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EAN : 9782757869352
264 pages
Points (19/10/2017)
3.34/5   88 notes
Résumé :
Le 7 janvier 1980, Gay Tales reçoit à son domicile new-yorkais une lettre anonyme en provenance du Colorado. Le courrier débute ainsi : "je crois être en possession d'informations importantes qui pourraient vous être utiles."

L' homme, Gerald Foos, confesse dans cette missive un secret glaçant : voyeur, il a acquis un motel à Denver dans l'unique but de le transformer en "laboratoire d'observation".

Avec l'aide de son épouse, il a déc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Lecteur, es-tu voyeur ?
Si tu es fan de téléréalité et/ou, si tu as plus de 20 ans et que tu soupirais d'aise en t'installant devant l'émission Strip-tease*, si tu ressens un mélange de fascination-identification-répulsion, de pitié et de moquerie envers les protagonistes de ces racolages télévisuels, alors tu seras conquis par ce « Motel du voyeur », récit de la vie trépidante de l'authentique Gerald Foos, qui se donnera en spectacle sous tes yeux ébahis.
Authentique, car ceci n'est pas un roman, c'est une enquête. Et pas menée par n'importe qui (même si personnellement je n'en avais jamais entendu parler), puisqu'elle est commise par Gay Talese, célèbre journaliste new-yorkais, l'un des fondateurs, dans les années 60, du « nouveau journalisme » (càd un journalisme empruntant certaines techniques de narration à la littérature).
Or donc, par un froid matin de janvier 1980, Gay Talese reçoit une lettre anonyme d'un obscur propriétaire de motel dans le Colorado. Ledit propriétaire lui révèle être un voyeur obsessionnel et avoir aménagé son motel de façon à pouvoir observer, à leur insu, les ébats (amoureux ou non, en tout cas sexuels) de certains de ses clients. Et Mister Glauque de se considérer, sans prétention aucune, comme un (pseudo) sexo-sociologue analysant et transcrivant avec une méthode tout ce qu'il y a de plus empirique, les pratiques sexuelles des gens ordinaires, et leur évolution. Oui, évolution, parce que Monsieur observe déjà depuis plus de 10 ans, sans jamais s'être fait prendre. Tout ceci attise bien sûr l'intérêt de Gay Talese, qui décide de rencontrer son interlocuteur, Gerald Foos, donc. Celui-ci refuse que son nom ou celui de ses clients soient révélés (rapport à la réputation de son motel, hein, quand même), Talese, fidèle à ses principes, refusant alors de publier quoi que ce soit s'il ne peut citer aucun nom. Fin de l'histoire ? Non, le journaliste reste en contact avec Foos pendant plus de 30 ans, au fil desquels celui-ci lui révélera avoir assisté, depuis sa cachette, à un meurtre dans l'une des chambres du motel, mais n'avoir rien dit à la police par crainte de voir son « hobby » dévoilé. Il lui expliquera également que ses deux épouses successives ont accepté son vice le plus naturellement du monde, y participant même à l'occasion. Et puis un jour (sans quoi vous n'auriez pas cette chronique sous les yeux), Foos autorise Talese à rendre son histoire publique.

