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Allan Popelard (Autre)Antony Burlaud (Autre)Grégory Rzepski (Autre)
EAN : 9782354802301
800 pages
Editions Amsterdam (10/09/2021)
4.71/5   7 notes
Résumé :
Dans quel pays vivons-nous ? « Un nouveau monde », disent-ils. Mais lequel ? Pour répondre à cette question, il fallait mener une enquête de grande ampleur sur la France contemporaine.

Le Nouveau Monde, auquel ont participé près de quatre-vingt-dix auteurs – chercheurs en sciences sociales, journalistes, écrivains, praticiens et militants –, brosse un tableau sans équivalent de la France à l’heure néolibérale. En mêlant les voix et les regards, en mul... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
LE NOUVEAU MONDE
TABLEAU DE LA FRANCE NEOLIBERAL

C'est un gros pavé, bien lourd, le truc qui doit en rebuter plus d'un.
Non, ce n'est pas un tableau c'est une immense fresque ou plutôt un polyptyque en 8 volets peints par 90 auteurs qui ajoutent chacun une couleur, un éclairage, une touche impressionniste à cette grande oeuvre.

La multiplicité des points de vue, l'exhaustivité des regards, la finesse des analyses rendent ce bouquin passionnant d'un bout à l'autre.
Commençons par le début, le titre « Le nouveau monde - Tableau de la France néolibérale ».
Là, nous ne sommes pas d'accord.
Le nouveau monde désignait encore au siècle dernier l'Amérique. Il est clair que ce n'est pas le cas puisqu'il s'agit exclusivement de la France comme le précise le sous-titre. La question du tableau est réglée puis que c'est une fresque. La France serait-elle nouvelle? Non, il s'agit là de décrire la France contemporaine, celle qui coure depuis 30 ou 40 ans, celle qui a élu un jeune banquier en 2017, celle qui a fait fleurir des Gilets Jaunes fin 2018 et qui s'essouffle gentiment derrière des masques depuis près de 2 ans. Plutôt que du nouveau monde, il s'agit de l'ancien monde néolibéral, ultra-libérale ou post-libéral, celui qui disrupte macroniquement avant écrasement.

Le polyptyque est divisé en 4 grand tableaux.

Le premier est constituée de 3 longs chapitres intitulés « Le séparatisme de la bourgeoisie », « La politique du capital », « Le mépris au pouvoir ». Les titres sont explicites, il s'agit là de la bourgeoisie et des instances de l'état. On y décrit dans le détail le fonctionnement des organisations patronales et étatiques et leur évolution depuis 30 ans : séparatisme, pantouflage, détournement des institutions. L'histoire récente montre une accélération de ces phénomènes, disruption oblige! Les évènements récents, gilets jaunes et pandémie sont bien présents et révélateurs de la dévastation en cours. On a lu 400 pages sans s'en apercevoir. La variété des sujets , la concision des articles et des auteurs, la finesse des analyses nous emporte. Ce qui étonne, c'est la cohérence du propos malgré la variété des auteurs. Cette, ils sont peu libéraux et ce socle commun construit un tableau homogène ou chacun amène ses connaissances et son intelligence propre.

Le second Tableau ne comporte qu'un chapitre « Le monologue des travailleurs ».
Ce chapitre est la restitution d'entretiens réalisés en 2020 et 2021. Ils sont restitués sous forme de monologues. Ces 80 pages justifient à elles-seules la lecture de ce bouquin. D'ailleurs, elles légitiment le travail qu'il l'entoure. Ce sont des témoignages de personnes de tous horizons, des tranches de vie extrêmement sensibles relatant la vie des vrais gens et des gens vrais sans misérabilisme aucun. Cette prouesse construit un portrait humain de la France travailleuse.



Le troisième tableau comporte 3 chapitres « Vivre dans le nouveau monde », « Opposition » et « Néolibéralisme autoritaire ».
Nous avons là une mosaïque de thèmes.
« Vivre dans le nouveau monde » regroupe les activités primordiales de la vie : se nourrir, se soigner, apprendre, etc. Aux textes d'analyse, sont accolés des petites scènes qui donnent du corps à la vision générales.
Les deux parties suivantes « Oppositions » et Néolibéralisme autoritaire » décrivent les lieux et les objets des conflits avec le néolibéralisme. On y parle évidemment des gilets jaunes, de féminisme, de néofacisme mais aussi des modes de maintien de l'ordre.

Le livre se termine par un chapitre intitulé « Mythologies » absolument réjouissant.
Roland Barthes peut aller se rhabiller avec les siennes. le choix des nouveaux mythes est très pertinent. Ce sont des petits textes chocs, incisifs et drôles qui éclairent la totalité de l'oeuvre.

Le bouquin rappelle par son contenu, sa forme et son poids l'excellent « Manuel indocile de sciences sociales » paru en 2019. Il va plus loin dans la diversité des auteurs en y intégrant écrivains, poètes et photographe malgré tout encore très minoritaires. Bégaudeau signe à lui-seul 6 articles. On sent l'influence forte (et bienfaisante) du « Monde diplomatique » qui constitue un des rares pôles d'analyse et de résistance au néolibéralisme: pas moins de 10 contributeurs. Lordon ne s'est pas trop cassé en envoyant un billet de son impeccable blog « La pompe à phynance ».
Maître de conf, prof, directeurs de recherche et journalistes fournissent le gros des plumitifs. Sociologue et historien sont largement présents. Un seul politique, le député journaliste Ruffin.
J'ai regretté l'absence de Barbara Stiegler qui aurait pu contribué sur trois sujets : le néolibéralisme (lire son « Il faut s'adapter »), la pandémie (lire son tract « De la démocratie en pandémie ») et les gilets jaunes (lire « Du cap au grèves »).
Ces deux thèmes, les gilets jaunes et la pandémie sont fréquemment évoqués mais peu analysés. Cela pourra être l'objet d'un tome 2 si le néolibéralisme n'a pas explosé d'ici là.

