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EAN : 9782818969076
64 pages
Bamboo Edition (08/01/2020)
4.09/5   129 notes
Résumé :
Parfois, il est des secrets qu'il vaut mieux taire...
1961 - Joseph revient d'Algérie. Pour les habitants du village, il n'est qu'un planqué qui officiait dans un bureau plutôt que sur les zones de combat, un lâche qui a esquivé les durs travaux de la ferme. Personne ne lui pardonne d'avoir abandonné sa famille, alors que son frère est cloué sur une chaise roulante, victime d'un accident de tracteur pendant son absence. D'enfant du pays, Joseph revient en par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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1961, Joseph Fournier, après avoir servi sous les drapeaux français pendant la guerre d'Algérie, rentre chez lui. le premier à l'accueillir joyeusement est son chien, son père, l'ayant aperçu de son champ, s'est tout simplement caché derrière un arbre. Quant à sa mère, plus chaleureuse, elle est évidemment ravie de le retrouver sain et sauf. Une fois à la maison, Joseph va saluer son frère, Jules, cloué désormais sur un fauteuil roulant depuis son terrible accident de tracteur, lui qui était pourtant promu à une grande carrière de cycliste. Et c'est un brin rancunier qu'il lui reproche d'avoir eu le cul vissé sur une chaise à l'État-Major et le traite de planqué. Dans la cuisine, Joseph entend les mêmes paroles de reproche de la part de son père. Se rendant ensuite au village, il va saluer René, le cafetier, dont le fils est toujours en Algérie, et se propose de lui donner un coup de main pour le restaurant. Avant de partir, il lui demande des nouvelles de Mathilde, la femme dont il est tombé amoureux avant de partir...

La guerre d'Algérie, un sujet sensible s'il en est... Philippe Pelaez ne traite pas, à proprement parler, de cela, mais plutôt du traumatisme des soldats revenus du front. Joseph Fournier, dont les rumeurs précèdent son retour, est plutôt mal accueilli, aussi bien par sa propre famille que par le village qui le considèrent comme un planqué. Sauf que, évidemment, personne ne sait au fond ce qui s'est passé là-bas et combien une guerre peut changer un homme. Joseph, lui, supporte les regards accusateurs et les propos malveillants sans broncher. Pourtant, les apparences sont trompeuses... Abordant différents sujets tels que le retour à la vie normale, l'amour (qui n'a pas su attendre), le regard des autres..., Philippe Pelaez nous offre un album à la fois dramatique, touchant et poignant. Graphiquement, le trait semi-réaliste de Víctor L. Pinel sied parfaitement à ce récit...
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Il est de retour au pays, le Joseph.
Fini pour lui, la guerre d'Algérie.
Ce qui devrait ne susciter que joie et contentement béat au sein de toute la famille, et accessoirement du village natal, se transforme rapidement en une hostilité majoritairement larvée à l'égard d'un gars à la sale réputation de planqué.
Exceptée la maman, tous, y compris le paternel et le frangin devenu invalide suite à un duel bêtement perdu face à un Massey Ferguson 7720 EXC (bêta pour un futur champion cycliste prometteur), lui vouent une rancoeur sans nom.
Mais les apparences sont souvent trompeuses, est-il coutume d'ouïr...

Un trait sobre et élégant pour évoquer cette vaste problématique qu'est le retour à une pseudo normalité.
Difficile de reprendre là où tout s'est arrêté et surtout de faire comme si rien ne s'était passé entre temps.
Renouer avec sa famille, un amour en devenir, un quotidien désormais fait de traumas journaliers.

L'auteur d'évoquer pudiquement le rythme lancinant de tout un village avec son cortège d'habitudes rassurantes et de messes basses souvent empreintes d'une vilenie coutumière.

Focalisant sur le retour de Joseph, Pelaez s'autorise quelques flashbacks pour tenter d'appréhender l'indicible.

Le tout se veut ultra plaisant avec une fin aussi surprenante que salutaire.

