n'en perd pas une miette.

Lorsque le passé ressurgit, se pose l'impérieuse question du devenir des idéaux de la jeunesse, quarante-cinq après. Patrick Péchérot y répond dans une réflexion impressionniste qui enveloppe le lecteur d'une ouate mélancolique avec ses fantômes du passé et les secrets des vivants, révélant une très belle plume, très élaborée derrière ses mots gouailleurs qui laissent deviner les grains des personnages comme leurs ambiguïtés d'individus brisés dans un mécanisme collectif qui les dépasse.

« Reprendre le chemin de l'école, c'est la grande illusion. Jamais ne reviennent le goût des Malabar, l'odeur de la cour et celle des marronniers. On renifle des parfums de synthèse en faisant semblant de rien mais ils sont bien pourris. »

Un roman à la fois tranchant et tendre, mélancolique et âpre, doux-amer au final, d'un auteur qui sait faire revivre L Histoire à hauteur d'hommes et de femmes en restituant la justesse des voix d'adultes qui ont rêvé trop grand pour eux lorsqu'ils étaient adolescents.
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Pour tout bagage... on a vingt ans chantait Léo Ferré. Poète présent tout le long de l'ouvrage. Dans le bagage de Patrick Pécherot ça fourmille de l'actualité des années 70, des références musicales et autres, comme les objets disparus. Mais comment se rappelle-t-il tout ça ? 1974 : Ils étaient cinq ados à vouloir changer le monde, à vouloir faire comme la bande d'anarchistes. Mais leur coup à foiré et un homme est mort. Quarante-cinq ans plus tard, un fait les ramène sur leurs jeunesses insouciantes. On pourrait presque dire qu'ont-ils fait de leurs illusions ? Je suis impressionnée par la verve, l'écriture flamboyante et visuelle ainsi que les connaissances multiples de l'auteur (Je m'en étais déjà régalé avec Les brouillards de la butte) même si parfois il n'est pas facile d'être toujours dans son tourbillon. Un grand merci à Masse Critique et aux éditions Gallimard.
Pour tout bagage on a vingt ans
On a une rose au bout des dents
Qui vit l'espace d'un soupir
Et qui vous pique avant d'mourir
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C'est une histoire qui commence en 1974 avec cinq copains (quatre garçons «dans le vent» et une fille), 17 ans, fans de Léo Ferré et des GARI, groupes d'action non violents (relativement, car ils commettent tout de même des enlèvements) antifranquistes. Les GARI sont arrêtés et la bande des 5 se met en tête d'intimider celui qui, forcément, a dû les balancer, en tirant tous les jours à côté de lui. Edmond croise leur chemin et se prend une balle qui ne lui était pas destinée. Après cet acte stupide la bande s'est séparée et chacun a fait sa vie de son côté, jamais inquiétée. Près d'un demi-siècle plus tard un anonyme menace l'un des garçons de tout révéler dans un livre. Un des garçons, Arthur, le narrateur, mène l'enquête, et d'abord recherche les autres membres de la bande.
Le style est d'entrée de jeu très particulier, c'est sec, plutôt brut, efficace. Entre les chapitres ostensiblement narratifs, il y a les adresses à Edmont, le mort, dont Arthur ne s'est pas pardonné la mort, et puis les Kodachromes où le passé est évoqué par les fragments de vie révélés et réveillés par ces vieilles photos. Cette structuration du récit est très vivante et très efficace. le style, travaillé à la façon des dialogues de film d'époque, contribue à plonger le lecteur dans cette période de la fin des Trente glorieuses. Mais c'est d'une lecture peu agréable et assez fatigante. Peut-être qu'en livre audio cela passerait mieux. L'auteur a remarquablement réussi à faire revivre l'époque, en particulier dans les Kodachromes, par petites touches, avec une marque de boisson, un véhicules, les chansons de l'époque, avec