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EAN : 9782020126540
Seuil (08/11/1990)
4/5   32 notes
Résumé :
"Je sais en gros comment je suis devenu écrivain. Je ne sais pas précisément pourquoi.
Avais-je vraiment besoin, pour exister, d’aligner des mots et des phrases ?
Me suffisait-il, pour être, d’être l’auteur de quelques livres ? Avais-je donc quelque chose de tellement particulier à dire ? Mais qu’ai je dis ? Que s’agit-il de dire ? Dire que l’on est ?
Dire que l’on écrit ? Dire que l’on est écrivain ? Besoin de communiquer quoi ? Besoin de commu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce recueil regroupe divers textes de Georges Perec, étalés sur plusieurs années. il s'agit de retranscriptions d'entretiens, de lettres et d'essais.
Le recueil commence par "Je suis né", début de phrase qui en amène forcément de suivantes dont le rôle est de parler de soi.
Les premiers textes sont ainsi des tentatives de parler de soi, d'évoquer des moments de sa vie selon différentes voies.

Les trois derniers textes m'ont particulièrement plu, pour des raisons différentes.
Il y a d'abord: "Le rêve et le texte", publié à l'origine dans Le Nouvel Observateur en 1979. Il y parle de sa prise de notes de ses rêves des années durant, jusqu'à ce qu'il fasse une psychanalyse et comprenne que ces retranscriptions enlevaient par là même leur sens aux rêves, car ces notes étaient lisses, ponctuées, retravaillées et non prises telle que le rêve surgissait. Ce texte est particulièrement beau, bien écrit dans sa tentative de parler de l'essence même du rêve.

Il y a ensuite "le Travail de la Mémoire" où Perec parle de ses différentes obsessions de mémoire, sa peur de l'oubli, à travers différents travaux d'écriture. Il y explique également en quoi consistait le livre "Je me Souviens" pour lui.

Enfin, il y a "Ellis Island, description d'un projet", où, après une brêve explication de ce que ce lieu était, de son histoire, il nous explique plus précisément ce que lieu représente pour lui, à savoir, le "lieu de l'absence de lieu", ce lieu où il aurait pu lui-même, ou sa famille, passer, ce symbole de sa propre existence, coupé du passé et de la culture de ses parents comme l'étaient ces migrants aussitôt américanisés.

Ce recueil se lit très vite mais se relit aussi. Je pense qu'il est plus intéressant pour ceux qui connaissent déjà un peu le travail de Perec, puisqu'il en parle régulièrement dans les différents textes. Ceci dit, il pourrait également être une porte d'entrée à l'univers de cet écrivain hors du commun.
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Dans ce livre sont rassemblées notes autobiographiques parfois même brouillons, ça peut paraître confus mais c'est du Pérec, il faut le lire ainsi en se disant c'est du Pérec.....
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
S ‘encadrant dans ce projet […], mon entreprise autobiographique comprend donc trois livres.[…]

Le troisième livre est un roman d’aventures. Il est né d’un souvenir d’enfance ; ou, plus précisément, d’un phantasme que j’ai abondamment développé, vers douze-treize ans, au cours de ma première psychothérapie. Je l’avais complètement oublié ; il m’est revenu, un soir, à Venise, en septembre 1967, où j’étais passablement saoul ; mais l’idée d’en tirer un roman ne m’est venue que beaucoup plus tard. Le livre s’appelle : W

W est une île, quelque part dans la Terre de Feu. Il y vit une race d’athlètes vêtus de survêtements blancs porteurs d’un grand W noir. C’est à peu près tout ce dont je me souvienne. Mais je sais que j’ai beaucoup raconté W (par la parole ou le dessin) et que je peux, aujourd’hui, racontant W, raconter mon enfance.[…]

Par contre W me passionne : un roman d’aventures, un roman de voyages, un roman d’éducation (bildungsroman !) ; Jules Verne, Roussel et Lewis Caroll !
Mes premières ébauches, pastichant "Les Enfants du capitaine Grant", m’ont beaucoup excité, mais, finalement, je ne les crois pas très concluantes. Dans la foulée toujours de Jules Verne, je me suis dit ensuite que puisque Jules Verne avait illustré une certaine image de la science de son temps (positivisme, scientisme, fée électricité, histoire des colonisations, etc.), je pouvais avoir l’ambition de faire la même chose et entreprendre de fonder mes aventures et la description de la société de W sur des données psychanalytiques (on s’en serait douté), ethnologiques, informatiques, linguistiques, etc. […]

Il y a à peu près trois semaines, je me suis dit que la forme qui conviendrait le mieux à un tel projet était celle du roman-feuilleton. J’entends par là la livraison périodique régulière à un journal, et même à un quotidien (et non un découpage a posteriori comme le sont aujourd’hui la plupart des feuilletons), m’obligeant chaque jour à une nouvelle invention, à la construction d’épisodes dont chacun conclurait heureusement celui qui précède et préparerait, dans le mystère et le suspens (ou suspense), celui qui suit.[…]
[Extraits de : Lettre à Maurice Nadeau, 7 juillet 1969.]
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Je ne sais pas précisément ce que c’est d’être juif, ce que ça me fait d’être juif. C’est une évidence, si l’on veut, mais une évidence médiocre, une marque, mais une marque qui ne me rattache à rien de précis, à rien de concret : ce n’est pas un signe d’appartenance, ce n’est pas lié à une croyance, à une religion, à une pratique, à une culture, à un folklore, à une histoire, à un destin, à une langue. Ce serait plutôt une absence, une question, une mise en question, un flottement, une inquiétude : une certitude inquiète derrière laquelle se profile une autre certitude, abstraite, lourde, insupportable : celle d’avoir été désigné comme juif, et parce que juif victime, et de ne devoir la vie qu’au hasard et qu’à l’exil.
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L'écriture me protège. J'avance sous le rempart de mes mots, de mes phrases, de mes paragraphes habilement enchaînés, de mes chapitres astucieusement programmés. Je ne manque pas d'ingéniosité.
Ai-je encore besoin d'être protégé? Et si le bouclier devient carcan?
Il faudra bien, un jour, que je commence à me servir des mots pour démasquer le réel, pour démasquer ma réalité.
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Chaque fois il me semblait que je captais avec une aisance enchanteresse ce qui avait été la matière même du rêve, ce quelque chose d'à la fois flou et tenace, impalpable et immédiat, tournoyant et immobile, ces glissements d'espaces, ces transformations à vue, ces architectures improbables.
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Je sais en gros comment je suis devenu écrivain. Je ne sais pas précisément pourquoi. Avais-je vraiment besoin, pour exister, d’aligner des mots et des phrases ? Me suffisait-il, pour être, d’être l’auteur de quelques livres ? Avais-je donc quelque chose de tellement particulier à dire ? Mais qu’ai je dis ? Que s’agit-il de dire ? Dire que l’on est ? Dire que l’on écrit ? Dire que l’on est écrivain ? Besoin de communiquer quoi ? Besoin de communiquer que l’on a besoin de communiquer ? Que l’on est en train de communiquer ? L’écriture dit qu’elle est là, et rien d’autre, et nous revoilà dans ce palais de glaces où les mots se renvoient les uns les autres, se répercutent à l’infini sans jamais rencontrer autre chose que leur ombre.
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