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Un homme qui dort, Georges Perec, Denoël
Un narrateur, s'adressant à lui-même à la deuxième personne, décrit cette période de sa vie où il se laisse aller à l'abandon de tout : les études, les amis, les obligations autres que manger et dormir… Seul dans sa chambre parisienne, sous les toits, il dort, rêve, compte les fissures du plafond, lit et relit les mêmes articles…
Court texte dont on peut se demander quel est l'intérêt, jusqu'à le commencer et se laisser totalement envoûter, habiter. Perec est un écrivain à part, qui aime décrire les petits riens, le tout-venant, le quotidien et chez tout autre auteur, ce serait sans doute fatigant et ennuyeux. Pas avec lui. C'est même tout le contraire, ses descriptions des gestes moult fois répétés, des actions communes, des lieux dans lesquels il ne se passe rien, des longues errances cérébrales de son narrateur sont passionnantes. "Tu es un oisif, un somnambule, une huître. Les définitions varient selon les heures, selon les jours, mais le sens reste à peu près clair : tu te sens peu fait pour vivre, pour agir, pour façonner ; tu ne veux que durer, tu ne veux que l'attente et l'oubli."
J'ai tellement relevé de passages marquants que j'en suis presque venu à corner toutes les pages. Cet homme qui passe son temps à ne rien faire, qui laisse aller son cerveau au fil de ses pensées colle à une certaine réalité voire une vision du monde très moderne : le renfermement, le repli sur soi ou l'entre-soi, la course effrénée et vaine à la croissance contre un mode de vie décroissant davantage en phase avec les enjeux planétaires et humains... Ou simplement l'envie de se déconnecter de ce monde qui va très vite dans le mur.
C'est l'un des livres majeurs de Perec -mais en existe-il des mineurs ?- que je n'avais pas encore pris le temps de lire et que je ne peux que conseiller tant il est empli de phrases simples et belles, de passages forts : "Ne plus rien vouloir. Attendre, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre. Traîner, dormir. Te laisser porter par les foules, par les rues. Suivre les caniveaux, les grilles, l'eau le long des berges. Longer les quais, raser les murs. Perdre ton temps. Sortir de tout projet, de toute impatience. Être sans désir, sans répit, sans révolte." Non pas que je prône cette vie, mais parfois, des temps de contemplation de la nature, des temps à ne rien faire sans pour autant s'ennuyer, des temps pour soi, uniquement pour soi, qu'est-ce que ça fait du bien. Comme de lire du Perec ! Et de voir le film tiré du livre que j'ai déniché et qui colle parfaitement au livre.
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"Tu as vingt-cinq ans et vingt-neuf dents, trois chemises et huit chaussettes, quelques livres que tu ne lis plus, quelques disques que tu n'écoutes plus. Tu n'as pas envie de te souvenir d'autre chose, ni de ta famille, ni de tes études, ni de tes amours, ni de tes amis, ni de tes vacances, ni de tes projets. Tu as voyagé et tu n'as rien rapporté de tes voyages. Tu es assis et tu ne veux qu'attendre, attendre seulement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre : que vienne la nuit, que sonne les heures, que les jours s'en aillent, que les souvenirs s'estompent."

C'est l'histoire d'un jeune homme, étudiant à Paris, c'est le narrateur. Dès la première page, il se parle à lui-même, se pose des questions sur tout ce qui fait son quotidien, sa vie, son entourage, le milieu dans lequel il vit, les sentiments qu'il ressent chaque jour.

Puis, il s'interroge : pourquoi ne pas être indifférent à tout cela ? et être "un homme qui dort".

Écrit en 1967, c'est le troisième ouvrage de Georges Perec. le roman a la particularité d'être écrit à la deuxième personne. de cette façon, l'auteur guide le lecteur dans l'introspection de son jeune narrateur qui semble ne trouver aucun sens à sa vie.

Il s'agit d'un écrit très court, sans histoire centrale mais abordant toute une série de routines qui n'a plus d'intérêt. Une solitude pesante règne au fil des pages. J'ai beaucoup aimé la plume de Georges Perec que je découvre avec ce texte et dans lequel son personnage morose sombre progressivement dans une grande tristesse.

