AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782912771926
170 pages
de la revue conférence (01/01/2017)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Noël 1833 : c’est le titre d’un poème d’Alessandro Manzoni qu’il ne parvient pas à achever. Et c’est ce jour-là que meurt son épouse. Celui qu’on s’accorde à reconnaître comme le plus grand écrivain italien après Dante renonce progressivement à son œuvre : il a beau multiplier les tentatives d’écriture, l’abîme qui s’ouvre à lui devant l’énigme de la souffrance l’en empêche. C’est cette fois sa vie qui s’y confronte, et non plus seulement son œuvre ou sa pensée. >Voir plus
Que lire après Noël 1833Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le jour de Noel 1833 est celui de la mort d'Enrichetta, la première femme d'Alessandro Manzoni, le grand écrivain italien du XIX iéme siècle. Elle meurt, il a à peine cinquante ans, lui laissant sept orphelins dont elle prenait méticuleusement soin, seule.
C'est l'histoire de l'agonie d'un homme profondément croyant, face à sa femme mourante et son désarroi suite à son décès, “Ça doit être terrible de demander à Dieu de ne pas trop éprouver notre foi” (« Dev'essere terribile domandare a Dio di non chiedere troppo alla nostra fede. »). Une mort qui ébranle sa foi, ses convictions, en conséquence son processus créatif littéraire. “Pourquoi la douleur du monde malgré Dieu ?” (“perché il dolore nel mondo nonostante Dio?”). Voilà le défi imposé à Manzoni et qui se reflétera sur son oeuvre future.
Mario Pomilio partant d'un fait véridique, se basant sur quatre lettres de Manzoni et deux ébauches d'une oeuvre initiée après la mort d'Enrichetta, nous entraîne dans la fiction, donnant la parole à Giuliana, la mère d'Alessandro, où il imagine et analyse finement ce que peut cacher un homme semblant impassible face à une douleur allant outre notre seuil de tolérance humaine, et ses tentatives d'y remédier par le biais de la littérature , “....il existe des moments de faiblesse, où quand la douleur va à l'outrance, arrive à l'improviste une sorte d'état de stupéfaction qui peut être faussement prise pour de la sérénité. “

Pomilio, écrivain italien, décédé en 1990, reçu pour ce beau livre douloureux publié en 1983, le prix Strega, le Goncourt italien. Il vient d'être récemment traduit en français.

“La force, la vraie force, on ne peut la tirer que de là d'où est venu le coup”.
“la forza, la vera forza, non si può avere che di lassù donde è venuto il colpo”,
Commenter  J’apprécie          713
Le sujet était intéressant: Manzoni , le grand écrivain auteur des Fiancés,  perd, en quatre ans, coup sur coup, sa femme, deux filles puis sa mère.

Ce Noël 1833 où commence , avec la mort d'Enrichetta, son malheur, il se sent atteint dans sa foi : tant de malheur existe-t-il pour permettre au chrétien d'éprouver sa foi, faisant de lui un autre Christ souffrant la passion ? Faut il y voir l'injustice de Dieu? Son indifférence? Ou simplement le détachement radical de la justice divine de celle des hommes?

 Beau thème, beau sujet.

  Malgré deux excellentes critiques et les chaudes recommandations d'une précieuse amie babeliote qui est ma pourvoyeuse de livres rares et intéressants, malgré les qualités manifestes d'un style à la fois classique et raffiné,  malgré l'intérêt du sujet , je n'ai pas accroché à cette lecture.

C'est peu de dire que j'ai  essayé : j'y ai même mis une louable obstination!

D'abord, je l'ai acheté en italien pour me rendre compte, très vite, que ce n 'était pas de mon niveau, puis en français,  mais jamais lecture ne m'a coûté autant d'effort de concentration et d'attention. Au bout de quelques lignes, je décrochais, comme le cancre rêveur dont l'oeil distrait voit des escapades derrière les équations du tableau noir. J'ai mis un temps fou à lire une centaine de pages! Une torture!

Le texte,  élégant, coulait sur moi comme l'eau sur les plumes d'un canard.


Je crois vraiment que ce probleme éthique devenu sous la plume de Pompili, écrivain catholique militant, une pure et épineuse controverse religieuse, ne m'a pas  touchée , n'a pas pu en tout cas soutenir mon intérêt pendant plus de quelques pages:  je me suis sentie bassement terre à terre, humaine, trop humaine.

Hors jeu.

Aussi je m'en tiendrai là,  sans porter de jugement sur ce livre qui comme disait Pascal, un mystique qui m'a pourtant passionnée, est manifestement hors de ma prise.

Commenter  J’apprécie          346
Alessandro Manzoni, écrivain italien majeur du 19e siècle, jette désespérément dans un carnet l'ébauche d'un poème à Dieu: "Oui, comme tu es terrible...". C'est Noël, nous sommes en 1833, son épouse Enrichetta agonise et mourra quelques jours plus tard. le poète tentera d'étoffer deux ans plus tard les vers de ce "Noël 1833" qu'il ne termina jamais.
Voilà les documents dont l'on dispose : deux ébauches de poèmes et quatre lettres de Manzoni où il mentionne la disparition de sa femme et, un peu plus tard, de sa fille aînée.

