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EAN : SIE273218_586
Club du Meilleur Livre (30/11/-1)
3.84/5   41 notes
Résumé :
Comment la frustation et la jalousie dans les relations conjugales peuvent-elles mener au meurtre ? D'où vient cette rancoeur qui a empoisonné la vie de tant d'époux, parfois dès les premiers temps du mariage ?
À travers ce récit d'une véritable descente aux enfers, celle du malheureux Pozdnychev, assassin de sa femme, l'auteur de Guere et Paix et d'Anna Karénine analyse avec un réalisme percutant le malentendu initial de l'attrait sensuel, la déception de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La Sonate à Kreutzer (1889)
J'ai lu quelque part que La Sonate pouvait être une suite du Bonheur conjugal, sauf que, sauf que plus de 30 ans les séparent. On sait que Tolstoï avait répudié le Bonheur conjugal, oeuvre de jeunesse, puisque bâtie sur des chimères amoureuses avant mariage (pour l'auteur) ayant pour but de distraire les hommes et que la Sonate qui reste une oeuvre profondément fictionnelle est une véritable diatribe contre l'institution du mariage, pour l'abstinence dans le monde tel qu'il est, ayant pour but de sortir du mensonge ambiant et que les affaires du couple sont une chose éminemment sérieuse ; il revendiquera cette oeuvre puisque 1 an après sa parution qui fit l'objet de la censure impériale il concevra une postface non seulement pour appuyer sa pensée mais pour corriger un sens dévoyé qu'une certaine critique donnait à l'oeuvre, assortie de commentaires imbéciles à dormir debout. Heureusement que Léon Tolstoï s'appliquait déjà depuis les années 70 à écrire limpidement à l'attention du peuple, bien que les quelques ennuis de circonstance ne vinssent pas de là non plus !..

Est-ce qu'une oeuvre revendiquée ou pas, répudiée ou pas par l'auteur a de l'importance : en tout cas pas plus que ça chez un artiste comme Tolstoï. Il s'est même permis d'envoyer aux pelotes son chef d'oeuvre Anna karénine une fois achevé et même un petit peu avant, et puis même surtout: est-ce qu'on lui a beaucoup demandé de son vivant quel était l' intérêt que lui portait à son oeuvre, autrement dit son avis ? Pas des masses, il avait son propre sentiment à chaud, comme ça, qui avait au moins le mérite de couper l'herbe sous le pied de la critique dont il se fichait éperdûment d'ailleurs. Il n'était pas du genre à se prendre la tête parce qu'un quidam ridicule osa persifler tel volet de son oeuvre ! Ca arrivait peu en fait parce qu'on n'ose pas toucher aux monuments si on ne veut pas aggraver son cas . Les auteurs ont leur intime conviction sur la qualité de leur oeuvre, on serait surpris de parfois la connaître, mais ici rien de tout ça. On est au dessus de la mêlée ! Ils sont bien gentils tous ceux qui disent qu'il faille séparer l'homme de l'oeuvre, mais pour ce qui est de critiquer l'homme ils sont toujours là et de trop !

Oui en 30 ans, Tolstoï modifia sensiblement sa perception des choses en devenant résolument radical contre le régime impérial puisque les Tsars à tour de rôle n'infléchissaient pas leurs méthodes vis-à-vis du peuple misérable et affamé. Contrairement à d'autres de son âge, il ne s'assagira pas en vieillissant, mais parce que la conjoncture aussi n'allait pas dans le bon sens : trop d'arc-boutements par rapport à la réforme qu'il appelait de ses voeux et qui ne vint jamais véritablement.