des petits riens bien choisis qui fleurent bon les années 70. Pour la période contemporaine, c'est pareil, quand il décrit ce qu'est devenue une banlieue (Le Val Fourré à Mantes). L'auteur a visiblement le goût pour les détails qui font l'air du temps. C'est nostalgique mais pas du tout béat devant le passé. le narrateur s'interroge aussi sur les luttes contemporaines (les ZAD, les Gilets jaunes), « On pigeait tout. Nucléaire non merci ! Let the sunshine in et vive le vent, vive le vent, vive le vent dit vert. Aujourd'hui, quatre éoliennes dans le décor déclenchent une émeute. Sus aux méchantes bêtes, inutiles et nuisibles ! Je ne pige plus trop. » Pas vraiment un roman policier, ce joli exercice de style réussi est un roman difficilement classable, une petite madeleine de Proust.
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Un drôle de bouquin pour une drôle d'histoire. Je l'ai découvert grâce à Babelio et aux éditions Gallimard, que je remercie.
Cette drôle d'histoire, c'est celle de 5 jeunes des années 70. 4 garçons dans le vent et une chouette frangine, des gosses de banlieue qui s'ouvrent au monde , dans un monde très moche. Un monde en crise, un monde qui perd la boule, un monde violent. Un monde où l'on s'accroche à un idéal comme à une bouée en plein naufrage, où l'on se cherche des idoles pas trop tartes , de Ferré à Guevara en passant par les GARI. Un groupe d'action non-violent, mais déterminé à lutter contre toute forme d'oppression. le franquisme, par exemple. Quitte à enlever un banquier espagnol pour faire passer le message.
Sauf que les messages passent mal, durant ces années de plomb. Et que les groupuscules révolutionnaires se font infiltrer , noyauter , démanteler par les flics dès que l'occasion s'en présente
Qui a vendu les camarades ? On le sait très vite. Et pour des gosses épris de pureté, de grandeur, de justice, il est impératif de régler son compte au type qui a balancé les GARI. En restant dans la non-violence, évidemment. On lui foutra juste la trouille en tirant à côté de lui. Chaque jour.
Sauf qu'à côté de lui, Edmond sort d'une boutique. Et la mort d'Edmond change tout: l'amitié, la bande, le monde, le destin.
Patrick Pécherot nous raconte cette drôle d'histoire comme on causerait à un pote. En regardant un album-photo, en ricanant de se voir si jeune, si naïf, si branque. En regrettant de se voir si jeune, aussi, en se demandant où sont passés tous les espoirs déçus, tous les rêves de gosse, toute la douceur des souvenirs.
Je n'ai pas toujours été convaincue par son écriture, je l'avoue, tellement il cherche à caser de choses dans ces photos-souvenirs: par moments, on a l'impression de tomber un peu dans le cliché sur les années 70, tout se télescope, et ne surnagent que des icônes . Mais c'est sans doute la matière des souvenirs qui veut cela. C'est , en tout cas, louable d'avoir rappelé à la mémoire des lecteurs ces années mal-aimées, cette giscardie à la fois morne (eux) et flamboyante (nous).
Une leçon d'histoire comme on aimerait en lire plus souvent, en tout cas.
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Pour son nouveau roman, Patrick PÉCHEROT utilise le rétroviseur comme outil d'écriture. Un grand bond dans les années 70 en France. le prétexte de cette plongée dans le temps est le kidnapping moyennant rançon du banquier Angel SUAREZ à Paris en 1974. C'est alors le G.A.R.I. (Groupe d'Action Révolutionnaire Internationaliste) qui est à la manoeuvre. Derrière cet enlèvement, ce sont de nombreuses revendications qui voient le jour, nous sommes au moment charnière alors que l'on espère se dessiner un Nouveau Monde : l'antimilitarisme, l'amour libre, les communautés, le collectivisme, et ce vent libertaire qui souffle parfois en rafale.

