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Henri Mongault (Traducteur)Benjamin Goriely (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070405428
240 pages
Gallimard (24/09/1998)
3.97/5   105 notes
Résumé :
Nicolas Vassilievitch Gogol croyait vraiment au diable, Mais le malin pour corrompre le malheureux peintre Tcharkov, délaisse ici son attirail de fumées, de goules et de harpies. Un vieux portrait et quelques ducats d'or suffiront.
Dans cette version pétersbourgeoise de Faust le fantastique a valeur d'allégorie : la création artistique est-elle sans danger pour l'âme ?
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Le Portrait est une nouvelle de Nicolas Gogol .Tchartkov est
un jeune peintre romantique sans le sou mais aimant son art .Le jour où il fait l 'acquisition d 'un tableau chez un brocanteur , il enclenche contre lui-même la malédiction .Le
tableau représente le visage d 'un usurier .Certes le héros connut la fortune mais il connaîtra une fin lamentable .Je reste à ce stade pour ne pas spoiler le reste .
Une nouvelle fantastique à,découvrir .
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«Le Portrait» l'a couvert d'or mais il ne peut plus le voir en peinture !
Maudit soit Tcharkov d'avoir dégoté ce tableau chez un brocanteur de Chtchoukine ! Les yeux perçants, saisissants, si vivants de ce portrait de vieillard, au manteau oriental, hantent le jeune peintre. C'est par lui que le malheur arrive!
Le talent de ce pauvre Tcharkov s'est évaporé depuis que le Portrait l'a inondé de « ses ducats ». Surfer sur la vague du conformisme l'a plongé dans une pauvreté d'esprit et de créativité ! Son constat d'échec, du naufrage de son talent sonne le glas de la folie!
La « lame de fond » de cet éclair de lucidité finira-t-elle par noyer ce vieux loup de mer dont la culpabilité rattrape sauvagement la cupidité artistique ?
Gogol remporte largement la partie dans ce face à face littéraire. Une fois de plus, il m'a « touchée, coulée » !
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Gogol a écrit deux versions du Portrait. La première parue en 1835 est vivement attaquée par le critique Biélinski, dont le jugement compte beaucoup pour lui. Il réécrit donc la nouvelle en 1839. A cette époque, Gogol est à Rome et se lie avec le peintre Ivanov avec lequel il aime débattre d'art. Même si la nouvelle est très intéressante ce n'est pas celle que je préfère de l'auteur car je n'ai pas ri du tout.

Tchartkov est un jeune peintre fauché et menacé d'expulsion par son propriétaire petersbourgeois. Il achète chez un brocanteur, avec ses derniers kopeks, un portrait représentant un vieillard au regard très inquiétant. La nuit suivante, il croit voir le vieillard sortir de son cadre et déposer des rouleaux d'or à terre...

Pendant toute la première partie du recueil j'ai cru lire un conte fantastique classique avec un héros faustien tenté par l'argent qui vend son âme au diable. Mais à mi chemin, le questionnement fantastique est relégué au second plan et on a surtout un questionnement sur l'art. Devenu riche, Tchartkov va devenir un portraitiste à la mode, qui flatte ses modèles pour de l'argent. Il va s'habituer à arranger la nature, à maquiller la vérité, à mentir. Tout ceci est bien sûr un affront à Dieu. Alors qu'est-ce que l'art ? Une pure copie de la réalité ? Non car la représentation est aussi une illusion, comme le prouve la disparition du portrait du vieillard mais alors c'est quoi ? Hum...lisez cette nouvelle les amis...mais ne m'en voulez pas si la fin vous laisse, comme moi, triste et pantois.

Lu dans la traduction de Boris de Schloezer ( Garnier Flammarion) 35 pages.

