Quelque part au coeur de la forêt Vosgienne. Cette forêt majestueuse et apaisante qui peut devenir inquiétante, étouffante, angoissante, menaçante.
Deux bûcherons. Charlie et Dien.
L'un a 25 ans et fait le mariole comme tous les gars de son âge.
L'autre pourrait être son grand frère, peut-même son père, ne couche-t-il pas avec sa mère? Il a bourlingué pas mal. Une adolescence détruite par des années d'occupation et de maquis. Une jeunesse anéantie en Indochine. Il y a un quota d'horreurs que le cerveau humain ne peut assimiler.
Les deux hommes travaillent en forêt, seuls, coupés du monde toute la semaine, à tronçonner, à abattre, à débrancher.
Survient alors la légende de la Dame de la Mort. Racontée par Dien. Qui protégerait celui qui l'aperçoit dans les conditions extrêmes de la guerre. Mais ici ce n'est plus la guerre. Juste une combe oubliée dans une forêt qu'on évite soigneusement depuis que l'on sait ou que l'on imagine les atrocités commises au pire des années 40.
Pas la peine d'en dire plus sur ce court roman.
L'ours existe bien dans le massif Vosgien. Il vit au pied du Ballon d'Alsace et se nomme
Pierre Pelot. Auteur de centaines de romans, autant policiers que lorgnant vers les origines de l'homme et quelques odes à son pays. Pierrot, vieil ours reclus au contact de cette forêt mangeuse d'âmes… ou d'hommes.
Une écriture virile, donc. Une scène, notamment, donnera envie de vomir aux plus aguerris même si on n'atteint pas l'horreur pure de son livre phare d'un millier de pages (« c'est ainsi que vivent les hommes » - chronique à venir, je dois le relire), il n'en reste pas moins que l'on ressort de cette forêt muette les sens en alerte avec un arrière-goût de malaise.
Pelot réalise l'exploit de permettre la relecture du roman une fois la révélation finale. On découvre alors un autre livre. Comme si la lecture d'un polar gardait tout son piment une fois connu le nom de l'assassin.