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Je n'avais pas vraiment prévu de lire ce livre, et puis voilà, j'en ai entendu le titre trois fois par hasard au cours de la même journée, et il faut savoir que vraiment, les coïncidences, ça me travaille, alors ni une ni deux, j'ai foncé en librairie, et puis ça y était, je l'avais, ce petit livre bizarre, loin d'être le plus connu de l'auteur, et puis je l'ai lu, d'une traite presque, et je l'ai reposé, et voilà, je savais de quoi il en retournait, et c'était fou et tout simple à la fois.

Un homme qui dort, c'est l'histoire d'un étudiant qui s'ennuie, qui continue tout de même de dérouler son quotidien, qui obéit même, tout sage et docile, dévoué à la discipline d'une vie qu'il a à peine choisie, mais qui fatigue, qui s'acidifie, et qui décide un jour d'arrêter.
D'arrêter, tout simplement.
D'arrêter, et puis de voir.
D'obtenir la preuve que tout ça ne sert à rien pour enfin pouvoir se retirer du monde content de lui, avec la certitude du fait que lui seul a tout compris à l'absence de sens de la vie et que lui, au moins, s'en sort bien, parce que lui a su s'échapper, contrairement au commun des mortels trop occupés à subir pour s'éveiller.

L'homme qui dort est un personnage fascinant, d'une part par son absence totale de relief et de personnalité propre, d'autre part par cet incroyable élan de motivation et de force d'esprit qui le pousse à se retirer de la vie. Il est à la fois complètement insaisissable, imperméable à toute émotion, à tout sursaut de vie, mais de ce fait curieusement attachant, puisque le lecteur est libre de projeter sur cette toile blanche ses propres angoisses, sans même s'en rendre compte. On est à la fois repoussé par la forme extrême de pessimisme du personnage, mais on est aussi parfois tenté de voir en sa tentative d'évasion un immense aveu d'optimisme, la tentative ultime de celui qui croit encore ou veut croire au bonheur. Un homme, juste un homme sans nom, ni âge, ni ambition, juste une histoire sans but ni dénouement, qui rend le réel à la fois cruel et évident.

Le roman est déroutant, sorte de monologue intérieur sans la moindre structure ni interruption, succession de pensées solitaires et contradictoires assénées en saccade, décortication minutieuse des moindres aspects d'une vie devenue soudain à la fois insupportable et dénuée de toute saveur, de tout élément remarquable. Un homme qui dort s'offre comme une plongée hyper-réaliste dans les ruminations d'un homme isolé, amer et dépressif, qui cultive son propre malaise sans trop savoir s'il le fait par volonté de vivre mieux, davantage, ou plus du tout. le lecteur s'en trouve à la fois chamboulé et terrifié, tant cette litanie de considérations désabusées peut avoir quelque chose de glaçant, d'anormal, de radical. C'est un lent, très lent éveil qui prend la forme d'un endormissement, voire d'une hibernation, mais dont on comprend bien vite qu'il poussera le personnage à prendre conscience (même malgré lui) de la nature réelle de sa condition et de son existence. C'est un roman qu'on prend paragraphe par paragraphe, en le lisant bien plus lentement que ses 150 petites pages ne pourraient le laisser supposer à première vue. C'est un roman qu'il faut laisser décanter surtout, et reprendre plus tard. Son propos est assez simple (l'absurdité de la vie, tout ça) mais décrit et analysé avec une exhaustivité, une lucidité et une poésie telle qu'on ne peut que s'en trouver dérangé, touché ou même inspiré. Un roman qui donne résolument envie de sortir de chez soi, comme un plaidoyer pour un ennui délimité, créatif et inspiré, et contre une résignation moribonde et destructrice.

