AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072540783
120 pages
Gallimard (27/02/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
'J'ai à cet instant la sensation d'être situé sur le cap. En ce point d'observation, de privilège, je me vois. Le monde est vide. J'y reviens avec les yeux mêmes et nouveaux, et les oreilles... L'étendue est pensée. L'étendue est pensée avec les oreilles... Avec les yeux : l'instant et la parole sous l'arche de l'étendue...'
Que lire après L'étendue musicaleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Conférence sur Marcelin Pleynet
Privas, 12 janvier 2013

Bonjour à tous,

Je voudrais débuter mon intervention par le geste habituel — à savoir un remerciement — mais adressé de façon tout à fait inhabituelle, c'est-à-dire à « la Fortune, la Chance ». Ce subtil escamotage devrait m'aider à « situer » mon intervention tout en y plongeant in medias res, dans le vif.
Poussé par ce faux et heureux hasard, j'ai ouvert un livre révélateur de Marcelin Pleynet, qui porte ce titre attirant : La Fortune, la Chance, publié en 2007. Je reprends quelques phrases de l'oeuvre d'Aristote, les Parties des animaux, citées par Martin Heidegger dans sa Lettre sur l'humanisme :

D'Héraclite on rapporte un mot qu'il aurait dit à des étrangers désireux de parvenir jusqu'à lui. S'approchant, ils le virent qui se chauffait à un four de boulanger. Ils s'arrêtèrent, interdits, et cela d'autant plus que, les voyant hésiter, Héraclite les invite à entrer par ces mots : « Ici aussi les dieux sont présents ».
« Ici aussi », explique Pleynet, dans le règne de l'accoutumé, du prévu, du calculé, dans cette réalité qui nous paraît sans prétention, « les dieux sont présents ». Pour cela, il faut une petite révolution de notre façon de nous approcher de l'instant, de vivre notre propre « être présent » face à une certaine situation. Il faut affronter l'imprévu, s'émanciper de tout contraint temporel. Il faut, pour le dire avec Pleynet, libérer les hasards.
Ici même : « SITUATION : tactique qui se meut dans l'instant, et se joue des événements pour en faire l'occasion... la chance ».

J'ai rouvert La Fortune, la Chance. À la fin j'ai trouvé une chance, et surtout le fil de mon histoire, à travers les hasards. « Suites musicales. La Fortune et la Chance : Venise ». Pleynet y célèbre Venise et sa musique atemporelle, savante. Au coeur de cet incomparable lieu où Occident et Orient se rencontrent (Rome et Byzance), dont l'arrivée est toujours un départ — on pourrait dire, « le seul départ » —, la ville investie de la lumière grecque qui a abandonné notre civilisation, Pleynet songe à Monteverdi, à la durée qui est harmonie : « comme dans l'art d'aimer... l'empire immense de la musique... l'immensité de Venise... civilisation d'une familière et enveloppante immensité... En tout point derrière cette arche... cette immensité est musicale... ».
Dans cette « situation », enfin, le secret, la Fortune, la Chance... je découvre en même temps, le titre d'un madrigal de Monteverdi, Ogni Amante è Guerrier, sur un poème d'Ottavio Rinuccini, l'un des premiers librettistes italiens. Sous la plume de Pleynet, comme dans la musique qui en accompagne les mots, il y a une synesthésie radicale, totalisante et fluide. Les architectures, les lignes, la lumière de Venise deviennent une partition en acte : le mouvement de la musique que tout suspend et enlève, et la voix de Monteverdi qui « habite l'air que nous respirons ». Couleurs de la lumière, fleur, une basilique vénitienne « qui verdit ». Voici, dans les mots de Pleynet, l'instant de la Chance, libéré du poids des hasards :

Et il me semble que mon oeil et ma main se détachent et passent très vite à droite, détachés de moi, emportés en un éclair, fléchés, bien au-delà de la basilique Saint-Marc... dans le ciel.
Un autre nom, à vrai dire, est sous-entendu dans ce chapitre de la Fortune, la Chance : celui d'Antonio Vivaldi, né à Venise et devenu maître à l'Ospedale della Pietà. Musique et Venise, autant dire des synonymes, pour Pleynet.

