Un sordide hôtel de passe en Thaïlande.
Chambre 442.
Enfermée jour et nuit, c'est là que vit Lili depuis qu'elle a fui sa famille, après que son père, à force de la violer, ait fini par l'engrosser.
Elle, qui rêvait d'être une grande dame comme celles des magazines, n'a trouvé que la crasse, l'abjection de la prostitution, tous ces porcs qui la maltraitent jour après jour.
Alors pour oublier, Lili se raccroche à quelques rares souvenirs heureux, à ce petit trésor d'enfant qu'elle a mis au monde...elle rêve d'un prince qui l'emmènera loin de l'enfer et s'évade en s'injectant de l'héroïne.
Mais la rédemption existe-elle lorsque l'on est une fille perdue? S'enfuir...oui..s'enfuir..mais comment ? En s'offrant le grand voyage...assise contre un mur..une seringue, une dose, une cuillère, un briquet et un élastique...le pouce qui presse le piston...oui, le grand départ...
Un roman dur, poignant, révoltant qui arrachera des larmes même aux moins sensibles des lecteurs !
Mots heurtés, phrases courtes, style dépouillé, japonisant, qui sonnent juste et qui font mouche, rendant palpable la misère et la déchéance.
En quelques dizaines de pages à peine,
Diane Peylin dont c'est le 1er roman, construit une atmosphère, plante son décor (le lieu sordide de la
chambre 442) et nous fait partager toute l'ignominie de l'existence de son héroïne avec une force et une maturité plutôt rares dans une première oeuvre.
L'auteure est ardéchoise, pas encore connue, mais mérite assurément de l'être car ce texte fort nous entraîne loin dans la réalité odieuse de certaines vies foutues dès le départ.
Une romancière à suivre donc, que l'on attend maintenant dans un récit plus long que les 70 pages de ce petit roman qui prend aux tripes.