Un article du magazine "Lire" sur
George P. Pelecanos m'a donné envie de découvrir cet auteur. J'ai choisi un de ses premiers romans, "
Anacostia River Blues", qualifié par le journaliste de "somptueux". Ce roman a été publié en 1993 (vingt ans, déjà !) et fait partie de la série "Nick Stefanos". le titre du livre pourrait figurer dans le tumblr "Pardon My Titres" qui recense les noms de films en anglais adaptés... en anglais pour leur sortie française, puisque le titre original est "Down by the river where the dead men go".
Nick Stefanos est un détective privé qui a de gros soucis avec l'alcool, ce qui correspond à l'archétype du héros de polar américain... Heureusement, Stefanos emprunte d'autres traits à l'auteur qui lui donnent une identité particulière : il est issu de l'immigration grecque, il est passionné par les voitures et la musique et, c'est essentiel, il évolue à Washington D.C.
Voici en quelques mots le résumé de l'histoire. Après avoir terminé son service au « Spot », un bar où il travaille à mi-temps, Stefanos passe sa nuit à boire. Il enchaîne les verres, part en virée, et totalement ivre, se retrouve au bas d'un talus au bord de la rivière Anacostia, un affluent du Potomac. Alors qu'il peine à reprendre conscience, il est témoin d'une exécution. A son réveil, il découvre le cadavre d'un adolescent noir. Les assassinats sont fréquents dans ces quartiers et cette mort ne donne lieu qu'à une brève dans le journal local. Sans être missionné par quiconque, il prend l'initiative d'enquêter sur le meurtre du jeune Calvin. L'enquête avance difficilement. le détective blanc est mal vu dans ces quartiers défavorisés, la famille méfiante ne se confie pas, et la police livre peu d'informations. Stefanos fait équipe avec LaDuke, un privé pas mal coincé, qui recherche Roland, l'ami de Calvin, lui aussi disparu. Les deux hommes vont s'enfoncer dans les bas-fonds de Washington : prostitution, pornographie et drogue et aller au-delà de leurs limites...
La structure du polar reste classique : l'enquête policière s'entrecroise avec la vie personnelle du personnage principal (ses états d'âme, ses problèmes de couple, ses virées nocturnes, etc). Nous sommes bien dans un roman américain : le final est une symphonie pour armes automatiques de tout calibre du compositeur Smith & Wesson. La sociologie est bienveillante puisque le héros enquête bénévolement sur la mort d'un jeune noir et remet anonymement à la mère du défunt l'intégralité de l'argent volé aux méchants trafiquants. Mention spéciale pour la B.O. du livre. Pelecanos donne une place importante à la musique et indique le nom de nombreux groupes de tous styles (rock, blues, jazz). Pour conclure, ce roman policier est bien construit, se lit très bien et s'oublie très vite.