Très bon moment.
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Lorsque Joseph rentre en 1961 de la 'guerre d'Algérie' (alors désignée comme 'pacification', 'maintien de l'ordre', mais surtout pas présentée comme une guerre), il est mal reçu. Il y est resté deux ans et demi, certes, mais planqué en 'Section Administrative Urbaine' - ça ne compte pas, c'est lâche, minable, surtout pour ceux qui ont perdu un fils "là-bas". Seuls sa mère, le boucher et sa fille sont heureux de le revoir, car ce qui compte pour eux, c'est de revenir vivant et bien-portant.
Les autres le méprisent, voire l'insultent, à commencer par son propre père, d'autant que le fils aîné a perdu l'usage de ses jambes suite à un accident à la ferme.
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Cet album intelligent et touchant aborde plusieurs sujets : la mutation agricole amorcée après-guerre en France, l'exode rural ou les rêves d'ailleurs/de mieux des jeunes (qui quittent un à un le pays, pour s'en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés ♪♫ *), les rivalités fraternelles, mais aussi la guerre... et l'amour.
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Cette histoire m'a captivée et crispée (je pensais : "Mais casse-toi, libère-toi de ce vieux con injuste, laisse-le se dém3rder avec sa vieille charrue !"). J'ai été déçue par le retournement ; non pas par l'idée elle-même ni le sujet, mais par la façon précipitée dont il est présenté. Heureusement, la postface permet de le re-considérer différemment, et j'ai alors trouvé les émotions qu'aurait dû susciter la 'révélation' dans la BD, si elle était apparue plus sobrement.
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* https://www.youtube.com/watch?v=MHLa8TD4opU ♪♫
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Lorsqu'on lit cet album, il ne faut pas passer à côté du dossier en fin d'ouvrage qui décrit les traumatismes de guerre appelés TSPT pour troubles de stress post-traumatique. Cette dénomination scientifique n'existe que depuis 1980. Avant, c'était le cinéma qui relatait les dommages de la guerre sur le psychisme des soldats. Quant à la guerre d'Algérie, il y a un grand silence autour des « évènements ».
Cette BD raconte le retour de Joseph, l'un de ces soldats partis en Algérie française, on y découvre les mentalités de l'époque vis-à-vis de cette guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom.
Joseph est confronté à l'animosité générale. Celle de son père tout d'abord, écrasé par le travail à la ferme, et son frère ensuite, qui s'est retrouvé dans un fauteuil roulant après un accident de tracteur. Mathilde, sa presque fiancée, ne l'a pas attendu, elle va se marier avec un autre. Quant au village, il bruisse de rumeurs et de mépris, car Joseph était « un planqué », il travaillait dans une administration tandis que ses camarades risquaient leur vie dans le djebel.
Mais les évènements ne sont pas aussi lisses qu'ils le laissent paraitre. Entre les non-dits, les jalousies, les rancunes et les malentendus, notre personnage Joseph aura bien du mal à se retrouver. le retour est bien difficile pour lui, il cristallise sur lui les lâchetés, les jalousies et la culpabilité du plus grand nombre et il se retrouve seul au milieu de l'arène. Même son frère se défie de lui, comme s'il était responsable de cet accident qui en a fait un handicapé.
Ce roman graphique est donc l'histoire d'un retour qui s'avère bien ardu, le tout sur fond de guerre d'Algérie. Mais plus que la situation historique, il est surtout question de mentalités dans un village, de ceux qui sont restés et les autres qui sont partis se battre. On y croise des paysans acharnés à la tâche mais croulant sous les dettes, des mères inquiètes pour leur fils et des jeunes filles aux amours contrariées.
Le traumatisme de guerre est peu évoqué - juste quelques réminiscences brutales chez Joseph, mais il est surtout question des émotions, les désordres engendrés par le retour du jeune soldat dans une société, une famille qui le jugent durement à l'aune de leurs convictions faussées par des informations erronées et un jugement subjectif et hâtif.
Je regrette que l'auteur n'ait pas développé davantage les traumatismes liés à la guerre et se limite à des différents personnels.
Le dessin est agréable et explicite avec des personnages bien croqués.
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Je viens de dévorer : Puisqu'il faut des hommes de Philippe Pelaez.
Parfois, il est des secrets qu'il vaut mieux taire...
Pour les habitants du village, il a beau s'être engagé, il n'est qu'un planqué. Un militaire de bureau qui a évité les zones de combat. Et surtout, un lâche qui a fui, grâce à l'armée, les durs travaux de la ferme.
Personne ne lui pardonne d'avoir abandonné sa famille, alors que son frère est cloué sur une chaise roulante, victime d'un accident de tracteur pendant son absence.
D'enfant du pays, Joseph revient en paria.
Par bonheur, l'honneur du village est sauf : le fils du cafetier, lui, a réellement combattu en Algérie.