Il n'en reste pas moins que « Le nouveau monde » crée les conditions de possibilité nécessaires au changement. Nous disposons d'une armée d'intellos engagés et capable de porter la sortie du néolibéralisme, le mal nommé. Rien que çà, c'est rassurant.
Lisez le nouveau monde. Vous disposez là de tous les arguments pour préparer les élections qui viennent et les transformations qui s'annoncent.
Lien : https://lvsl.fr/le-neolibera..
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« le nouveau monde », auquel ont contribué quatre-vingt-dix auteurs, se propose de restituer la réalité de la société française actuelle. Ce qui constitue sans doute l'unité mais aussi la ligne de force de cet imposant ouvrage, ce sont les descriptions minutieuses et la dénonciation du néolibéralisme hexagonal.


Le livre traite une énorme quantité de matériaux et de sujets (autant que d'articles et d'intervenants), il est par conséquent tout à fait impossible de le résumer en quelques lignes. Il est articulé autour de quelques fortes thématiques : la propension des dominants au séparatisme ; la privatisation et la monétarisation des politiques sociales, économiques et environnementales ; le mépris de classe et la haine de la démocratie ; le monde du travail ; la vie privée ; les luttes et la répression ; le néolibéralisme … Rien là de bien réjouissant mais comme rétorquait Pierre Bourdieu dans « La Misère du monde », « l'époque n'est vraiment pas drôle … ». Les multiples articles et les références de bas de page constituent une mine de renseignements qui éclaireront sans aucun doute l'honnête homme. Ces données si elles n'apprennent rien de véritablement nouveau aux personnes raisonnablement informées et engagées, constituent cependant, regroupées, un intéressant outil de travail.


Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, pour que les quelques mots qui suivent ne soient pas exposés à un contresens de lecture, il faut réaffirmer à la fin de ce commentaire que nous avons beaucoup apprécié « le nouveau monde », ouvrage utile et juste. Cependant, il semble dessiner en arrière-plan un monde de l'université et de la recherche d'aujourd'hui, près d'une cinquantaine d'intervenant appartiennent à ce monde, tout à fait édifiant. Ce qui peut être reproché à ces enseignants et à ces chercheurs de bonne volonté, c'est de ne jamais lier les descriptions répétées du libéralisme à rien de fondamental, de ne pas apercevoir les conséquences pratiques et politiques de leur travail. Il conviendrait pourtant de comprendre aussi les conditions contemporaines de la misère sociale. Comprendre pourquoi les gens font ce qu'ils font. Proposer une autre façon de faire de la politique. Leur entreprise est au mieux une entreprise individuelle d'interprétation du monde, qui pense un ordre du monde conduisant à le valoriser et à le laisser en place. En tournant les dernières et millièmes pages, nous songeons à ce que déclarait Karl Marx à propos de la philosophie : « Les philosophes ont seulement interprété différemment le monde, ce qui compte, c'est de le changer ».
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critiques presse (1)
Liberation
07 octobre 2021
Réunissant 90 auteurs de tous horizons, l’ouvrage dirigé par Anthony Burlaud, Allan Popelard et Grégory Rzepski dresse en huit parties un riche portrait critique du néolibéralisme, du pouvoir du capital aux témoignages de travailleurs.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Avant-propos -
La première partie se concentre sur les couches supérieures de la société et de l’État : elle met en évidence, par-delà les différences sectorielles, une propension générale au séparatisme.

La deuxième partie s’attache à décrire les logiques des politiques sociales, économiques et environnementales dans la France d’aujourd’hui – laissant apparaître le poids toujours accru des
intérêts privés, des impératifs comptables et des raisonnements court-termistes.
La troisième partie réunit, autour de la thématique commune du mépris, des éclairages sur le sort fait à « ceux d’en bas », aux populations dominées, qu’elles constituent le grand ou le petit nombre.
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Video de Allan Popelard (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Allan Popelard
Entretien avec Allan Popelard, un des trois coordinateurs du « Nouveau Monde » (éditions Amsterdam), qui se propose de réaliser un vaste tableau de la France à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron, en multipliant les angles. Il s'agit d'abord de définir une domination, qui dépasse la vision classique des « 1 % » mais qui s'inscrit davantage dans le « bloc bourgeois » d'Amable et Palombarini ou « l'extrême centre » de Pierre Serna. Cette France de la bourgeoisie domine la société et s'en sépare, intellectuellement, linguistiquement, médiatiquement et économiquement. Elle impose ses codes, ses mythes, ses propres oppositions et laisse aux autres son mépris et son indifférence.
https://www.mediapart.fr/journal/economie/151021/les-classes-dominantes-ne-rendent-plus-de-comptes-au-reste-de-la-societet#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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