VOIR
Écrit en dansant
Itinéraires de Marcelin Pleynet
Hommage à Marcelin Pleynet
La première chance m'a été donnée par deux amis de Pleynet qui malheureusement ne sont pas ici aujourd'hui : Florence Lambert et Augustin de Butler. C'est à eux que je dois la lecture des oeuvres de Pleynet, c'est à eux également que je dois ma participation à ce dossier qui vient d'être édité grâce aux soins de la revue Faire Part. « Inexpert curieux » de sa poésie, je me suis penché sur la note rimbaldienne et sur quelques suggestions qui caractérisent d'une manière frappante, à mes yeux, le premier recueil de poèmes de Pleynet, Provisoires Amants des nègres. Dans la stratification de sens de son écriture (la célèbre formule de Rimbaud « littéralement et dans tous les sens »), riche palimpseste ininterrompu, je voyais une stratégie vouée à dénoncer la désolation moderne du langage, dominé, appauvri par la technologie et le mercantilisme outrancier et destructeur de la communication coûte que coûte. Dans mon écrit, je formule ces questions de façon indirecte, mais naturellement ma référence essentielle reste, côtoyant Rimbaud, Martin Heidegger. « La pensée et la poésie chacune de sa façon particulière [...] sont le dire essentiel », écrit-il dans Qu'appelle-t-on penser ?. Pour lui il faut nous débarrasser de toute vue esthétique de l'Art :

La langue n'est pas seulement zone d'expression, ni seulement moyen d'expression, ni même seulement les deux ensemble. Poésie et Pensée ne se bornent jamais à utiliser la langue, à demander son secours pour se déclarer, mais Pensée et Poésie sont, en soi, le parler initial, essentiel et par conséquent du même coup le parler ultime que parle la langue à travers l'homme.
Parler la langue est tout à fait différent de : utiliser une langue. le parler habituel ne fait qu'utiliser la langue. [...] nous sommes, dès que nous prenons le chemin de la pensée, aussitôt tenus de prêter spécialement attention au dire de la parole.
Dans la parole de Pleynet et de son Provisoires Amants des nègres, on retrouve, à partir du titre e de l'exergue, un refus net et précis du bavardage invétéré envahissant notre quotidien, cette « mort des mots » par sécheresse, dont la poésie de Pleynet dit le poignant danger. Dans ma contribution, je relève, en même temps, la part confiée à la mémoire, perçue in primis comme dialogue et espace de liberté. C'est ce que Hölderlin aborde dans un poème que Pleynet cite dans sa Chronique vénitienne de 2010 :

La mémoire est aussi pour l'homme dans les mots
La solidarité entre les hommes
Vaut pour leur bien la vie durant les hameaux
Mais c'est en lui que le savoir questionne
En second lieu, je visais la source de la résonnance rimbaldienne dans toute l'oeuvre de Pleynet, en soulignant, si possible, l'enjeu fondamental de sa lecture et de cette fidélité constante. En 1983, à propos de la dynamique du départ que Provisoires Amants des nègres implique, Pleynet écrira une « aventure libre dans la partition d'une langue qui résonne aujourd'hui comme hier en
corps et maintenant ». La poésie de Rimbaud se donne comme l'antithèse d'une réponse définitive, ne cessant de résonner dans les écrits de Pleynet. Il s'agit sans doute d'une question d'oreille, de ton.

Ma seconde chance est liée à un livre de Pleynet, auquel j'ai eu le privilège de consacrer une attention toute particulière : L'Amour vénitien, publié en 1984. Ma traduction italienne de cet ouvrage, en collaboration avec Augustin de Butler, qui va paraître bientôt en Italie et en France, s'ouvre en guise de préface, par un entretien avec Marcelin Pleynet et se termine par une postface consacrée à l'amour vénitien et à son architecture musicale. J'ai essayé de saisir ce livre comme un unique poème que la lumière vénitienne décompose en plusieurs panneaux, — dans ce livre, donc, je suis arrivé à rassembler les multiples thèmes de Pleynet en un unique et grand Amour, où « chant, musique, peinture et poésie habitent le poème comme ils [l']habitent », pour paraphraser un passage de sa préface. Et ce qui me paraît le plus admirable est cette logique qui préside la poésie de Pleynet, qui n'est ni rigide, ni monotone : la Venise de Pleynet est mouvance et mouvement, elle jouit d'un « emportement musical » qui, comme chez Vivaldi, englobe les éléments naturels, et plus encore les marbres et l'or qui promettent son éternité. le passage lui-même est musique : le plain-chant domine l'air instable de Venise, lui imposant sa monodie. Tout ce qui est perçu, vu, senti — et surtout vécu — est immédiatement entendu musicalement. Tout naturellement je rejoins ici ma première « chance » : cette « musique savante » est aussi celle de Rimbaud. Je songe en particulier aux vers de 1872 et aux Illuminations, dont Verlaine avait invité à en cueillir l'aspect pictural à travers une prétendue racine anglaise, en proposant les sous-titres « Painted Plates », « Coloured Plates », sans oublier la charge de « lumière » qui est implicite dans le titre. Rimbaud est très sensible à l'éblouissement de l'aube : « J'ai embrassé l'aube d'été », dit le texte homonyme ; sans passer sous silence la célèbre lettre du poète à Ernest Delahaye de « Parmerde », datée de « Jumphe 72 ».

