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EAN : 9782742788309
228 pages
Actes Sud (03/02/2010)
3.42/5   19 notes
Résumé :
Une femme solitaire observe quotidiennement une fenêtre vide de l'immeuble d'en face. Pour tromper son isolement, elle écrit, s'invente des histoires, caressant l'espoir que quelque chose se passe un jour de l'autre côté de la rue des Martyrs. Quand un homme emménage dans l'appartement, il devient l'objet de toutes les attentions de celle qui l'épie désormais tendrement, passionnément - et qui s'achète bientôt des jumelles...
De sa plume sobre et entêtante, P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une fenêtre au hasard est l'histoire du rendez-vous d'amour manqué de deux solitudes, chacune à l'abri de l'angoisse du dehors, qui par certains côtés fait penser au superbe roman de Delphine le Vigan:Les heures souterraines (traitant en parallèle le mal être d'un médecin urgentiste en pleine rupture et celui d'une femme cadre divorcée harcelée par son chef).
Mais chez Pia Petersen (auteur contemporaine norvégienne résidant en France), la femme solitaire et dépressive, va connaitre peu à peu le voisin solitaire qui aménage face à sa fenêtre par une surveillance rapprochée et une interprêtant de ses faits et gestes (ce qui faussera la donne). Limite alcoolique, depuis trois ans, elle "essaie d'écrire la fenêtre d'en face" . Déstabilisée par ce nouveau locataire, voyeuse intrusive, elle imagine cet inconnu, seul sel de sa vie pitoyable de petite bureucrate,s'en amourache,le suit,ouvre son courier, lui écrit anonymement des lettres d'amour, car "écrire c'est donner de l'âme aux mots" et lui révéle son secret, un lourd secret tissé de traumatismes et de manque d'amour qui ont plombé son assurance par trop fragile.
Pas d'érotomanie,une dérive, une simple phobie sociale qui la fera démissionner de son travail, puis partir tout court pour fuir celui dont, elle le sait, par manque "de suffisance", elle ne peut être digne.
Lui, de son côté, ce "Luca Tovani, dont elle a lu le nom sur sa boite aux lettres, angoissé par la vie et la misère vécue dans ses reportages de "correspondant de guerre", seul avec sa caméra "sa vision des choses" qui "le relie au monde", seul avec sa peur de l'amour, seul avec son malaise d'être surveillé qui se transforme peu à peu en paranoïa, ne se doute que trop tard des sentiments dont il fait l'objet de la part de celle qui aurait pu....
Un roman d'amour très émouvant dans un Paris où, malgré la canicule qui sévit, les relations humaines restent froides,les gens passent à côté les uns des autres sans se voir,se comprendre,oser un geste d'amitié, un Paris tissé du vide des solitudes.
Une approche psychologique très pointue des deux personnages principaux.Une réflexion sur les rapports humains qui de nos jours manquent d'humanité et sur le poids du passé, les relations avec l'enfance qui peuvent plomber un destin.
Un livre fort qui vibre et pleure!
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Très curieux livre !
La présentation de l'écrit peut déconcerter.
Dès les premières pages, nous sommes nous aussi devant les deux vantaux d'une fenêtre.
Le rideau constitué de mots est fermé.
Le texte se déroule devant nous comme un tapis, très difficile de s'arrêter pour souffler un peu. Nous sommes prisonniers de ces phrases qui s'enchaînent et qui nous enchaînent à l'histoire.
Les caractères dans la page sont à l'image du titre du roman. C'est une fenêtre sur une vie, un rectangle agencé dans chaque page, ne laissant pas ou très peu d'ouverture pour s'évader. Et cette fenêtre n'est pas une grande baie vitrée qui se laisserait facilement ausculter, c'est plutôt un vasistas rectangulaire qui nécessite une curiosité plutôt insistante pour nous dévoiler l'intérieur de cette vie.
Une auteur danoise qui nous présente une histoire de Paris, une histoire imprégnée de Paris, imbibée de la solitude des métropoles.
Une histoire où nous allons à la rencontre de la solitude, de la peur de l'échange avec l'autre avec les autres, à la recherche de l'âme soeur, la recherche du pourquoi je vis.
L'importance de la parole, de l'échange avec les autres, il faut oser, toujours oser, n'en pas se laisser enfermer dans ces peurs, dans ces préjugés,
Quel gâchis mais quel gâchis, n'oublions jamais de ne jamais nous enfermer dans le silence, dans l'indifférence,
Certes nous existons mais les autres aussi et nous ne pourrons nous épanouir qu'en rencontrant les autres.
Ne jamais oublier ce petit conseil, merci Pia de nous le rappeler.
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Elle est solitaire, elle ne parle pas beaucoup aux autres, elle est rongée par ses démons intérieurs, elle se dit moche, peu intelligente, peu intéressante, en somme elle se confond avec les murs qu'elle rase à longueur de journée.