C'est en tout cas l'interprétation que j'en ai faite. Il faut dire que j'ai toujours été du genre optimiste.
Lien : http://mademoisellebouquine...
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Dans le silence de ta chambre, le temps ne pénètre plus, il est alentour, bain permanent, encore plus présent, obsédant, que les aiguilles d'un réveil que tu pourrais ne pas regarder, et pourtant légèrement , tordu, faussé, un peu suspect ...
Lien : http://latrace.wordpress.com..
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Un homme qui dort, Georges Perec, Denoël
Un narrateur, s'adressant à lui-même à la deuxième personne, décrit cette période de sa vie où il se laisse aller à l'abandon de tout : les études, les amis, les obligations autres que manger et dormir… Seul dans sa chambre parisienne, sous les toits, il dort, rêve, compte les fissures du plafond, lit et relit les mêmes articles…
Court texte dont on peut se demander quel est l'intérêt, jusqu'à le commencer et se laisser totalement envoûter, habiter. Perec est un écrivain à part, qui aime décrire les petits riens, le tout-venant, le quotidien et chez tout autre auteur, ce serait sans doute fatigant et ennuyeux. Pas avec lui. C'est même tout le contraire, ses descriptions des gestes moult fois répétés, des actions communes, des lieux dans lesquels il ne se passe rien, des longues errances cérébrales de son narrateur sont passionnantes. "Tu es un oisif, un somnambule, une huître. Les définitions varient selon les heures, selon les jours, mais le sens reste à peu près clair : tu te sens peu fait pour vivre, pour agir, pour façonner ; tu ne veux que durer, tu ne veux que l'attente et l'oubli."
J'ai tellement relevé de passages marquants que j'en suis presque venu à corner toutes les pages. Cet homme qui passe son temps à ne rien faire, qui laisse aller son cerveau au fil de ses pensées colle à une certaine réalité voire une vision du monde très moderne : le renfermement, le repli sur soi ou l'entre-soi, la course effrénée et vaine à la croissance contre un mode de vie décroissant davantage en phase avec les enjeux planétaires et humains... Ou simplement l'envie de se déconnecter de ce monde qui va très vite dans le mur.
C'est l'un des livres majeurs de Perec -mais en existe-il des mineurs ?- que je n'avais pas encore pris le temps de lire et que je ne peux que conseiller tant il est empli de phrases simples et belles, de passages forts : "Ne plus rien vouloir. Attendre, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre. Traîner, dormir. Te laisser porter par les foules, par les rues. Suivre les caniveaux, les grilles, l'eau le long des berges. Longer les quais, raser les murs. Perdre ton temps. Sortir de tout projet, de toute impatience. Être sans désir, sans répit, sans révolte." Non pas que je prône cette vie, mais parfois, des temps de contemplation de la nature, des temps à ne rien faire sans pour autant s'ennuyer, des temps pour soi, uniquement pour soi, qu'est-ce que ça fait du bien. Comme de lire du Perec ! Et de voir le film tiré du livre que j'ai déniché et qui colle parfaitement au livre.
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Un homme qui dort parle de non existence, le narrateur s'adresse à lui même.
Jeune homme de 25 ans, dont l'histoire commence par la non présentation à son examen.
Le temps semble long dans la vie monotone et répétitive du personnage.
Pas de chapitre, le récit n'est que paragraphe sans dialogue.
Nous assistons au repli sur lui même du personnage, dans son mal être, sa dépression.
Perec s'attache aux détails de chaque chose dans le quotidien du personnage.
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Je m'aperçois que quoique Perec ait écrit des textes de natures et d'essences très diverses, on reconnaît en lui certaines constantes. Dans chaque livre, on retrouve Perec, on retrouve celui qui se confiait dans Je suis né.

Ici, il utilise la deuxième personne du singulier et bien que tu ne sois plus dans la situation du protagoniste penché sur l'écriture ardue d'une thèse, tu te sens interpellé dans tes souvenirs, dans tes expériences et tu vis toi aussi cette détresse déprimée.

Un homme qui dort pourrait être l'archétype du roman sombre, mais il ressort toutefois de l'oeuvre une conscience du monde, de l'espace et du temps qui est celle de Perec, unique et méthodique.