Tolstoï sait de quoi il parle -une fois de plus -, puisqu'il a connu la débauche suivie d'une période de seuvrage bordée de bonnes intentions, de bonnes résolutions aussi puisque notamment un mariage va avoir lieu avec Sonia qui va les occuper pendant près d'un demi-siècle ; qu'il a vu de près les ravages d'une société corrompue aussi bien à la ville qu'en province . Mais il y a aussi dans la Sonate un vrai défi lancé à lui-même ou à l'artiste comme on voudra, il veut se prouver qu'il est capable quand il veut, où il veut de produire une bombe littéraire de premier plan et qu'il ne saurait être question pour l'animal d'iasnaïa Poliana de se reposer sur ses lauriers après ses monuments que sont Guerre et Paix et Anna Karénine, une oeuvre d'amour-propre en quelque sorte, sans commune mesure avec les prétendus élans de misogynie qu'on lui attribue à tort à mon sens. Vu les retentissements de cette oeuvre au delà de la Russie impériale, on peut dire qu'il a pas mal réussi son pari à faire parler de lui, et de lui pour l'artiste qu'il sera toujours !

La Sonate est une oeuvre moderne en ce sens qu'elle traverse les clivages de la société qui se perpétuent au fil des siècles avec plus ou moins d'inflexions, qu'elle pose des questions sociétales profondes, sans frontières, non datées.

Entre ces deux oeuvres, peut-on dire que Tolstoï soit devenu moins romanesque, plus réaliste, plus vindicatif, moins intimiste : est-ce qu'on change tant que ça dans le fond ? surtout lui qui était capable d'entrer sous plusieurs peaux au cours d'une même journée ? seules les priorités changent, la manière de les exprimer, effets d'une conscience renforcée du monde des humains, mais Résurrection, Hadji Mourat qui suivront viendront atténuer cette dimension foncière. Une vie c'est le grand livre dont parlait Jankélévitch !
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Il s'agit de ma première rencontre avec l'auteur de Guerre et paix et Anna Karénine. Cette nouvelle a été publiée en 1889.

Tandis que le narrateur – dont nous ne saurons riens - voyage à bord d'un train, il s'intéresse à une conservation animée entamée par d'autres voyageurs sur le thème du mariage. Deux conceptions s'opposent, celle de l'amour-passion et celle de la soumission reconnue comme normale, de la femme à l'homme. le débat s'enflamme quand, à la surprise générale, un certain Pozdnychev avoue qu'il a tué sa femme parce qu'il ne supportait plus l'hypocrisie ni le quotidien d'un mariage sans amour et surtout, rongé par la jalousie. p. 85 « Nous étions deux forçats nous haïssant mutuellement, attachés à la même chaîne, nous empoisonnant mutuellement l'existence tout en nous efforçant de ne pas le remarquer. J'ignorais alors que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des ménages vivent dans l'enfer où je vivais et qu'il ne pouvait en être autrement. » Il commence alors à raconter son histoire...

Après des débuts assez classiques à la Maupassant - un récit-cadre et des questions-brûlantes -, le récit prend une tournure pesante et tourmentée. Les préoccupations de Pozdnychev semblent faire écho à celles de Tosltoï, à la personnalité complexe et à la pensée pessimiste, inspirée de Schopenhauer. L'amour est synonyme de dépravation, de jalousie ; il ne suscite que de bas instincts et est voué à l'échec. Alors que la vie conjugale de Pozdnychev est tissée de querelles incessantes, la Sonate à Kreutzer de Beethoven va devenir la tragique complice d'une relation entre son épouse et le violoniste Troukhatchevski. En effet, ils s'engagent tous deux dans un projet de concert et cette intimité forcée va les rapprocher. Loin d'adoucir les moeurs, la musique provoquera l'irréparable. Pozdnychev explique que la musique le transporte dans un état second, reflet de l'intention du compositeur losqu'il a créé son oeuvre. Or, le premier mouvement, Presto, impétueux, a été taxé de « terrorisme artistique » par les critiques de l'époque...