Maintenant c'est la nuit que je travaince. de minuit à 5 du matin. le mois passé, ma chambre, rue Mr-le-Prince, donnait sur un jardin du lycée Saint-Louis. Il y avait des arbres énormes sous ma fenêtre étroite. À trois heures du matin, la bougie pâlit ; tous les oiseaux crient à la fois dans les arbres : c'est fini. Plus de travail. Il me fallait regarder les arbres, le ciel, saisis par cette heure indicible, première du matin. Je voyais les dortoirs du lycée, absolument sourds. Et déjà le bruit saccadé, sonore, délicieux des tombereaux sur les boulevards. — Je fumais ma pipe-marteau, en crachant sur les tuiles, car c'était une mansarde, ma chambre. À 5 heures, je descendais à l'achat de quelque pain ; c'est l'heure. Les ouvriers sont en marche partout. C'est l'heure de se soûler chez les marchands de vin, pour moi. Je rentrais manger, et me couchais à 7 heures du matin, quand le soleil faisait sortir les cloportes de dessous les tuiles. le premier matin en été, et les soirs de décembre, voilà ce qui m'a ravi toujours ici.
Dans L'Amour vénitien, Marcelin Pleynet paraît avoir voulu éterniser cette « heure indicible » à laquelle Rimbaud fait allusion.
Venise, baignée par les lumières de l'aube ou du couchant, est bercée par une musique atemporelle et immanente. L'amour de Venise, n'est que l'amour « d'une lumière, d'un éclat, d'un départ ». « Départ dans l'affection et les bruits neufs », écrit Rimbaud dans un poème en prose des Illuminations, Départ. La parole de Pleynet, dans L'Amour vénitien, accepte la profondeur de la surface, « en clichés », tout comme Venise, ville-surface, repose sur le gouffre marin. Ces eaux, qui de pair avec la lumière du soleil, paraissent l'une des conditions du mouvement vénitien : le « clavecin des eaux » peut monter jusqu'à nous. Les marées mouvantes créent un équilibre menaçant. le corps, le corps séduisant de Venise, est un bateau suspendu qui roule et brille, « prière de l'eau et du vent / barque d'or ».

Andrea Schellino

Références :
Martin Heidegger, Qu'appelle-t-on penser ?, éd. Aloys Becker et Gérard Granel, Paris, PUF, 1954.
Martin Heidegger, Lettre sur l'humanisme, éd. Roger Munier, Paris, Montaigne, 1957.
Marcelin Pleynet, Les Trois Livres : Provisoires Amants des nègres - Paysages en deux suivi de Les Lignes de la prose - Comme, Paris, Seuil, 1984.
Marcelin Pleynet, La Fortune, la Chance, Paris, Hermann, coll. « Lectures », 2007.
A. Rimbaud, Oeuvres complètes, édition établie par André Guyaux, avec la collaboration d'Aurélia Cervoni, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris 2009.
Marcelin Pleynet, L'Amore veneziano, traduzione e cura di Andrea Schellino, con la collaborazione di Augustin de Butler, Faloppio, LietoColle, 2013.


Lien : https://www.babelio.com/monp..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Hier, aujourd’hui, demain, c’est le même. Ai-je assez vécu ce même dans une toujours autre musique ? Et la parole qui s’élève et dialogue avec elle-même...
Rien ne passe, tout revient à nouveau dans l’espace qui s’offre gratuitement au passant, à l’habitant heureux d’être là, dans le tableau : Conversation sacrée.

Depuis leurs premières exécutions modernes, voilà quatre-vingts ans, les Vêpres de la Vierge, de Monteverdi, publiées pour la première fois fin 1610, sont devenues l’une des pierres angulaires du répertoire classique. Leur musique, magnifique, solennelle, sensuelle et rythmiquement saisis­ sante, exerce un attrait immédiat, cependant que l’usage du plain-chant, comme base de toutes les mises en musique des Psaumes, ajoute à l’exquis Ave Maris Stella, et au gran­diose Magnificat, conférant à l’ensemble une cohérence et un dessin sans pareil...