En dehors de l'écoeurement causé par ce procédé infect et malsain qui consiste à se repaître de l'intimité des autres sans leur consentement, je m'interroge encore sur les motivations respectives de Foos et de Talese. Foos d'abord : en admettant qu'il souffre de ce vice obsessionnel, qui d'après lui remonte à l'adolescence, pourquoi décide-t-il de se confier à un journaliste ? Besoin de reconnaissance ? Génie incompris de l'observation de ses contemporains ? Dans ce cas, pourquoi exige-t-il l'anonymat pendant si longtemps ? La prescription du meurtre ? Mais aucun cadavre ni même aucune disparition n'ont jamais été signalés. Une démarche scientifique ? Là c'est carrément risible : l'énumération de « cas » n'a guère d'intérêt, en plus d'être ennuyeuse à mourir. J'en conclus que Foos est un pauvre type qui, bien qu'heureux en ménage, a besoin de prendre son pied en zyeutant les galipettes des autres et qui se fait mousser en invoquant une étude de moeurs. Quant à Talese : s'estimant lié à Foos par un accord de confidentialité pendant 35 ans, il en devient le complice, à tout le moins le « voyeur du voyeur ». Au point qu'il se sent obligé de se justifier en long et en large au fil du bouquin, et se permet même le luxe de jeter un écran de fumée, se demandant si après tout, tout ça est bien vrai, vu quelques approximations de dates dans le récit de Foos. Son intérêt à lui ? le scoop du siècle ? Était-il certain dès le départ de convaincre Foos de publier son histoire ? Ou bien est-elle inventée de toutes pièces ?
Parce que c'est ça, le résultat : tout cela m'a paru tellement invraisemblable que, malgré les photos et les lettres reproduites dans le livre et quelques traces dans les moteurs de recherche, j'ai la sensation d'une mystification, et j'ai toujours du mal à croire à l'existence de ce voyeur de Gerald Foos.
Lecteur, seras-tu le voyeur du voyeur du voyeur ?

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Strip-tease_(émission_de_télévision)
Lien : https://voyagesaufildespages..
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L'aspect non conventionnel d'un livre, sa bizarrerie, motive souvent mon choix d'en lire un plutôt qu'un autre. le repérage de nouvelles lectures, qui constitue une activité occupant possiblement plus de temps que le temps où je lis le résultat de mon repérage, est donc fortement influencé par la singularité d'une oeuvre. J'accroche particulièrement sur le titre ou le graphisme de la couverture, mais mon regard se posera également sur un récit qui diverge de la norme. C'est le cas du Motel du voyeur, une enquête journalistique (partageant des similitudes avec le genre true crime) sur l'histoire d'un homme ayant épié les clients de son motel sur plusieurs décennies à l'aide d'une fente située au plafond des chambres.

Nonobstant les considérations légales et morales de la chose (d'ailleurs, sommes-nous en tant que lecteur des complices du voyeur, des voyeurs au même titre que lui ?), cette enquête offre une immersion privilégiée (puisqu'à leur insu…) dans la vie privée des Américains au moment de la Révolution sexuelle. C'est non seulement des changements dans les pratiques sexuelles de ses clients que Gerald Foos observe, mais aussi des changements démographiques et sociaux, les conséquences de la Guerre du Viêt Nam et la misère humaine (une misère autant sur un plan sexuel et affectif que sur un plan plus général). C'est notre « moi », dans sa forme la plus authentique, ce moi que nous ne voulons pas que les autres sachent qui est ainsi dévoilé une première fois au voyeur pour son plaisir personnel et une seconde à tous lors de la publication initiale de ce livre sous la forme d'articles par l'auteur Gay Talese dans le New Yorker. Cette « expérience », celle de Foos le voyeur, atteindra son paroxysme avec l'observation d'un événement précis que la quatrième de couverture divulgâche.

Concernant les mérites littéraires du livre : avec ces courts « articles », le style est rapide et rythmé. S'enchaînent ainsi la narration de Gay Talese et les observations de Gerald Foos provenant de son journal où cependant nous en arrivons rapidement à une certaine monotonie à partir du milieu du livre. Aussi, si Gay Talese considérait que les erreurs factuelles présentes dans le récit (qu'il découvrit une fois la publication) portaient un tort trop important à son ouvrage pour qu'elle conserve son caractère journalistique, je considère inversement que ses imprécisions sont inhérentes au récit, qu'elles participent au flou entre fantasme et réalité, et ce, autant pour les observations proprement dites que pour la façon pour laquelle le voyeur se perçoit lui-même. Mentionnons qu'en amont de son désir de notoriété, Gerald Foos qualifiait sa démarche de scientifique et innovante, à l'instar des études d'Alfred Kinsey et de Masters et Johnson.
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La curiosité appelle parfois la curiosité : j'avais croisé plusieurs fois le nom de Gay Talese sur des étalages de librairie, et me laissait tenter dernièrement par ce tout récent 'Motel du voyeur', dans lequel le journaliste et écrivain américain nous livre le témoignage d'un propriétaire de motel à Aurora ayant espionné sa clientèle durant une trentaine d'années. Un voyeur, un vrai, qui ne s'est jamais fait attraper qui plus est !