Mais elle s'est enfin trouvée un sens à sa vie, celle de l'homme de l'appartement d'en face, qu'elle observe et épie dès qu'elle le peut : "Si seulement j'avais été suffisante, plus belle ou intelligente, plus capable ou plus drôle, ma vie aurait été différente mais je ne suis rien de tout cela et finalement mon contenu de vie se résume à une fenêtre par laquelle je regarde une autre fenêtre et faute d'avoir une vraie vie, je vole celle des autres. Celle de l'homme en face.".
Lui, il vient d'emménager dans le quartier, il est journaliste, il a du mal à s'attacher à une femme, il fuit tout lien d'attachement et tout sentiment amoureux, par peur : "Avec l'amour on se perdait et c'était effrayant, il avait peur de se donner et s'oublier et peur qu'on ne lui fasse mal, peur de ne plus pouvoir se raisonner et se contrôler et il se dit que c'était terrible et lâche aussi et pas vraiment une vie.", mais il se sent épié, et il va se prendre au jeu d'imaginer qui l'observe derrière sa fenêtre.

La thématique de ce roman avait beaucoup pour me plaire, car j'aime regarder de temps à autre par la fenêtre pour voir ce qui se passe chez mes voisins, et j'ai encore en mémoire le film de référence sur le sujet, "Fenêtre sur cour" signé d'Alfred Hitchcock.
Au final, je ressors mi-figue mi-raisin de cette lecture, parce que l'histoire et son déroulement me laissent un goût d'inachevé, peut-être aussi parce que j'attendais une autre fin que celle choisie par l'auteur.
Car ce roman est bel et bien une histoire d'amour, dans un Paris en pleine canicule, la chaleur n'est pas que dehors elle habite aussi les deux personnages principaux.
C'est surtout le rendez-vous manqué de deux solitudes, de deux personnes que tout oppose et qui finalement pourraient bien être ce que l'on appelle des âme-soeurs dans la littérature romantique.
Et c'est sur ce dernier point que le rendez-vous a été quasiment raté de mon côté, bien que d'une certaine façon la fin laisse entrevoir un espoir et surtout libre court à l'imagination du lecteur.
Mais si je creuse mon ressenti à l'issue de cette lecture, je dois reconnaître que ce n'est pas tant cette fin qui me gêne mais plutôt le personnage féminin, narratrice de l'histoire en alternance avec son voisin d'en face.
Certes, elle a eu un passé difficile qu'elle évoque dans son journal intime sous forme de lettres rédigées pour son mystérieux voisin dont elle s'est éprise, mais j'ai fini par me lasser voire m'agacer de son dénigrement perpétuel sur elle-même, elle n'est jamais bien, jamais belle, jamais intelligente, à l'écouter c'est un boulet voire même un oubli de la nature, finalement sa solitude n'est pas si étonnante que cela et illustre très bien le propos que pour être aimé des autres et attirer le regard sur soi il faut d'abord s'aimer et s'apprécier, ce qui manque cruellement à cette femme.
Son attitude fataliste m'a aussi énervée : "C'est mon histoire d'amour et je la vie toute seule, lui, il n'est pas dans le coup et c'est ainsi et que faire contre ça ?", quelle idée aussi de tomber amortisseuse de son voisin d'en face, et pourquoi être aussi butée, s'obstiner à garder ses sentiments pour soi plutôt que d'essayer de le connaître ?
Cette fuite en avant de la narratrice a fini par me lasser et est la raison de mon sentiment mitigé sur ce roman.
Car sur le style de Pia Petersen, je n'ai rien à redire, il est très beau, recherché, et elle a su donner corps aux personnages en alternant les points de vue.
Pour la découverte de cette auteur c'est une réussite, pour le reste j'avoue que je m'attendais un peu à quelque chose d'autre et que le goût d'inachevé prédomine.

"Une fenêtre au hasard" me laisse un sentiment de frustration vis-à-vis de l'histoire et particulièrement du non développement du personnage féminin mais a le mérite de mettre en valeur la très belle plume de Pia Petersen.
Une lecture en demi-teinte qui ne m'a tout de même pas ôté l'envie de découvrir les autres romans de cette auteur.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Disons-le de suite, mon sentiment est mitigé ; je ne saurais dire si j'ai aimé ou non.
Ce livre est loin de mon registre habituel très fleur bleu, alors qu'est-ce qui m'a décidé à le choisir ? Toute d'abord l'héroïne écrit et je suis particulièrement attirée par les histoires qui tournent autour des livres et des écrivains. Ensuite, j'imaginais déjà toutes les situations incongrues et rocambolesques que le constat initial pouvait engendrer.