Je ferme les yeux, et je vois. Les Psaumes reposent ici sur une technique simple, chaque verset est chanté sur la même phrase musicale... Ce qui est extraordinaire, c’est l’absolue inventivite, l’alternance des deux textures basiques (Dixit Dominus) qui côtoie une serie de variations sur trois lignes de basse differentes (Laetatus sum).

Je rouvre les yeux. Près de moi, à San Zaccaria, le grand Bellini semble emporté par la musique... Conversation de la Vierge Marie avec l’Enfant et quatre saints... Chacun clans son monde... De quoi s’entretiennent-ils, si ce n’est du des­tin depuis toujours déjà joué de l’Enfant-Dieu...

Et a nouveau cet Ave Maris Stella...

Parlons-en... N’en parlons plus ...

Je quitte l’église avec cette image dans le coeur.

« Un coeur calme en son fond, calme devant Dieu comme celui-ci le veut, Dieu le touche volontiers, car ce coeur est son luth. »
Commenter  J’apprécie          30
Travail. Situation de l’usage récurrent d’un même mot et de la satisfaction qu’il procure... Le surgissement du mot : un instinct de rapport rythmique qui recouvre d’immenses étendues de formes et de couleurs.

Ce qui se déclare, ce qui se joue en conviction dans la situation où s’éprouve la nécessité d’un mot.

Ce mot, « l’étendue »... la nécessité de me reconnaître emporté, porté avec l’ouverture plane et volumétrique de Venise, de... ce qui se dispose à l’étendue.

Ici, ce qui immédiatement s’éclaire, s’aveugle, s’étend et s’offre dans le bleu... sur l’horizon infini...

Étendue, l’instant où un mot laisse arriver, ouvre et déploie, de l’intérieur du son, la vue à partir de lui-même...

Ma vie n’a pas de fin comme mon champ de vision ne connaît pas de frontière. Ma mort n’est pas un événement de ma vie. On ne vit pas sa mort. Si l’on entend par éternité non pas la durée mais l’intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans l’instant.

Écrire : évoquer là-devant l’étendue qui s’éclaire. En un mot, j’ai le sentiment de dire et de vivre en corps, d’être à l’étendue ce qui se présente, ce qui s’offre à découvert : la mer découverte, le grand drap bleu... l’étendue, la mer, ce qui me projette et m’appelle et me précipite en avant.

J’ai à cet instant la sensation d’être situé sur le cap. En ce point d’observation, de privilège, je me vois. Le monde est vide. J’y reviens avec les yeux mêmes et nouveaux, et les oreilles... L’étendue est pensée. L’étendue est pensée avec les oreilles...
Avec les yeux : l’instant et la parole sous l’arche de l’étendue...

L’étendue liquide ne se déploie que pour un corps mouvant, en marche, océanique, où le point du temps reste à découvert... Dans le sombre bleu, l’étendue, l’étincelle.

Avec le surgissement du mot qui précède la sensation, dans l’instant, l’étendue est une chance placée debout... peut-être une montagne... En ce point, il n’y a qu’un point invisible qui soit le véritable lieu. L’étendue à nouveau se dresse...

À Venise l’étendue entre en représentation : théâtre physique, visible, de l’étendue... La nature étendue à nouveau se dresse devant moi — là devant.

Leçon sur l’étendue : je cherche une montagne... et j’entends une musique proche et lointaine.
Commenter  J’apprécie          00
pour Vivaldi
derrière les grilles
toutes ces voix cachées
dans la rumeur grondante du solfège
et l’impétueuse charité
l’allégro des couleurs
l’amour
dans l’agitation de l’amour

riva degli Schiavone
les musiciennes vives et nues
l’orchestre des saisons
le jaillissement sonore
l’ospedale della Pietà


per Vivaldi
dietro le grate
tutte quelle voci nascoste
nel rumore incombente del solfeggio
e l’impetuosa carità
l’allegro dei colori
l’amore
nell’agitazione dell’amore

riva degli Schiavone
le musiciste vivaci e nude
l’orchestra delle stagioni
lo zampillio sonoro
l’ospedale della Pietà
Commenter  J’apprécie          00
A Venise la circonférence est partout et le centre nulle part...