Si les scènes rapportées sont tour à tour choquantes, excitantes ou surprenantes, il est ici essentiellement question d'une étude sur la sexualité des américains de la fin des années 1960 jusqu'aux années 1990, à travers les yeux du gérant du motel, Gerald Foos. Durant tout ce temps, il observe depuis le grenier et à travers de fausses grilles d'aération les comportements humains intimes, prend une grande quantité de notes et en vient à la conclusion qu'on ne peut se fier à personne, que chacun joue un rôle en société, mais est finalement quelqu'un d'autre le reste du temps.

Mise à part cette constatation un brin simpliste et attendue, j'ai particulièrement apprécié le récit des anecdotes, longuement citées par Gay Talese. J'ai pourtant regretté le peu d'implication du journaliste américain dans son livre, qui reste trop en retrait et ne construit pas vraiment de trame pour servir ce témoignage - dommage, vu les implications morales et légales que tout cela implique.

Mais si vous vous sentez l'envie de rentrer dans l'intimité d'un voyeur, alors ce livre reste tout à fait recommandable.
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Je viens de terminer ce livre et comment vous dire 🤔....
Je l'ai trouvé au rayon thriller et je me demande bien pourquoi 😳.
Un résumé qui évoque le film "Psychose", un thème sur le voyeurisme et une couverture plus qu'originale, waouu je l'achète direct.
Sauf que pour moi, je n'ai rien trouvé qui se rapportait à un thriller. Alors oui il y a un meurtre mais rien de spectaculaire.
Gérald Foos achète un hôtel et durant une quinzaine d'année va espionner via un système dans le plafond, la vie de ses clients, enfin surtout la vie sexuelle de ses clients. Il note et analyse tout dans des carnets et se sont certaines de ses notes que nous retrouvons dans ce livre. Nous sommes clairement dans la tête d'un voyeur pervers bien conscient de son obsession, qui aime comprendre comment fonctionne la nature humaine à travers sa sexualité.
Pour moi il s'agit plus d'un témoignage et d'une confession, on essaie de comprendre ce qu'il peut pousser un homme à faire ce genre de chose. Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé mais c'est quand même assez spécial comme lecture 😜
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Contrairement à certaines librairies où on peut trouver cet ouvrage côtoyant les romans noirs, et malgré la couverture sombre sur laquelle on peut lire mot "enquête" , "Le motel du voyeur" n'est pas un polar. Cela peut en avoir le parfum, mais c'est surtout un livre un peu hors norme, genre d'enquête journalistique au long cours, qu'a mené sur des décennies Gay Talese, grand reporter américain.
Après la sortie d'un ouvrage ayant fait couler pas mal d'encre au USA autour du milieu échangiste américain dans les années 70, l'auteur reçoit un courrier d'un dénommé Gérald Toos, gérant d'un motel dans le Colorado. Ce monsieur tient à partager avec lui un secret inavouable : il a installé au-dessus de six chambres de son établissement, un système lui permettant de scruter sa clientèle. Voyeur dans l'âme mais se sentant aussi sociologue spécialisé en sexualité, il consigne depuis des années dans des carnets, ses observations sur les pratiques sexuelles des américains. Plus fort que Kinsey qui n'a que des données de seconde main, ses constatations, prises sur le vif comme un anthropologue, méritent, selon lui, une publication. Mais légalement, le procédé est condamnable et il a fallu attendre la grande vieillesse du voyeur pour que soit publiée cette enquête, fruit d'un travail de plusieurs décennies.