Une première approche de l'univers particulier d'un auteur connu pour son originalité et son style d'écriture.

À connaître.
Lien : https://labibliothequedemarj..
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Je ne connaissais pas ce petit livre, quasi contemporain du drolatique « Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? », à lire pourtant pour comprendre l'habile caméléon qu'était Perec. Il s'agit de lui-même, dans sa chambre de bonne de 5 m2, qui renonce à tout contact et s'astreint au minimum. Un budget de 15 francs par jour. Toujours les mêmes repas médiocres. La même discipline quotidienne vis-à-vis de l'hygiène et de l'ordre. Et pour le reste, rien. L'observation passive de son visage, des murs, des rues, des gens. Non pas une démission, qui supposerait une décision et son affirmation à autrui, ni la dépression, il n'y a pas ici de douleur morale, mais l'introspection, puis le doute, enfin le gel de la pensée, gelée sans saveur, lâcher-prise. Perec tue les mots : « Tu lis à voix haute, tout le jour, en suivant du doigt les lignes du texte, comme les enfants, comme les vieillards, jusqu'à ce que les mots perdent leur sens, que la phrase la plus simple devienne bancale, chaotique ». Il passe dans sa piaule un temps indéfini, de jour ou de nuit, se figure son corps sur sa couche, détaille longuement ses phosphènes, les fissures de la peinture du plafond. Il marche interminablement, traverse les musées (il décrit sans le nommer le splendide Condottière d'Antonello de Messine du Louvre), fréquente les cinémas. Puis viennent les rats, les monstres, et pire, la tristesse, enfin l'écoute patiente du voisin à travers la mince cloison. le travail d'imagination reprend et le maintient en vie. Dans les dernières pages viennent les réminiscences, Roquentin, Bartleby, et finalement l'humour qui le sauve : « nul vautour ne s'est vu infliger l'indigeste pensum de venir te boulotter le foie, matin, midi et soir ». La dernière page évoque le final du Cimetière marin : « Regarde, regarde-les. Ils sont là des milliers et des milliers, sentinelles silencieuses, Terriens immobiles, plantés le long des quais, des berges, le long des trottoirs noyés de pluie de la place Clichy, en pleine rêverie océanique, attendant les embruns, le déferlement des marées, l'appel rauque des oiseaux de la mer ».
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Tellement insolite que je l'ai lu d'une traite sans aucune envie d'assoupissement.
Un récit clinique d'un repli, d'une réduction, d'un reniement, d'une négation...
Dans ce recroquevillement propre et figuré, les sens s'aiguisent pour faire pénétrer le narrateur dans un monde paradoxalement augmenté.
Un homme qui dort, c'est un éveil à une sensibilité exacerbée par une forme d'ankylose psychologique et l'analyse pathologique d'une angoisse d'affronter ce monde tout en découvrant l'écriture sans pareil de Perec.


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Dans ce livre narré à la seconde personne nous ai donné à vivre le quotidien d'un jeune homme qui tout à coup renonce en quelque sorte au social. Il devient indifférent à tout et vit comme une ombre ou mécaniquement notamment pour échapper à l'angoisse d'un destin tout tracé. Ce court roman pourrait être sous-titré "chronique d'une dépression". C'est un beau texte, vraiment bien écrit mais aussi assez inquiétant car on se demande jusqu'où le personnage va aller dans son expérience existentielle.
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Ne jamais se fier aux avis dithyrambiques...
J'avais entendu dire que ce texte était percutant, pour ma part c'était voyage dans le néant !!!
J'ai trouvé cette lecture terriblement monotone.
De longues, très longues, trop longues descriptions rendent le récit lourd et soporifique.
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Le narrateur, un jeune homme de vingt-cinq ans qui se referme sur lui-même et qui, peu à peu, se laisse envahir par la torpeur et va faire l'expérience de l'indifférence absolue, s'y adresse à lui-même en se tutoyant.Personnellement, je ne suis pas très réceptif à ce type de prose. Je reconnais ne pas avoir été jusqu'au bout de l'histoire. Aussi, je ne me sens pas apte à juger ce livre ni à le noter. Pour moi, ce genre de narration, m'exclut du récit et m'empêche de ressentir toute empathie.
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Un homme qui dort ou les méditations d'un solitaire, qui se détache de tout jusqu'à n'avoir plus goût à rien, dans un voyage intérieur vers l'indifférence absolue.