Arthur Sorot, sorte de double de l'auteur, est le narrateur de cette histoire dans l'Histoire, témoin de la jeunesse turbulente et dissidente des trente glorieuses, mais bien plus spécifiquement image même de cette utopie propre à la décennie 70. Arthur a, comme tant d'autres, cru à un avenir plus égalitaire entre les peuples, plus fraternel. Comme tant d'autres, il a vieilli, et il se présente à nouveau plus de 40 ans plus tard, rêves éteints et valoches sous les yeux. Il ressort de vieilles photos jaunies, les scrute et les commente.

Patrick PÉCHEROT réussit la prouesse d'un grand balayage quasi exhaustif (ça ne peut jamais l'être, bien entendu) de l'activité (contre) culturelle en France dans les 70, l'influence venant des Etats-Unis, mais l'identité plus ou moins revendiquée et estampillée France est bien réelle. En fond, les images d'actualités, politiques surtout, défilent à la vitesse grand V, comme projetées au fond d'une salle obscure, par un Super 8 ronronnant sur un drap blanc dépareillé.

Inventaire à la Prévert du militantisme des 70's, ce roman semble revendiquer à chaque page un « C'était mieux avant » encombrant et fataliste. Mais alors il faut le lire jusqu'au bout pour comprendre.

Les années 70, c'est l'agonie de FRANCO, le dictateur espagnol, c'est la vie avant Internet, c'est-à-dire en direct, non virtuelle. C'est aussi l'époque des grandes utopies politiques passant par le Larzac, la Résistance à l'oppression, la Révolution à tout crin. Et les taupes, les infiltrés au sein des organisations. En est-il ainsi pour le G.A.R.I. ? Cette période pattes d'eph' patchouli liberté est dépeinte avec nostalgie et sens du détail : « Je parle encore d'années moyenâgeuses. Ailleurs, on les a dites de plomb. Des années à guerre froide. À gauche ultra et droite extrême. À kébours dans l'ombre. À marionnettes, corps tordus et embrouillaminis. Des années groupuscules infiltrés, des fois que Mai 68 revienne, plus garnement du tout, vrai méchant. Ou que, lassés de l'attendre, certains se sentent avant-garde armée du prolétariat ».

Ce roman foisonnant est avant tout, ou en conclusion, le bilan d'une vie de militantisme, d'une part sur l'héritage parfois tendancieux (gilets jaunes notamment), d'autres part sur l'utilité ou non qu'il y eut à cramer autant d'énergie pour que le monde soit moins moche, quand on voit le résultat près de cinq décennies plus tard, même si l'on peut s'interroger sur les réflexions du narrateur à propos des ZAD. Mais c'est aussi l'occasion pour lui de se questionner sur la suite. « On pigeait tout. Nucléaire non merci ! Let the sunshine in et vive le vent, vive le vent, vive le vent dit vert. Aujourd'hui, quatre éoliennes dans le décor déclenchent une émeute. Sus aux méchantes bêtes, inutiles et nuisibles ! Je ne pige plus trop. Une fois pour toutes, j'ai décidé de m'en foutre. Tant de gens brassent plus d'air qu'un parc éolien sans provoquer un watt de jus… ». Un Arthur résigné, groggy devant le constat.

Roman qui sent la lacrymo autant que la lavande et la saveur de madeleine. Roman d'un monde révolu, terminé, fini, exterminé, exécuté, il en est le souvenir, le reflet, avec les erreurs du passé – reproduites pourtant -, la rage diluée depuis, voire passée en partie de l'autre côté des barricades héritières de 1968. Exercice de style stupéfiant où s'entremêlent moult images des seventies, parasitées soudain par le retour au présent, décennie deux du siècle vingt et un, et son goût de gâchis, tout ceci porté par une écriture argotique, populaire, à l'ancienne, une écriture elle aussi en partie disparue, qui a pourtant embelli les années 70, avec le talent de AUDIARD, entre autres. Mais la figure tutélaire du roman pourrait bien être celle de Léo FERRÉ, même s'il va lui en cuire en fin de volume. Ces 70's pourtant pionnières des luttes en cours, qui ont posé les jalons de la révolte du siècle suivant.

« Reprendre le chemin de l'école, c'est la grande illusion, jamais ne reviennent le goût des Malabar, l'odeur de la cour et celle des marronniers. On renifle des parfums de synthèse en faisant semblant de rien mais ils sont bien pourris ». Ce roman vient de sortir, il est à déguster sur un vieux pouf orange.