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"Le Portrait" est probablement l'une des meilleures "Nouvelles de Pétersbourg"-si ce n'est la meilleure.
Avec un brio rare, une maîtrise, jusque dans les moments les plus dramatiques, que j'ai rarement connue en littérature, l'auteur, le russe Nikolaï Gogol, y invente une nouvelle puissante et y développe passionnante réflexion sur l'art.
Une pure merveille, indispensable pour tous les amateurs de littérature russe !...
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Un jeune peintre talentueux mais miséreux achète un étrange tableau. Ce tableau est un portrait d'un vieil homme mais dont les yeux semblent vivants... Il l'emmène chez lui et en demeure troublé par cette oeuvre. Une nuit, il croit voir le portrait s'animer ! le lendemain, il trouve des ducats d'or chez lui... Ça tombe bien, pour quelqu'un de pauvre et qui veut faire reconnaître au monde son art ! Très vite, il devient connu et ses tableaux se vendent bien mais l'art peut résister à la mondanité et à la superficialité ?
Voilà une curieuse nouvelle d'un grand auteur russe, Nikolai Gogol. Il est connu pour ses nouvelles fantastiques (dont le Portrait) et du roman les Âmes Mortes. Ici, il se sert d'un thème connu du fantastique, un objet abstrait qui devient vivant. Si Edgar Allan Poe avait utilisé avec brio ce thème avec sa nouvelle... le Portrait (oui c'est peu original), Gogol le fait d'une efficacité décoiffante et d'une grande originalité. Des années plus tard, un certain Oscar Wilde s'inspire de la nouvelle pour composer un roman... Eh oui, Gogol a inspiré l'auteur du Portrait de Dorian Gray ! C'est dire !
Dans l'édition que j'ai eu, il y a deux parties à la nouvelle, comme faisant deux petites histoires autour du même thème. Il est unanime que la première partie est magnifique et puissante.
Avec une écriture superbe, aux comparaisons piquantes ("fâché comme un coq mouillé " dévorer avec des yeux de vampires") et doté d'un humour subtile mais acerbe, Gogol relate le changement qu'apporte ce tableau. La manière dont il le décrit nous le rend presque réel, on peut presque sentir l'effrayant regard réaliste sur nous. D'autant plus qu'on ne sait rien de ce tableau... La nuit où il prends vie est angoissante et étrange...
Mais étonnamment, après ce passage, plus une trace du fantastique, adieu, basta. En effet, après cela, le réalisme domine, lorsque le peintre décide de changer de vie. Gogol s'attarde aux détails réalistes. Mais surtout, on constate une grande satire envers les gens et la mondanité. En effet, le peintre est amené à côtoyer les riches et Gogol en profite pour les critiquer durement, mais avec son humour.
Et la nouvelle va plus loin : c'est une véritable réflexion sur l'Art et surtout comment en user. L'Art est un domaine sacré qu'il faut surtout s'en servir délicatement... et surtout, il est difficile de garder son talent quand le grand public en demande toujours et souhaite voir des artistes "bon marché ". En effet, Gogol fait le constat amer : mieux vaut être un artiste pauvre et isolé mais qui possède un grand don artistique que d'être un artiste en vue et connu de tous mais qui va se conformer à tous et perdant son originalité... Et la chute sera dur pour ces artistes-là, le héros du récit va le ressentir cruellement... La fin est déchirante et tendue, sonnant comme une terrible morale.
En revanche, la deuxième partie est différente de la première : lors d'une exposition, le public se presse autour du tableau, qui n'est d'autre que le portrait. Un jeune homme explique l'histoire de ce portrait...
Quand je dis différent, c'est que le ton y est : au revoir le ton fantastique et réaliste mais angoissant, et bonjour le mysticisme proche du conte. Plus de trace du fantastique mais un peu de merveilleux.
L'origine du tableau est expliqué et j'avoue avoir été un peu déçu. Je m'y attendais vraiment à un raison grandiose et fabuleuse... et bah non. de même, la trame est moins intéressante et un peu surréaliste.
Cependant, le point positif est qu'on remarque encore une satire à l'encontre des gens en général, déjà remarqué dans la première partie. On fustige encore le manque de reconnaissance de ceux-ci envers les peintres de génie, juste parce que ceux-ci sont "trop originaux" et peu conforme à leurs attentes.
Mais mieux vaut privilégier la première partie, qui est indéniablement la meilleure, la plus marquante. Gogol nous incite à réfléchir sur l'Art, sur ce qu'est le Talent et surtout comment on peut se brûler les doigts lorsqu'on se conforme aux attentes de tous...
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Alors, dans son imagination d'affamé se dessinait avec envie le sort du peintre riche ; alors une idée lui venait, une idée qui souvent passe par la tête d'un russe : tout planter là pour noyer son chagrin dans l'ivresse et la débauche. 

Son propriétaire entra, accompagné du commissaire de quartier, dont l'apparition est, comme nul ne l'ignore, encore plus désagréable aux gens de peu que ne l'est aux gens riches le visage d'un solliciteur....c'était une créature comme il y en a beaucoup en Russie et dont le caractère est aussi difficile à définir que la couleur d'une redingote usée.

Dans sa jeunesse, il avait été capitaine et grand brailleur, il avait aussi servi dans le civil ; grand fustigeur, débrouillard, mirliflore et sot, mais, dans sa vieillesse, toutes ces rudes particularités s'étaient fondues en une sorte de morne ensemble indécis.