Beaucoup de lecteurs ont vu dans cet antihéros un étudiant paumé, en pleine dépression.
J'y ai vu un homme qui a choisi de dormir parce qu'il s'est éveillé à la pleine conscience de ce qu'est le monde humain : l'absurdité et l'arbitraire des codes sociaux, le vide des relations superficielles, l'agitation vaine, le conformisme des trajectoires de vie bridées par les attentes de la société envers ses membres. Il a troqué un néant pour un autre, le sien, en une révolte silencieuse et monacale. Morne et en même temps riche de réflexion.
Lien : https://unkapart.fr/un-homme..
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Réduit à un discours du narrateur à son personnage, ce texte est à rapprocher des récits-monologues où le narrateur s'adresse directement au lecteur comme Les Carnets du sous-sol de Dostoïevski, Dernier jour d'un condamné de Hugo, le Bavard de des Forêts, La Chute de Camus... sauf qu'ici il n'y a plus mention du « je » car c'est sans doute à lui-même comme un autre que parle le narrateur, comme parfois nous le pratiquons en guise d'encouragement à soi, de reproche ou de construction de soi comme un autre (à la manière de L'Inconsolable d'Anne Godard). Il se pourrait que Perec raconte sa propre expérience de perte d'intérêt pour le monde. À rapprocher ainsi de Kafka, de L'Étranger de Camus ou de la Nausée de Sartre... pour leurs personnages en crise existentielle.
D'un autre point de vue, le personnage-monologuant mène également une certaine réflexion philosophique à la manière par exemple du Descartes des Méditations métaphysiques, il s'arrête de vivre pour mieux repartir en quête du sens de l'existence. Il expérimente dans sa vie et sur lui le détachement des choses de la réalité. Détaché de ce qui serait susceptible de l'affecter, il fuit les lourdeurs de la vie, ce qui pourrait provoquer chez lui de la souffrance en appliquant le principe hédoniste jusqu'à l'extrême. Mais ce mode de vie l'amène à un non-sens en tant qu'homme et aucune vérité nouvelle. Dans cette perspective, ce roman s'inscrit bien dans la lignée de son premier roman Les Choses, le personnage essayant de s'échapper des contradictions et impasses du monde moderne, sa société de consommation et son mode de vie préprogrammé, sans succès.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Il y a des auteurs qui exercent sur moi un pouvoir d'envoutement par l'écriture et je dois dire que Georges Perec est un de mes préférés. C'est sans doute parce qu'il appartient à l'Oulipo (ouvroir de littérature potentielle).
C'est un écrivain qui sait décrire ce que tout le monde a sous les yeux mais ne voit pas à force d'habitudes. Il excelle pour observer et décrire des choses simples et je l'apprécie pour cela.
"Un homme qui dort" est un livre passionnant entièrement écrit à la seconde personne du singulier. Il nous plonge dans la vie d'un jeune étudiant à Paris qui perd le sens de sa vie. Seul dans une petite chambre de bonne rue Saint-Honoré, il ne va pas passer son examen. Il va se détacher petit à petit de la réalité et rester seul avec sa solitude. Il passe son temps à regarder les failles du plafond, à faire des réussites aux cartes ou à relire des livres qu'il a déjà lu. Il est comme en survie, détaché de tout et Perec se demande si c'est ça la liberté.
Cette situation a un écho particulier aujourd'hui avec le confinement qui fait débat sur la santé mentale des étudiants d'autant plus que cette solitude s'avèrera bien inutile parce que l'indifférence ne le rendra pas différent. J'ajouterai qu'"Un homme qui dort" a été publié en 1967 et à l'époque, le personnage du roman, qui vit avec une bourse, n'a ni la télévision ni le téléphone.
Le seul lien qu'il a avec le monde extérieur ce sont ses longues balades dans Paris particulièrement bien décrite par Georges Perec. D'ailleurs, il en a fait un film réalisé par Bernard Queysanne, qui a reçu le Prix Jean Vigo en 1974.


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