«Tu lis, une à une, les cartes pâlies affichées à la devanture d'un graveur : Docteur Crubellier, stomatologiste, Diplômé de la faculté de médecine de Paris, sur rendez-vous seulement, Marcel-Émile Burnachs S.A.R.L. Tout pour les tapis, Monsieur et Madame Serge Valène, 11 rue Lagarde, 214 07 35; Réunion de l'Amicale des Anciens élèves du Collège Geoffroy Saint-Hilaire, Menu : Les Délices de la mer sur le lit des glaciers, le Bloc du Périgord aux perles noires, la Belle argentée du lac.» [G. P.]

L'édifice de la vie mode d'emploi se situe rue Simon-Crubellier; Valène en est un locataire. Et dans ce «romans», on retrouve un passage tout à fait similaire à celui-ci. C'est l'intertextualité qu'on aime de Perec.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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A 25 ans un étudiant parisien vit le basculement de sa vie. La descente dans la torpeur et l'indifférence absolue suite à un déclic inconnu ; un déclic non identifié. .
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Perec exploite un sujet classique qui est la condition humaine dans sa dimension tragique mais sans tragédie bien définie. «  Nulle malédiction ne pèse sur tes épaules Tu es un monstre, peut-être, mais pas un monstre des enfers. Tu n'as pas besoin de te tordre, de hurler. Nulle épreuve ne t'attend, nul rocher de Sisyphe, nulle coupe ne te sera tendue pour t'être aussitôt refusée, nul corbeau n'en veut a tes globes oculaires, nul vautour ne s'est vu infliger I'indigeste pensum de venir te boulotter le foie, matin, midi et soir. Tu n'as pas a te traîner devant tes juges, criant grâce, implorant pitié. Nul ne te condamne et tu n'as pas commis de faute. Nul ne te regarde pour aussitôt se détourner de toi avec horreur. »
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Le texte s'inscrit dans la mouvance du nouveau roman. Pas de personnages. Un antihéros dont on connaît pas le prénom, Un cadre minimaliste ( une chambre de 5 mètres carrés ; les rues de Paris ....), pas de dialogues, une chronologie disproportionnée , un monologue interne qui structure tout le récit, la répétition totale des mots; de la syntaxe; des faits ; des gestes ; des idées.
Certains passages sont très profonds ; marquants :
L'arbre
Le temps
La lecture du journal
Le jeu de cartes
Le corps
Le visage

Enfin cette indifférence totale , cet abandon tragique poussent à une prise de conscience dense de la condition de servitude; de la destiné à laquelle on ne peut pas échapper ni se soustraire. « Tu n'as guère vécu, et pourtant, tout est déjà dit, déjà fini. Tu n'as que vingt-cinq ans, mais ta route est toute tracée. Les rôles sont prêts, les Étiquettes: du pot de ta première enfance au fauteuil roulant de tes vieux jours, tous les sièges sont là et attendent leur tour. Tes aventures sont si bien décrites que la révolte la plus violente ne ferait sourciller personne. »
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Que vit-on, que devient l'existence lorsqu'on décide sciemment un beau jour, de renoncer à toute action et toute réflexion ?

Un jeune étudiant en sociologie est pris d'un indescriptible malaise et d'une sourde angoisse le matin même de la première épreuve de son examen pour le certificat d'Études Supérieures. Sans motivation apparente, il ne se rend pas à l'examen et prend calmement la résolution d'interrompre ses études.
En opposition-miroir à ses camarades qui se lancent dans l'aventure de la vie, le jeune homme stoppe radicalement toute activité et toute fréquentation.
Commence alors pour lui une existence de solitude et d'inactivité absolues: d'abord accident, elle se mue en expérience puis devient un apprentissage voulu et pensé pour se libérer par l'indifférence de ce qu'il vit comme son inadaptation au monde.