Il était déjà veuf, il était déjà retraité, il ne faisait plus le fendant, ni le vantard, ni le provocateur; il n'aimait qu'à prendre le thé en débitant toutes sortes de fadaises; ponctuellement, au terme de chaque mois, il s'en allait chez ses locataires chercher son argent; il sortait dans la rue, sa clef à la main, pour examiner le toit de sa maison; bref, c'était un homme à la retraite qui, après avoir jeté sa gourme et passablement roulé sa bosse, ne gardait plus que de mesquines habitudes. 

Une foule de voitures, landaus, calèches, stationnait devant l'entrée de l'immeuble où l'on vendait aux enchères les collections d'un de ces riches amateurs d'art qui somnolaient paisiblement toute leur vie, submergés sous les Zéphyrs et les Amours, qui jouissaient en toute candeur du titre de mécènes, et dépensaient ingénument les millions amassés par leurs ancêtres, voire souvent par leurs propres efforts au temps de leur jeunesse. Ces mécènes-là, comme on sait, n'existent plus aujourd'hui et notre XIXe siècle a depuis longtemps pris la fâcheuse figure d'un banquier, qui ne jouit de ses millions que sous forme de chiffres alignés sur le papier. 

Après les gros bonnets et l'aristocratie de Kolomna vient l'extraordinaire menu fretin.Il est aussi difficile de l'énumérer que de dénombrer les innombrables insectes qui pullulent dans du vieux vinaigre. Il y a là des vieilles qui prient, des vieilles qui s'enivrent ; des vieilles qui prient et qui s'enivrent à la fois ; des vieilles enfin qui joignent Dieu sait comment les deux bouts ; comme des fourmis, elles traînent de vieilles guenilles et du vieux linge, du pont Kalinkine jusqu'au carreau des fripiers, et le vendent là-bas pour quinze kopecks. Bref, la lie de l'humanité, souvent la plus misérable, dont le plus charitable des économistes ne pourrait trouver le moyen d'améliorer la situation. Je vous les ai cités pour vous montrer la nécessité où ils se trouvent bien souvent de chercher un secours subit, temporaire, et de recourir aux emprunts ; et alors s'installent parmi eux des usuriers d'une espèce particulière, qui leur prêtent sur gages de petites sommes à gros intérêts.
Ces petits usuriers-là sont encore bien plus insensibles que les grands parce qu'ils surgissent dans la pauvreté, parmi les haillons de la misère étalés au grand jour, et que l'usurier riche ne voit pas car il n'a affaire qu'à ceux qui roulent carrosse. Et c'est pourquoi tout sentiment humain meurt prématurément dans leur cœur. 
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Nulle boutique du Marché Chtchoukine n 'attirait tant la foule que celle du marchand de tableaux .Elle offrait à vrai dire aux regards le plus amusant ,le plus hétéroclite des bric-à-brac .Dans des cadres dorés et voyants s'étalaient
des tableaux peints pour la plupart à l 'huile et recouverts d 'une couche de vernis foncé .
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"Tu as du talent : ce serait mal à toi de le détruire. Mais tu es impatient. Quand une chose t'intéresse, te plait, elle t'absorbe, tu ne veux voir rien d'autre qu'elle, le reste n'est plus pour toi que poussière, le reste pour toi moins que rien Attention, tu pourrais devenir un peintre à la mode. On dirait que dès maintenant tes couleurs commencent à gueuler avec insolence. Ton dessin manque de rigueur, il est parfois simplement médiocre, le trait à peine lisible ; déjà tu cherches l'éclairage à la mode, l'effet facile ; attention, tu pourrais prendre le genre anglais. Casse-cou ! déjà le monde t'attire ; déjà il t'arrive d'enrouler autour de ton cou une écharpe élégante, de te coiffer d'un chapeau pimpant... C'est tentant, on peut se mettre à faire des petits tableaux à la mode, des petits portraits bien payés. Mais tout ceci ne put qu'amoindrir et non développer le talent. Aie de la patience..
Réfléchis sur chaque oeuvre, laisse tomber les élégances -que les autres fassent l'argent. Ce qui t'appartient, à toi, ne t'échappera pas. "
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C'était une créature comme il y en a beaucoup en Russie et dont le caractère est aussi difficile à définir que la couleur d'une redingote usée.
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Si poussiéreuse , si endommagée ,que fut cette toile Tchartkov , quand il l 'eut légèrement nettoyée y reconnut la
main d 'un maître .
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Pour en savoir plus : http://ateliershenrydougier.com/moscou.html Lire un extrait : https://fr.calameo.com/books/005553960838d5c676209 A commander en ligne : https://www.interforum.fr/Affiliations/accueil.do?refLivre=9791031204802&refEditeur=155&type=P
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