Ma vie comme un roman dont la circonférence est partout et le centre nulle part...
Commenter  J’apprécie          00

Lire un extrait
Videos de Marcelin Pleynet (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcelin Pleynet
Édouard Manet (1832-1883) : Nuits magnétiques par Jean Daive (1983 / France Culture). Diffusion sur France Culture le 8 juin 1983. Peinture : Édouard Manet, "Autoportrait à la palette", 1879. Par Jean Daive. Réalisation Pamela Doussaud. Avec Philippe Lacoue-Labarthe (critique, philosophe, écrivain), Dominique Fourcade (écrivain), Marcelin Pleynet (écrivain, critique d'art), Jean-Pierre Bertrand (artiste peintre), Joerg Ortner (graveur, peintre), Jean-Michel Alberola (artiste), Constantin Byzantios (peintre), Isabelle Monod-Fontaine (conservatrice au musée Georges Pompidou) et Françoise Cachin (conservatrice au musée d'Orsay). Lectures de Jean Daive. Édouard Manet, né le 23 janvier 1832 à Paris et mort le 30 avril 1883 dans la même ville, est un peintre et graveur français majeur de la fin du XIXe siècle. Précurseur de la peinture moderne qu'il affranchit de l'académisme, Édouard Manet est à tort considéré comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel qui n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre : sujets espagnols notamment d'après Vélasquez et odalisques d'après Le Titien. Il refuse de suivre des études de droit et il échoue à la carrière d'officier de marine militaire. Le jeune Manet entre en 1850 à l'atelier du peintre Thomas Couture où il effectue sa formation de peintre, le quittant en 1856. En 1860, il présente ses premières toiles, parmi lesquelles le "Portrait de M. et Mme Auguste Manet". Ses tableaux suivants, "Lola de Valence", "La Femme veuve", "Combat de taureau", "Le Déjeuner sur l'herbe" ou "Olympia", font scandale. Manet est rejeté des expositions officielles, et joue un rôle de premier plan dans la « bohème élégante ». Il y fréquente des artistes qui l'admirent comme Henri Fantin-Latour ou Edgar Degas et des hommes de lettres comme le poète Charles Baudelaire ou le romancier Émile Zola dont il peint un portrait : "Portrait d'Émile Zola". Zola a pris activement la défense du peintre au moment où la presse et les critiques s'acharnaient sur "Olympia". À cette époque, il peint "Le Joueur de fifre" (1866), le sujet historique de "L'Exécution de Maximilien" (1867) inspiré de la gravure de Francisco de Goya. Son œuvre comprend des marines comme "Clair de lune sur le port de Boulogne" (1869) ou des courses : "Les Courses à Longchamp" en 1864 qui valent au peintre un début de reconnaissance. Après la guerre franco-allemande de 1870 à laquelle il participe, Manet soutient les impressionnistes parmi lesquels il a des amis proches comme Claude Monet, Auguste Renoir ou Berthe Morisot qui devient sa belle-sœur et dont sera remarqué le célèbre portrait, parmi ceux qu'il fera d'elle, "Berthe Morisot au bouquet de violettes" (1872). À leur contact, il délaisse en partie la peinture d'atelier pour la peinture en plein air à Argenteuil et Gennevilliers, où il possède une maison. Sa palette s'éclaircit comme en témoigne "Argenteuil" de 1874. Il conserve cependant son approche personnelle faite de composition soignée et soucieuse du réel, et continue à peindre de nombreux sujets, en particulier des lieux de loisirs comme "Au Café" (1878), "La Serveuse de Bocks" (1879) et sa dernière grande toile, "Un bar aux Folies Bergère" (1881-1882), mais aussi le monde des humbles avec "Paveurs de la Rue Mosnier" ou des autoportraits ("Autoportrait à la palette", 1879). Manet parvient à donner des lettres de noblesse aux natures mortes, genre qui occupait jusque-là dans la peinture une place décorative, secondaire. Vers la fin de sa vie (1880-1883) il s'attache à représenter fleurs, fruits et légumes en leur appliquant des accords de couleur dissonants, à l'époque où la couleur pure mourait, ce qu'André Malraux est un des premiers à souligner dans "Les Voix du silence". Le plus représentatif de cette évolution est "L'Asperge" qui témoigne de sa faculté à dépasser toutes les conventions. Manet multiplie aussi les portraits de femmes ("Nana", "La Blonde aux seins nus", "Berthe Morisot") ou d'hommes qui font partie de son entourage (Stéphane Mallarmé, Théodore Duret, Georges Clemenceau, Marcellin Desboutin, Émile Zola, Henri Rochefort).
Sources : France Culture et Wikipédia
+ Lire la suite
autres livres classés : vivaldiVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}