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critiques presse (4)
Telerama
11 décembre 2023
Le romancier a plus d’une fois revisité l’histoire, la petite et la grande [...]. Le voilà en 1974, à questionner sa jeunesse et celle d’une poignée de lycéens qui se voyaient bien refaire le monde, tels des redresseurs de torts à la petite semaine .
Lire la critique sur le site : Telerama
Telerama
21 novembre 2022
Dans Pour tout bagage, son dernier roman, Patrick Pécherot pose un regard plein de nostalgie sur les idéaux de Mai-68, à travers l'histoire tragique d'une bande de bras cassés qui se rêvaient héros de la révolution.
Lire la critique sur le site : Telerama
Telerama
27 septembre 2022
À l’heure où Godard s’évapore, la nostalgie est en plein essor, et Patrick Pécherot offre à ses lecteurs une déambulation aussi émouvante qu’énigmatique.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeSoir
19 août 2022
En 1974, un groupe de lycéens qui se prenaient pour des militants anarchistes a abattu un homme par erreur. Quarante-cinq plus tard, le passé resurgit.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Elle est longue, la grande banlieue du Grand Paris, elle s'étend. J'y ai connu des villages, jadis, des rues à vaches rentrant des prés, des paysans, des épiciers en camionnette, des hirondelles sur les fils du téléphone, des pommiers en fleurs, des gardes-champêtres, des coups dans le nez les jours de fête, les surplis à la messe, des corbillards à chevaux, des concessions à perpétuité dans les cimetières, du scaferlati entre des doigts terreux, le bac sur la Seine, la retraite aux flambeaux, les 14-Juillet et la kermesse au curé, les briques chauffées dans les lits froids, la peau sur le lait, la confiture dans les bassines en cuivre, les buissons à mûres et le bel ennui des jours de pluie. Les genoux couronnés sont loin. Loin, le mercure au chrome et les soldats de plomb. Pas de regrets, la nostalgie c'est de la barbouille sur les souvenirs. Les temps étaient tuberculose encore, poliomyélite, amputés du travail, petits conscrits dans le djebel…
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J’ai revu les flâneries sur les quais, les boîtes des bouquinistes, sa façon de toucher les livres, d’en respirer l’odeur quand elle croyait qu’on ne la regardait pas.
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La Série Noire… Nous dévorons Chandler, Hammett, Goodis et toute la clique. Les étals du marché regorgent d'occasions, vendues un franc, reprises cinquante centimes. Peu importe les jaquettes manquantes, les pages cornées ! Peu importe, sur les quatrièmes de couverture, l'inénarrable publicité pour l'eau de toilette Balafre, les titres inventés, les jeux de mots vaseux, les vannes aguicheuses et ce par-dessus la jambe qui fait le bonheur des chineurs, des regretteurs d'hier et des potaches vieillis. Malgré ça, malgré les coupes claires dans les romans, malgré les traductions aléatoires, l'Amérique dévoile ses arrière-cours. Elles sentent le chicken chips, la bière et la poussière des rues. Miss America montre ses bouches d'incendie esquintées, ses culs-de-sac humides, ses vendeurs de hot-dogs graisseux, ses bars minables, ses immeubles borgnes, ses quartiers décrépis où les gamins jouent dans les flaques, ses solitaires qui ressemblent à des personnages d'Edward Hopper, ses soldeurs de voitures seconde main, ses boulots à la petite semaine, ses tables de poker, ses vendeurs de journaux pas plus hauts que le Kid de Chaplin, ses traîne-lattes et ses pousse-mégots, ses serveuses fatiguées, ses chambres minables, ses balayeurs noirs, ses bus pour blancs, ses boîtes de jazz, ses juke-box et ses machines à sous, ses strip-teaseuses écroulées, ses matchs truqués, ses bookmakers coriaces, ses boxeurs à la ramasse, ses flics corrompus, ses malfrats, ses gueules couturées, ses usines (Mama's in the factory, she ain't got no shoes), ses chaînes de montage....
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Pourquoi n’arrive-t-il pas, ce coup de fil, du reste ? Les ravisseurs montent la pression, la famille d’un otage, ça se mitonne. Faites rissoler dans l’angoisse, saupoudrez de silence, portez à ébullition et là, seulement là, saisissez. « Allô… » (p. 33.)
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Je parle d'un temps préhistorique. Un temps à plaies vives encore dans le gros ventre de l'Histoire . Un temps à dictature voisine , à képis frémissants ....Franco , Salazar , les colonels grecs , la loge P2 en Italie, les nazis planqués au soleil , les paradis à goulag .....ils n'évoquent plus rien.L'heure est à l'instantané , le monde d'hier oublié ...
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Videos de Patrick Pécherot (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Pécherot
Rencontre avec Patrick Pécherot au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale 2018 à Arras, le 1er mai. Dernier roman : Hével. La Série Noire/Gallimard
Médiation : Tara Lennart Captation : Colères du Présent
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