Mais quand il revient à son tour de la guerre, son récit va bousculer bien des certitudes...
Puisqu'il faut des hommes est une bande dessinée que j'ai pris plaisir à lire d'une traite.
J'ai aimé les traits de l'auteur, l'histoire. Les deux sont simples, mais efficaces.
Joseph revient de la guerre d'Algérie et il en prend plein la tête car tout le village est persuadé qu'il a fait la guerre planqué derrière un bureau ! Son frère est en fauteuil roulant suite à un accident de tracteur. En revenant, le jeune homme est devenu un peu un bouc émissaire. Son père est très dur avec lui, son frère boit trop et sa mère est impuissante face à la réaction des deux hommes.
Alors Joseph encaisse... jusqu'au retour de son ami, qui va remettre les pendules à l'heure...
Je connais mal la guerre d'Algérie, et j'ai apprécié de découvrir cette période. C'est une bonne BD, avec une histoire qui se tient de la première à la dernière page. Cela montre bien la dureté des fermiers, surtout à cette époque.
J'ai apprécié ma lecture, et je mets cinq étoiles.
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critiques presse (3)
Sceneario
28 février 2020
Le travail semi-réaliste de Victor L. Pinel se veut au diapason du scénario de Philippe Pelaez. A la faveur d’un trait fluide à prime abord à la consistance doucereuse, l’artiste parvient à susciter remarquablement par le jeu de son personnage-clé le trouble qui le mine intérieurement. Le travail côté décors est remarquable, détaillé et rigoureux.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
07 janvier 2020
Sur un scénario sobre et sérieux, les deux artistes livrent avec Puisqu'il faut des hommes un récit poignant qui, s'il n'apporte pas de regard neuf sur la question, en offre une version qualitative et passionnante.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
27 décembre 2019
À partir d’un sujet bien peu mainstream, ce récit révèle un aspect des conflits souvent occultés ou totalement ignorés. Ce n’est pas le moindre intérêt de cet album bien mené, captivant et au final plutôt instructif sur les mentalités d’une époque.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
- Toute la peine que tu peux t'éviter avec ça [le tracteur] ! Et tout le temps qu'on peut gagner !
- Et qu'est-ce tu crois qu'y va s'passer, ensuite, hein ? Qu'est-ce qu'y va s'passer quand les paysans auront récolté leurs champs plus vite ? Ils voudront labourer d'autres champs plus grands, voilà ! Et il leur faudra de plus grosses machines ! Sauf que c'est pas leur champ qu'ils vont labourer, ce sera çui du gros propriétaire qui les aura bouffés tout crus, parce qu'ils auront été incapables de rembourser leurs dettes ! Ces cons-là, y croyaient avoir tout vu avec le remembrement, mais le remembrement c'est rien à coté de c'qui va s'passer ! Ça oui, y a eu les noces des hommes et du progrès, comme y disent ! Et nous, les paysans, on est les cocus de l'histoire !
Commenter  J’apprécie          260
Il y avait ce jeune maghrébin à qui je donnais des cours de français et qui me demandait si ce que nous faisions en Algérie était juste. Je lui ai répondu que je ne savais pas, on dit qu'une guerre est juste quand elle est nécessaire, mais ça dépend de quel côté du fusil on se trouve.
Commenter  J’apprécie          220
Toute rhétorique romantique se développe pour donner du sens à la mort de masse, en attendant les célébrations et les monuments érigés à la gloire des héros. De ce mythe, le soldat survivant, traumatisé, en est irrémédiablement exclu, ignoré par les autres, car incompris. Gloire à l’autre, à celui qui est mort au front et que l’on ne rend pas seulement à sa famille, mais à la nation toute entière. Celui-ci n’est pas une victime : la mort est dans le contrat que l’on passe avec l’armée. La guerre est belle, vive la guerre.
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- Les gens disent plein de choses méchantes sur toi, Joseph ! Ne les laisse pas faire, ce n'est pas juste !
- Il y avait ce jeune Maghrébin à qui je donnais des cours de français et qui me demandait si ce que nous faisions en Algérie était juste. Je lui ai répondu que je ne savais pas, on dit qu’une guerre est juste quand elle est nécessaire, mais ça dépend de quel côté du fusil on se trouve.
(p. 32)
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[ village français, 1961 ]
- Si tu veux, je te montrerai comment faire des tajines et des couscous, j'ai appris ça en Algérie !
- Dis, René ! Tu vas pas te laisser dicter la bouffe par un... tire-au-flanc, un lâche !
- Putain, René, si tu nous fais de la bouffe de bicot, je vais ailleurs, moi !
- Et t'irais où, Raymond ? Y a que ce café au village ! Et puis un peu d'exotisme, ça peut pas faire de mal...
- Tu peux faire tous les trucs exotiques que tu veux, mais pas de l'exotisme arabe ! On est en guerre contre eux, merde !
- La guerre ? Qu'est-ce que t'y connais, toi, à la guerre ?
(p. 12)
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