56 ème jour
Promenade après le déjeuner -- puis retour pour le café. Je me suis mis à lire Shakespeare -- et je suis resté plongé dans ma lecture.
Au soir, je suis allé vers Sophie. Là-bas je fus dans une joie, dans un bonheur inexprimables -- des moments d'enthousiasme fulgurant --la tombe, devant moi, je l'ai soufflée comme une poussière -- les siècles étaient comme des instants; -- sa présence sensible : à tous moments je croyais la voir s'avancer devant moi.
En 1796, la faible et gracieuse Sophie tombe gravement malade. Elle paraît se rétablir quand, le 19 Mars 1797, elle meurt. Novalis, qui l'apprend le 21 mars, pense se tuer le 23. Mais au lieu de cela, et comme pour accomplir un geste plus absolu que le suicide, il ne se tue pas mais décide de vivre désormais chaque instant "à partir" de la mort de Sophie.
Tennstedt
22 mai - [...] A mesure que la douleur sensible cède et s'atténue, le deuil spirituel grandit et l'affliction spirituelle s'accroît en moi, une sorte de désespoir paisible s'élève toujours plus haut. Le monde me devient toujours plus étranger. Les choses autour de moi, toujours plus indifférentes. Et à mesure, tout se fait maintenant plus clair en moi et dans ce qui m'entoure...
26 mai - [...] Pensé à S. avec zèle - et surtout, il m'est devenu évident avec une grande vivacité que les plus belles perspectives scientifiques ou autres ne doivent pas me retenir sur terre. Ma mort sera la preuve de mon sentiment pour ce qu'il y a de plus haut, un authentique acte de sacrifice - pas une fuite - pas un remède de détresse. Je me suis également aperçu que c'est manifestement ma destinée - que je ne dois ici-bas rien atteindre - qu'il me faut me séparer de tout à la fleur de l'âge. [...]
Grüningen
17-18 mai - [...] Je dois seulement vivre toujours plus à son intention - je ne suis que pour elle - ni pour moi-même, ni pour personne d'autre. Elle est le sommet - l'unique. Le suprême. Que ne puis-je être à tout moment digne d'elle! - Ma tâche capitale, mon haut devoir devrait être de tout rapporter, de tout ramener à "son" idée seule.
19 mai - [...] Sur la tombe assez méditatif - mais inerte la plupart du temps, insensible. Voici quelques jours déjà que ces souvenirs me tourmentent anxieusement de nouveau. - Il y a des moments où je me sens inexprimablement seul - avec une si affreuse détresse de ce qui m'est arrivé.
L'idée m'est venue, quand j'étais à la tombe, que par ma mort je fournirais l'humanité de cette fidélité jusque dans la mort - que je lui rendrais possible en quelque sorte un pareil amour.
Wiederstedt
6 juin - Il ne veut plus aimer, celui qui fuit la douleur. Celui qui aime doit éternellement sentir l'absence vide, tenir ouverte la blessure toujours. Dieu la maintienne en moi toujours cette souffrance indiciblement aimée! Qu'Il me garde cette mélancolie du souvenir, cette ardeur courageuse et impatiente du revoir, la détermination virile et la foi solide comme roc. Sans ma Sophie je ne suis rien, avec elle, tout.
9 juin - [...] J'ai aujourd'hui trouvé le bien seul et unique : c'est l'idée de la solitude indicible qui m'entoure depuis la mort de S. ; - avec elle le monde entier est mort pour moi. Je n'ai plus désormais rien à faire ici.
11 juin - Je veux mourir joyeux comme un jeune poète.
14 juin - Qui l'exclut, m'exclut aussi. Notre "engagement" n'était pas pour ce monde-ci
Le Salon dans tes oreilles - S1E42 - Faire son deuil en temps de pandémie
Si, dans leurs ouvrages, les trois auteur.trices présents lors de cette table ronde abordent le deuil de façons fort différents, ils réfléchiront ici à un point brûlant d'actualité: comment surmonter cette épreuve quand elle advient en temps de pandémie?
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL
Et
LES ÉDITIONS LA PRESSE
Novalis
LIBRE EXPRESSION
Avec
Nathalie Roy, Auteurrice
Viviane Archambault, Auteurrice
Stéphanie Bérubé, Auteurrice
Maguy Métellus, Animateurrice
Livre(s)
Le deuil au fil des saisons : Guide pour les personnes endeuillées et celles qui les accompagnent
J'ai choisi janvier
La vie sans Boris: essai sur le deuil animalier
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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