Une pratique aux relents sulfureux, une promesse de sexe, voilà des ingrédients qui, sous couvert d'enquête journalistique, risquent d'attirer le chaland. Sauf que ces 254 pages ont une tout autre portée que la seule envie de lire quelques récits croustillants. Quand on aborde le sujet du voyeurisme, un jeu subtil se noue entre le lecteur et les protagonistes. Nous avons déjà la presque culpabilité du journaliste, complice plus ou moins volontaire de faits illégaux qui lui sont révélés mais qu'il ne dénoncera pas ( voyeur par procuration ? ) mais aussi l'ambivalence d'une lecture où l'on ne sait très bien où se situe la vérité. Les questions affleurent au cours du récit, où quelques détails nous troublent par leur véracité que l'on perçoit comme vaguement défaillante. Qu'est-ce qui est vrai dans tout cela ? Tout ? Rien ? La réponse n'existe pas et le livre ne nous en dira pas plus, laissant très justement l'ombre du doute hanter les lignes.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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critiques presse (4)
Bibliobs
19 septembre 2017
Le journaliste américain Gay Talese a été récompensé pour son enquête “Le Motel du voyeur”. Le divin marquis aurait sûrement adoré.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
06 décembre 2016
Après des reportages littéraires sur Sinatra, Peter O'Toole, Joe Louis, le pape du «nouveau journalisme» croque un hôtelier qui a épié sa clientèle durant des décennies.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
10 octobre 2016
Durant trente-cinq ans, le patron d'un motel américain a espionné les ébats de ses clients. Gay Talese en a tiré un livre fascinant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
28 septembre 2016
Un récit haletant et retors, élaboré par un enquêteur hors norme.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
(...) je ne fus pas convaincu que les poulets étaient aussi stupides que ça. C'est juste qu'ils n'aiment pas ce qui sort de la routine. Ils se sentent en sécurité avec les choses qui leur sont familières. Malgré leurs airs ou leur apparence ridicule, ils ne sont pas vraiment si différents en cela de beaucoup d'humains que je connais.
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J’ai toujours été impressionné par les rapports chaleureux, aimants, que j’ai régulièrement pu observer chez les lesbiennes. Leurs sentiments de sympathie, de compassion et de compréhension vont bien au-delà des rapports habituels entre un homme et une femme. Le sexe ne se réduit pas au sexe, et peu importe qu’il s’agisse d’un couple homo ou hétéro. Cela tient certainement à la façon dont les hommes ont appris à regarder leur corps, à les toucher, à ressentir leur sensualité, par opposition à la manière dont les femmes ont appris à faire la même chose. Ces deux femmes auraient pu résumer tout ceci en une seule expression : “faire l’amour avec” plutôt que “faire l’amour à”. Malheureusement, la majorité des hommes que j’ai pu observer sont davantage préoccupés par leur propre plaisir.
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Pour mes premiers sujets et pour cette première séance d’observation, c’était formidable de les voir entrer dans la pièce. Je les voyais encore mieux que je ne l’aurais cru, et c’était sensationnel. Cet accomplissement me faisait éprouver un sentiment de puissance et d’exaltation incroyable. J’avais réussi ce que d’autres avaient rêvé de faire et le sentiment d’être d’une intelligence supérieure m’envahit. On n’a qu’une seule vie, et je venais de réaliser mon rêve grâce à une détermination et un engagement sans faille.
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Je connais un homme marié, père de deux enfants, qui a acheté, il y a bien longtemps, un motel de vingt et une chambres près de Denver dans le seul but d'en devenir le voyeur permanent.
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Les vacances poussent les gens à extérioriser toutes les angoisses qu’ils portent en eux et tendent à favoriser tout ce qu’il y a de pire dans les émotions humaines. La plupart des gens donnent l’impression d’être heureux quand ils se présentent ensemble à la réception du motel pour payer une nuitée supplémentaire, ou quand ils viennent chercher un livre ou des brochures.
On ne peut jamais deviner qu’au-delà des apparences leur vie privée est infernale et malheureuse.
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