Ce fut une lecture particulière. J'ai apprécié l'écriture sinueuse de Tolstoï ainsi que les interrogations torturées de Pozdnychev – bien que je ne les partage pas, évidemment. C'est une approche sans tabous de nombre de questions cruciales : l'amour, le mariage, la sexualité, l'instinct maternel, la condition féminine, aux inflexions étonnamment modernes. C'est sans nul doute un auteur passionnant et enrichissant, à lire cependant quand on a le moral car c'est un univers on ne peut plus pessimiste, en tout cas, dans ce récit.
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Wow, wow, wow, wow... Je pense que depuis que j'ai découvert Jack London, je n'ai jamais autant été envoûté par un auteur et par la fluidité de son écriture. J'entendais son nom, par ici et par là, et je le rangeais idiotement dans les auteurs poussiéreux et indéchiffrables sans n'avoir jamais pris la peine de m'y intéresser. Mes plus plates excuses Monsieur Tolstoï, je m'emploierai désormais à réparer mes lacunes!
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Il ne s'agit pas de romans, mais de courtes nouvelles. On les dévore. Comment ne pas aimer Tolstoï ?
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
— Je serais curieux de savoir comment vous expliquez la corrélation entre l’instruction et les dissentiments conjugaux ? dit l’avocat avec un léger sourire.
Le marchand voulut répondre quelque chose, mais la dame l’interrompit :
— Non, ces temps sont passés !
L’avocat lui coupa la parole :
— Laissez-lui exprimer sa pensée.
— Parce qu’il n’y a plus de crainte, reprit le vieux.
— Mais comment marier des gens qui ne s’aiment pas ? Il n’y a que les animaux qu’on peut accoupler au gré du propriétaire. Mais les gens ont des inclinations, des attachements..., s’empressa de dire la dame, en jetant un regard sur l’avocat, sur moi et même sur le commis qui, debout et accoudé sur le dossier de la banquette, écoutait la conversation en souriant.
— Vous avez tort de dire cela, madame, fit le vieux, les animaux, ce sont des bêtes, et l’homme a reçu la loi.
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Nous étions deux forçats nous haïssant mutuellement, attachés à la même chaîne, nous empoisonnant mutuellement l'existence tout en nous efforçant de ne pas le remarquer. J'ignorais alors que quatre-vingt-dix-neuf pour cent des ménages vivent dans l'enfer où je vivais et qu'il ne pouvait en être autrement.
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Oui, je m'écarte toujours de mon sujet, commença-t-il. J'ai beaucoup réfléchi. J'envisage beaucoup de choses d'un autre point de vue et je voudrais vous en entretenir. Donc, nous vînmes en ville.En ville, les malheureux se sentent moins tristes. En ville, un homme peut vivre cent ans et ne pas remarquer qu'ils est mort et pourri depuis longtemps. On n'a pas le temps de s'appesantir sur son sort. Tout sont absorbés. Les affaires, les relations, la santé, l'art, les maladies des enfants, leur éducation. Tantôt il faut recevoir, faire des visites, il faut voir ceci, entendre celui-ci ou celle-là. En ville il y a toujours deux ou trois célébrités qu'on ne peut se dispenser d'aller entendre. Tantôt il faut se soigner ou soigner un des enfants; tantôt c'est le professeur, le répétiteur, les gouvernantes, et la vie est absolument vide. Au milieu de toutes ces occupations, nous sentions moins ce que la vie commune avait de pénible.
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On dirait que les animaux savent que la descendance continue leur espèce et ils suivent à cet égard une certaine loi. Il n'y a que l'homme qui ne la connait pas et ne veut pas la connaitre. Il n'est soucieux que d'avoir le plus de plaisir possible. Et qui donc fait cela? Le roi de la nature, l'homme! Remarquez que les animaux ne s'accouplent seulement quand ils peuvent reproduire l'espèce, et l'ignoble roi s'accouple en tout temps. Il fait plus, il élève cet acte de singe au rang d’idéal. Au nom de cet amour, c'est à dire de cette saleté, il tue...quoi? la moitié du genre humain. De la femme qui doit être son aide dans le mouvement de l'humanité vers la vérité et le bien, au nom de ses plaisirs, il fait non pas une aide mais une ennemie.
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L'homme est faible, il faut lui une tache selon ses forces, dit on. C'est la même chose que de dire: Mes mains sont faibles, je ne puis tracer une ligne qui soit droite, c'est à dire la plus courte entre deux points, et voila pourquoi, pour me rendre la tache plus facile, comme je désire faire une ligne droite, je prendrai pour modèle une ligne courbe ou brisée.
Plus ma main est faible plus j'ai besoin d'un exemple parfait.
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