Publié deux ans après "Les Choses", "Un Homme qui Dort" est un court roman présenté du propre aveu de Georges Perec comme son antithèse: fini la fascination pour les choses que la société met en vitrine. Fini le désir, place au refus, et il sera total.
Le refus est en effet la seule réponse de cet homme quand son adhésion au monde tel qu'il est vient à lui faire défaut (on pense souvent tout au long de la lecture à des classiques comme "l'Étranger" ou "la Nausée", autres grands témoignages de l'absurdité et il est fait référence à "Bartleby le Scribe" vers la fin du récit). Mais annihiler la réalité extérieure pour contrer son malaise et conquérir une liberté individuelle se révélera être un choix perdant.
L'homme (qui n'est jamais nommé mais désigné par un "tu" quelque peu accusateur, à moins qu'il ne s'agisse de l'auteur lui-même, consignant ses sensations par écrit) prendra conscience que sa liberté n'est qu'un affaiblissement aussi bien physique que social.
Pris de peur, il essaie vaguement de recadrer sa vie et de se ré-sociabiliser mais le piège de l'aliénation et de l'étrangeté à soi-même s'est déjà refermé sur lui.

Perec, comme souvent, contemple les actions des ses personnages plus qu'il ne les relate. Elles sont mises à distance et vidées d'un quelconque sens, venant former avec les descriptions-accumulation du monde réel (typiques de l'auteur) un conglomérat informe et creux.
Il reprend la parole pour la conclusion du récit et tire à la place de l'étudiant la morale d'une telle conduite, dans la plus grande sévérité.
Il n'y a aucune illumination,aucune vérité à attendre de la solitude et de l'indifférence. La solitude n'est que solitude, l'indifférence n'est pas un pouvoir sur le monde, qui continue à évoluer et changer, contrairement à l'étudiant qui n'a avancé en rien et que l'auteur place en dessous des damnés et même des insectes dans l'échelle de la dignité et du mérite.
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Ce roman est une expérience. Ce roman c'est la contemplation, la recherche de l'indifférence mais la mise en exergue de tous les sens. Ce roman c'est des images, des odeurs, des sons, des sensations. Ce roman c'est le temps qui passe. Ce roman c'est la solitude. Ce roman c'est des humeurs variables. Ce roman est une ritournelle, tout ressemble à tout, la vie est une éternelle répétition...
Lien : https://sonaltesse.wordpress..
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De toute l'oeuvre de Perec « Un homme qui dort » est le roman que je trouve le plus atypique, dans le ton ; même si l'on retrouve tout à fait sa voix obsessionnelle et baroque, et aussi son côté virtuose un peu vain. Et c'est précisément de la vanité, au sens de la vacuité, du vide, dont il question dans ce roman en négatif. Un sentiment sans passion. le ton n'est pas celui du désespoir noir mais du gris de l'acédie, de l'absurde sensation d'insensibilité. Un roman fait de riens, de solitude, de gestes communs, attentif aux moindres détails, au moindre bruit, mouvement, et pourtant indifférent à tout. Simple notation, catalogage. Un roman sur le temps qui passe, tout en actions et à l'activité réduite à presque rien, bourré de citations, de références littéraires, au Rimbaud qui a cessé d'écrire, au Kafka diariste de l'empêchement, à l'Ulysse de Joyce, au narrateur de Moby Dick et encore plus à Bartleby.
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Le narrateur, un jeune homme de vingt-cinq ans qui se referme sur lui-même et qui, peu à peu, se laisse envahir par la torpeur et va faire l'expérience de l'indifférence absolue, s'y adresse à lui-même en se tutoyant.Personnellement, je ne suis pas très réceptif à ce type de prose. Je reconnais ne pas avoir été jusqu'au bout de l'histoire. Aussi, je ne me sens pas apte à juger ce livre ni à le noter. Pour moi, ce genre de narration, m'exclut du récit et m'empêche de ressentir toute empathie.
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