De là, Mario Pomilio ("Le cinquième évangile") livre un texte magnifique, où il mêle histoire et invention. Manzoni est profondément croyant, l'épreuve qu'il traverse éprouve sa foi et l'enferme dans une révolte muette. Sa mère, Giulia, s'est liée avec une jeune visiteuse de la famille, Mrs Clark, qui éprouve, sans se l'avouer, sinon une flamme, tout au moins un penchant pour l'écrivain étrangement distant. Cette dame écrit à la mère que l'apparente froideur d'Alessandro lors des funérailles est l'objet d'indignation chez une certaine marquise. Giulia prend la plume pour tenter d'expliquer à son amie ce qu'elle sait de son fils. le récit alterne des passages de cette lettre fictive et les observations d'un narrateur, rédigés d'une écriture précise et raffinée.

Ébranlé par la disparition de son épouse, Alessandro Manzoni, prisonnier de la foi, s'interroge sur la douleur du monde malgré Dieu et remet en cause son édifice intellectuel d'artiste. Il est au bord de deux blasphèmes, le reniement ou l'échec de Dieu. Ce conflit théologique intérieur peut sembler inactuel, la rigidité spirituelle de cet homme pieux nimbé de sainteté peut agacer, mais ces austérités sont tempérées par les mots de Guilia à Mrs Clark. Affectée par la souffrance de son fils, elle manifeste une compassion éclairée et une piété réaliste.

"Je peux me tromper, mon amie, avec ma piètre religion, à laquelle j'ai l'impression de recourir, à certains moments, comme on allume une lampe, surpris par l'effroi, pour ne plus voir la nuit. Pourtant ne croyez-vous pas, vous aussi, qu'une foi peut devenir terrible si, pour attirer vers ses hauteurs, elle ne nous aplanit pas, mais les élève encore?"

La gravité du thème du roman (ce mot me semble si peu approprié ici) ne saurait ternir l'éclat de son écriture. Ce qui ne gâche rien, l'objet-livre des éditions de la Revue Conférence est délicieusement réalisé. Les alexandrins choisis par Mario Pomilio en épigraphe me semblent, une fois n'est pas coutume, refermer adéquatement ce compte-rendu.

"Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité."
(Baudelaire)
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          82

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
....alcune domande inesplicate. Per esempio queste: in che senso il divino si manifesta nell’umanità che soffre; in che senso il dolore si commisura alla santità; in che senso e perché la redenzione non include un piano di giustizia, ma manifesta soltanto le potenze della compassione.
( ...quelques questions inexpliquées. Par exemple celles-ci : comment le divin se manifeste-il dans la souffrance humaine; dans quel sens la douleur se mesure-t-elle à la sainteté ; dans quel sens et pourquoi la rédemption n’inclut pas un plan de justice, mais se manifeste uniquement dans la puissance de la compassion.)
Commenter  J’apprécie          330
La lettre de donna Giulia présente à cet endroit une étrange irrégularité: un simple alinéa ne suffit pas, il faut, dirait-on, une page blanche à la vieille dame pour reprendre son récit. Peut-être intimidée elle-même par son émotion, a-t-elle eu besoin d'une pause et, cessant d'écrire, s'est-elle approchée de la fenêtre. Elle a longuement regardé l'évasement du jardin et la perspective lointaine du parc qui le délimite. En apparence, c'est une Arcadie : un de ces lieux qui semblent incapables de retenir les souvenirs, tant ils s'en remettent au cours égal des saisons, à la stricte répétition des rituels de la nature qui semble impliquer une durée sans mort. Aujourd'hui, de fins nuages se répandent de très haut comme autant de largesses du ciel, et toute chose en reçoit l'éclat d'une lumière d'aurore. Mais ce qui la fait d'autant plus tressaillir, c'est la pensée que sa petite-fille ait pu respirer justement ici, dans toute cette paix, cette verdure qui à présent – nous sommes en avril – se développe, jeune et fraîche, comme fripée encore par le gel, alors qu'à l'époque – c'était un 20 septembre – elle s'abandonnait immobile à la lumière lente et délicieuse des couchants de l'été finissant.
Commenter  J’apprécie          50
Que reste-t-il, veux-je dire, à nos pauvres esprits, sinon, hélas, de devoir choisir entre ces deux hérésies : ou c'est Dieu qui veut la douleur de l'homme, ou la douleur de l'homme est l'échec de Dieu?
Commenter  J’apprécie          80
Je peux me tromper, mon amie, avec ma piètre religion, à laquelle j'ai l'impression de recourir, à certains moments, comme on allume une lampe, surpris par l'effroi, pour ne plus voir la nuit. Pourtant ne croyez-vous pas, vous aussi, qu'une foi peut devenir terrible si, pour nous attirer vers ses hauteurs, elle ne nous les aplanit pas, mais les élève encore?
Commenter  J’apprécie          00
Il voulait crier à la fois sa révolte et sa contrition, citer en jugement le Dieu de la toute-puissance et en même temps s'agenouiller au pied de sa souffrance. En somme, il voulait à nouveau justifier Dieu à travers le Christ. Mais la Toute-Puissance ne pactise pas, elle ne se laisse pas justifier.
Commenter  J’apprécie          00

Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Karine Giebel ou Barbara Abel

Je sais pas ?

Karine Giebel
Barbara Abel

10 questions
66 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}