Mon imagination m'a bien trompée sur ce coup car le livre n'est ni romanesque (bien que l'on parle d'une histoire d'amour), ni drôle. L'héroïne, dont on ne connaîtra pas le nom, n'est pas vraiment auteur. Elle écrit sur une fenêtre et on ne nous fait pas partager sa prose. Ensuite, pas de quiproquos ni de réflexions qui nous fassent sourire à la manière d'une Bridget Jones. Non, ici, il s'agit d'une jeune fille si seule et triste qu'elle épie son nouveau voisin avec des jumelles et en tombe amoureuse. Elle lui prête des traits de caractère qu'il lui ait impossible de connaître puisqu'elle ne lui a jamais parlé. Au début j'ai eu pitié d'elle, puis je l'ai plainte pour finir par la comprendre, un peu.
Peut-être est-ce cela le plus déroutant dans ce roman. On éprouve de la sympathie pour cette femme qui, de premier abord, relève plus de la psychiatrie que de l'amoureuse transie. Mais elle évolue. On suit son cheminement intellectuel et sentimental et on ne peut que se retrouver dans cette forme d'amour, cet abandon du soi pour l'autre.
Lui aussi est complexe, a un passé tourmenté et des questionnements existentiels. On finit par se dire qu'ils pourraient bien aller ensemble, s'ils arrivent à se retrouver…
Toutes l'action du roman - si on peut parler d'action car dans les faits il ne se passe pas grand-chose - se déroule à paris, entre Montmartre et Châtelet, durant un été caniculaire qui brouille les esprits et fait penser à la fin du monde.
Le style du livre m'a aussi dérouté. Des phrases très courtes, hachées, les dialogues se mêlant au récit. le discours de l'héroïne raconté à la première personne alterne avec celui du voisin donné à la troisième personne. Malgré tout l'histoire se lit très facilement. La pensée des protagonistes se tient tout en reflétant leur chaos intérieur.
Au final, le livre m'a surpris. L'auteur a su traité de sujets profonds voire graves sans pour autant nous culpabiliser ou nous démoraliser. Et bien que j'espérai une autre fin, celle-ci est cohérente avec le reste du roman et se tient.
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Murée dans la solitude, une femme observe chaque jour une fenêtre de l'immeuble d'en face. Derrière cette vitre, c'est le néant absolu. Alors, pour tromper son isolement, pour combler le vide, elle écrit en regardant la fenêtre. Elle s'invente des histoires, recrée un monde, effleurant l'espoir qu'un visage vienne se coller là, tout près, juste de l'autre côté de la rue des Martyrs. Un jour, l'événement se produit : un homme emménage dans l'appartement. Émue et intriguée, l'héroïne pressent que son existence pourrait être bouleversée. Avec ses jumelles, elle épie la vie De Luca, elle dont le quotidien étriqué est marqué par la fatalité et l'incomplétude. Au fil de ces séances, où Luca est surveillé, analysé, disséqué dans ses moindres faits et gestes, naissent une relation amoureuse fantasmée, des délires obsessionnels et des lettres passionnées. Luca devient l'amant sublimé par le rêve et le désir.
Le roman me rappelle un poème de Baudelaire : "Les fenêtres" :
Les Fenêtres
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle. Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.
Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.
Peut-être me direz-vous : « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Charles Baudelaire - le Spleen de Paris
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le regard de la caméra était magique et aussi impudique,il voyait tout d'elle comme si elle était nue et ça le stupéfiait toujours,cette capacité qu'avait la caméra de montrer les choses à cru.C'est pour ça qu'il ne filmait jamais ses proches,pour ne pas tout voir,ce serait comme les perdre.
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On n'est pas obligé de montrer ses faiblesses et c'est mal vu,d'être seul,c'est en quelque sorte ne pas être parfait et tout le monde veut la perfection et pour ça il faut être sollicité,avoir beaucoup d'amis et moi,je n'en aui pas,alors je prends tout ça en considérant et fais comme si j'avais beaucoup de travail et n'avais besoin de personne.
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Si seulement j'avais été suffisante, plus belle ou intelligente, plus capable ou plus drôle, ma vie aurait été différente mais je ne suis rien de tout cela et finalement mon contenu de vie se résume à une fenêtre par laquelle je regarde une autre fenêtre et faute d'avoir une vraie vie, je vole celle des autres. Celle de l'homme en face.
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Trop près des misères, c'est ce qu'il se dit, puis il ne s'en sortait plus avec la rédaction et la manière dont il fallait travailler. Il n'y avait plus d'enquêtes. On partait en reportage pour confirmer ce qu'on savait déjà et si on ne trouvait rien, il fallait l'inventer.
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C'est bon et je me sens si audacieuse et je bois encore un verre et encore un,puis toute la bouteille et je me dis que je ne suis pas si seule que ça et que ça ne veut rien dire, être seul et de toute façon,où est le mal? Qui peut me le dire ça?Où est-ce écrit qu'il ne faut pas être seul?
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Videos de Pia Petersen (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pia Petersen
27 oct. 2022 Rencontre en ligne Un endroit où aller du 10/10/2022 avec Pia Petersen pour son roman "La vengeance des perroquets" paru aux éditions Les Arènes.
Elle est interviewée par Frédérique Deghelt.
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